La gamme MPC n'a jamais cessé de s'étoffer ces dernières années, et aujourd'hui nous allons regarder de plus près la nouvelle fournée 2021 de Akai Professional, à savoir la MPC Studio mk2 qui remplace la vénérable Studio première du nom de 2012.
Quand on entend Akai MPC (pour Music Production Software), on pense instantanément aux mythiques samplers des années 90 et 2000 qui ont façonné les musiques urbaines mais pas que, de la MPC 60 de Roger Linn qui fut une tentative de refaire en mieux la Linn 9000, aux modèles 3000, 2000 (sans Roger Linn à partir de là) ou 4000 que l’on pouvait voir trôner fièrement dans les studios de l’époque à côté de tables de mixage. Ces machines étaient parmi celles qui ont le plus contribué à démocratiser la création musicale auprès d’un public qui ne connaissait pas forcément le solfège à l’époque, intimidé pas des claviers à touches blanches et noires mais beaucoup moins par la grille iconique de 4×4 grands pads de la marque, avec l’écran, les gros potards ronds, et les multiples boutons colorés qui allaient avec.
Ensuite, beaucoup de choses se sont produites autour de notre activité préférée, l’avènement des DAW (Digital Audio Workstation) ou STANs, l’utilisation de l’ordinateur quasi systématique, et toutes sortes d’évolutions côté hardware, niveau workstations avec leurs claviers, grooveboxes dédiées au sampling ou pas (chez Roland ou Elektron par exemple). Et puis les sociétés Ableton, Novation et Native Instruments ont fait leur petit bonhomme de chemin – spécifiquement sur la manière d’interagir avec un système de création musicale. Ainsi Ableton Live premier du nom sortait en 2001 avec son approche non linéaire et son lanceur de clips, qui n’ont presque pas eu besoin d’évoluer niveau design et philosophie en 20 ans d’existence. Tout une palanquée de contrôleurs hardware à base de potards rotatifs ou linéaires et pads ont suivi, dont certains dédiés à Live notamment chez Novation avec sa série de Launchpads qui a débuté en 2009, faisant suite au Akai MPC40 de la même année. Toujours en 2009, voilà que sortait le non moins iconique Maschine de Native Instruments, et accessoirement la version 8 de Ableton Live (mais qu’est-ce qu’ils ont pris comme substances dopantes les développeurs cette année dans l’audio bon dieu).
En 2012, Akai fabriquait le Push premier du nom, en partenariat avec Ableton et contrôleur officiel de la STAN Live, ainsi qu’un produit qui ne fit pas du tout l’unanimité, qui était censé relancer la série des MPCs dans une nouvelle direction : la MPC Renaissance. C’est un contrôleur dédié à une STAN maison intitulée sobrement « MPC » ou MPC Software que j’appellerai MPCS. Ce fut également l’année de la sortie d’une version light de ce contrôleur pour MPCS, la première MPC Studio. Cette proposition, qui clairement cherchait à marcher sur les plates bandes du succès grandissant de la plateforme Maschine, sortait pas mal du cadre des MPC classiques, peut être un peu trop : au revoir le côté autonome et bonjour la connexion à l’ordinateur, MPCS était à l’époque à son stade embryonnaire et encore aujourd’hui ça reste une STAN plutôt simplifiée, l’orientation un peu plus généraliste et un peu moins sampling, et le contrôleur dédié était malgré tout d’une certaine complexité.
Depuis, les utilisateurs de produits MAO ont pris l’habitude d’utiliser de plus en plus de contrôleurs externes avec leurs STANs, mais sont toujours demandeurs de produits hardwares inspirants et complémentaires, et Akai a affiné ses propositions. La MPC Touch (2015) avec son écran tactile bienvenu a été très bien accueillie, elle a arrangé certains des écueils et a été régulièrement mise à jour. MPCS en est à sa version 2, on a vu aussi le retour marqué des MPC autonomes (Live et X en 2016, One et Live 2 en 2020) avec une connectivité exemplaire à l’ordinateur grâce à la compatibilité avec MPCS voire même avec Ableton Live, et un certain succès. On peut parler aussi de la tentative plutôt réussie de s’aventurer ailleurs avec la groovebox autonome Akai Force qui emprunte beaucoup au workflow typiquement Novation Launchpad et délaissait les gros 4 × 4 pads, ou de la réédition de la MPC Studio mk1 en noir en 2016. De nouveaux noms se firent entendre dans le domaine du sampling et de la groovebox comme ceux qu’on a décrit dans notre précédent test du Novation Circuit Tracks. Côté concurrents, il est impossible d’être passé à côté du succès de Novation avec sa gamme de Launchpads et de Circuits, contrôleurs et grooveboxes autonomes, qui partagent une grosse partie de leur workflow et de leur affinité avec Ableton Live. Chez Native Instruments, les Maschines et leur logiciel dédié continuent aussi d’évoluer, notamment avec la Maschine+ qui en 2020 est devenue leur première groovebox autonome, et qui là aussi partagent un certain nombre de choses sur l’ergonomie, la philosophie et les fonctionnalités. Du coup, ça paraissait évident qu’on allait être très curieux de voir ce que propose Akai avec cette nouvelle Studio mk2 pour l’année 2021 dans tout cet écosystème de pads, de potards, d’écrans (ou pas !) tactiles (ou pas !), et de recherche sans fin du meilleur workflow pour la création musicale…
En ce moment ça caille dans le studio
La MPC Studio mk2 est donc un contrôleur physique, disponible à un tarif autour de 260 euros, autoalimenté que l’on branche en USB sur nos ordinateurs, qui peut envoyer des notes et des données MIDI à vos STANs, mais aussi à d’autres appareils hardware puisqu’il possède également une entrée et une sortie MIDI aux formats mini jack. Il est d’ailleurs livré avec deux convertisseurs mini jack vers MIDI Din femelle, un câble USB et une notice succincte mais bienvenue. Evidemment, le contrôleur n’est pas très à l’aise dans ces contextes-là par rapport à d’autres solutions dédiées, et on l’utilisera principalement voir exclusivement avec le MPC Software (version 2.10.1 au moment du test). Après avoir créé son compte sur le site de Akai, on pourra le télécharger et l’installer via une application dédiée (comme c’est souvent le cas maintenant chez les éditeurs pour les gros téléchargements), ainsi qu’un driver, les dernières versions du firmware du contrôleur, et une vingtaine de giga-octets de sons, de templates, d’effets et de synthétiseurs réalisés par Akai et ses partenaires comme AIR. MPCS peut être utilisé comme application autonome mais aussi comme un plug-in, aux formats VST, Audio Unit, et AAX, pour Windows et mac OS, avec ce qu’il faut en entrées/sorties virtuelles, ce qui peut être intéressant si on ne souhaite pas arrêter d’utiliser sa STAN préférée. Le contrôleur marchera de la même façon dans tous les cas. Précisons également que le site internet du produit propose à l’achat d’autres banques de sons et extensions, et que le schéma de protection utilisé est celui de PACE, avec une iLok physique ou un compte et un accès internet.
La machine (sans le s) est de construction solide, avec en dimensions 305 × 171 × 37 mm, un petit écran couleur, les 4 × 4 pads qui prennent une place certaine qui sont sensibles à la vélocité et peuvent s’éclairer de différentes couleurs, une rangée de 11 boutons à la toute gauche, le nouveau « Touch Strip » qui est une surface de contrôle rectangulaire tactile qui fait toute la hauteur à côté des pads, avec des indicateurs LEDs sur le côté, un énorme potard rotatif infini à crans sous l’écran qui peut aussi être appuyé (principalement utile pour la navigation), et encore 28 (!) boutons sur le côté droit du Studio mk2. Chaque bouton peut s’éclairer de différentes couleurs également, pour indiquer par exemple la vue en cours sur le MPCS, se présente avec du texte à l’intérieur pour indiquer sa fonction principale, et aussi autour sur la machine pour montrer parfois quelles sont les autres fonctions accessibles avec, par exemple en maintenant appuyé les bouton « shift », ou « mode » ou encore « locate ».
Par rapport à la Studio mk1, la nouvelle itération du concept a de quoi intriguer. En plus de l’ajout évident du « Touch Strip », on remarque en effet sur la nouvelle version la disparition des 4 potards Q-Link ainsi que potard Scroll du dessus, le nouvel écran apporte la couleur mais est plus petit et affiche moins d’informations, et surtout l’agencement des fonctions ou la manière de naviguer dans le logiciel changent du tout au tout, certaines fonctions disparaissant purement et simplement, et d’autres faisant leur apparition. Cela est en partie lié aux multiples évolutions successives qui ont eu lieu dans le MPCS, qui n’a pas cessé d’évoluer depuis la sortie de la première Studio Mk1… L’auto alimentation de la nouvelle version par contre est clairement un autre de ses gros points forts.
Pour apprendre à se servir de tout ça, on pourra se référer à la documentation en anglais seulement, à savoir le manuel dédié à tous les contrôleurs et grooveboxes de la gamme récente MPC, le manuel du MPCS, ou encore la série de vidéos tutoriel proposées sur les chaines Youtube de la marque. Bien que les vidéos soient de très bonne facture, je dois avouer que je trouve les manuels parfois confus, se voulant généralistes pour parler à la fois de tous les contrôleurs et grooveboxes d’un côté, et du MPCS ainsi que du logiciel interne des grooveboxes autonomes de l’autre.
MPC Software
Parlons maintenant un peu du logiciel MPC Software, qui est disponible aussi en version gratuite plus limitée sous le nom de MPC Beats. Dès que celui ci est actif quelque part, le contrôleur s’allume ce qui permet d’interagir avec… C’est une STAN avec une représentation horizontale des données musicales on ne peut plus classique, avec des pistes audio d’un côté et des pistes contenant des données de type MIDI de l’autre, qui peut charger des plug-ins tiers en plus de ceux proposés par l’éditeur, la barre de transport tout en haut, les fonctionnalités d’export et de mixage classiques, des algorithmes de time stretching et de pitch shifting pour les échantillons sonores…
Plusieurs choses le rendent original toutefois. A droite, on a un accès à un navigateur de contenu présent dans les extensions installées avec le bundle, dans lequel on peut naviguer aussi avec la MPC Studio. Le reste de l’interface est organisé en « modes », accessibles aussi avec la MPC Studio d’un Shift + pad, pour au choix visualiser les musiques, mixer, éditer le comportement des pads, faire du sampling à partir des entrées audio que l’on a sur notre interface audio, utiliser une fonction looper, éditer des samples etc. Sur ces derniers points on peut évidemment ressentir l’héritage MPC…
Autres originalités, l’organisation du contenu musical et des projets en cours d’édition. Dans MPC Software, les pistes MIDI ne sont pas directement associées à des effets et instruments virtuels, on ne peut pas les « mixer ». A chaque piste MIDI, on associe un « programme » qui peut être de différents types (plug-in tiers, sampler avec un son différent par pad, notes MIDI faites pour transiter vers un autre endroit etc.). Chaque fois qu’on veut ajouter une instance d’instrument virtuel, on doit créer un nouveau programme, sélectionner le type de programme que l’on veut, et y mettre ce qui nous intéresse. On comprend l’origine de ce mode de fonctionnement, probablement l’espace mémoire si précieux d’une groovebox hardware, mais fait quand même peu sens sur un ordinateur quand on est habitué à rajouter des effets et instruments à la volée en drag and drop, et que la STAN gère sa mémoire dans son coin sans embêter l’utilisateur avec son organisation interne…
A certains moments, on doit créer le nouveau programme, puis le personnaliser pour exécuter une tâche, à d’autres moments le programme se créé automatiquement – par exemple quand on double clique sur une entrée du navigateur – puis on peut s’en servir uniquement en sélectionnant le programme dans la vue associée, ou une piste puis en lui assignant le dit programme. Piste que l’on ne peut créer que d’une manière alambiquée en allant chercher la liste des pistes existantes puis en cliquant sur « (unused) » à la fin ou en naviguant vers la fin de la liste avec la MPC Studio et le bouton « Track Select ». Le manuel indique la procédure sur la version groovebox hardware avec un écran tactile mais ne précise pas quoi faire dans la STAN… Enfin, on rajoutera les effets pour le mix sur les bus masters et returns/sends, sur les programmes, voire par pad, mais pas sur les pistes !
De même, la manière de stocker les notes fonctionne avec un principe alambiqué similaire. Au lieu de mettre du contenu musical sur la timeline à la volée, on est invités à créer des « Séquences », qui contiennent toutes les notes de toutes les pistes MIDI, et on peut ensuite les séquencer de manière fixe avec le mode « Song » en faisant des drag and drops, ou bien à la volée dans le mode « Next Sequence » qui permet de faire dans le temporaire, avec les pads qui permettent de lancer les dites séquences, à la manière d’un Ableton Live. Bon, comme le MPC Software est conçu pour être consistant avec les grooveboxes MPC, on peut se faire à tout ça avec un temps d’adaptation.
Mother Ducker
Un mot à propos du bundle fourni avec MPCS : les « extensions » proposent des packs de samples, et aussi des morceaux de démonstration, avec des versions « templates » associées qui permettent de créer des morceaux originaux en utilisant la même configuration d’instruments et de mixage. MPCS est aussi fourni en instruments virtuels de plutôt bonne facture, réalisés en partenariat avec d’autres développeurs comme AIR, avec des choses qui détonnent par rapport à la concurrence, comme un Mellotron, un émulation des ARP Odyssey et de Solina String Ensemble, un synthétiseur de sons de batterie, un Mellotron, ou le synthétiseur Hype basé sur la lecture de tables d’ondes ! Côté effets, on n’est pas en reste non plus avec des channels strips, des émulations de compresseurs analogiques Opto ou VCA, un transient shaper, une suite d’effets dédiée aux voix, toutes sortes de délais, réverbs, algorithmes de distorsion, modulations… On notera aussi des émulations des défauts de la MPC 3000, de la MPC 60, de la E-mu SP-1200, et un compresseur « sidechain » appelé Mother Ducker avec un énorme canard dans l’interface qui bouge avec la quantité de compression appliquée au signal !
Enfin quelques mots rapides sur MPCS sans vouloir faire tout le tour complet du propriétaire qui pourrait faire l’objet d’un test à part. L’écosystème MPC étant traditionnellement associé au sampling, il va de soi que MPCS se doit de proposer quelques fonctionnalités dédiées. Ainsi parmi les modes / onglets disponibles dans l’interface, il y a des accès à plusieurs choses intéressantes : un mode looper qui permet d’enregistrer puis de jouer à la volée de l’audio avec le reste du morceau, un mode sampler et des fonctionnalités d’édition des échantillons sonores incorporés qui permettent en résumé de créer un programme de « sampler » avec chaque pad associé à un son, avec des options sur le mode de lecture, le time stretch, et tout un tas d’outils non destructifs ou destructifs pour réaliser le « slicing » qui permet d’assigner à chaque pad un échantillon différent. Notons également la présence de « l’auto sampling » qui permet, en branchant un instrument hardware externe en audio et en MIDI, de prendre en charge automatiquement le sampling de l’instrument en y envoyant plusieurs notes avec plusieurs vélocités et en créant le programme de jeu associé, malin !
Manger Planteur Coco
A l’usage du MPCS, on va bien évidemment se servir du contrôleur et voir un peu comment ça impacte sur le workflow. Certaines tâches de base se font très bien avec la MPC Studio mk2, comme tout ce qui a trait à la barre de transport, l’enregistement, le déplacement dans la timeline… On peut aussi activer ou désactiver un métronome avec un Shift + « Play Start », ce qui fait partie des nombreux raccourcis très utiles mais malheureusement non indiqués sur la coque de l’appareil, peut-être dans l’idée que certains raccourcis pourraient être amenés à changer pendant la vie du produit. Un autre exemple est celui des Pad Modes, accessibles avec Shift + « 16 levels », qui permet d’assigner des gammes aux pads de jeu, mais aussi des accords dans une gamme donnée, voire de sélectionner différentes progressions d’accords, une fonctionnalité très intéressante je trouve.
Car ce contrôleur permet surtout de jouer avec ses pads emblématiques. La première fois que j’ai posé mes doigts dessus, j’ai été un peu surpris par la taille et le répondant, heureusement personnalisable avec des paramètres de MPCS, étant habitué aux pads façon Novation et surtout à en avoir au moins 32 voire 64 devant moi. Je dois avouer que je ne comprenais pas trop l’intérêt d’avoir fait si gros la première fois que j’ai vu une MPC et d’en mettre seulement 16. Et puis j’ai vu des gens faire du « finger drumming » avec, et j’ai vite compris le pourquoi, notamment quand on joue avec plusieurs doigts sur le même pad. Ceux de la MPC Studio mk2 ne dérogent pas à la règle, ils sont très agréables à utiliser et constituent clairement un des points forts du contrôleur, d’autant qu’ils sont rétro éclairés avec plusieurs couleurs possibles, ce qui permet d’afficher des données intéressantes pour le jeu avec une gamme, classer les types de sons de chaque pad etc. Et le workflow MPC classique propose également la touche Note Repeat avec le choix via le « Touch Strip » de la vitesse de répétition par rapport au tempo courant, les 4 boutons Pad Bank qui permettent de choisir l’octave ou la bande de son en cours de jeu, avec en fait 8 banques dont les 4 dernières sont accessibles via la touche « Shift », la fonction 16 levels qui permet pour le pad en cours de changer ses paramètres comme le volume ou le pitch en les étalant sur 16 pads etc.
Et puis il y a les autres boutons. Et c’est là que les choses commencent à se gâter un petit peu… Pour naviguer dans MPCS, les fonctionnalités disponibles sur la MPC Studio mk2 sont très insuffisantes. On peut changer de mode / onglet avec le bouton « mode » et en appuyant sur un pad, mais il est impossible de faire la plupart des tâches de navigation et d’édition sans faire sans arrêt des allers retours entre le contrôleur et le clavier + souris + écran. Tout au plus certaines fonctions deviennent automatiquement accessibles avec un raccourci ou une combinaison de touches bien senties, ce qui permet d’aller un peu plus vite que d’aller chercher la fonction dans MPCS, ou alors peuvent devenir assignables manuellement à une combinaison de boutons + pads + Touch Strip, qui est un moyen bien sympathique de changer un paramètre, mais qui peut vite devenir cauchemardèsque quand on cherche à y assigner un paramètre particulier qui n’y est pas encore associé…
D’ailleurs, la disparition des potentiomètres Q-Links fait partie également des gros soucis de la version 2 de la MPC Studio. La fonctionnalité dite « Q-Links » existe toujours dans le MPCS et il est possible comme je le disais dans différents contextes de pouvoir assigner des contrôles à chaque pad et d’ensuite pouvoir changer leur valeur avec le Touch Strip. Mais comme l’intégration est moins réussie et que la navigation ne peut pas se faire directement avec le contrôleur, les tâches d’édition qui se faisaient uniquement via le contrôleur en quelques déplacements se font maintenant avec contrôleur + clavier + souris + permutation de pads, et ça rend la tâche d’édition beaucoup plus lourde…
De manière générale, la MPC Studio mk2 présente aussi des soucis d’ergonomie, avec des fonctionnalités qu’on aurait aimé sur le contrôleur qui n’y sont pas, la multiplication des raccourcis et boutons sur lesquels rester appuyé pour déclencher une fonction, et quelques bizarreries comme par exemple des soucis que j’ai rencontrés avec le mode « Step Sequencer ». Ainsi, je n’ai pas trouvé comment faire défiler la mesure affichée en cours via le contrôleur, ou comment éditer des pads des banques B et D car le choix de la banque se fait avec shift + Pad, et shift permet justement de sélectionner les banques E/F/G/H sur les boutons pad banks, donc empêche de sélectionner A/B/C/D à cause d’un souci d’expérience utilisateur.
Cela ne m’a pas empêché de créer de la musique avec le tout, en utilisant un des kits et un des instruments virtuels fournis, pour tester les fonctionnalités d’édition et me familiariser avec le workflow, mais j’avoue qu’entre la documentation parfois difficile à lire, l’ergonomie particulière mais à laquelle on peut se faire de la STAN, l’ergonomie particulière du contrôleur qui détonne par rapport aux autres produits de la gamme d’ailleurs, les boutons n’étant pas placés au même endroit et n’étant pas exactement les mêmes d’un produit à l’autre, plus les non dits sur l’intégration du workflow MPCS sur le contrôleur, la courbe de difficulté était un peu rude…
Conclusion
Cette MPC Studio mk2 est ainsi un étrange produit de la part de Akai. C’est un contrôleur solide et complet, plutôt accessible au niveau du prix, avec ses pads vraiment agréables et pertinents encore en 2021, qui permettent de faire des choses en « finger drumming » qui sont impossibles avec des pads plus petits. Le « Touch Strip » est une addition intéressante. Le bundle qui inclut la version complète de MPC Software justifie également l’achat de la nouvelle MPC. Je dirais même que cette STAN présente peu d’intérêt sans un des contrôleurs dédiés, et que je ne conseille pas vraiment à des nouveaux venus dans l’écosystème d’acheter le logiciel seul mais plutôt d’acheter directement un des contrôleurs.
On pardonnera à la STAN son ergonomie perfectible car il reste plutôt aisé à prendre en main une fois qu’on a compris son mode de fonctionnement, qu’il est beaucoup moins complexe que d’autres plus classiques. De plus, son utilisation dans des environnements de création existants se veut simplifiée, grâce à ses fonctionnalités d’export de projets au format Ableton Live, ou encore la présence de versions plug-ins, et il bénéficie d’un suivi remarquable, avec des mises à jour continuelles.
Mais voilà, le gros souci ici est qu’il est impossible d’utiliser la MPC Studio mk2 en gardant le nez sur le contrôleur. Une grosse partie des tâches inhérentes à la création musicale sur MPCS demandent d’utiliser le clavier et la souris sans arrêt. Du coup l’écran du contrôleur présente peu d’intérêt à mes yeux, puisque de toutes façons on est obligés de regarder celui de l’ordinateur tout le temps, et parce qu’il affiche beaucoup moins d’informations que sur une MPC Touch évidemment mais également que sur la MPC Studio mk1. D’ailleurs, à chaque fois qu’on allait dans un mode du MPCS avec la précédente version, on gagnait un accès grâce aux potentiomètres Q-links et au reste de l’ergonomie générale à tout un tas de fonctionnalités associées. Ici, si on veut assigner à un contrôle un accès direct à un des éléments visibles, il faut d’abord associer cet élément à la main au touch strip et à un pad de sélection, configurer le mode voulu de Q-links, sélectionner le bon pad et l’assignation au touch strip, et finalement on a plus vite fait d’abandonner et de faire à nouveau les choses avec la souris et le clavier…
De plus, le contrôleur présente tout un tas de petits et de gros problèmes d’ergonomie, sans parler des bugs ou bizarreries que nous avons constatés précédemment, qui peuvent devenir encore plus problématiques à cause du mode de fonctionnement parfois contre intuitif du STAN associé. On peut excuser les défaillances en ergonomie sur l’un ou sur l’autre, mais sur les deux en même temps c’est plus compliqué… Et on ne comprend pas non plus pourquoi Akai change à chaque nouveau produit l’organisation des boutons et des raccourcis sur ses contrôleurs et grooveboxes, voire ici supprime carrément les potentiomètres Q-Link, ce qui va à l’encontre du principe de consistance sur une gamme auquel on s’attend.
Bref on ne sait pas trop ce que Akai a voulu faire avec cette MPC Studio mk2, qui ne remplace pas exactement la mk1 en changeant beaucoup trop la proposition, et dont l’intégration avec MPCS est vraiment très loin d’être aussi efficace que sur une MPC Touch et sur la MPC Studio mk1. Ce produit intéressera probablement des gens qui sont déjà dans l’écosystème et qui veulent un contrôleur Akai pas cher supplémentaire, ou des personnes qui veulent rentrer dedans et qui ont un budget serré. Sur l’aspect contrôle pur, on pourra s’intéresser aussi à la gamme Akai MPD ou MPK qui permet de faire moins de choses évidemment mais qui pourra aussi se manier facilement avec d’autres STANs que MPC Software…
Un mot également à propos de la concurrence, à savoir le compétiteur direct qu’est la Maschine Mikro mk3. Je ne saurais conseiller l’un ou l’autre de manière ferme avec la sortie du nouveau produit, ce qui compte principalement c’est de savoir quel environnement software vous convient le mieux entre les deux en essayant les STANs associées – sachant que j’aurais beaucoup de réserves à faire également sur l’ergonomie côté Native Instruments – et quels sont les extensions ou logiciels disponibles en bundle qui vous intéressent le plus… De même Ableton Push 2 (en beaucoup plus cher) ou un Novation Launchpad Pro constituent des alternatives intéressantes, mais seulement pour les personnes qui réalisent tout avec Live, avec une approche du workflow encore différente.
Donc honnêtement on aurait apprécié peut être un tarif plus abordable sur ce produit, ou alors un plus gros écran, le retour des potards Q-Links, et une intégration de MPCS au top. Mais si l’intégration limitée ne vous embête pas, et que vous voulez absolument vous mettre à l’écosystème de Akai en connaissance de cause, on tient là un nouveau contrôleur sympa pour le MPCS.