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Test du Casio XW-P1 - Génération XW

25 ans après la célèbre série CZ, Casio revient sur le devant de la scène de la synthèse avec 2 nouveaux synthés : le XW-G1, orienté sampling / groove et le XW-P1, estampillé « Performance Synthesizer ». C’est ce dernier que nous venons de tester. Power !

C’est au milieu des années 80 que Casio lance une ligne de synthé­ti­seurs numé­riques tout à fait origi­naux, basés sur la synthèse à distor­sion de phase, repo­sant sur les prin­cipes de la modu­la­tion de phase utili­sée sur les DX Yamaha (et bapti­sée « FM linéaire »). La série CZ va susci­ter un certain engoue­ment pendant plusieurs années, avec une ultime évolu­tion incar­née par la série VZ, avant de s’éteindre sous l’ar­ri­vée triom­phale des premières works­ta­tions à lecture de samples. Dès lors, la marque Casio sera dura­ble­ment asso­ciée à la synthèse à distor­sion de phase ; à tel point que lorsque la marque a annoncé son grand retour en force peu avant le NAMM 2012, nous nous sommes demandé si la distor­sion de phase était égale­ment de retour…

Mais les temps ont changé et la tendance du moment est plutôt aux trucs qui bougent et aux claviers de scène : pas éton­nant, donc, que Casio décline sa nouvelle gamme en 2 modèles, préci­sé­ment orien­tés dans ces 2 direc­tions : le XW-G1 est un synthé – groove machine basé sur le sampling et les boucles ryth­miques, alors que le XW-P1 est un synthé dit « de perfor­mance », c’est-à-dire orienté scène et temps réel. Affi­chés à des tarifs très agres­sifs, ces 2 nouveaux instru­ments ciblent une large base de musi­ciens / produc­teurs / DJ. Nous avons choisi de mettre à l’épreuve le XW-P1, le plus géné­ra­liste des deux modèles, qui comme nous allons le voir, cache plutôt bien son jeu.

Poids plume

Casio XW-P1

Le XW-P1 est livré dans un carton très rigide. Une fois enle­vés les modes d’em­ploi dispo­nibles dans une dizaine de langues – dont le Français – et l’ali­men­ta­tion externe, nous sommes surpris par la légè­reté de l’ins­tru­ment : un peu plus de 5 kg de plas­tique, ce qu’ap­pré­cie­ront les musi­ciens nomades. La construc­tion n’est pas des plus rigides, avec de la flexi­bi­lité un peu partout, mais n’est pas cheap non plus. Notam­ment, le clavier 5 octaves, sensible à la vélo­cité, est soli­de­ment ancré et offre une réponse tout à fait franche. La dispo­si­tion des commandes est clas­sique ; sur la partie gauche, on trouve la section de contrôle temps réel : 4 rota­tifs assi­gnables pour la synthèse, 16 boutons de pas pour le séquen­ceur et 9 curseurs verti­caux pour le mixage des parties sonores ou le contrôle des tirettes harmo­niques d’orgues modé­li­sés ; ces commandes sont complé­tées par des touches dont l’ac­tion dépend du contexte : vitesse lente / rapide du haut-parleur tour­nant, acti­va­tion des percus­sions d’orgue, assi­gna­tion des curseurs aux canaux 1–8 ou 9–16…

Casio XW-P1

En partie centrale, on trouve les commandes de mode de jeu, d’édi­tion, de sélec­tion des caté­go­ries de programmes, de déclen­che­ment de l’ar­pé­gia­teur, de trans­port du séquen­ceur, répar­ties autour de l’écran de contrôle. Ce dernier est de type mono­chrome rétro-éclairé proprié­taire, avec une partie gauche affi­chant les para­mètres et une partie droite permet­tant de visua­li­ser le niveau de 16 pas ou parties sonores ; la partie infé­rieure de l’écran est masquée par un cache, hormis une petite zone affi­chant les éléments tempo­rels des séquences (tempo – mesure – batte­ment). À droite de cette section, il y a 2 ensembles de 5 touches dédiées à la saisie de numé­ros de programmes / banques, 4 flèches pour la navi­ga­tion dans les pages menu, 2 touches d’in­cré­men­ta­tion / décré­men­ta­tion de valeurs (qui complètent un gros enco­deur) et 3 touches de trans­po­si­tion de jeu. Ces dernières permettent de trans­po­ser à l’oc­tave (sur + ou – 3 octaves) ou par demi-ton. Tout à droite, une surface caou­tchou­tée avec rebord permet de poser un casse-croûte ou des contrô­leurs addi­tion­nels tels qu’une tablette tactile, un portable ou une surface de contrôle. En bas à gauche du clavier enfin, il reste à peine la place pour les 2 trop petites molettes de pitch­bend et de modu­la­tion. 

Ergo­no­mie miti­gée

Casio XW-P1

À l’ar­rière, la connec­tique est assez four­nie pour cette gamme de prix : 3 types d’en­trées audio (instru­ment en jack 6,35 mono, ligne en mini-jack stéréo et micro en jack 6,35 mono avec potard de gain), une seule prise pédale type inter­rup­teur (Sustain ou assi­gnable), une sortie stéréo (paire de jacks 6,35), une sortie casque (jack 6,35 TRS), un duo Midi In / Out (commu­table en Thru), une prise USB type B et un lecteur de cartes SD (formats SD et SDHC jusqu’à 32 Go) ; ce dernier permet la lecture de fichiers Midi SMF / audio (après conver­sion via l’édi­teur maison – cf. enca­dré) et la mémo­ri­sa­tion des données internes de la machine. La prise USB assure l’échange de données avec un ordi­na­teur (programmes, para­mètres, CC Midi, commandes physiques… mais pas d’au­dio over USB). Ques­tion éner­gie, le XW-P1 utilise soit l’ali­men­ta­tion externe 9,5 V four­nie, soit 6 piles stan­dard type D (les grosses cylin­driques) venant se loger dans une trappe située sous l’ap­pa­reil et assu­rant jusqu’à 35 heures d’au­to­no­mie, selon le construc­teur. Ce premier tour permet de consta­ter que pour le tarif affi­ché, on a des commandes assez abon­dantes et une connec­tique plutôt géné­reuse.

Rela­tions exté­rieures

Le XW-P1 est, comme nous l’avons vu, pas mal doté au niveau connec­tiques. Parmi celles-ci, le port USB permet de gérer le Midi de manière assez souple. Ainsi, les données reçues de l’or­di­na­teur via USB peuvent être trans­mises en Midi Out ; réci­proque­ment, les données reçues par la prise Midi In peuvent être réper­cu­tées vers l’or­di­na­teur via USB. Des réglages internes permettent de spéci­fier de manière très souple comment le routage s’opère entre ce qui est reçu en Midi / USB, ce qui est joué sur le clavier et ce qui est émis en USB / Midi.

Casio a égale­ment mis en télé­char­ge­ment gratuit un éditeur-biblio­thé­caire spéci­fique au XW-P1 tour­nant sous PC (XP, Vista, 7) et Mac (OS10.5.X, 10.6.X, 10.7.X), avec mode d’em­ploi PDF, le tout en langue anglaise. Au programme : édition de toutes les fonc­tions de la machine, gestion de la biblio­thèque de fichiers (Tones, Perfor­mances, Séquences, Arpèges, DSP…), conver­tis­seur de SMF 0 et 1 en phrases pour le séquen­ceur idoine (avec conser­va­tion de certains CC Midi, bien vu !), conver­tis­seur de fichiers Wave (8/16/24/32 bits linéaires, de durée infé­rieure à 100 minutes) en format audio lisible par le XW-P1, échange de données entre l’or­di­na­teur et l’ins­tru­ment. Vrai­ment sympa, sauf qu’avec notre PC sous Windows 7, la commu­ni­ca­tion avec le XW-P1 s’est avérée des plus pénibles, entraî­nant divers retards et blocages lors de l’édi­tion des sons. Impos­sible de savoir si cela est lié au pilote, au programme ou au PC…

Casio XW-P1

Quelques mots sur l’er­go­no­mie : comme nous le verrons, le XW-P1 peut évoluer dans diffé­rents modes de synthèse et de jeu. Suivant le mode de synthèse, 3 lignes de LED bleues situées dans la section commandes de gauche assurent un repé­rage immé­diat ; de même, des touches permettent de bascu­ler d’un canal ou d’une piste à l’autre, de modi­fier rapi­de­ment le rôle des curseurs, d’ac­ti­ver / couper un pas du séquen­ceur… c’est plutôt convi­vial ; en revanche, certains points nous ont déçus : les boutons de sélec­tion des programmes sont mous et trop profon­dé­ment incrus­tés à la façade, donc pas toujours faciles à mani­pu­ler ; les commandes (rota­tifs, curseurs) sont bran­lantes sur leur axe et néces­sitent d’être maniées avec tact ; la navi­ga­tion dans les pages menu est peu frus­trante, avec une arbo­res­cence pages / sous-pages compre­nant jusqu’à 3 niveaux où on se balade avec 4 flèches et les touches Enter / Exit. Enfin, nous déplo­rons que pour certains para­mètres, l’édi­tion avec l’en­co­deur ou les rota­tifs soit diffé­rée : pour entendre la modi­fi­ca­tion, il faut redé­clen­cher le son ! C’est par exemple le cas pour la coupure des filtres (sauf pour le filtre global du mode « Solo Synthe­si­zer »), pff…

Pano­plie sonore

Casio XW-P1

Le XW-P1 est un synthé hybride, asso­ciant ondes numé­riques, modé­li­sa­tion d’orgues et lecture d’échan­tillons, ce qui lui confère une pano­plie sonore assez vaste, éton­nante dans cette gamme de prix. Les presets et phrases ryth­miques en mémoire perma­nente sont un peu typés 90’s, mais la qualité sonore est de mise, avec un point fort incon­tes­table au rayon des sons synthé­tiques : nappes planantes, textures hybrides évolu­tives, gros sons solo, empi­lages monu­men­taux, arpèges et séquences ryth­miques. Côté sons acous­tiques, nous avons affaire à des samples ou multi­samples globa­le­ment bien montés et bien bouclés, d’un niveau très supé­rieur à un module GM. Un soin plus parti­cu­lier a été porté aux multi­samples stéréo de pianos acous­tiques à 3 couches, aux ensembles de cordes et aux cuivres… très accep­tables ; les samples de grosses caisses, caisses claires et hit-hats ont égale­ment béné­fi­cié de plusieurs couches de dyna­mique pour un rendu convain­cant. Nous avons tout parti­cu­liè­re­ment appré­cié la musi­ca­lité des basses élec­triques. En revanche, les sons de guitares, cuivres solo et cordes solo sont quel­conques.  

Casio XW-P1

Le mode Draw­bar Organ s’en sort plutôt bien dans la repro­duc­tion des orgues à tirettes harmo­niques, avec une simu­la­tion de Leslie assez correcte, du niveau d’un bon arran­geur, sans bien sûr égaler le haut de gamme actuel (Nord, Korg, Kurz­weil). Lorsqu’on pousse le XW-P1 dans ses retran­che­ments, on sent la diffé­rence très nette avec les réfé­rences du marché beau­coup plus onéreuses : alia­sing dans les extrêmes aigus des ondes synthé­tiques – aggravé lors de synchro­ni­sa­tion de 2 oscil­la­teurs synthé­tiques ou de modu­la­tion de largeur d’im­pul­sion des ondes rectan­gu­laires (cf. exemple audio), réso­nance de filtre sifflante, réverbes métal­liques et bouclées trop court… signes d’un DSP limité et d’un moteur audio pas tota­le­ment opti­misé. Mais quand on regarde l’étiquette de prix, on accepte de ne pas avoir un niveau de qualité excep­tion­nel dans tous les compar­ti­ments de jeu.

2Pia­no­Cl1
00:0002:04
  • 2Pia­no­Cl102:04
  • 3Pia­no­Cl200:32
  • 4Pia­no­Bright01:03
  • 5Pia­noElps00:46
  • 6PVi­bra00:14
  • 7Strings100:22
  • 8Strings200:40
  • 9Choir00:34
  • 10Or­gans01:20
  • 11Bas­sA­cEl00:55
  • 12Bass­Synth00:32
  • 24Alia­sing00:44
 

Synthèse « Solo Synthe­si­zer »

Casio XW-P1

Le XW-P1 offre pas moins de 3 types de synthèse distincts. La poly­pho­nie maxi­male est de 64 notes, suivant le mode de jeu. La première synthèse, bapti­sée « Solo Synthe­si­zer », est unique­ment mono­pho­nique (cf. schéma de prin­cipe) ; elle permet d’em­pi­ler jusqu’à 6 sources sonores par note : 2 oscil­la­teurs numé­riques (blocs 1 et 2), 2 oscil­la­teurs PCM (blocs 3 et 4), une source externe (bloc 5) et un géné­ra­teur de bruit (bloc 6), gros sons solo assu­rés ! Chacun de ces 6 blocs dispose de 3 sections : oscil­la­teur (pitch shift pour la source audio), filtre et ampli ; chacune de ces sections est comman­dée par une enve­loppe indé­pen­dante, sauf le bloc géné­ra­teur de bruit dont le pitch est constant. Un 7e bloc permet de contrô­ler le signal addi­tionné de ces 6 sources audio, avec filtre et enve­loppe addi­tion­nels, ainsi qu’un DSP multi-effets « Solo ». 2 LFO (blocs 8 et 9) peuvent contrô­ler diffé­rents éléments dans les 7 blocs. Enfin, un 10e bloc permet de connec­ter certaines sources de modu­la­tion à des desti­na­tions. Ce premier tour de piste géné­ral étant fait, passons main­te­nant aux détails…

Casio XW-P1

Pour les blocs 1 et 2, on peut choi­sir l’onde parmi une bonne centaine, décli­nées en 3 variantes : normal, –1 octave, –1 octave avec tessi­ture limi­tée dans les aigus. Au menu, des ondes sinus, triangle, dents de scie, rampe, carrées, impul­sions et numé­riques sur un cycle ; le nom des ondes fait réfé­rence à certaines machines vintage que l’on peut devi­ner aisé­ment : MM, MG, OB, P5, JP, AP, ND, CZ, TB, SH… Les oscil­la­teurs des blocs n°1 et 2 peuvent être synchro­ni­sés. Pour les blocs 3 et 4, on a une pano­plie de 2158 ondes simples ou multi­sam­plées, certaines là encore issues de décli­nai­sons en plusieurs variantes : instru­ments acous­tiques / élec­triques, percus­sions, formes d’onde complexes, le tout assu­rant entre autres la compa­ti­bi­lité GM1. Pour le géné­ra­teur de bruit (bloc 6), un para­mètre permet d’ajus­ter la couleur parmi 14 types de spectres. Le pitch de chaque source (sauf le bruit) est contrô­lable par demi-ton, désac­cord fin et suivi de clavier, avec note de base et pente bipo­laire ; l’en­ve­loppe de pitch est de type 5 segments, avec 9 para­mètres de temps et niveaux, déclen­che­ment synchro­nisé et modu­la­tion bipo­laire. Les modes porta­mento et legato n’ont pas été oubliés, avec para­mètre de temps pour le premier.

Casio XW-P1

Une fois pitchées, les sources audio attaquent un filtre indé­pen­dant, avec atté­nua­tion en entrée para­mé­trable par pas de 3 dB. Le filtre est de type passe-bas non réso­nant avec vélo­cité, suivi de clavier et enve­loppe multi­seg­ments ; toutes les modu­la­tions sont bipo­laires et concernent la fréquence de coupure. Le signal attaque alors la section ampli, qui dispose de ses propres para­mètres de modu­la­tion, à savoir vélo­cité, suivi de clavier et enve­loppe sépa­rée. Pour le bloc 5 (source externe), on peut régler la note de réfé­rence à laquelle le son externe est joué à sa fréquence origi­nelle, le niveau audio en entrée, le Noise Gate (seuil de déclen­che­ment et temps de relâ­che­ment), la qualité de trans­po­si­tion (meilleure qualité = latence) et le mixage entre son origi­nel et son trans­posé. Le XW-P1 est donc capable de trans­po­ser en temps réel la source audio qui lui est raccor­dée, l’ap­pui sur une touche ouvrant l’am­pli avec le déca­lage de tona­lité souhaité ; ceci dit, les résul­tats tiennent plutôt des effets spéciaux de cartoon, ce qui nous a permis au passage de massa­crer sans pitié un monu­ment du Top 50 :

00:0000:00

Les signaux émis par les 6 blocs sont ensuite envoyés dans un 7e bloc avant de sortir prendre l’air ; au menu, un filtre multi­mode réso­nant (passe-haut, passe-bas, passe-bande) avec les mêmes para­mètres d’édi­tion que précé­dem­ment (vélo­cité, suivi de clavier, enve­loppe, LFO) et un DSP spéci­fique « Solo » à 6 algo­rithmes (cf. para­graphe « section effets »). Entrent alors en jeu les 2 LFO (blocs 8 et 9), pouvant agir dans chaque bloc (1 à 7), suivant le cas sur le pitch, la largeur d’im­pul­sion (pour les oscil­la­teurs de type PWM des blocs 1 et 2), la coupure du filtre et l’am­pli. Les 2 LFO offrent 8 formes d’onde clas­siques (dont une aléa­toire), une vitesse synchro­ni­sable au tempo Midi (ou au LFO1 pour le LFO2), un temps de délai et un point de modu­la­tion de l’in­ten­sité. Enfin, le 10e bloc est une matrice de modu­la­tion à 8 points qui permet d’as­si­gner des sources physiques (pitch­bend, modu­la­tion, CC Midi, vélo­cité, suivi de clavier) à des desti­na­tions (pratique­ment tous les para­mètres de synthèse et certains para­mètres d’ef­fets prédé­fi­nis), avec quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. Au total, la synthèse « Solo Synthe­si­zer » offre 100 programmes Presets perma­nents et 100 mémoires utili­sa­teurs (Tones).

Synthèse « Hex Layer »

Casio XW-P1

Ce type de synthèse permet d’uti­li­ser jusqu’à 6 ondes PCM dans un même Tone, avec chacune leurs propres tessi­tures et fenêtres de vélo­cité, pour des empi­lages riches et dyna­miques. Les ondes PCM consti­tuant les 6 couches sont à puiser parmi 789 décli­nai­sons d’ondes PCM en mémoire, c’est-à-dire une partie seule­ment de celles utili­sées pour les blocs 3 et 4 de la synthèse « Solo Synthe­si­zer » ; sauf que cette fois, nous sommes en mode poly­pho­nique. Chaque couche dispose de ses para­mètres de volume, pano­ra­mique, pitch (par demi-ton et fin), fréquence de coupure du filtre, enve­loppe ADSR de volume, départ vers réverbe et départ vers chorus. Au niveau global, un para­mètre de Detune permet de désac­cor­der d’un coup les 6 couches sonores pour épais­sir le son ; on trouve égale­ment un LFO global sur le pitch et un autre sur l’am­pli, ainsi qu’un DSP dit « normal » (cf. para­graphe « section effets »). Au total, cette forme de synthèse offre 50 programmes Presets perma­nents et 50 mémoires utili­sa­teur.

Synthèse « Draw­bar Organ »

En conjonc­tion avec les 9 curseurs verti­caux, les 3 boutons de gauche et les 4 enco­deurs, cette forme de synthèse permet de simu­ler les orgues à tirettes harmo­niques (tran­sis­tors et roues phoniques). Chaque curseur est assi­gné au volume de l’un des 9 pieds dispo­nibles (16’, 15 1/3’, 8’, 4’, 2 2/3’, 2’, 1 3/5’, 1 1/3’, 1’), réglable sur une plage de 0 à 8. On peut égale­ment acti­ver 2 percus­sions (2nd et 3rd), en régler le temps de déclin, action­ner les effets de click (un pour l’ap­pui et un pour le relâ­che­ment de touche), choi­sir le type d’orgue (à tran­sis­tor « sine » ou à roues « vintage »), para­mé­trer le vibrato (vitesse et profon­deur) et assi­gner l’in­ter­rup­teur de commu­ta­tion de la vitesse de l’ef­fet haut-parleur tour­nant, lorsque ce dernier est sélec­tionné en tant que DSP. Cet effet propose des para­mètres d’over­drive (gain et niveau), de vitesse (lente / rapide), d’ac­cé­lé­ra­tion, de décé­lé­ra­tion et d’ar­rêt du moteur. Comme pour la synthèse « Hex Layer », on peut doser le départ du son vers la réverbe et le chorus. Au total, cette forme de synthèse offre 50 programmes Presets perma­nents et 50 mémoires utili­sa­teur.

Synthèse « PCM »

Casio XW-P1

La dernière forme de synthèse du mode Tone concerne les sons PCM, décli­nées en 5 caté­go­ries : piano, cordes / cuivres, guitares / basses, synthés et variés. Un Tone PCM est consti­tué d’une seule partie sonore : soit un sample / multi­sample mélo­dique, soit un set de percus­sions. Pour cette synthèse « PCM », le peu de para­mètres d’édi­tion dispo­nibles relègue hélas le XW-P1 au rang de module GM, sans plus. Pour les samples / multi­samples mélo­diques, on part obli­ga­toi­re­ment de la forme d’onde utili­sée par le programme en cours, sans pouvoir en chan­ger. À signa­ler que cette forme d’onde peut être consti­tuée de plusieurs multi­samples stéréo sur plusieurs couches (non éditables), comme certains pianos acous­tiques ou certaines cordes (pour info, tous ces samples / multi­samples sont d’ailleurs acces­sibles un par un, couche par couche, canaux gauche et droit sépa­rés pour les sons stéréo, soit en mode « Solo Synthe­si­zer », soit en mode « Hex Layer »). On peut alors régler globa­le­ment les segments AR de l’en­ve­loppe, la coupure du filtre, le vibrato (4 formes d’onde, profon­deur, vitesse, délai), l’oc­tave (+ ou – 2) et l’ac­tion de la vélo­cité sur le volume, point barre !

Pour les sets de percus­sions, c’est un peu mieux, puisque le XW-P1 permet de gérer 4 couches de vélo­cité (exclu­sives) par note ; on assigne donc un son PCM à chaque couche, parmi les 376 percus­sions dispo­nibles, diffé­rents des ondes PCM mélo­diques. Une fois les sons assi­gnés, on en règle – hélas globa­le­ment pour les 4 couches – le volume, le pano­ra­mique, l’en­voi vers la réverbe, la pour­suite de lecture de l’onde après relâ­che­ment de note (très utile pour les percus­sions avec release) et le groupe d’ex­clu­sion (15 groupes au sein desquels les sons sont mono­pho­niques, ce qui permet par exemple de simu­ler effi­ca­ce­ment la coupure du hit-hat ouvert / fermé). Un LFO peut agir sur le pitch et l’am­pli, pas très utile ici… Au total, cette forme de synthèse offre 420 programmes Presets perma­nents (dont 20 sets de percus­sions) et 110 mémoires utili­sa­teur (dont 10 sets de percus­sions). 

Mouve­ments intenses

Casio XW-P1

Les diffé­rents modes d’ar­pèges et de séquences consti­tuent l’un des points forts du XW-P1, parce qu’ils sont très souples et complé­men­taires. À commen­cer par l’ar­pé­gia­teur, fort de ses 100 Presets et 100 mémoires utili­sa­teur. Il existe 2 types d’ar­pèges, « Step » et « Varia­tion ». Le type « Step » peut conte­nir jusqu’à 16 pas, pour chacun desquels on indique la posi­tion de la note repro­duite dans l’ar­pège suivant l’ac­cord joué, le nombre de notes jouées en poly­pho­nie (jusqu’à 5), le déca­lage par demi-ton et la vélo­cité. Les données d’un pas peuvent être effa­cées. La partie droite du LCD affiche graphique­ment la forme de l’ar­pège en cours avec chaque pas. Le type « Varia­tion » donne quant à lui accès à un nombre limité de para­mètres globaux : nombre de pas (1 à 16), signa­ture tempo­relle, durée de la note, quan­tité de groove, type de groove, vélo­cité et acti­va­tion de la pédale de main­tien.

Le séquen­ceur de phrases fonc­tionne comme une BAR temps réel, avec 100 Presets et 100 mémoires utili­sa­teur. La lecture peut se faire en coup unique ou en boucle, avec possi­bi­li­tés d’over­dub. Diffé­rents modes de déclen­che­ment / arrêt peuvent être program­més à l’en­fon­ce­ment / au relâ­che­ment de touche. La tona­lité des phrases peut suivre le clavier, suivant une tessi­ture à déter­mi­ner. Une phrase peut conte­nir jusqu’à 1600 notes, ce nombre dimi­nuant suivant l’usage des contrô­leurs temps réel en enre­gis­tre­ment. En plus des notes, le mouve­ment des contrô­leurs physiques peut donc être enre­gis­tré, parfait ! L’en­re­gis­tre­ment se fait en temps réel, avec si besoin compte à rebours et métro­nome. Le déclen­che­ment d’une phrase démarre dès qu’on appuie sur « Rec », qu’on joue une note ou qu’on bouge un contrô­leur physique (molette, potard, pédale). Il est même possible d’en­re­gis­trer en over­dub sur une phrase exis­tante. La quan­ti­sa­tion est dispo­nible sur toutes les notes (de la croche au trio­let de double croche) ou unique­ment sur la fin de phrase (noire ou croche), histoire de termi­ner propre­ment la phrase. La mémoire totale est de 128 Ko, ce qui permet de voir venir.

Casio XW-P1

Dernier géné­ra­teur de mouve­ments intenses, le séquen­ceur à pas est une pièce de choix. Il s’agit d’un séquen­ceur multi­tim­bral évolué, pouvant conte­nir jusqu’à 9 pistes de notes (Drums 1 à 5, Bass, Solo 1 et 2, Chords) et 4 pistes de commandes (contrô­leurs physiques, CC et déclen­cheurs de phrases), le tout sur 16 pas. Il peut être déclen­ché en mode Tone, Perfor­mance ou Step Sequen­cer. Chaque séquence peut conte­nir 8 diffé­rents Patterns, consti­tués de ces 9+4 pistes à une signa­ture ryth­mique donnée (2/4 à 8/4, 2/8 à 16/8). En lecture, ces Patterns sont appe­lés à la volée grâce aux 8 touches situées sous le LCD.

Pour éditer une séquence, on dispose de 2 modes : simple et avancé. En mode simple, on peut acti­ver / couper le pas d’une piste, lier des notes, modi­fier la valeur ou la vélo­cité d’une note avec les curseurs ; on peut égale­ment entrer une note au clavier ou une modu­la­tion avec un contrô­leur physique, pour un pas donné. En program­ma­tion avan­cée, les choses se passent à l’écran : choix du Pattern / de la piste / du pas, puis modi­fi­ca­tion de la (des) note(s) et de la vélo­cité pour les 9 pistes de notes, puis modi­fi­ca­tion des valeurs des CC / des phrases à déclen­cher / arrê­ter pour les 4 pistes de commandes. Pour chaque piste, on défi­nit le nombre de pas, la longueur du pas, la longueur des notes, le groove, le canal Midi de contrôle ou encore le mode d’in­ter­po­la­tion des modu­la­tions (en douceur ou bien raide).

Des fonc­tions de copie piste à piste ou Pattern à Pattern sont dispo­nibles. Au total, on a sous la main 100 séquences Presets et 100 séquences utili­sa­teur. Par la suite, on peut chaî­ner jusqu’à 99 Patterns au sein de 100 « Chains » : pour chaque maillon de la chaîne, on choi­sit le numéro de séquence, le numéro de pattern, la mesure et la trans­po­si­tion de note. On peut même spéci­fier un maillon de bouclage ou de fin de lecture. En cours d’édi­tion, les maillons peuvent être insé­rés ou suppri­més à tout moment. On a égale­ment la possi­bi­lité d’ex­por­ter les chaînes au format SMF. Bref, une section bien fichue ! 

 

13Seq1
00:0000:38
  • 13Seq100:38
  • 14Seq200:39
  • 15Seq300:35
  • 16Seq400:59
  • 17Seq501:01
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  • 22Seq1000:41

Empi­lages à 16

Casio XW-P1

C’est dans le mode Perfor­mance que le XW-P1 permet d’as­sem­bler jusqu’à 16 parties sonores, auxquelles s’ajoute la partie audio externe ; les 16 parties sont consti­tuées de 4 zones de programmes internes en jeu direct (parties 1 à 4), 3 parties pilo­tables depuis l’ex­té­rieur (5 à 7) et les 9 pistes du séquen­ceur à pas (8 à 16). Pour chaque partie, on peut mémo­ri­ser un nombre impor­tant de para­mètres, à tel point que les concep­teurs ont prévu un filtre des sections éditables pour faci­li­ter la navi­ga­tion fasti­dieuse via les 4 flèches. La première série de para­mètres concerne chacune des 4 premières parties ou « zones » : acti­va­tion de la zone, numéro de programme, tessi­ture (mais pas de fenêtre de vélo­cité !), volume, pano­ra­mique, octave, trans­po­si­tion, accord fin, pitch­bend vers le haut, pitch­bend vers le bas, départ vers réverbe, départ vers chorus (si utilisé), acti­va­tion du DSP (si utilisé), acti­va­tion des 4 rota­tifs de commandes, acti­va­tion des 2 molettes, acti­va­tion de la pédale, acti­va­tion de l’ar­pé­gia­teur et acti­va­tion du séquen­ceur de phrases. Point impor­tant, seule la zone 1 sur les 16 est capable de rece­voir tous les types de synthèse présents à bord, les autres zones / parties devant se conten­ter de la très basique synthèse « PCM », limite DSP obli­ge… dommage !

Casio XW-P1

Ensuite, on décide de l’as­si­gna­tion globale des 4 rota­tifs (parmi une centaine de CC Midi et contrô­leurs physiques) et de la pédale (main­tien, sour­dine, soste­nuto, départ / arrêt de tout ce qui bouge y compris le haut-parleur tour­nant – on regrette d’ailleurs à ce stade qu’il n’y ait qu’une pédale et qu’elle ne puisse pas fonc­tion­ner en contrô­leur continu), ainsi que de la réponse en vélo­cité (fixe, normale ou light). On passe main­te­nant aux para­mètres des séquen­ceurs : tempo, séquen­ceur à pas (numéro de mémoire, canal solo, chan­ge­ment de timing, suivi de clavier, numéro de pattern), arpé­gia­teur (acti­va­tion, type, tessi­ture, main­tien, synchro) et séquen­ceur de phrases (suivi de clavier, numéro de phrase, tessi­ture). Viennent ensuite les para­mètres des effets (cf. para­graphe suivant) et quelques réglages Midi (canaux Midi en émis­sion et récep­tion de chaque partie, mode local, gestion de l’USB). Il manque à ce mode Perfor­mance un certain nombre de fonc­tion­na­li­tés et de filtres Midi qui auraient fait du XW-P1 un puis­sant clavier de commande. Au global, le mode Perfor­mance offre 100 Presets perma­nents et 100 mémoires utili­sa­teur.

Effets parta­gés

Casio XW-P1

Le XW-P1 est équipé de plusieurs types de proces­seurs d’ef­fets : une réverbe globale, un chorus global, un DSP « normal », un DSP « solo » et un EQ global. Première restric­tion, le chorus et les DSP ne peuvent être utili­sés simul­ta­né­ment, ce qui est très ennuyeux. En mode multi­tim­bral, les proces­seurs globaux réverbe et chorus disposent de niveaux de départs sépa­rés par partie, alors que les DSP sont direc­te­ment assi­gnés (routés / bypas­sés). La réverbe dispose de 3 para­mètres : type (hall, room), niveau et temps ; elle sonne très métal­lique, comme nous l’avons dit, avec des temps de bouclage trop courts. Le chorus est encore plus basique : niveau, vitesse et départ vers la réverbe ; il tient bien son rôle, en élar­gis­sant et réchauf­fant conve­na­ble­ment les timbres, rien à redire. Pour sa part, L’EQ global est de type 4 bandes semi-para­mé­triques (fréquence / gain). Ces effets globaux sont mémo­ri­sés au sein de chaque Perfor­mance et en mémoire globale pour tous les autres modes ; autre­ment dit, pas au niveau de chaque Tone, grrr…

Casio XW-P1

Le DSP « normal » concerne tous les modes sauf la synthèse « Solo Synthe­si­zer ». Il comporte 14 algo­rithmes simples et 32 combi­nai­sons doubles des précé­dents en série. Les algo­rithmes simples comprennent wah-wah, compres­seur, distor­sion, enhan­cer, auto­pan, tremolo, phaser, flan­ger, chorus, délai, réflexion, haut-parleur tour­nant, modu­la­teur en anneau et lo-fi. De 2 à 8 para­mètres sont éditables par algo­rithme, dont 2 sont modu­lables en temps réel via des contrô­leurs assi­gnables en mode Perfor­mance. La mémoire du XW-P1 comprend 100 réglages Presets de DSP « normal » et 100 mémoires utili­sa­teur, que l’on pourra assi­gner à n’im­porte quel programme, hormis les programmes « Solo Synthe­si­zer ». En fait, ces derniers disposent de leurs propres DSP « solo ». Contrai­re­ment aux DSP de type « normal », ce type de DSP n’offre que 6 algo­rithmes : auto­pan, distor­sion, flan­ger, chorus, délai et modu­la­tion en anneau. 2 à 5 para­mètres sont éditables par algo­rithme, dont toujours 2 sont modu­lables en temps réel via la matrice de modu­la­tion du mode « Solo Synthe­si­zer ». Les réglages de DSP « solo » sont sauve­gar­dés au sein des programmes de type « Solo Synthe­si­zer ». Voici une section utile, mais sous-dimen­sion­née en regard du reste de la machine.

Conclu­sion

Au final, le XW-P1 offre un package de possi­bi­li­tés rare­ment égalé dans cette gamme de prix : empi­lages sonores, synthèses multiples, arpèges poly­pho­niques, séquen­ceurs de phrases et pas-à-pas complé­men­taires, larges possi­bi­li­tés de modu­la­tion ; avec le XW-P1, il est rapide de tester diffé­rentes idées de textures sonores et struc­tures ryth­miques. Les commandes temps réel sont assez nombreuses et le clavier de qualité, ce qui ne gâche rien. La machine a bien évidem­ment son lot de limites, certaines plus gênantes que d’autres : commandes physiques un peu bala­deuses sur leur axe, compro­mis dans certains modes liés à la puis­sance du DSP et ergo­no­mie souvent lourde, en parti­cu­lier en édition à l’écran ; fort heureu­se­ment, le XW-P1 est ouvert vers l’ex­té­rieur, avec sa connec­tique plutôt géné­reuse et un éditeur complet PC / Mac gratuit immé­dia­te­ment dispo­nible. Assu­ré­ment, un instru­ment à décou­vrir pour tous les amateurs de synthèse, pas seule­ment les musi­ciens de scène, mais tous ceux qui veulent tester rapi­de­ment diffé­rents univers sonores sans hypo­thé­quer leur studio.

  • Rapport performance / prix
  • Variété et polyvalence des sons
  • 3 formes différentes de synthèse
  • Arpégiateur polyphonique puissant
  • Séquenceurs de phrases et pas-à-pas
  • Légèreté pour un clavier 5 octaves
  • Clavier dynamique de bonne tenue
  • Connectique plutôt complète
  • Traitement de signaux externes
  • Éditeur gratuit téléchargeable
  • Interface Midi / USB
  • Programmes et phrases en mémoire permanente assez moyens
  • Manque de couches sur certaines sonorités acoustiques
  • Aliasing assez notable dans les aigus sur les ondes synthé
  • Navigation un peu lourde en édition
  • Édition différée dans la plupart des modes
  • Puissance et qualité de la section effets en retrait
  • Trop de restrictions en mode multitimbral
  • Manque de possibilités de clavier de commandes

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