Compos Collectives Saison 41

"Le groove massif"

> Technique *****
Sur le plan technique le morceau est une vraie réussite.
Tous les sons sont maîtrisés, il y a de la profondeur et de la dynamique.
Une suggestion d'amélioration : le kick perd en précision lorsque l'arrangement se densifie à 2:04. Le sub devient plus flou. Je me dis que dans un endroit résonant avec un niveau élevé on pourrait avoir la sensation que le kick vrombit mais ne cogne pas assez.
Enfin voilà ça c'est pour si vous voulez le diffuser en club au casque ou dans une pièce à vivre avec un volume normal ça passe très bien. Et vu la qualité du son c'est forcément du 5 étoiles!

> Artistique *****
Multiform semble au top de sa maturité artistique dans cette ambiance post-apocalyptique pesante, et il collabore avec un Cystite Heaven jamais en manque de groove ni de ressources (au passage très chouette le making-of dans le forum, j'ai été bluffé par l'utilisation du multi-effet!).
Du coup le résultat est, de manière prévisible, excellent.
Les sonorités me font frissonner. La base rythmique avec ce synthé grave nous plonge instantanément sur la planète industrielle ravagée Multiform IV. Les pads sublimes nous dévoilent des vestiges de bleu derrière le ciel pollué.
Magnifique est la guitare qui sonne l'apogée du morceau ; juste avant cet épilogue plus rythmique, qui est tout aussi inspiré et nous fait quitter ces lieux avec une sensation à mi-chemin entre la fatalité et l'espoir.
Merci à vous deux pour ce voyage!

"Un bon titre pop-rock"

> Technique ****
La qualité de son est très bonne, notamment la guitare qui est complètement dans les standards pro du genre.
La batterie fait le job, elle aurait pu être un peu plus variée, notamment plus calme sur les parties où le chant est intimiste, et un peu plus pêchue sur les refrains.
La voix féminine me semble un peu déconnectée du morceau (toutes proportions gardées). Elle paraît plus "sèche" que le reste de l'arrangement, elle a également une sonorité un peu bouchée, qui manque de clarté comme si elle avait été enregistrée dans une mauvaise acoustique.
Le choix de mettre la voix féminine en lead est discutable, à mon goût elle aurait mieux servi en soutien de la voix masculine, plus assurée dans ce morceau (justesse, rythme, interprétation).

> Artistique ****
On se trouve face à un tube pop-rock, à la fois dans l'écriture, l'arrangement, les timbres. Mention spéciale aux guitares et basse qui sont 100% cohérentes pour ce style musical.

Difficile de se dire qu'on n'a jamais entendu ça, mais ça fonctionne très bien grâce à cette mélodie et ces paroles catchy à souhait.
Une voix féminine plus assurée et une batterie plus vivante auraient sans doute porté ce bon morceau au niveau des standards radio.

"Alias 007"

> Technique ***
La maîtrise au niveau instrumental est évidente. Yoshed nous gratifie d'un très bel arrangement au piano/cordes, accompagné par la sombre guitare de Vickibaum impeccablement exécutée.
La voix est juste, toutefois le chanteur ne semble pas dans sa tessiture confortable. Certaines notes hautes trahissent ses efforts et rendent l'interprétation un peu inégale.
Un accent français et quelques erreurs de grammaire se sont glissés dans le chant mais rien de bien grave.
On entend quelques clics de raccords bien prononcés (guitare à 1:50, 2:09 "tide", 2:11 "the only wife", 3:31 "is it a tear") ce qui à mon goût est assez irritant dans un musique à tendance très acoustique comme celle-ci.

Mais ce qui me dérange le plus, c'est ce problème de son sur la voix et la guitare. J'entends un aliasing important qui paraît venir de ces deux instruments, et qui, avec son sifflement numérique caractéristique, ruine l'ambiance feutrée et enveloppante du morceau.
C'est d'autant plus dommage dans la mesure où le mixage est vraiment réalisé avec goût. Je suppose que c'est involontaire mais malheureusement ça me froisse à chaque écoute.

> Artistique *****
Au-delà des considérations techniques, cette compo est d'une force poignante du point de vue musical. Les notes, les sons, l'arrangement, le rythme, les silences, tout converge pour conférer à cette chanson au thème sombre son intensité.
Les paroles sont véritablement touchantes, je reconnais bien la qualité de la plume de Vicki. Chaque phrase ajoute une nouvelle dimension à ce récit. En une centaine de mots, il réussit, porté par les instruments, à raconter une histoire qui bouleverse.

J'imagine cette chanson jouée dans un cabaret à l'ambiance tamisée, l'un au piano en costume blanc, l'autre au micro en costume noir, sur le côté une belle violoncelliste aux yeux sombres (la Vicki-Baum girl de cette histoire?), et l'assemblée retenant son souffle entre chaque mot.
Quitte à jouer le morceau un ton plus bas, pour que Vicki puisse révéler la qualité de son interprétation vocale.

Même l'image est très bien trouvée.

Cette même chanson sans les artefacts numériques qui nous ramènent sur terre serait sans nul doute pour moi l'une des grosses claques musicales de cette année. Un grand bravo à vous!

"Disco-Bower!"

> Technique *****
Techniquement c'est maîtrisé.
Au chant, Bruno semble très à l'aise sur ce morceau. Son interprétation vise juste en permanence, sur les parties chantées comme parlées.
La programmation des machines, tant en termes de sonorité que d'écriture, installe son univers tout en laissant la voix s'exprimer pleinement.
Aucun problème d'équilibre, tout est bien en place autant au niveau rythmique que sonore. Les timbres se marient très bien.
En fait le mot "mixage" ne vient même pas à l'esprit, et c'est une très bonne chose. Ça dénote du naturel avec lequel est présenté le titre.


> Artistique *****
Une nouvelle démonstration de la polyvalence de Bruno Bower, accompagné dans ce morceau dance et assez dark par un Cédric Lawde inspiré.
L'esthétique sonore globale semble fortement empreinte par les années 80. On le ressent dans les choix de sons de synthés (ligne de basse, arpégiateurs, pads), la boîte à rythme très typée "TR-707", la réverb prononcée sur les percussions, le delay sur la voix lead. Puis la texture sonore moins "sculptée à l'équaliseur", si on compare à l'esthétique des titres actuels.
Malgré le caractère répétitif du titre, plusieurs éléments viennent donner du souffle tout au long du morceau, je pense aux voix bricolées avec saturation/delay, l'effet "arrêt de bande", tout ça est très bien vu et on est porté sans ennui jusqu'à la fin.

Le morceau est dansant, l'accompagnement synthé et guitare sait se faire oublier tout en étant indispensable (travail difficile!). Et grâce à tout ça, plus rien n'empêche cet air accrocheur de se mémoriser facilement, au point qu'on se prenne à le fredonner involontairement quelques heures après l'écoute.
Donc c'est pour moi un des morceaux les plus réussis de cette saison. Bravo au duo

"Authentique mais pas très en rythme"

> Technique **
L'ensemble n'est pas tout à fait en place. La basse est assez flottante sur la partie raggae, la voix est trop en avance sur le rythme de manière générale.
La batterie, avec son groove trop complexe (sur la partie reggae), ajoute à la confusion.
Seule la guitare est impeccable sur l'ensemble du morceau.
Au niveau balances, l'ensemble est un peu monotone sur la partie reggae, seule la voix apportant de réelles variations. La partie rock est mieux gérée à ce niveau-là. La guitare rythmique aurait pu être doublée pour élargir la stéréo.
J'entends aussi un souci sur la dernière phrase de la partie rock où la voix back et la voix lead ne disent pas la même chose.

> Artistique ***
J'ai du mal à me plonger dans le morceau. C'est lié au fait que je ne saisis pas trop où les paroles veulent en venir, et comme le chant est réglé très en avant, il n'y a pas grand chose d'autre qui retient l'attention.
Pourtant il y avait un bon potentiel avec cette guitare qui semble pleine de ressources.
Le timbre de voix reste toutefois très sympa (surtout sur la partie rock à mon goût), Philrud a le potentiel et assez de créativité pour nous surprendre, mais il faut pour ça améliorer le placement rythmique.
Au final ce que je retiens du morceau, c'est la partie énervée qui sonne crade et authentique.

"Convivial"

> Technique ****
Ce qui m'a frappé en premier c'est la basse panée sur le côté. Puis sur l'autre côté. Puis je me suis rappelé que vous étiez deux bassistes dans ce morceau et du coup, même si ça déséquilibre un peu l'ensemble, ça rend l'intention plus évidente et donc c'est une bonne idée.
Les guitares basses me semblent un poil envahissantes pour ce style qui ne nécessite pas autant de "lourdeur", un peu moins de grave aurait rendu les parties plus intelligibles et plus groovy selon moi.
Toujours côté son, il y a un peu trop de monde au premier plan dans la première partie du morceau. Le synthé "square" joué en pluck se marie bien avec l'ensemble grâce à son delay généreusement dosé. C'est par contre moins le cas du synthé "saw" qui est pour le coup vachement sec et donne un côté assez strident. Il aurait mieux trouvé sa place bien filtré dans les hautes fréquences avec une réverb ou un chorus pour le reculer un peu et le mettre à égalité avec le "square", car là il sort un peu du mix.
La batterie me semble un peu sèche pour ce style de musique. Un peu plus de micro room aurait rendu le son moins neutre et apporté un supplément d'ambiance bienvenu.
Sinon le son du piano est très agréable, et les instruments acoustiques sont très bien intégrés.

Côté jeu, c'est bien en place. Quelques flottements mais pour cette musique dans l'esprit "impro libre" c'est moins gênant, ici tout paraît assumé et c'est le principal.
La prog de batterie est top!

> Artistique ****
Le titre s'écoute très bien et se renouvelle tout du long malgré sa base répétitive.
Le choix des sonorités confère au morceau une tonalité douce et conviviale.
Globalement, ça foisonne de bonnes idées. Les deux basses ont chacune leur caractère et leur style de jeu.
Zeuhl appose sa signature avec ce mélodica dont la discrétion n'a d'égal que l'efficacité.
Enfin, les cuivres (enfin les instruments en laiton) sont tout particulièrement agréables à l'oreille.
C'est une musique très sympathique, idéale à écouter en terrasse de café le soir pour accompagner un cocktail.

"Plein de bonnes idées mais assez monotone"

> Technique *** pour les balances / ***** pour la technique instrumentale et le choix des sons
Niveau jeu, tout est bien en place, mais ça ne faisait aucun doute vu les deux compères.
L'ensemble se tient bien au niveau des choix de sons, le timbre de voix et les sonorités d'accompagnement fonctionnent correctement.
Côté balances, la voix est trop forte à mon goût, reléguant au rang de faire-valoir la guitare et l'orgue qui fourmillent pourtant de nuances intéressantes. La guitare particulièrement est trop faible dans le mix. Le caractère épars de la voix aurait été l'occasion de mettre en valeur l'instru dans les "trous". Là on a une sensation de décrocher entre chaque phrase.
La batterie n'appuie pas suffisamment la progression du morceau, il en ressort un aspect un peu rigide. Plus de variations sur les intensités de frappe, de micro-décalages de rythme auraient donné une sensation plus naturelle.
Et le plus dérangeant: le solo de guitare à 4:55 qui est au fin fond à droite du mix, planqué dans sa réverb alors qu'un solo de ce niveau, il suffit de le mettre en avant pour que ça décoiffe.
Bon tout ça reste propre mais j'aurais mieux apprécié si l'ensemble avait été moins vocalo-centré.

> Artistique ***
J'avoue que le caractère répétitif du morceau me laisse sur ma faim. La punchline dans le texte, qui est plutôt bonne, est tellement ressassée qu'elle perd sa saveur au fil de titre.
Même le final, dont l'arrivée chatouille agréablement l'oreille, perd son effet de surprise lorsque les mêmes phrases sont répétées.
Ajoutées à ça la relative monotonie des balances et la longueur du morceau, je ne trouve pas qu'on soit captivé comme dans certaines de vos autres compos.
La matière brute est là, il y a un bon thème et des sonorités agréables, mais la structure et les balances ne mettent pas suffisamment à mon goût cet ensemble en valeur.

"Compote galopante"

> Technique ***
Carré n'est pas le premier mot qui vient à l'esprit. En cause principalement, le rythme de la guitare qui est assez approximatif, tout comme la justesse des sifflements.
Le synthé à 1:45 a une attaque trop looongue à mon goût et casse un peu le rythme effréné de l'ensemble, heureusement pour une période courte donc on ne décroche pas.
Au niveau son et équilibre sonore ça passe bien, on profite correctement de chaque instrument. Il y a toujours des éléments pour tenir le lead donc le résultat est très vivant.
Les cymbales crash sont un peu fortes, elles semblent détachées de l'ensemble.

> Artistique *****
Grâce à la variété de mélodies accrocheuses, le rythme effréné et la structure qui laisse la place tantôt aux sifflements tantôt à la guitare, rien ne vient perturber l'enthousiasme de l'auditeur.
Les guitares saturées d'accompagnement ont un son vraiment efficace, leur attaque très molle les rend discrètes, mais elles soutiennent bien la progression musicale.
Au-delà de ça, le morceau nous transporte sans peine dans son univers, un désert poussiéreux Nord-Américain. La guimbarde est super bien vue. Le hennissement de voiture donne un côté intemporel que je trouve sympa.
Ce morceau est un peu mon chouchou de la saison, il a un charme particulier. Il me fait penser à du Dire Straits dans la sonorité.
Le job est donc fait du point de vue artistique, même si une réalisation plus soignée aurait rendu le titre carrément inoubliable.