Voici un "outsider", un casque sorti il y a trois ans, qui a reçu des critiques plutôt élogieuses sur d'autres plateformes, et qui n'a eu que peu de résonance dans les pages d'AF. Il était temps de combler ce manque.
On connaissait son existence, mais la marque n’étant pas un « magnat » du casque, on était un peu passé à côté de ce casque ouvert, au prix assez « médian » pour un casque de (home —) studio correct, et à la construction solide.
Il nous paraît donc aujourd’hui être le candidat parfait pour un test, même s’il ne relève pas d’une actualité quelconque.
Voici donc, sans plus attendre, le MC450 de Mackie…
Spécifications
Le MC450 est un casque de type circumauriculaire, ouvert, avec un transducteur dynamique. La taille du transducteur est de 42 mm.
Les spécifications annoncées par le constructeur sont les suivantes :
impédance : 54 ohms
réponse en fréquence : 20 Hz — 20 kHz (c’est rare de voir un constructeur ne pas inclure des fréquences inaudibles…)
Les câbles qui accompagnent le casque sont au nombre de trois : un droit, de 3 mètres avec un revêtement de tissu assez élégant, un droit de 1,2 mètre, plus fin, avec des contrôles et un micro, pour passer des appels (le seul terminé par un jack TRRS 3,5 mm) et un torsadé de 1,2 mètre.
Leurs terminaisons sont similaires (sauf le câble dédié aux appels, voir ci-dessus) : jack TRS 3,5 mm (avec adaptateur 6,35 mm), et du côté du casque, jack 3,5 mm avec une baïonnette.
Le design est intéressant, plutôt sobre, avec un seul accent de couleur (vert) pour signaler le HP de droite. La construction est majoritairement en plastique, mais épais et solide, majoritairement maintenue ensemble par des vis (donc démontable). On est en confiance, encore plus lorsqu’on découvre la doublure métal (sous une structure principale en plastique) particulièrement épaisse le long de l’arceau. C’est construit sérieusement.
Seul point à signaler : l’adaptation de la taille de l’arceau à la tête est assez raide, il faut tirer fortement dessus pour réussir à passer les crans du réglage. Le casque est neuf… On imagine que cela s’assouplira avec le temps.
Démontable ?
Oui et non
On commence par retirer les mousses, comme toujours :
Cela nous permet ensuite d’accéder à quatre vis située sous la mousse de protection (sur la photo ci-dessous, on distingue bien l’une d’entre elles, en haut). Pas impossible de les dévisser pour autant, avec un tournevis fin à travers la mousse, et même sans trop déchirer celle-ci en prenant bien son temps, et en faisant des quarts de tour :
Et là, c’est la déception :
On accède à un transducteur complètement collé contre son support. Les câbles sont corrects, les soudures bien propres… dans le pire des cas, on pourra au moins réparer une soudure cassée, ou changer le câble si besoin.
Confort
Correct.
L’arceau ne se fait pas oublier, le casque sert assez fort sur le crâne, mais les mousses sont très agréables (juste souple ce qu’il faut, et dans une matière qui « respire » suffisamment pour ne pas surchauffer l’oreille).
Isolation
Inexistante, c’est un casque ouvert.
Transport
On apprécie beaucoup la mallette fournie par Mackie, robuste et pas trop grosse. C’est un vrai point positif, surtout sur un casque dans cette tranche de prix. On se pose juste la question de la petitesse de la trousse à câble, si exigüe qu’on doit vraiment y « fourrer » en forcer les trois câbles fournis avec le casque : est-ce que ceux-ci ne risquent pas de pâtir de cette tension appliquée lors de chaque transport (à moins de sélectionner un câble, et de ne transporter que celui-là).
Benchmark
Voici donc le nouveau protocole de mesures objectives, mené par nos soins afin de compléter l’écoute subjective. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes de réponse en fréquence et distorsion, réalisées dans notre atelier.
Réponse en fréquence :
On remarque :
- Peu de graves avant 100 Hz
- Un plateau de 100 Hz à 4 kHz (très linéaire !)
- Un double creux important à 5 kHz et 7 kHz
- une accentuation forte à 8 kHz
- Un creux à 10,2 kHz
- Pas grand chose au dessus de 18 kHz
Les transducteurs sont très très bien appariés, rien à redire à ce niveau.
Distorsion :
La distorsion mesurée est inférieure à 0,2 % de 100 Hz à 20 kHz. À 20 Hz elle est de 5 % environ. À noter : elle est constituée, à presque égalité, d’harmoniques paires et impaires sur tout le spectre, sauf entre 30 Hz et 200 Hz, et au-dessus de 3 kHz, où les harmoniques impaires reculent.
Écoute
Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur Truelove’s Gutter)
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. La première impression est très agréable. On sent bien un léger manque dans le haut médium, mais cela ne nous semble pas si marquant : question d’équilibre, étant donné que 5 et 7 kHz sont au même niveau que 100 Hz. Résultat, bien sûr, les médiums sont bien présents, mais l’accentuation des aigus, par-dessus cela, ajoute de la précision et donne une impression qui ne tombe jamais dans le brouillon. La basse est en retrait, c’est indéniable, plutôt un bon point sur ce morceau, mais ce sera probablement un défaut sur d’autres…
Sun Kil Moon – Butch Lullabye (sur Common As Light And Love…)
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutées par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Ça marche très bien : le clavier-basse n’a pas un max d’assise vers le sub, mais il est très égal note à note, et la caisse claire a une attaque bien médium, tout en ayant un peu de résonance grave profonde très bien rendue. La voix n’est pas trop nasale et la batterie ne manque pas de puissance, avec une caisse claire au médium bien souligné, et avec une attaque qui claque.
Massive Attack — Teardrop (sur Mezzanine)
Un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Là, bien sûr, si la basse est présente, on ne profite pas du tout de l’extrême grave, normalement présent au moins par touches tout au long de ce morceau. La voix est très agréable, en revanche, précise, mais sans sibilance, et l’on n’est frappé du fait qu’aucune fatigue auditive ne pointe son nez à l’horizon (mais de la fatigue physique, un peu, en particulier sur le dessus du crâne).
Charlie Mingus — Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. Typiquement, c’est le genre de casque qui correspond bien à ce genre d’ensemble d’instruments : juste ce qu’il faut de précision dans le médium, mais sans trop de « gras », sans trop de basses gonflées par exemple, qui viendrait masquer en partie les timbres des instruments bas-médiums. Le MC450 ne nous déçoit pas sur ce terrain, en offrant un rendu précis, où l’étagement des tessitures est assez « lisible », les instruments se détachant bien les uns des autres lors d’une écoute analytique.
Edgar Varèse — Ionisation (New York Philharmonic, dir. Pierre Boulez)
Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 min. Le casque s’en sort bien, tout en restant relativement « neutre » : on perçoit bien l’acoustique de la salle, le placement des instruments dans le panoramique, et la place qu’ils prennent dans le mix selon les nuances de jeux. Certains casques plus riches en aigus, plus « aérés » rendent parfois cette pièce avec un sens du détail plus aiguisé, plus impressionnant, mais l’on n’est pas pour autant déçu d’une présentation plus sobre comme celle du MC450. On notera que les instruments médiums sont très bien rendus, encore une fois, et que l’absence d’extrême grave n’est pas un manque pour la lisibilité de l’ensemble, au contraire même.
Conclusion
On est vraiment agréablement surpris par ce casque. Robuste, aisément transportable, trois câbles fournis, une mallette : on sent que Mackie n’a pas lésiné, sans pour autant gonfler le prix. Les résultats sonores sont convaincants, sans être époustouflants, mais c’est aussi ça la qualité de ce casque : les « manques » (le grave en retrait, par exemple) lui donnent un certain « profil sonore », dans lequel c’est surtout les médiums et un aigu bien détaillé qui prennent le dessus, pour un résultat à la fois précis et assez neutre, qui n’est jamais indument flatteur. On aimerait parfois un grave plus charpenté, et surtout on regrette l’absence totale d’extrême grave, mais l’on peut très bien imaginer travailler régulièrement avec ce casque qui, par ailleurs, se prêtera aussi aux écoutes récréatives. Bref, il propose un résultat convaincant, bien représentatif de sa gamme de prix, sans pour autant oublier de fournir des accessoires utiles et bien conçus qui sont parfois oubliés sur des casques nettement plus luxueux. Une bonne pioche !