Behringer c'est Dieu ou c'est le Diable ?

Il y a du bon et du moins bon chez Behringer, certains produits sont excellents (le DEQ2496, le Deepmind, le Neutron par exemple) et d'autres ne sont que des copies cheapos. C'est un peu facile de tout rejeter en bloc dans un univers où les niches sont dominées par des marques pépères depuis la fin des années 90.

Comment faire son trou dans le petit marché des synthés?

Innover? Ok, mais comment? Existe t'il encore des synthèses non exploitées qui peuvent rapporter des sous et justifier des coûts de R&D considérables?

Copier? C'est mal. Oh oui c'est mal. Personne ne le ferait. Non, vraiment.

Passer son chemin? C'est peut-être ça en fait qui serait le plus évident. Il faut être fou pour se risquer à rentrer dans cet univers surchargé de légendes à moins d'être absolument génial.

Quand une marque de guitares sort une nouvelle pelle d'inspiration Les Paul, Strat, etc... personne n'est assez dingue pour crier à la copie. Il faut dire que les formules qui fonctionnent pour la guitare sont peu nombreuses puisque basées sur une morphologie très contrainte. On peut enlever la tête et mettre les derniers micros à la mode... Et c'est à peu près tout.

Ce n'est pas propre au microcosme des instruments de musique, on commence à arriver au bout de ce qui fonctionne. Associé au conformisme ambiant et à un conservatisme quasiment religieux c'est difficile de se risquer à proposer la moindre nouveauté, coûteuse en R&D, vu le risque de se ramasser sous le regard inquiet des concurrents.

Qu'est-ce qui justifie la sortie d'une nouvelle machine aujourd'hui ? En quoi sera t-elle profitable au musicien ? Quelles sont les limites des machines d'il y a dix ans qui nous obligent à les remplacer ?
Est-ce que ça a encore du sens d'acheter des synthés hardware aujourd'hui ?
Si vous pensez que les réponses à ces questions sont simples il est probable que vous vous trompez lourdement. Il y a autant de réponses que de points de vue, autant de points de vue que de machines, autant de machines que d'usages imaginables.

Behri est un producteur de matériel musical dans un secteur saturé de concurrents de toutes tailles, tous s'échinent à proposer du matériel. Du matériel. En 2020. Alors que les synthés les plus puissants sont logiciels, que les meilleurs sampleurs sont logiciels, que les meilleurs effets sont logiciels. On peut se cacher derrière son petit doigt et ne pas accepter de voir la réalité, faire de la résistance passionnée parce qu'on a un attachement à nos machines, ça ne changera pas la réalité.

J'ai été pendant plus de 20 ans (oui, il y a beaucoup plus vieux que moi ici) entouré de machines, au point de manger de la semoule sans rien d'autres parce que cette passion était dévorante, j'aime encore les machines. Je suis passé au tout software par nécessité et praticité, aujourd'hui je regarde le hardware actuel et je ne m'interdis pas d'y céder un peu. Mais ça sera pour bidouiller de temps en temps, pas pour produire et surtout par nostalgie.

Mon témoignage n'est pas universel, je sais que certains adorent empiler des tonnes de machines. Je les comprends, je l'ai fait aussi. Heureusement qu'ils sont là pour les fabricants de hardware. Mais êtes-vous assez nombreux ?

Je ne sais pas si Behri est à blâmer dans cette histoire, il y a très peu de choix qui fonctionnent pour une entreprise et dans ce secteur c'est encore plus difficile.