A la fois synthétiseur vocal, générateur multitimbral, échantillonneur, séquenceur et arrangeur, le CT-S1000V vient d’atterrir sur la planète des instruments électroniques. Un nouvel OVNI signé Casio ?
Le dernier test d’un synthé signé Casio sur Audiofanzine remonte à dix ans. C’était le test du XW-P1. Si le constructeur nippon s’est rarement longtemps attardé sur les territoires de la synthèse pure, il n’en demeure pas moins très actif dans le monde des pianos numériques et claviers arrangeurs. Il faut en fait remonter à plus de quarante ans (1980) pour trouver le tout premier clavier de la marque, le CT-201, déjà basé par sur une synthèse vocale primitive. Il sera suivi un an plus tard par le VL-1, combinant un moteur de synthèse à base d’ondes carrées filtrées et une partie arrangeur, immortalisé dans le titre « Da da da » de Trio. Mais c’est surtout dans la deuxième moitié des années 80 que Casio va mettre au point une série de synthés à distorsion de phase, les CZ/VZ, en écho à la série DX de Yamaha. Cette série singulière connaitra un franc succès et sera complétée par les échantillonneurs FZ. Aujourd’hui, Casio revient discrètement sur le devant de la scène synthétique avec le CT-S1000V, embarquant notamment un moteur à synthèse vocale inédit. Nous avons réussi à en intercepter un…
Tour de chauffe
Le CT-S1000V est construit tout en plastique avec dessous évidé, ce qui lui permet de ne pas dépasser 5 kg, alors qu’il est équipé d’un clavier de 5 octaves et de 2 HP de 13 × 6 cm délivrant 2,5 W avec basse reflex, ce qui est suffisant pour une écoute de proximité. Alimenté sur secteur ou sur piles, il est donc à la fois nomade et autonome. Le clavier de taille standard est constitué de touches moulées en groupe. Il est sensible à la vélocité initiale, mais nous trouvons le toucher un peu mou à notre goût. Les commandes sont en nombre restreint : quelques touches de mode, 5 touches contextuelles situées sous l’écran LED, un gros encodeur, un potentiomètre de volume, trois potentiomètres assignables suivant le mode et trois touches de transport du séquenceur. On regrette cette relative austérité dès qu’on veut modifier le son, mixer les canaux ou piloter les motifs rythmiques. Une molette de pitchbend complète le tout, c’est bien d’y avoir pensé.
La connectique, plutôt variée, est située sur le panneau arrière. On y croise une sortie casque, une entrée audio (toutes deux au format minijack stéréo), deux sorties audio gauche/droite au format jack 6,35, deux entrées pour pédales (interrupteur et continue) au format jack 6,35, deux prises USB (To Host type A et To Device type micro-B) et une borne pour alimentation externe 12 VDC fournie, type bloc central. Exit donc le trio Midi DIN. La trappe pour les 6 piles est située sous l’appareil, on peut utiliser au choix des piles alcalines ou des batteries ni-mh de type AA (type à préciser dans le menu). Dans les deux cas, le constructeur annonce une autonomie maximale de trois heures. On trouve aussi deux emplacements pour installer le pupitre fourni, merci. On peut même fixer une sangle, cette fois optionnelle.
Prise en main
Il est difficile de faire entrer le CT-S1000V dans une catégorie de clavier. Il est à la fois synthétiseur de voix, échantillonneur, séquenceur, arrangeur, générateur GM et clavier de commande. Doté d’une polyphonie totale de 64 voix, il est capable de jouer trois parties sonores simultanées au clavier (deux UPPER et une LOWER avec modes Split et Layer combinables) et une section complète d’accompagnement. Les parties sonores (Tones) peuvent faire appel à des sons générés par synthèse vocale (pour une seule partie) ou des instruments échantillonnés. La section d’accompagnement (Rythme) est constituée d’un motif de batterie auquel on peut ajouter un accompagnement automatique multitimbral harmonisé en temps réel au clavier (nous y reviendrons). La mémoire est organisée par Tones, Rythmes et Registrations. Une Registration permet de mémoriser les réglages de performance (sons, parties, style, tempo, mixage, effets, assignation des commandes…) au sein de 64 mémoires. On peut choisir de geler certains paramètres lorsqu’on change de Registration, bien pratique ! Il y a aussi quatre mémoires « My Setup » pour enregistrer la configuration de la machine (réglages de performance et réglages généraux tels que séquenceur, accordage, haut-parleurs, entrée audio, Midi, écran d’accueil…).
Le clavier boote en moins de dix secondes à vide, ce qui est très appréciable. Ce temps s’allonge si on a chargé des échantillons et Tones de synthèse vocale supplémentaires. La prise en main dépend de ce qu’on fait de la machine. Si on veut assembler des sons et rythmes existants, puis modifier quelques paramètres à la volée, ça va très vite, les choses sont bien organisées (mode, catégorie, numéro de programme, style) et on dispose de trois potentiomètres assignables suivant le mode (Tone vocal, Tone instrumental, effet, rythme). Si on veut éditer un tant soit peu (synthèse vocale, quelques paramètres de synthèse, mixage, effets, rythmes, séquenceur, échantillonneur), il faut passer par les menus. Là, on dispose de l’écran, les cinq touches contextuelles et l’encodeur, donc le strict minimum. La navigation n’y est pas toujours intuitive, car hétérogène suivant la page : parfois les touches servent à choisir des sous-menus, parfois à faire défiler les paramètres, parfois à modifier les valeurs. Parfois il y a une fonction Exit ou Back logicielle, parfois il faut sortir avec la touche Home (et on retourne à la page principale). Bref, cela mériterait une meilleure organisation, d’autant que certaines sections offrent des réglages très poussés. Casio fournit un manuel de 355 pages en langue française, où tout est expliqué en détail (par exemple, la procédure de réglage du métronome occupe une page, alors que c’est immédiat). On sent un vrai souci pour le musicien, merci !
Synthèse vocale
Une grande part de l’originalité du CT-S1000V réside dans son moteur à synthèse vocale polyphonique, innovation issue des recherches sur la voix de l’institut technologique de Nagoya. Le principe est de synthétiser un son à partir d’un texte découpé en syllabes ou phonèmes, puis de le jouer au clavier en temps réel (en mélodie, en accords, en détaché ou en continu). Il s’agit bien d’une analyse/synthèse phonétique, par d’échantillonnage/découpage en tranches, donc le résultat est très artificiel. La machine renferme 150 mémoires de phrases réinscriptibles, dont 100 Presets. La préparation des phrases et l’export vers la machine se fait sur smartphone à partir d’une appli maison (voir en fin de test). Le moteur prend en compte les accents anglais et japonais. Les paroles apparaissent à l’écran au fur et à mesure qu’elles sont déclenchées au clavier, syllabe par syllabe (mode note) ou en enchaînement (mode phrase, au tempo programmé, avec possibilité de bouclage à intervalle fixe). Petite précision pour les exégètes de la langue de Sakamoto, en utilisant la langue japonaise, les sons avancent par more (phonème élémentaire) et non par syllabe. Les trois potentiomètres assignables permettent de modifier le son en temps réel. Là encore, ils transmettent et reçoivent des CC Midi.
En mode Key Control, on peut réaliser un certain nombre d’actions (façon scripts) avec les touches inférieures du clavier, comme sélectionner la position de syllabe, passer en mode aléatoire, activer le redéclenchement automatique et changer la longueur de boucle. Ce qui serait bien, c’est de pouvoir programmer les indexes de syllabes de début/fin et le sens de lecture, façon table d’ondes. D’autres réglages se font via le menu. On commence par définir le vocaliste, c’est-à-dire le corps de résonance dans lequel le son va se propager. Pour cela, on choisit parmi l’un des 22 Presets (chœur plein, murmure, trio, femme, enfant, vocodeur, voix de la mort, cartoon, différents animaux de la ferme, effets…) et le « vocaliste » personnalisable via l’appli. Rien que ce choix change considérablement le son (ses formants et modulations), créant de ambiances parfois impressionnantes, parfois amusantes, parfois mystérieuses. Amis de l’illustration sonore à l’image, c’est là qu’il faut aller ! On ajuste ensuite le genre, l’âge, l’octave, l’enveloppe AR de volume des syllabes, la coupure du filtre, le vibrato (vitesse, profondeur, délai) et le portamento. Un réglage permet d’améliorer la transition consonne/voyelle (donc l’intelligibilité) quand les consonnent trainent. Au plan des résultats sonores, ce moteur est vraiment surprenant. Même si les voix sont très synthétiques, on crée rapidement des solos mélodieux (ou pas), des nappes, des ambiances, du soutien rythmique, des percussions ou des effets gutturaux très originaux, jouables et modifiables en temps réel. Dans cet esprit, on se prend à rêver à un module dédié à cette synthèse, avec les fonctions de type tables d’ondes susmentionnées et davantage de commandes directes en façade.
- CT-S1000V_1audio 01 AEIOU01:57
- CT-S1000V_1audio 02 AF Billie Venus01:58
- CT-S1000V_1audio 03 Gaga Synth00:57
- CT-S1000V_1audio 04 Yo Tata01:04
Sons instrumentaux
Compléments à la synthèse vocale, les sons instrumentaux sont basés sur des multisamples PCM. La banque compte 802 programmes, décomposés en 764 instruments simples, 36 kits de batterie et 2 ensembles d’échantillons (voir encadré ci-après). On trouve toute la panoplie classique des workstations et arrangeurs : pianos acoustiques, clavecins, claviers électriques (Rhodes, Wurly, Clavinet, CP80), percussions harmoniques (vibraphones, marimba, xylophone, céleste, glockenspiel, cloches), orgues (B3, Vox, Farfisa, à tuyaux), accordéons, guitares (acoustiques, électriques), basses (acoustiques, électriques), cordes (solos, ensembles), vents (cuivres, bois, solos et ensembles), chœurs (acoustiques, synthétiques), instruments ethniques, kits de batterie (pop, rock, jazz, électronique, orchestre, world, EDM) et synthés (basses, leads, cordes, cuivres, nappes, textures, CZ/VZ/VL-1). On a même droit à une banque GM. On note aussi quelques programmes utilisant différentes techniques de jeu réparties sur la tessiture du clavier ou en couches de vélocité, pour les basses & guitares (Strum, Ghost, Hammering, Fret, Mute, Head, Slide) et les cuivres (articulations type Plop, Scoop, Lift, Doit, Fall, Shake). Injouables au clavier, ils sont réservés aux accompagnements internes ou au pilotage via une STAN.
La qualité globale est plus que correcte, ce sont des programmes à la fois exploitables et musicaux, avec de bonnes surprises (sons ethniques très variés, belle collection de sons synthétiques, gros punch des sons de percussions) et aussi les caricatures habituelles (sax solo). Il n’y a pas de coupure des sons lors des changements de programme, excellent ! On peut moduler les sons en temps réel avec le pitchbend et trois potentiomètres. Ils sont assignés par défaut à la fréquence de coupure du filtre, la résonance et la modulation. On peut les réassigner à l’enveloppe AR de volume, quelques paramètres de vibrato, le volume de partie, le panoramique, les départs vers les effets (réverbe, chorus, délai) et l’EQ. L’action de chaque potentiomètre peut être désactivée par partie sonore (UPPER 1, UPPER 2, LOWER). Ces contrôleurs transmettent et reçoivent des CC Midi, tout comme les paramètres de synthèse et de mixage d’effets listés ci-dessus. Signalons aussi la présence de tempéraments clavier (17 gammes Presets).
- CT-S1000V_1audio 05 A Piano01:12
- CT-S1000V_1audio 06 E Piano00:36
- CT-S1000V_1audio 07 Harmo Perc00:39
- CT-S1000V_1audio 08 Strings00:35
- CT-S1000V_1audio 09 Choir00:28
- CT-S1000V_1audio 10 Trio00:40
- CT-S1000V_1audio 11 Funk Pop01:33
- CT-S1000V_1audio 12 Funk Soul01:42
Effets numériques
Il est loin le temps où les arrangeurs offraient un mini écho, un modeste chorus et une réverbe métallique. Le CT-S1000V possède de puissants multieffets. Commençons par l’Active DSP, ou plutôt les Active DSP, puisqu’il y en a deux instances, routables vers les parties UPPER 1, UPPER 2 ou LOWER (on aurait préféré en avoir un par partie, mais bon). Chaque Active DSP est un puissant multieffets délivrant 100 combinaisons, contenant de 1 à 4 effets prédéfinis, puisés parmi 29 algorithmes : EQ, tremolo, autopan, compresseur, limiteur, enhanceur, phaser, chorus, flanger, HP tournant, pitch shifter, modulateur en anneau, réflexion, délai, wahwah, distorsion, modélisation de nombreux amplis célèbres. Pour chaque effet, plusieurs paramètres sont éditables (5 à 12), ce qui monte l’addition à plusieurs dizaines pour les DSP combinant 4 effets. Outre le choix, la qualité est là, vraiment bravo ! On peut assigner des paramètres d’effets aux trois potentiomètres en façade.
On poursuit par les effets « système ». Le premier est une réverbe, offrant 24 types (différentes pièces, halls, plaques, délais, cathédrale). Le deuxième est un chorus, offrant 12 types (chorus classiques, feedback, flangers, délais courts). Le troisième est un délai, offrant 15 types (courts, longs, échos, synchro au tempo, ambiance, stéréo). Aucun paramètre n’est éditable pour ces effets, il s’agit de Presets purs et durs, dommage. On peut toutefois doser la quantité de chaque effet système appliqué à chaque partie sonore (UPPER 1, UPPER2, LOWER) via les trois potentiomètres assignables ou des CC Midi (un peu lourd). On trouve aussi un EQ maitre 4 bandes semi-paramétriques, doté de 10 Presets et un réglage utilisateur. Pour être complets, il nous reste deux points à signaler : l’entrée audio (analogique et numérique Bluetooth) dispose d’un effet d’élimination de voix centrale (simple marche/arrêt) et les HP intégrés offrent un effet d’élargissement. C’est dit !
Bien accompagné
Comme tout bon CT qui se respecte, le CT-S1000V contient une section arrangeur. On peut soit utiliser un rythme de batterie seule, soit y ajouter une section arrangement préprogrammée multitimbrale, harmonisée en temps réel. Les styles ainsi formés sont décomposés en différentes sections, que l’on peut lancer à la volée (démarrage/arrêt en appuyant sur la touche lecture/stop ou synchro au clavier) : intro (quelques mesures pour faire monter l’ambiance), deux variations principales (par exemple, couplet et refrain), deux fill-in (suivant la variation en cours, sans basculement, dommage) et une fin (quelques mesures pour finir en beauté). Un style vient avec ses sons prédéfinis (« One Touch »), mais on peut désactiver cette fonction pour conserver les sons au changement de style (par exemple, pour jouer une valse musette avec des sons EDM).
La mémoire interne contient 243 styles Presets (rythme + accompagnement) dans différents genres : pop, rock, dance, jazz, traditionnel, latin, oriental, africain, asiatique, country, orchestral, balade, piano. On trouve aussi 50 emplacements pour charger des styles supplémentaires, mais il faudra les créer/acquérir ailleurs puis les importer (format AC7, CFK ou Z00), parce que le CT-S1000V ne permet pas de les fabriquer en interne. Lorsqu’on active un accompagnement, les pistes instrumentales (basses, guitare, cuivres, cordes, synthés…) sont automatiquement harmonisées suivant le jeu. On trouve six types de reconnaissance d’accords : maison, main gauche classique, priorité à la basse, renversement, accords à un ou deux doigts, reconnaissance d’accords sur tout le clavier. L’écran affiche l’accord reconnu en temps réel, ce qui permet au passage de réviser sa notation, puisque le scan est précis et reconnait les accords les plus exotiques à 3 et 4 notes (suspendus, augmenté, diminués, add…). On peut aussi harmoniser un son à main droite suivant les accords joués à main gauche (12 types d’harmonisation : duo, trio, quatuor, quinte, octave, country, big band…). Les arrangements sont dans l’ensemble réussis, entrainants, utiles et parfois aussi, caricaturaux.
Arpégiateur et séquenceur
Le CT-S1000V est équipé d’un petit arpégiateur, qui permet de lancer des motifs rythmiques suivant les notes jouées au clavier. On peut assigner les parties UPPER 1, UPPER 2, UPPER 1&2 ou LOWER au motif en cours. Plutôt qu’offrir un tas de paramètres éditables, Casio fournit 150 motifs : arpèges classiques, phrases séquencées, accords rythmiques, phrases modulées. A part le choix du motif et l’assignation de partie, on peut spécifier le maintien… et c’est tout ! L’arpégiateur peut évidemment être utilisé en même temps que la partie arrangeur, en parfaite synchronisation.
Le clavier est aussi capable de lire directement des morceaux Midi sur clé USB (format SMF 0/1 ou Casio CMF), les recevoir depuis une application (cf. chapitre suivant) puis les sauvegarder en mémoire interne (10 emplacements). Cela peut être utile pour écouter un titre ou s’entrainer (possibilité de couper une piste main gauche / main droite, ajouter un métronome et réaffecter les sons). On peut aussi enregistrer son jeu au clavier (instrument ou rythme simple), sur une piste ou en surimpression (multipiste), à concurrence de 40.000 notes et 999 mesures. L’édition se limite à la copie ou l’effacement de pistes, il n’y a pas de quantification, modification des notes ou des contrôleurs, c’est plutôt un bloc-notes qu’un véritable séquenceur.
Relations extérieures
Le CT-S1000V est équipé de deux prises USB (To Host et To Device) pour connecter des mémoires de masse ou faire tourner des applications. Avec une clé USB connectée à la prise To Device, on peut importer et/ou exporter les mémoires de Registrations, « My Setup », Songs, rythmes, samples, synthèse vocale, fichiers Midi/audio. La prise USB To Device permet aussi de connecter l’adaptateur Midi/audio sans fil fourni. On peut alors communiquer en Midi ou entrer de l’audio numérique dans la machine. Si le Midi est bidirectionnel, ce n’est pas le cas de n’audio (ce n’est donc pas une interface audio à part entière). La prise To Host (type micro-B) s’utilise uniquement avec un câble USB adéquat. Elle permet notamment de faire tourner deux applications maison sur smartphone, Casio Music Space et Lyric Creator, disponibles aux format iOS et Android. Casio Music Space est un programme généraliste permettant de gérer des Songs, piloter la machine et faire tourner des programmes d’apprentissage musical.
Lyric Creator est pour sa part spécifique au CT-S1000V et permet d’en tirer toute l’originalité du moteur de synthèse vocale. Cette appli permet d’entrer un texte au clavier ou d’enregistrer la voix sur smartphone / tablette, ou encore d’importer un fichier Music XML (analysé au choix en phonèmes ou mores anglais ou japonais), l’éditer (découper les syllabes, en ajouter, en rallonger, en supprimer, ajouter des silences), le faire synthétiser par la machine et stocker le résultat dans l’une des 50 mémoires internes de phrases vocales (maximum 100 syllabes de 1/8 temps). On définit aussi la division temporelle des syllabes pour les jouer à la main ou les synchroniser à l’horloge. Mieux, on peut descendre au niveau des phonèmes qui constituent les syllabes pour changer la diction d’origine grâce à une large banque de phonèmes. Plusieurs phrases peuvent être assemblées en une séquence, ce qui permet de contourner la limite des 100 syllabes. On peut enfin programmer un « vocaliste utilisateur » (i.e. les caractéristiques vocales du son) à partir d’un son WAV et le stocker dans le CT-S1000V (en complément aux 22 Presets existants). Le mieux, c’est que tout cela se fait très simplement et très rapidement, le plus dur étant de trouver un cordon smartphone -> USB micro-B, le reste étant de l’expérimentation et du fun. Ce n’est pas choquant d’avoir recours à un smartphone, l’interface utilisateur de la machine n’aurait pas été adaptée pour expérimenter autant de choses aussi simplement (taper au clavier, enregistrer l’audio au micro, éditer les phrases, modifier les phonèmes, exporter…).
Conclusion
Le CT-S1000V est arrivé modestement dans notre studio, un peu par hasard, pas vraiment repéré sur nos radars à sa sortie. Avec ses 5 petits kilos tout mouillé, ses petits HP, ses quelques commandes directes, son corps tout en plastique et son tarif modeste, les observateurs se sont demandés ce qu’il faisait là. Un petit arrangeur de plus ? Pas tout à fait… Au-delà des styles, de la banque sons échantillonnés, du mini-séquenceur et de la lecture de fichiers Midi, la machine nous surprend. D’abord, par la musicalité des sons et des arrangements. Ensuite, par ses fonctions inhabituelles sur une machine de cette gamme : clavier de commande, échantillonnage (certes très basique mais toujours utile pour faire le petit truc en plus), arpégiateur, section effets complète.
Mais le clou du spectacle, qui justifie à lui seul l’acquisition du clavier, c’est le moteur inédit à synthèse vocale. Ce n’est pas le premier de l’histoire, on en trouve en VST, dans les Quantum/Iridium de Waldorf et même dans le tout premier clavier Casio (le CT-201 de 1980). Mais ce nouveau moteur conjugue plusieurs facteurs déterminants : simple, immédiat, ludique, facilement modulable en live et éditable en détail. Qui plus est, il apporte un souffle nouveau aux productions et performances, utilisé tel quel ou complètement détourné. Avec le CT-S1000V, nous tenons enfin notre nouvel OVNI signé Casio : Award Innovation !