En matière de batterie électronique, Roland a toujours été à la pointe de la technologie et de l'innovation. Seulement, lorsque l'on est musicien débutant ou semi-professionnel, la pointe technologique n'est pas toujours à portée de bourse. Partant de ce constat, le constructeur a décidé de frapper un grand coup en proposant la TD-9, compromis entre matériel professionnel et matériel d'étude, tant au niveau du prix qu'au niveau de la qualité sonore.
La TD-9 se décline ainsi en 2 modèles : la TD-9K (sur laquelle j’ai fait le test) à 1399 € et la TD-9KX à 1799 €. Cette dernière est équipée des fameuses peaux maillées qui imitent ma foi fort bien le toucher de vraies peaux (en plastique), et d’un pad de ride à 3 capteurs (CY-12R) là où la TD-9K propose deux crash à deux capteurs (CY-8), dont l’une fait office de ride.
Le matériel
Les pads sont exactement les mêmes que ceux de sa petite sœur la TD-6 (la K ou la KX, c’est selon). On y retrouve, pour la version de base, une caisse claire (PDX-8) équipée d’une peau toilée, LA révolution de chez Roland qui permet de retrouver les sensations de jeu d’une vraie batterie. Les toms sont eux de simples pads en caoutchouc (PD-8), et les cymbales des CY-8 à deux capteurs, en plus du système de blocage permettant de stopper net la résonnance, comme sur une vraie cymbale.
Sur la version KX, tous les pads sont équipés de peaux toilées; on a le modèle de caisse claire qui équipe la TD-12 et la TD-20 (PD-105), les pads sont des PD-85 et ont, au lieu de deux crashes, une crash et une ride (CY-12). Le pad de grosse caisse et le pied de charley restent les mêmes quel que soit le modèle (respectivement KD-8 et FD-8).
Le rack est quant à lui assez différent. On appréciera les pieds de cymbale perches -intégrés au rack- dont la dernière partie est montée sur rotule, réglable à l’envi, ainsi que sa stabilité accrue grâce aux deux pieds aux extrémités.
Petite ombre au tableau : la vis à tête carrée qui est sous les cymbales a tendance à abimer ces dernières, la preuve avec l’image ci-dessous…
Et puis il faut croire que les gauchers ne sont pas acceptés en ce bas monde, puisque le rack est livré par défaut en droitier. Bon, il suffit juste de tout démonter et de remonter dans l’autre sens, mais ce serait bien de penser à un système plus pratique, comme des « clamps » pour n’avoir à changer que ce qui est utile, ici en l’occurrence le stand de caisse claire.
Deuxième chose, ce serait bien de prévoir également la possibilité de basculer tous les panoramiques des sons du module en gaucher ou en droitier. En attendant il faut aller dans chaque son de chaque élément pour mettre la caisse claire à droite, le tom bass à gauche… Quoi ? Qui a dit qu’il suffisait de mettre son casque à l’envers ou de brancher le « left » sur le « right » et vice-versa?
Le Module
La grande révolution vient du module. Visuellement, d’abord. Il est fin, racé, élégant, avec un « grand » écran rétro éclairé. Il est très simple d’utilisation, je dirais instinctif. Il a peu de boutons, mais tous sont là pour quelque chose et ils le font bien.
Les connectiques sont bien différentes du précédent module. Évidemment, il y a les classiques entrées et sorties MIDI, audio (jack 6,35mm), mais notons que la prise casque est désormais au format jack 6,35 mm et qu’on dispose de deux prises supplémentaires auxiliaires pour triggers et/ou pads supplémentaires.
Last but not least, le module est équipé d’un port USB. Ce dernier permet notamment de jouer sur sa propre musique. Mais attention! Seulement au format WAV, ce qui est dommage à l’heure du MP3… La clé USB permet aussi de sauvegarder les sons de son module, et de s’enregistrer en utilisant la fonction « QuickRec » . Hélas, ces enregistrements ne seront ré-écoutables que sur le module. Pour exporter ses œuvres, il faudra passer par la sortie audio ou MIDI, sachant que les chansons préenregistrées ne sont pas exportables en MIDI.
Autre différence notoire : alors qu’avec la TD-6 on était obligés de câbler un par un les pads à l’arrière du module, on a ici une prise informatique à laquelle arrivent tous les câbles. Tout est donc bien plus pratique et rapide à brancher. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est la façon dont on changera un câble défectueux.
D’entrée de jeu, on constate une nette amélioration de la qualité des sons du module. Il y a moins de kits par défaut que dans le TD-6, ce qui n’est pas plus mal : à quoi bon avoir 99 kits préenregistrés pour n’en utiliser que deux ou trois (bon, j’exagère un peu). Qui plus est, ces kits étaient difficiles d’accès : il fallait aller manuellement, son par son, d’un kit à un autre. Du un au deux, ça passe, du un au 99 (User Kit), c’est tout de suite plus long. Alors rendons grâce à l’ajout d’une molette sur la TD-9, qui nous offre un gain de temps et une aisance d’utilisation considérables.
Mais plus que tout, le vrai must de ce module, c’est la possibilité d’éditer les sons presque à l’infini, à l’instar du haut de gamme TD-20 : on peut agrandir ou réduire le diamètre d’une cymbale, d’un tom, régler la tension de la peau, définir la quantité et le type de sourdines que l’on va apposer dans la grosse caisse, sélectionner un type d’ambiance (studio, hall, etc.) ou encore mixer les différents éléments de la batterie entre eux, bref, de quoi se fabriquer de toutes pièces un kit génial ! Cerise sur le gâteau, et pas des moindres, les toms sont bi-capteurs, c’est-à-dire qu’on peut leur assigner deux sons distincts, comme par exemple un tom sur le dessus et une cloche quand on tape sur le cercle, ou faire des effets de rimshot comme avec des timbales latines par exemple. Seul petit bémol à signaler, le son des toms n’est pas pleinement convaincant, comme avec toutes les batteries électroniques jusqu’ici. On est encore loin de l’acoustique. Mais ne doutons pas que Roland saura progresser dans ce domaine.
En ce qui concerne le rimshot de la caisse claire, on notera que cette fonction est débrayable sur tous les sons. « XStick » enclenché, le cercle de votre caisse claire vous fera un joli son de rimshot, si vous ne voulez pas avoir un « clac » impromptu, désélectionnez l’option « XStick » .
Autre amélioration notoire : les chansons préenregistrées. Jusque-là, on avait droit à l’équivalent, au niveau des sons, des musiques des premiers Super Mario, mais maintenant on aurait presque l’impression de jouer en groupe ! Une fonction permet par ailleurs de muter très facilement l’un ou l’autre des instruments présents (à l’exception de la basse). On peut également éditer très facilement les chansons, augmenter le tempo, définir une boucle. La qualité des compositions est un peu meilleure, aussi. Bravo aux compositeurs de chez Roland ! On peut s’enregistrer sur ces morceaux avec la fonction « QuickRec » (l’enregistrement se lance dès qu’un pad est joué), mais, comme précisé plus haut, on ne pourra pas exporter les séquences du module en MIDI. La fonction « QuickPlay » permettra quant à elle une écoute immédiate de votre enregistrement.
Évidemment, ces chansons citées précédemment sont avant tout un outil de travail, un peu comme un click amélioré. Parlons-en, du click. Outre les fonctions de base (tempo, time signature, etc.), Roland propose ici un outil très utile pour travailler la régularité : le « scope » . Il s’agit d’une représentation graphique des mesures et des coups joués par-dessus. Si le point noir est sur le trait vertical, vous êtes sur le temps, s’il est à côté, vous êtes soit en avance, soit en retard. Encore une fois, les fonctions « QuickRec » et « QuickPlay » permettent de s’enregistrer et d’écouter tout de suite ce qui a été fait (les .WAV de votre clé USB ne pourront pas être enregistrés), chaque nouvel enregistrement effaçant par défaut le précédent.
Pour comprendre mieux de quoi il retourne, je vous invite d’ailleurs à regarder cette vidéo tournée dans les locaux de Roland, et qui revient sur les principales nouveautés de cette TD.
Conclusion
La TD-9 est parfaite pour celles et ceux qui veulent investir dans un bon instrument sans se ruiner. Evidemment, avec un prix situé entre 1399 € à 1799 € selon le modèle, la petite dernière de Roland pourra sembler chère à certains mais il s’agit là d’un investissement à long terme.
Il ne faut perdre de vue non plus que de plus en plus de cafés concerts n’acceptent plus de groupes à cause du bruit. Avoir une batterie électronique sur laquelle on se sent presque autant à l’aise que sur une batterie acoustique au niveau du toucher (pour la TD-9KX) et qui a des sons très proches d’une vraie est donc un atout exceptionnel pour pouvoir continuer à faire de la musique, quel que soit le lieu, le style ou le public.
D’autant qu’esthétiquement, on peut également opter pour l’utilisation d’une grosse caisse acoustique équipée d’une peau maillée et triggée par un capteur Roland (RT-10K), comme sur la photo ci-contre.
Il est donc loin le temps des vieilles batteries électroniques sans âme ayant des sons pourris. La série TD avait posé un standard de qualité, le modèle TD9 rend aujourd’hui ce standard accessible. Vivement demain…
Merci au magasin nantais Michenaud et son équipe qui ont mis à ma disposition une TD-9 :)