25 ans après la célèbre série CZ, Casio revient sur le devant de la scène de la synthèse avec 2 nouveaux synthés : le XW-G1, orienté sampling / groove et le XW-P1, estampillé « Performance Synthesizer ». C’est ce dernier que nous venons de tester. Power !
C’est au milieu des années 80 que Casio lance une ligne de synthétiseurs numériques tout à fait originaux, basés sur la synthèse à distorsion de phase, reposant sur les principes de la modulation de phase utilisée sur les DX Yamaha (et baptisée « FM linéaire »). La série CZ va susciter un certain engouement pendant plusieurs années, avec une ultime évolution incarnée par la série VZ, avant de s’éteindre sous l’arrivée triomphale des premières workstations à lecture de samples. Dès lors, la marque Casio sera durablement associée à la synthèse à distorsion de phase ; à tel point que lorsque la marque a annoncé son grand retour en force peu avant le NAMM 2012, nous nous sommes demandé si la distorsion de phase était également de retour…
Mais les temps ont changé et la tendance du moment est plutôt aux trucs qui bougent et aux claviers de scène : pas étonnant, donc, que Casio décline sa nouvelle gamme en 2 modèles, précisément orientés dans ces 2 directions : le XW-G1 est un synthé – groove machine basé sur le sampling et les boucles rythmiques, alors que le XW-P1 est un synthé dit « de performance », c’est-à-dire orienté scène et temps réel. Affichés à des tarifs très agressifs, ces 2 nouveaux instruments ciblent une large base de musiciens / producteurs / DJ. Nous avons choisi de mettre à l’épreuve le XW-P1, le plus généraliste des deux modèles, qui comme nous allons le voir, cache plutôt bien son jeu.
Poids plume
Le XW-P1 est livré dans un carton très rigide. Une fois enlevés les modes d’emploi disponibles dans une dizaine de langues – dont le Français – et l’alimentation externe, nous sommes surpris par la légèreté de l’instrument : un peu plus de 5 kg de plastique, ce qu’apprécieront les musiciens nomades. La construction n’est pas des plus rigides, avec de la flexibilité un peu partout, mais n’est pas cheap non plus. Notamment, le clavier 5 octaves, sensible à la vélocité, est solidement ancré et offre une réponse tout à fait franche. La disposition des commandes est classique ; sur la partie gauche, on trouve la section de contrôle temps réel : 4 rotatifs assignables pour la synthèse, 16 boutons de pas pour le séquenceur et 9 curseurs verticaux pour le mixage des parties sonores ou le contrôle des tirettes harmoniques d’orgues modélisés ; ces commandes sont complétées par des touches dont l’action dépend du contexte : vitesse lente / rapide du haut-parleur tournant, activation des percussions d’orgue, assignation des curseurs aux canaux 1–8 ou 9–16…
En partie centrale, on trouve les commandes de mode de jeu, d’édition, de sélection des catégories de programmes, de déclenchement de l’arpégiateur, de transport du séquenceur, réparties autour de l’écran de contrôle. Ce dernier est de type monochrome rétro-éclairé propriétaire, avec une partie gauche affichant les paramètres et une partie droite permettant de visualiser le niveau de 16 pas ou parties sonores ; la partie inférieure de l’écran est masquée par un cache, hormis une petite zone affichant les éléments temporels des séquences (tempo – mesure – battement). À droite de cette section, il y a 2 ensembles de 5 touches dédiées à la saisie de numéros de programmes / banques, 4 flèches pour la navigation dans les pages menu, 2 touches d’incrémentation / décrémentation de valeurs (qui complètent un gros encodeur) et 3 touches de transposition de jeu. Ces dernières permettent de transposer à l’octave (sur + ou – 3 octaves) ou par demi-ton. Tout à droite, une surface caoutchoutée avec rebord permet de poser un casse-croûte ou des contrôleurs additionnels tels qu’une tablette tactile, un portable ou une surface de contrôle. En bas à gauche du clavier enfin, il reste à peine la place pour les 2 trop petites molettes de pitchbend et de modulation.
Ergonomie mitigée
À l’arrière, la connectique est assez fournie pour cette gamme de prix : 3 types d’entrées audio (instrument en jack 6,35 mono, ligne en mini-jack stéréo et micro en jack 6,35 mono avec potard de gain), une seule prise pédale type interrupteur (Sustain ou assignable), une sortie stéréo (paire de jacks 6,35), une sortie casque (jack 6,35 TRS), un duo Midi In / Out (commutable en Thru), une prise USB type B et un lecteur de cartes SD (formats SD et SDHC jusqu’à 32 Go) ; ce dernier permet la lecture de fichiers Midi SMF / audio (après conversion via l’éditeur maison – cf. encadré) et la mémorisation des données internes de la machine. La prise USB assure l’échange de données avec un ordinateur (programmes, paramètres, CC Midi, commandes physiques… mais pas d’audio over USB). Question énergie, le XW-P1 utilise soit l’alimentation externe 9,5 V fournie, soit 6 piles standard type D (les grosses cylindriques) venant se loger dans une trappe située sous l’appareil et assurant jusqu’à 35 heures d’autonomie, selon le constructeur. Ce premier tour permet de constater que pour le tarif affiché, on a des commandes assez abondantes et une connectique plutôt généreuse.
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Quelques mots sur l’ergonomie : comme nous le verrons, le XW-P1 peut évoluer dans différents modes de synthèse et de jeu. Suivant le mode de synthèse, 3 lignes de LED bleues situées dans la section commandes de gauche assurent un repérage immédiat ; de même, des touches permettent de basculer d’un canal ou d’une piste à l’autre, de modifier rapidement le rôle des curseurs, d’activer / couper un pas du séquenceur… c’est plutôt convivial ; en revanche, certains points nous ont déçus : les boutons de sélection des programmes sont mous et trop profondément incrustés à la façade, donc pas toujours faciles à manipuler ; les commandes (rotatifs, curseurs) sont branlantes sur leur axe et nécessitent d’être maniées avec tact ; la navigation dans les pages menu est peu frustrante, avec une arborescence pages / sous-pages comprenant jusqu’à 3 niveaux où on se balade avec 4 flèches et les touches Enter / Exit. Enfin, nous déplorons que pour certains paramètres, l’édition avec l’encodeur ou les rotatifs soit différée : pour entendre la modification, il faut redéclencher le son ! C’est par exemple le cas pour la coupure des filtres (sauf pour le filtre global du mode « Solo Synthesizer »), pff…
Panoplie sonore
Le XW-P1 est un synthé hybride, associant ondes numériques, modélisation d’orgues et lecture d’échantillons, ce qui lui confère une panoplie sonore assez vaste, étonnante dans cette gamme de prix. Les presets et phrases rythmiques en mémoire permanente sont un peu typés 90’s, mais la qualité sonore est de mise, avec un point fort incontestable au rayon des sons synthétiques : nappes planantes, textures hybrides évolutives, gros sons solo, empilages monumentaux, arpèges et séquences rythmiques. Côté sons acoustiques, nous avons affaire à des samples ou multisamples globalement bien montés et bien bouclés, d’un niveau très supérieur à un module GM. Un soin plus particulier a été porté aux multisamples stéréo de pianos acoustiques à 3 couches, aux ensembles de cordes et aux cuivres… très acceptables ; les samples de grosses caisses, caisses claires et hit-hats ont également bénéficié de plusieurs couches de dynamique pour un rendu convaincant. Nous avons tout particulièrement apprécié la musicalité des basses électriques. En revanche, les sons de guitares, cuivres solo et cordes solo sont quelconques.
Le mode Drawbar Organ s’en sort plutôt bien dans la reproduction des orgues à tirettes harmoniques, avec une simulation de Leslie assez correcte, du niveau d’un bon arrangeur, sans bien sûr égaler le haut de gamme actuel (Nord, Korg, Kurzweil). Lorsqu’on pousse le XW-P1 dans ses retranchements, on sent la différence très nette avec les références du marché beaucoup plus onéreuses : aliasing dans les extrêmes aigus des ondes synthétiques – aggravé lors de synchronisation de 2 oscillateurs synthétiques ou de modulation de largeur d’impulsion des ondes rectangulaires (cf. exemple audio), résonance de filtre sifflante, réverbes métalliques et bouclées trop court… signes d’un DSP limité et d’un moteur audio pas totalement optimisé. Mais quand on regarde l’étiquette de prix, on accepte de ne pas avoir un niveau de qualité exceptionnel dans tous les compartiments de jeu.
- 2PianoCl102:04
- 3PianoCl200:32
- 4PianoBright01:03
- 5PianoElps00:46
- 6PVibra00:14
- 7Strings100:22
- 8Strings200:40
- 9Choir00:34
- 10Organs01:20
- 11BassAcEl00:55
- 12BassSynth00:32
- 24Aliasing00:44
Synthèse « Solo Synthesizer »
Le XW-P1 offre pas moins de 3 types de synthèse distincts. La polyphonie maximale est de 64 notes, suivant le mode de jeu. La première synthèse, baptisée « Solo Synthesizer », est uniquement monophonique (cf. schéma de principe) ; elle permet d’empiler jusqu’à 6 sources sonores par note : 2 oscillateurs numériques (blocs 1 et 2), 2 oscillateurs PCM (blocs 3 et 4), une source externe (bloc 5) et un générateur de bruit (bloc 6), gros sons solo assurés ! Chacun de ces 6 blocs dispose de 3 sections : oscillateur (pitch shift pour la source audio), filtre et ampli ; chacune de ces sections est commandée par une enveloppe indépendante, sauf le bloc générateur de bruit dont le pitch est constant. Un 7e bloc permet de contrôler le signal additionné de ces 6 sources audio, avec filtre et enveloppe additionnels, ainsi qu’un DSP multi-effets « Solo ». 2 LFO (blocs 8 et 9) peuvent contrôler différents éléments dans les 7 blocs. Enfin, un 10e bloc permet de connecter certaines sources de modulation à des destinations. Ce premier tour de piste général étant fait, passons maintenant aux détails…
Pour les blocs 1 et 2, on peut choisir l’onde parmi une bonne centaine, déclinées en 3 variantes : normal, –1 octave, –1 octave avec tessiture limitée dans les aigus. Au menu, des ondes sinus, triangle, dents de scie, rampe, carrées, impulsions et numériques sur un cycle ; le nom des ondes fait référence à certaines machines vintage que l’on peut deviner aisément : MM, MG, OB, P5, JP, AP, ND, CZ, TB, SH… Les oscillateurs des blocs n°1 et 2 peuvent être synchronisés. Pour les blocs 3 et 4, on a une panoplie de 2158 ondes simples ou multisamplées, certaines là encore issues de déclinaisons en plusieurs variantes : instruments acoustiques / électriques, percussions, formes d’onde complexes, le tout assurant entre autres la compatibilité GM1. Pour le générateur de bruit (bloc 6), un paramètre permet d’ajuster la couleur parmi 14 types de spectres. Le pitch de chaque source (sauf le bruit) est contrôlable par demi-ton, désaccord fin et suivi de clavier, avec note de base et pente bipolaire ; l’enveloppe de pitch est de type 5 segments, avec 9 paramètres de temps et niveaux, déclenchement synchronisé et modulation bipolaire. Les modes portamento et legato n’ont pas été oubliés, avec paramètre de temps pour le premier.
Une fois pitchées, les sources audio attaquent un filtre indépendant, avec atténuation en entrée paramétrable par pas de 3 dB. Le filtre est de type passe-bas non résonant avec vélocité, suivi de clavier et enveloppe multisegments ; toutes les modulations sont bipolaires et concernent la fréquence de coupure. Le signal attaque alors la section ampli, qui dispose de ses propres paramètres de modulation, à savoir vélocité, suivi de clavier et enveloppe séparée. Pour le bloc 5 (source externe), on peut régler la note de référence à laquelle le son externe est joué à sa fréquence originelle, le niveau audio en entrée, le Noise Gate (seuil de déclenchement et temps de relâchement), la qualité de transposition (meilleure qualité = latence) et le mixage entre son originel et son transposé. Le XW-P1 est donc capable de transposer en temps réel la source audio qui lui est raccordée, l’appui sur une touche ouvrant l’ampli avec le décalage de tonalité souhaité ; ceci dit, les résultats tiennent plutôt des effets spéciaux de cartoon, ce qui nous a permis au passage de massacrer sans pitié un monument du Top 50 :
Les signaux émis par les 6 blocs sont ensuite envoyés dans un 7e bloc avant de sortir prendre l’air ; au menu, un filtre multimode résonant (passe-haut, passe-bas, passe-bande) avec les mêmes paramètres d’édition que précédemment (vélocité, suivi de clavier, enveloppe, LFO) et un DSP spécifique « Solo » à 6 algorithmes (cf. paragraphe « section effets »). Entrent alors en jeu les 2 LFO (blocs 8 et 9), pouvant agir dans chaque bloc (1 à 7), suivant le cas sur le pitch, la largeur d’impulsion (pour les oscillateurs de type PWM des blocs 1 et 2), la coupure du filtre et l’ampli. Les 2 LFO offrent 8 formes d’onde classiques (dont une aléatoire), une vitesse synchronisable au tempo Midi (ou au LFO1 pour le LFO2), un temps de délai et un point de modulation de l’intensité. Enfin, le 10e bloc est une matrice de modulation à 8 points qui permet d’assigner des sources physiques (pitchbend, modulation, CC Midi, vélocité, suivi de clavier) à des destinations (pratiquement tous les paramètres de synthèse et certains paramètres d’effets prédéfinis), avec quantité de modulation bipolaire. Au total, la synthèse « Solo Synthesizer » offre 100 programmes Presets permanents et 100 mémoires utilisateurs (Tones).
Synthèse « Hex Layer »
Ce type de synthèse permet d’utiliser jusqu’à 6 ondes PCM dans un même Tone, avec chacune leurs propres tessitures et fenêtres de vélocité, pour des empilages riches et dynamiques. Les ondes PCM constituant les 6 couches sont à puiser parmi 789 déclinaisons d’ondes PCM en mémoire, c’est-à-dire une partie seulement de celles utilisées pour les blocs 3 et 4 de la synthèse « Solo Synthesizer » ; sauf que cette fois, nous sommes en mode polyphonique. Chaque couche dispose de ses paramètres de volume, panoramique, pitch (par demi-ton et fin), fréquence de coupure du filtre, enveloppe ADSR de volume, départ vers réverbe et départ vers chorus. Au niveau global, un paramètre de Detune permet de désaccorder d’un coup les 6 couches sonores pour épaissir le son ; on trouve également un LFO global sur le pitch et un autre sur l’ampli, ainsi qu’un DSP dit « normal » (cf. paragraphe « section effets »). Au total, cette forme de synthèse offre 50 programmes Presets permanents et 50 mémoires utilisateur.
Synthèse « Drawbar Organ »
En conjonction avec les 9 curseurs verticaux, les 3 boutons de gauche et les 4 encodeurs, cette forme de synthèse permet de simuler les orgues à tirettes harmoniques (transistors et roues phoniques). Chaque curseur est assigné au volume de l’un des 9 pieds disponibles (16’, 15 1/3’, 8’, 4’, 2 2/3’, 2’, 1 3/5’, 1 1/3’, 1’), réglable sur une plage de 0 à 8. On peut également activer 2 percussions (2nd et 3rd), en régler le temps de déclin, actionner les effets de click (un pour l’appui et un pour le relâchement de touche), choisir le type d’orgue (à transistor « sine » ou à roues « vintage »), paramétrer le vibrato (vitesse et profondeur) et assigner l’interrupteur de commutation de la vitesse de l’effet haut-parleur tournant, lorsque ce dernier est sélectionné en tant que DSP. Cet effet propose des paramètres d’overdrive (gain et niveau), de vitesse (lente / rapide), d’accélération, de décélération et d’arrêt du moteur. Comme pour la synthèse « Hex Layer », on peut doser le départ du son vers la réverbe et le chorus. Au total, cette forme de synthèse offre 50 programmes Presets permanents et 50 mémoires utilisateur.
Synthèse « PCM »
La dernière forme de synthèse du mode Tone concerne les sons PCM, déclinées en 5 catégories : piano, cordes / cuivres, guitares / basses, synthés et variés. Un Tone PCM est constitué d’une seule partie sonore : soit un sample / multisample mélodique, soit un set de percussions. Pour cette synthèse « PCM », le peu de paramètres d’édition disponibles relègue hélas le XW-P1 au rang de module GM, sans plus. Pour les samples / multisamples mélodiques, on part obligatoirement de la forme d’onde utilisée par le programme en cours, sans pouvoir en changer. À signaler que cette forme d’onde peut être constituée de plusieurs multisamples stéréo sur plusieurs couches (non éditables), comme certains pianos acoustiques ou certaines cordes (pour info, tous ces samples / multisamples sont d’ailleurs accessibles un par un, couche par couche, canaux gauche et droit séparés pour les sons stéréo, soit en mode « Solo Synthesizer », soit en mode « Hex Layer »). On peut alors régler globalement les segments AR de l’enveloppe, la coupure du filtre, le vibrato (4 formes d’onde, profondeur, vitesse, délai), l’octave (+ ou – 2) et l’action de la vélocité sur le volume, point barre !
Pour les sets de percussions, c’est un peu mieux, puisque le XW-P1 permet de gérer 4 couches de vélocité (exclusives) par note ; on assigne donc un son PCM à chaque couche, parmi les 376 percussions disponibles, différents des ondes PCM mélodiques. Une fois les sons assignés, on en règle – hélas globalement pour les 4 couches – le volume, le panoramique, l’envoi vers la réverbe, la poursuite de lecture de l’onde après relâchement de note (très utile pour les percussions avec release) et le groupe d’exclusion (15 groupes au sein desquels les sons sont monophoniques, ce qui permet par exemple de simuler efficacement la coupure du hit-hat ouvert / fermé). Un LFO peut agir sur le pitch et l’ampli, pas très utile ici… Au total, cette forme de synthèse offre 420 programmes Presets permanents (dont 20 sets de percussions) et 110 mémoires utilisateur (dont 10 sets de percussions).
Mouvements intenses
Les différents modes d’arpèges et de séquences constituent l’un des points forts du XW-P1, parce qu’ils sont très souples et complémentaires. À commencer par l’arpégiateur, fort de ses 100 Presets et 100 mémoires utilisateur. Il existe 2 types d’arpèges, « Step » et « Variation ». Le type « Step » peut contenir jusqu’à 16 pas, pour chacun desquels on indique la position de la note reproduite dans l’arpège suivant l’accord joué, le nombre de notes jouées en polyphonie (jusqu’à 5), le décalage par demi-ton et la vélocité. Les données d’un pas peuvent être effacées. La partie droite du LCD affiche graphiquement la forme de l’arpège en cours avec chaque pas. Le type « Variation » donne quant à lui accès à un nombre limité de paramètres globaux : nombre de pas (1 à 16), signature temporelle, durée de la note, quantité de groove, type de groove, vélocité et activation de la pédale de maintien.
Le séquenceur de phrases fonctionne comme une BAR temps réel, avec 100 Presets et 100 mémoires utilisateur. La lecture peut se faire en coup unique ou en boucle, avec possibilités d’overdub. Différents modes de déclenchement / arrêt peuvent être programmés à l’enfoncement / au relâchement de touche. La tonalité des phrases peut suivre le clavier, suivant une tessiture à déterminer. Une phrase peut contenir jusqu’à 1600 notes, ce nombre diminuant suivant l’usage des contrôleurs temps réel en enregistrement. En plus des notes, le mouvement des contrôleurs physiques peut donc être enregistré, parfait ! L’enregistrement se fait en temps réel, avec si besoin compte à rebours et métronome. Le déclenchement d’une phrase démarre dès qu’on appuie sur « Rec », qu’on joue une note ou qu’on bouge un contrôleur physique (molette, potard, pédale). Il est même possible d’enregistrer en overdub sur une phrase existante. La quantisation est disponible sur toutes les notes (de la croche au triolet de double croche) ou uniquement sur la fin de phrase (noire ou croche), histoire de terminer proprement la phrase. La mémoire totale est de 128 Ko, ce qui permet de voir venir.
Dernier générateur de mouvements intenses, le séquenceur à pas est une pièce de choix. Il s’agit d’un séquenceur multitimbral évolué, pouvant contenir jusqu’à 9 pistes de notes (Drums 1 à 5, Bass, Solo 1 et 2, Chords) et 4 pistes de commandes (contrôleurs physiques, CC et déclencheurs de phrases), le tout sur 16 pas. Il peut être déclenché en mode Tone, Performance ou Step Sequencer. Chaque séquence peut contenir 8 différents Patterns, constitués de ces 9+4 pistes à une signature rythmique donnée (2/4 à 8/4, 2/8 à 16/8). En lecture, ces Patterns sont appelés à la volée grâce aux 8 touches situées sous le LCD.
Pour éditer une séquence, on dispose de 2 modes : simple et avancé. En mode simple, on peut activer / couper le pas d’une piste, lier des notes, modifier la valeur ou la vélocité d’une note avec les curseurs ; on peut également entrer une note au clavier ou une modulation avec un contrôleur physique, pour un pas donné. En programmation avancée, les choses se passent à l’écran : choix du Pattern / de la piste / du pas, puis modification de la (des) note(s) et de la vélocité pour les 9 pistes de notes, puis modification des valeurs des CC / des phrases à déclencher / arrêter pour les 4 pistes de commandes. Pour chaque piste, on définit le nombre de pas, la longueur du pas, la longueur des notes, le groove, le canal Midi de contrôle ou encore le mode d’interpolation des modulations (en douceur ou bien raide).
Des fonctions de copie piste à piste ou Pattern à Pattern sont disponibles. Au total, on a sous la main 100 séquences Presets et 100 séquences utilisateur. Par la suite, on peut chaîner jusqu’à 99 Patterns au sein de 100 « Chains » : pour chaque maillon de la chaîne, on choisit le numéro de séquence, le numéro de pattern, la mesure et la transposition de note. On peut même spécifier un maillon de bouclage ou de fin de lecture. En cours d’édition, les maillons peuvent être insérés ou supprimés à tout moment. On a également la possibilité d’exporter les chaînes au format SMF. Bref, une section bien fichue !
- 13Seq100:38
- 14Seq200:39
- 15Seq300:35
- 16Seq400:59
- 17Seq501:01
- 18Seq600:34
- 19Seq700:20
- 20Seq800:51
- 21Seq900:36
- 22Seq1000:41
Empilages à 16
C’est dans le mode Performance que le XW-P1 permet d’assembler jusqu’à 16 parties sonores, auxquelles s’ajoute la partie audio externe ; les 16 parties sont constituées de 4 zones de programmes internes en jeu direct (parties 1 à 4), 3 parties pilotables depuis l’extérieur (5 à 7) et les 9 pistes du séquenceur à pas (8 à 16). Pour chaque partie, on peut mémoriser un nombre important de paramètres, à tel point que les concepteurs ont prévu un filtre des sections éditables pour faciliter la navigation fastidieuse via les 4 flèches. La première série de paramètres concerne chacune des 4 premières parties ou « zones » : activation de la zone, numéro de programme, tessiture (mais pas de fenêtre de vélocité !), volume, panoramique, octave, transposition, accord fin, pitchbend vers le haut, pitchbend vers le bas, départ vers réverbe, départ vers chorus (si utilisé), activation du DSP (si utilisé), activation des 4 rotatifs de commandes, activation des 2 molettes, activation de la pédale, activation de l’arpégiateur et activation du séquenceur de phrases. Point important, seule la zone 1 sur les 16 est capable de recevoir tous les types de synthèse présents à bord, les autres zones / parties devant se contenter de la très basique synthèse « PCM », limite DSP oblige… dommage !
Ensuite, on décide de l’assignation globale des 4 rotatifs (parmi une centaine de CC Midi et contrôleurs physiques) et de la pédale (maintien, sourdine, sostenuto, départ / arrêt de tout ce qui bouge y compris le haut-parleur tournant – on regrette d’ailleurs à ce stade qu’il n’y ait qu’une pédale et qu’elle ne puisse pas fonctionner en contrôleur continu), ainsi que de la réponse en vélocité (fixe, normale ou light). On passe maintenant aux paramètres des séquenceurs : tempo, séquenceur à pas (numéro de mémoire, canal solo, changement de timing, suivi de clavier, numéro de pattern), arpégiateur (activation, type, tessiture, maintien, synchro) et séquenceur de phrases (suivi de clavier, numéro de phrase, tessiture). Viennent ensuite les paramètres des effets (cf. paragraphe suivant) et quelques réglages Midi (canaux Midi en émission et réception de chaque partie, mode local, gestion de l’USB). Il manque à ce mode Performance un certain nombre de fonctionnalités et de filtres Midi qui auraient fait du XW-P1 un puissant clavier de commande. Au global, le mode Performance offre 100 Presets permanents et 100 mémoires utilisateur.
Effets partagés
Le XW-P1 est équipé de plusieurs types de processeurs d’effets : une réverbe globale, un chorus global, un DSP « normal », un DSP « solo » et un EQ global. Première restriction, le chorus et les DSP ne peuvent être utilisés simultanément, ce qui est très ennuyeux. En mode multitimbral, les processeurs globaux réverbe et chorus disposent de niveaux de départs séparés par partie, alors que les DSP sont directement assignés (routés / bypassés). La réverbe dispose de 3 paramètres : type (hall, room), niveau et temps ; elle sonne très métallique, comme nous l’avons dit, avec des temps de bouclage trop courts. Le chorus est encore plus basique : niveau, vitesse et départ vers la réverbe ; il tient bien son rôle, en élargissant et réchauffant convenablement les timbres, rien à redire. Pour sa part, L’EQ global est de type 4 bandes semi-paramétriques (fréquence / gain). Ces effets globaux sont mémorisés au sein de chaque Performance et en mémoire globale pour tous les autres modes ; autrement dit, pas au niveau de chaque Tone, grrr…
Le DSP « normal » concerne tous les modes sauf la synthèse « Solo Synthesizer ». Il comporte 14 algorithmes simples et 32 combinaisons doubles des précédents en série. Les algorithmes simples comprennent wah-wah, compresseur, distorsion, enhancer, autopan, tremolo, phaser, flanger, chorus, délai, réflexion, haut-parleur tournant, modulateur en anneau et lo-fi. De 2 à 8 paramètres sont éditables par algorithme, dont 2 sont modulables en temps réel via des contrôleurs assignables en mode Performance. La mémoire du XW-P1 comprend 100 réglages Presets de DSP « normal » et 100 mémoires utilisateur, que l’on pourra assigner à n’importe quel programme, hormis les programmes « Solo Synthesizer ». En fait, ces derniers disposent de leurs propres DSP « solo ». Contrairement aux DSP de type « normal », ce type de DSP n’offre que 6 algorithmes : autopan, distorsion, flanger, chorus, délai et modulation en anneau. 2 à 5 paramètres sont éditables par algorithme, dont toujours 2 sont modulables en temps réel via la matrice de modulation du mode « Solo Synthesizer ». Les réglages de DSP « solo » sont sauvegardés au sein des programmes de type « Solo Synthesizer ». Voici une section utile, mais sous-dimensionnée en regard du reste de la machine.
Conclusion
Au final, le XW-P1 offre un package de possibilités rarement égalé dans cette gamme de prix : empilages sonores, synthèses multiples, arpèges polyphoniques, séquenceurs de phrases et pas-à-pas complémentaires, larges possibilités de modulation ; avec le XW-P1, il est rapide de tester différentes idées de textures sonores et structures rythmiques. Les commandes temps réel sont assez nombreuses et le clavier de qualité, ce qui ne gâche rien. La machine a bien évidemment son lot de limites, certaines plus gênantes que d’autres : commandes physiques un peu baladeuses sur leur axe, compromis dans certains modes liés à la puissance du DSP et ergonomie souvent lourde, en particulier en édition à l’écran ; fort heureusement, le XW-P1 est ouvert vers l’extérieur, avec sa connectique plutôt généreuse et un éditeur complet PC / Mac gratuit immédiatement disponible. Assurément, un instrument à découvrir pour tous les amateurs de synthèse, pas seulement les musiciens de scène, mais tous ceux qui veulent tester rapidement différents univers sonores sans hypothéquer leur studio.