3 ans après un Vintage Vault déjà plein de bonne choses, UVI remet le couvert avec Vintage Vault 2 qui démocratise quelques raretés légendaires au sein d'une interface efficace.
Plus de 3 ans se sont écoulés depuis la sortie de Vintage Vault, le bundle rassemblant tous les synthés virtuels d’UVI. Et comme l’éditeur français ne s’est pas tourné les pouces au cours des dernières années, ce sont pas moins de 6 produits qui sont ajoutés à Vintage Vault 2, proposant des sons issus de 15 synthés et 32 boîtes à rythmes supplémentaires.
Au programme de cette mise à jour, les nouveautés sont donc les suivantes :
- Cameo (Casio CZ1, CZ101, CZ1000, CZ2300S, CZ3000 et CZ5000)
- Digital Synsations Volume 2 (Ensoniq Fizmo, Roland JD800, Kawai K5000S)
- OB Legacy (Oberheim XPander, OB-12, Matrix 6/Matrix 1000, OB-X/OB-Xa/OB-SX, SEM, MSR-2)
- PX Apollo (Moog Apollo, ancêtre du Polymoog)
- UVS-3200 (Korg PS-3200)
- UVX80 (Akai AX80)
- BeatBox Anthology 2 (DrumBrute, MatrixBrute, D.Rhythm Five, Clap Machine, PT Seven, DST, AnalogR, EMD, 8 Bit Box, EM7C, Drumzmo, Transwave Drums, DK5S, XD Five, Mini Pops 20S, Mini Pops 7, UVS3200, Gadget Beat, Kick Machine 2, U1250, LM One, Optigan, Sakata, SCTOM, SM305, Gadget 12, VerDrum One, Ratck, YCS 20m, YDD Eleven, FM 4OP et YPT Eight)
Et qui s’ajoutent à tout ce que contenait le premier Vintage Vault, à savoir :
- Darklight IIx (Fairlight CMI)
- Digital Synsations (Roland D-50, Yamaha SY77, Korg M1 & Ensoniq VFX)
- Emulation One (E-Mu Emulator & Drumulator)
- Emulation II (E-Mu Emulator II)
- Mello (Mellotron)
- String Machines (Solina String Ensemble, Roland RS-505 & VP-330, Korg PE2000, Crumar Performer et Eko Stradivarius)
- The Beast (Synclavier)
- Ultra Mini (Minimoog Model D & Voxager XL)
- UVX-10P (Roland JX-10, JX-8P & MKS-70)
- UVX-3P (Roland JX-3P)
- Vector Pro (Prophet VS/VX, Yamaha SY22)
- Vintage Legends (Yamaha CS-70M, CS-40M & CS-20M, Elka Synthex, Rhodes Chroma, Yamaha DX1, Digital Keyboards Synergy et Kurzweil K250
- Waverunner (Waldorg PPG, Wave 2, 2.3, 360, Waveterm, Microwave XT & Rack Attack)
- BeatBox Anthology (toutes les gloires de la boîte à rythmes, à commencer par les TR, Linndrum et autres Simmons)
Avouez que l’ensemble de ces noms a de quoi faire rêver n’importe quel collectionneur, sachant qu’UVI semble avoir eu le souci de proposer un ensemble équilibré entre synthés analos et numériques en mettant l’accent sur quelques raretés dans le monde du logiciel, voire dans le monde tout court. C’est notamment le cas pour les nouveautés arrivées avec cette version 2, qu’il s’agisse de l’Ensoniq Fizmo, du Korg PS-3200, de l’Akai AX80 ou du rarissime Moog Apollo, dont il n’existe dans le monde que… 2 exemplaires !
Inutile de dire que rassembler ces machines est déjà un sacré travail, colossal même si l’on part du principe qu’avant de virtualiser quoi que ce soit, il faut s’assurer que chaque synthé tourne à la perfection, ce qui passera au minimum par une petite révision sur les vieux coucous analogiques, voire par une réparation en bonne et due forme.
Voyons à présent ce qu’UVI a fait de toutes ces légendes.
Pour ce faire, deux possibilités. Soit la vidéo ci-contre, soit le texte qui suit :
Synth in the Shell
Précisons-le d’emblée : les instruments proposés par ce Vintage Vault ne sont pas des émulations des synthés originaux mais des créations inspirées par ces derniers et basées sur leur échantillonnage. Nous sommes donc pas face à des synthétiseurs au sens strict du terme comme en propose Arturia, U-He ou encore Xhils mais face à des ROMplers, pour le meilleur comme pour le pire.
UVI insiste en effet sur ce point : là où les émulations tentent de reproduire une machine, d’imiter ses possibilités comme la façon dont elle sonne et réagit en reproduisant les fonctionnement de chacun de ses modules voire de ses composants (LFO, VCO, VCF, convertisseurs, etc.), les ROMplers se basent sur des enregistrements des instruments, et sonnent donc exactement comme eux. Ce détail mis à part, le parti pris du ROMpler présente plusieurs autres avantages : outre une consommation réduite en termes de ressources Processeur, cela permet à l’éditeur de proposer d’une machine à l’autre un jeu de fonctions similaires. De fait, même si l’interface graphique change d’un instrument à un autre, une fois qu’on a compris comment se servir de l’un d’eux, on sait utiliser tous les autres.
Les inconvénients ? Outre le fait que les samples prennent un espace conséquent sur le disque dur (117 Go en l’occurence), aucun instrument UVI ne propose toutes les fonctions, les possibilités ou le workflow des machines originales, ce qui ne veut pas dire qu’aucune édition n’est possible.
Chaque instrument est ainsi basé sur un double moteur à la base duquel se trouve un « oscillateur » qui n’est ni plus ni moins qu’un des samples de base réalisé par UVI à partir des sonorités caractéristiques de l’instrument. Outre le layering de ces deux sonorités soumises à un filtre, deux enveloppes ADSR et des options d’édition de base (accordage, portamento, stéréo, attribution d’un effet à la molette), on disposera encore d’un LFO et d’un step sequencer pour effectuer des modulations sur chacun des deux oscillateurs de base, mais aussi une section d’effet et un double arpégiateur. Ca n’a l’air de rien comme ça, mais avec une conception relativement simple, il y a déjà de quoi casser la raideur du sample et faire beaucoup de très belles choses, d’autant que le matériau de base (les samples des machines) est excellent du point de vue sonore, et que les traitements ne le sont pas moins (on retrouve notamment les algos de Thorus, Sparkverb et Relayer sous le capot). Si l’UVIworkstation, le player gratuit nécessaire à la lecture des banques, propose déjà de sophistiquer tout cela avec la possibilité de rajouter des effets ou de bâtir des multis, inutile de dire que lorsqu’on possède Falcon, le sampler virtuel d’UVI, on peut amener toute cette matière première beaucoup plus loin, avec des modulations de zinzins et le recours à bien des formes de synthèse pour métamorphoser le son.
Concentrons-nous toutefois sur le seul emploi avec l’UVIworkstation, histoire de voir ce que les petits nouveaux ont dans le ventre.
Rencontre du troisième type
Utilisé par Hans Zimmer, Jarre ou Emmerson Lake & Palmer, le Korg PS-3200 est un semi-modulaire qui, s’il n’offrait pas toutes les combinaisons en termes de patching qu’on voyait sur les tenors du genre, n’en était pas moins révolutionnaire par sa possibilité de stocker 16 presets.
- PS3200 1 00:32
- PS3200 2 00:32
Beaucoup plus curieux, l’Apollo n’est ni plus ni moins qu’un prototype polyphonique Moog de 1973 qui préfigure le Polymoog sorti deux ans plus tard. Une vraie originalité avec le gros son Moog au rendez-vous, même si cette pièce de collection n’est pas forcément très populaire : on le comprend lorsqu’on sait qu’il n’en existe que deux exemplaires au monde !
- Apollo 1 00:32
- Apollo 2 00:32
Moins rare mais relativement méconnu également, l’AX80 est un analo produit par Akai dans les années 80 et qui s’avérait complexe à programmer et qui a raté pour cette raison son rendez-vous avez le succès, au point de devenir culte aujourd’hui.
- AX80 1 00:32
- AX80 2 00:32
Deux produits viennent encore grossir de ce Vintage Vault 2 et on n’est pas mécontent de les accueillir vus qu’ils permettent de retrouver deux constructeurs qui manquaient cruellement à la première version du bundle. OB propose des sons issus de 6 synthés Oberheim :
- OBx 1 00:32
- OBx 2 00:08
- OB612 00:32
Quant à Cameo, il nous permet de goûter aux joie de la synthèse à distorsion de phase imaginée par Casio.
- CZ 00:32
- CX 00:32
Avec le deuxième volet de Digital Synsations, on passe dans le numérique en abordant d’autres styles de synthèse. Cela passe par un Kawai K5000S, un Ensoniq Fizmo et un Roland JD-800, là encore des raretés dans le domaine du virtuel :
- K5000S 00:32
- JD800 00:32
- Fizmo 00:32
Complétant le tout enfin, la seconde mouture de la Beatbox Anthology propose des sons issus de 51 nouvelles boîtes à rythmes ou synthés aux capacités percussives. Et, chose intéressante, UVI ne s’est pas contenté d’aller voir du côté du Vintage pour proposer des choses vraiment récentes émanant de Teenage Mutant Engineering comme… d’Arturia (Drumbrute et Matrixbrute) !
- bb8bit 00:06
- bbDrumBrute 00:06
- bbMiniPops 00:06
- bbSCTOM 00:06
- bbVerdrum 00:06
- bbXDfive 00:06
Les quelques extraits audio proposés ci-dessus permettent de s’en rendre compte : tout cela sonne indéniablement bien et couvre un énorme éventail de sons. Au jeu, on oublie en outre totalement qu’on est face à du sample, les instruments réagissant très bien au pitch bend comme aux diverses modulations que vous pouvez leur faire subir, et aux éventuels portamento.
Rassurons en outre ceux qui craignent de se sentir limité par la technologie du sample : avec la simple architecture proposée par UVI pour chacun de ces instrument, on a de quoi faire bien des choses très simplement. Voici d’ailleurs un patch de base d’OBXa suivi d’un même patch bricolé avec les seuls outils du bord :
- initpatch 00:04
- userpatch 00:04
Le pari est donc rempli, même si la copie rendue par UVI n’est pas parfaite, comme nous allons le voir.
O Browser, where are you ?
Le premier regret qu’on aura en parcourant les différents instruments proposés par UVI, c’est la dissymétrie dont ils font preuve sur le plan structurel. Si un PS-3200 se charge via un fichier UFS et qu’on accède ensuite, depuis celui-ci, aux différents presets via un petit menu avec les sous-catégories qui vont bien, sur le Cameo CM, on a ainsi un unique menu déroulant avec tous les presets dont seul le préfixe nous renseigne sur leur nature. C’est déjà moins pratique, mais il y a encore moins pratique puisque sur le Cameo CZ, chaque preset fait l’objet d’un fichier UFS, le passage de l’un à l’autre devenant forcément plus lourd.
Mais c’est surtout le côté extrêmement old school de la navigation que l’on regrettera, et qui est probablement plus imputable à l’UVIworkstation ou à Falcon qu’au Vintage Vault : on nous met face à plus de 7000 presets sans autre possibilité pour naviguer dans tous ces sons que de choisir d’abord un instrument, puis de parcourir, quand elle existe, ses presets classés par catégories. Pas de système de tags ? Non. Et pas de pré-écoute des UFS-presets non plus.
De fait, lorsqu’on cherche un patch de basse au son plutôt court et distordu par exemple, il faut partir à la pêche et visiter un à un tous les instruments. C’est vraiment extrêmement dommage car ça amoindrit grandement le côté pratique de cette collection qui a tout pour plaire au songwriter en quête de sons de qualité, et qui se contrefiche bien, lorsqu’il cherche un son, de savoir si c’est tel synthé ou tel type de synthèse qui le produit. Évidemment, si demain UVI rend ses logiciels compatibles avec les formats NKS et VIP, ce défaut sera amoindri pour les possesseurs des claviers Akai et Native Instruments, mais on espère que l’éditeur aura à coeur de bosser sur ce point précis dans l’UVIworkstation comme dans Falcon car avec un tel corpus de sons, ça devient vraiment un point crucial au quotidien. Dans un couteau en effet, le manche est aussi important que la lame.
Tant qu’on en est à parler presets, notons que si les ROMplers qu’on nous présente offrent de sympathiques possibilités de traitement et d’édition, permettant de s’éloigner vraiment des presets de base, l’UVIworkstation ne propose pas de possibilité de sauvegarder ses propres presets dans l’instrument, ce qui est, une fois encore, très dommage, même si l’on peut sauvegarder cela dans un multi.
Enfin, certains regretteront peut-être que la collection fasse l’impasse sur nombres de stars de la synthèse : pas de ARP, pas de Jupiter, pas de MS-20, Wavestation ou de Polysix, pas d’OSC, pas de Juno ou de SH, de TB… La liste est longue des instruments qu’on s’attendraient à trouver dans ce Vault et qui n’y figurent pas. Ces manques ne seront toutefois pas retenus comme un défaut dans la mesure où la collection Vintage Vault semble obéir à un ligne éditoriale autant que stratégique toute à fait justifiable. Il est inutile de proposer une version virtuelle de plus de la TB par exemple, dans la mesure où il existe déjà quantité de plug-ins qui font cela très bien. Si l’on se dirige vers le bundle d’UVI, c’est justement pour trouver ce qu’on ne trouve pas ailleurs.
De fait, si on aurait pu pensé l’offre d’UVI en concurrence direct de celle d’une V Collection d’Arturia ou d’un Syntronik d’IK Multimedia, elle s’avère en fait très complémentaire. Il y a bien sûr des zones de recoupement, aucun n’ayant fait l’impasse sur le Minimoog par exemple, mais d’un point de vue technologique comme du point de vue des instruments proposés, chaque produit garde des atouts sur les autres, avec un rapport qualité/prix nettement moins bon tout de même en ce qui concerne le produit d’IK.
Nous finirons d’ailleurs en parlant tarif, soulignant qu’avec des sons émanant de plus d’une cinquantaine de synthés et d’une centaine de boîtes à rythmes, le prix de 600 euros réclamé par l’éditeur est réellement compétitif. En fonction de ce que vous possédez déjà, la mise à jour vous sera quant à elle facturée 300 euros ou moins, ce qui, en regard des produits ajoutés demeure compétitif, sachant que sur les synthés proposés, la concurrence est relativement faible.
Et si bien sûr, on en voudrait toujours plus, force est de reconnaître qu’il y a déjà vraiment de quoi faire… en attendant Vintage Vault 3.
Conclusion
Une fois que l’on accepte le parti pris du sample avec tous les avantages qu’il procure (le son réel des instruments et une faible consommation CPU) et ses inconvénients (on n’est pas de l’émulation qui reproduit fidèlement le workflow et les possibilité des instruments originaux), il faut reconnaître que ce Vintage Vault est une tuerie sonore qui devrait combler plus d’un musicien, que ce soit pour faire de la musique électronique ou n’importe quel style d’ailleurs, à l’heure où les synthés se sont installés avec succès dans la plupart des genres musicaux. Simples à prendre à main et offrant malgré tout d’intéressantes possibilités de traitement et d’édition, les instruments de ce Vintage Vault valent autant pour la rareté de certains d’entre eux (les Moog Apollo, Akai AX80 et Ensoniq Fizmo ne courent pas les rues, que ce soit en réel ou en virtuel) que par le beau travail réalisé sur le sampling comme le Sound Design. Sitôt qu’on fait défiler des presets naissent des idées et c’est très bon signe pour un instrument.
Proposé à un tarif relativement agressif, ce bundle n’a en définitive qu’un seul gros défaut : la façon dont sont gérés les presets. Avec plus de 7000 patches disponibles, on voudrait des tags, des possibilités de pré-écoute ou encore un système de notation pour simplifier la navigation dans cette masse de sons. Autant de chose qui, si l’on en croit les gens d’UVI ayant suivi notre live, seraient visiblement en préparation. On a hâte !