the t.bone est une marque réputée pour ses tarifs très compétitifs. Continuons aujourd'hui notre série sur les microphones à rubans avec le test de leur RB500 qui se situe justement pile sous la barre fatidique des 100 euros. Mais pour quelle qualité ?

Développée dans la première moitié du XXe siècle, la technologie des microphones à ruban est loin d’être moderne. Pourtant, de nos jours, nombre de fabricants l’utilisent encore pour cette chaleur si particulière qu’elle apporte à la prise de son. The t.bone, marque allemande filiale de l’entreprise Thomann, ne déroge pas à la règle en commercialisant quatre modèles différents de microphones à rubans, dont ce mystérieux RB500 sur lequel nous allons nous pencher aujourd’hui.
Fiche technique du t.bone RB500 : ruban, figure‑8, accessoires et specs clés
À l’instar des produits AEA, le t.bone est livré avec un câble XLR directement intégré au corps du microphone et une sacoche/housse de protection en tissu rembourré. Sa fixation, par un système en étrier, se rapproche également de celle d’un AEA R44 (ou d’un Neumann M49) et permet un angle de pivotement de presque 360°. Enfin, avec 860 grammes, le poids du RB500 le place d’emblée dans la catégorie des micros assez lourds (à titre de comparaison, un Royer R121 pèse environ 250 g et un Coles 4038 un kilo). Privilégiez donc de préférence un pied lourd et stable pour plus de sécurité et un plus grand confort d’utilisation.
Batterie : corps, proximité et limite de dynamique avec le RB500
Mais passons directement aux tests audio avec une prise de batterie, en plaçant le microphone à un mètre de l’instrument.
En mono face aux fûts : plus d’assise, attaques adoucies, aigus voilés
La restitution des aigus y joue évidemment son rôle. Car une légère sensation de voile se fait ressentir sur le haut du spectre et accentue cette couleur un poil trop molletonnée que l’on a vite envie de corriger à l’eq ou en plaçant le microphone différemment. La prise, sans être des plus révolutionnaires, reste agréable et se fera plus qu’utile pour venir typer et colorer votre son dès l’enregistrement.

- 01a Drums Akg C41400:16
- 01b Drums t.bone RB50000:16
Prise de pièce : couleur très appuyée bas/bas‑médium, utilité en appoint
En éloignant le microphone de plusieurs mètres, le résultat est toujours un peu mou. Cela est forcément moins problématique pour un micro d’ambiance, mais ce petit manque de peps est toujours bien audible.
L’équilibre fréquentiel est à ce propos assez étonnant, avec une prédominance très marquée du bas et bas médium qui vous orientera vers une couleur très appuyée. Car, indéniablement, le RB500 est un microphone qui colore. Et bien qu’à nouveau assez peu réaliste, il pourra alors se faire plus pertinent en ajout des microphones de proximité pour venir gonfler le son de pièce et apporter une densité qui n’existe pas forcément autant en réalité.

- 02a Drums Room Akg C41400:16
- 02b Drums Room t.bone RB50000:16
Compression forte : qualités/défauts accentués, rendu roomy « boomy »

- 03a Drums ExtremeComp C41400:13
- 03b Drums ExtremeComp t.bone RB50000:13
Instruments mélodiques : ce que change le ruban (équilibre et transitoires)
Piano droit : ergonomie OK, souffle notable, rendu vintage doux
Sur un piano, donc, une rallonge XLR est indispensable. L’ergonomie de la suspension est très agréable pour placer et orienter le RB500 comme voulu. Un gros plus ! Par contre, le rapport signal sur bruit du RB500 est faible : la prise de piano subit alors un souffle important qui vient polluer la prise, surtout sur l’extrait 04 b, au jeu plus délicat. C’est d’autant plus dommage que le son est assez sympathique. Le rendu est certes médium avec des aigus tamisés et une dynamique un peu restreinte, mais le tout apporte un petit côté vintage moelleux, un peu 70’s, plus que convainquant pour typer l’enregistrement. Ce qui, au final, pourrait tout de même poser question quant à la polyvalence de cette couleur très prononcée et de cette gestion du souffle qui ne conviendront pas forcément à toutes les productions…

- 04a Piano A1 Akg C41400:18
- 04b Piano A1 t.bone RB50000:18
- 05a Piano A2 Akg C41400:11
- 05b Piano A2 t.bone RB50000:11
Glockenspiel : fort effet de proximité, coupe‑bas indispensable, douceur utile au mix
Une fois filtré, le son est chaleureux et musical. On entend bien le travail du ruban sur la gestion de la dynamique et particulièrement sur l’attaque des notes. Comparée à celle d’un Schoeps, la couleur du t.bone y est diamétralement opposée. Le statique est plus direct, naturel, dynamique et ouvert. Quand le t.bone, avec ses transitoires sabrées, sonne plus mou et plus gras. Cependant, devant un instrument aussi brillant, ces petits défauts deviennent rapidement des qualités. L’équilibre est moins harmonieux et réclamera sûrement un petit shelf dans les aigus, mais pour un rendu d’une plus grande douceur, idéale pour placer l’instrument directement dans un mix sans avoir à le compresser/limiter. Pour ceux qui pourraient toutefois regretter les harmoniques délicates du Schoeps et/ou sa dynamique, une solution existe : coupler les deux microphones pour un parfait équilibre entre rondeur et définition. Le RB500 se prête d’ailleurs parfaitement à cet exercice, sans aucun souci de déphasage ou autre dé-timbrage. Serait-ce sa botte secrète ?

- 06a Glockenspiel Schoeps00:17
- 06b Glockenspiel t.bone RB50000:17
- 06c Glockenspiel t.bone RB500 Locut 450Hz00:17
Ampli guitare/clavier : proximité marquée, EQ souvent nécessaire
Guitares : gras/bas‑médium en avant, complément idéal d’un SM57
Tout cela s’accentue sur la prise de guitare « palm-mute », avec un rendu encore plus pataud et une attaque du médiator quasi nulle. Le Royer R121, microphone pourtant déjà bien typé, sonne en comparaison bien moins gras, avec une plus grande cohérence et un mordant plus incisif.
Avec l’ajout d’une grosse fuzz, l’effet de proximité devient vraiment envahissant et l’utilisation d’un filtre semble à nouveau indispensable pour nettoyer la prise. Cependant, le microphone ne semble pas saturer, juste cet énorme effet de proximité qui submerge l’ensemble. Modifier l’impédance du préampli fluctue légèrement le son, mais ne change pas drastiquement la couleur du microphone, toujours un peu « boomy ».
Heureusement, le RB500 se marie parfaitement avec le Shure Sm57. Le mélange des deux micros amène alors une belle homogénéité (l’un accentuant la corpulence quand l’autre amplifie l’agressivité) qui, au final, n’est pas si éloignée de celle du Royer (toutes proportions gardées, bien évidemment). Définitivement, le t.bone semble bien efficace en ajout d’un second microphone pour lui faire profiter de sa corpulence !

- 07a Gtr Surf Sm5700:22
- 07b Gtr Surf t.bone RB50000:22
- 07c Gtr Surf Rb500 + Sm5700:22
- 07d Gtr Surf R12100:22
- 08a Gtr PalmMute Sm5700:23
- 08b Gtr PalmMute RB50000:23
- 08c Gtr PalmMute Rb500 + Sm5700:23
- 08d Gtr PalmMute R12100:23
- 09a Gtr Fuzz Sm5700:24
- 09b Gtr Fuzz RB50000:24
- 09c Gtr Fuzz Rb500 + Sm5700:24
- 09d Gtr Fuzz R12100:24
- 09e Gtr Fuzz RB500 LoZ00:24
Essayons tout de même un second setup en reculant le microphone de 20 cm. Immédiatement, le son se fait plus équilibré et plus réaliste. L’effet de proximité est toujours présent, mais bien mieux contrôlé : la prise y gagne et le t.bone se fait plus éloquent. Il lui manque cependant toujours un peu de hargne, de vigueur, avec un petit effet 2D que seul l’ajout du 57 viendra combler.

- 10a Gtr PalmMute 20cm Sm5700:23
- 10b Gtr PalmMute 20cm RB50000:23
- 10c Gtr PalmMute 20cm Rb500 + Sm5700:23
- 11a Gtr Fuzz 20cm Sm5700:25
- 11b Gtr Fuzz 20cm RB50000:25
- 11c Gtr Fuzz 20cm Rb500 + Sm5700:25
Wurlitzer : bas‑médium chargé, mieux avec EQ, distance ou micro d’appoint
Fort logiquement, nous retrouvons toutes ses observations avec un wulitzer branché sur le même ampli.
Si le t.bone se plie plutôt bien à cet exercice, le bas médium est tout de même un peu chargé et les aigus timorés. La gestion de la piste à l’intérieur d’un mix pourrait alors devenir compliquée à moins de lui adjoindre (une fois de plus) une égalisation, chose que le t.bone supporte d’ailleurs plutôt bien. Comme avec les prises de guitares, d’autres solutions se présentent également à vous, comme le coupler avec un Sm57 (ou autre petite capsule) ou encore l’éloigner un peu plus de votre source.

- 12a Wurlitzer Sm5700:09
- 12b Wurlitzer RB50000:09
- 12c Wurlitzer R12200:09
Sax et voix : douceur et matité, manque de profondeur à compenser par des effets
Sax ténor : joli moelleux, mais peu de « clinquant », réverbe utile
Une autre option, vous l’aurez deviné, est de jumeler le t.bone avec l’Akg pour un résultat plus harmonieux et surtout plus polyvalent. Faites donc bien attention à la phase entre les microphones, qui sont tous les deux assez imposants et moins évidents à placer qu’un Sm57.

- 13a Sax Dry Akg C41400:12
- 13b Sax Dry RB500y00:12
- 14a Sax + Fx Akg C41400:12
- 14b Sax + Fx RB50000:12
Chant : coffre renforcé par proximité, effets requis pour ouvrir le plan sonore
La première écoute est assez satisfaisante : la douceur des aigus, l’effet de proximité et la dynamique un peu molle du micro aident à typer la prise et à grossir le coffre du chanteur. Cependant il reste toujours cette sensation de plan sonore unique. L’ajout d’effets (réverbération, délais, modulation) devient indispensable pour rendre le tout plus vivant, plus 3D. S’éloigner de quelques centimètres aide aussi à équilibrer un peu plus le spectre, mais la dynamique s’en trouve plus réduite.
Ce microphone ne sera donc peut-être pas le plus polyvalent de monde pour des prises de voix, mais s’il correspond à la direction musicale que vous recherchez (et si vous lui ajoutez la bonne dose d’effets), il pourra alors vous apporter un bon résultat.

- 15a Voice Akg C41400:20
- 15b Voice RB50000:20
- 16a Voice Far Akg C41400:18
- 16b Voice Far RB50000:18
Caractéristiques techniques
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Type : microphone à ruban, directivité bidirectionnelle (figure‑8).
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Réponse en fréquence annoncée : 20 Hz – 20 kHz.
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SPL max annoncé : 141 dB.
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Poids : 860 g.
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Montage : suspension en étrier avec angle de pivot proche de 360°.
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Câble : XLR fixe intégré au corps + housse fournie.
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Pays de fabrication : Chine.
FAQ
Le RB500 est-il adapté pour enregistrer une batterie ?
Oui, vous obtiendrez plus de corps et une couleur particulière, notamment en mono face aux fûts ou en room. Gardez toutefois à l’esprit que l’attaque et les aigus seront adoucis. Une égalisation légère dans le haut du spectre ou le placement d’un micro complémentaire peuvent être nécessaires.
Puis-je l’utiliser sur un piano droit ?
Absolument, mais prévoyez un préampli silencieux, car le souffle est notable. Le rendu est doux, assez « vintage », avec un médium mis en avant. Si vous recherchez plus de polyvalence, éloigner légèrement le micro ou ajouter un traitement au mix peut vous aider.
Pourquoi ajouter un coupe-bas sur un glockenspiel ?
Le RB500 présente un effet de proximité très marqué. Même à distance, il accentue fortement le bas médium. Un coupe-bas réglé assez haut permet de nettoyer la prise et de garder la clarté de l’instrument.
Est-il pertinent sur un ampli guitare ?
Oui, si vous souhaitez renforcer le bas médium. Attention cependant : le rendu peut être un peu voilé. De nombreux ingénieurs le combinent à un SM57 pour équilibrer corps et mordant. Reculez-le d’une vingtaine de centimètres si vous voulez un son plus naturel.
Et pour un Wurlitzer ?
Vous retrouverez la même coloration que sur guitare : du corps, mais des aigus assourdis. Là encore, l’égalisation, la distance ou l’ajout d’un autre micro constituent de bonnes solutions.
Comment se comporte-t-il sur un saxophone ou une voix ?
Le RB500 apporte de la douceur et de la chaleur, mais il manque parfois de brillance et de profondeur. Pour compenser, vous pouvez ajouter une réverbération, un délai ou le coupler avec un micro plus neutre.
Dois-je activer l’alimentation fantôme ?
Non. Comme pour tout micro à ruban passif, il est préférable de désactiver l’alimentation fantôme pour éviter tout risque de détérioration.