Une gestion efficace des niveaux est essentielle pour obtenir un mixage équilibré, laquelle dépend de la structure de gain. Qu’entend-on exactement par ce terme ? Et comment bien la maîtriser sur une table de mixage ? Voyons ce qu'il en est...

Comprendre et ajuster le gain correctement
La structure de gain est l’équivalent sonore de la règle du hors-jeu: une notion que beaucoup de gens comprennent vaguement, mais que peu maîtrisent réellement. Pourtant, elle est assez simple : tout système audio composé de plusieurs appareils possède une structure de gain. Les niveaux audio qui passent par exemple d’une table de mixage à un amplificateur de puissance sont en relation directe et forment ainsi une structure de gain.
Exemple : Si le niveau de sortie de la table de mixage est trop faible, il doit être compensé par une augmentation du gain au niveau de l’amplificateur, ce qui peut générer un bruit excessif car la structure de gain est mal configurée.
Mais la structure de gain ne se limite pas à la relation entre la table de mixage et l’amplificateur. Elle existe aussi à l’intérieur même de la console. Les inserts, les VCA, les DCA et les bus de mixage influencent les niveaux de sortie. Par exemple, si un canal est réglé à 0 dB mais que le VCA associé est à –20 dB, le niveau final en sera affecté. De même, l’ajout d’un appareil en insert peut modifier le niveau du canal.
dBu vs dBFS
Une théorie indispensable : les rapports de niveau dans les mixeurs audio sont exprimés sur une échelle logarithmique, à savoir en décibels (dB). Il existe pourtant une différence importante entre les tables de mixage numériques et analogiques concernant l’affichage des dB-mètres. Toute personne qui est passée pour la première fois d’une table de mixage analogique à une table de mixage numérique (ou inversement) devrait le savoir. Souvent, les rapports de niveau habituels ne semblent plus correspondre, mais quelle en est la cause ?
L’explication est simple : les tables de mixage analogiques utilisent généralement le 0 dBu (0,775 V) comme point de référence, tandis que les modèles numériques suivent la norme de l’Union européenne de radiodiffusion (UER/EBU) pour les niveaux audio numériques. Selon cette norme, l’ancien 0 dBu analogique doit désormais correspondre à –18 dBFS (Full Scale).
Tourner les potards
Il est temps d’ajuster correctement les signaux de ligne et micro. La méthode recommandée consiste à couper le son du canal concerné, à activer le bouton Solo ou PFL, puis à tourner progressivement le potentiomètre de gain jusqu’à ce que l’affichage indique –18 dBFS (pour une console numérique) ou 0 dBu (pour une console analogique). Répétez cette opération pour chaque source sonore.
Une fois tous les faders de canal et celui du master positionnés sur 0 dB, vous obtenez un mixage de base équilibré. Cependant, en pratique, cela ne garantit pas un bon rendu musical : il faut encore affiner la structure de gain du mix.
Donner une structure de gain au mixage
Un mix réussi repose sur un équilibre entre les différents éléments sonores. Certains signaux (comme la voix lead) doivent être plus présents, tandis que d’autres (comme les cymbales) doivent rester en retrait. Deux méthodes principales permettent d’y parvenir.
Méthode 1 : réglage par les faders
On règle tous les signaux de manière appropriée autour de 0 dB et on réajuste le volume de chaque piste individuellement à l’aide des faders de canal. Par exemple, dans un mix de batterie, la grosse caisse et la caisse claire peuvent être à 0 dB, tandis que les overheads sont à –20 dB. Cette approche facilite l’utilisation d’effets et de traitements externes.
L’inconvénient de cette méthode est que la résolution des faders devient limitée, notamment pour les signaux réglés à des niveaux extrêmes (très haut ou très bas).
Méthode 2 : ajustement par le gain d’entrée
Ici, tous les faders sont placés à 0 dB, et c’est le gain d’entrée qui est ajusté pour équilibrer les niveaux entre les canaux. Cela signifie que les signaux particulièrement forts devront être atténués par la suite à l’aide du potentiomètre de gain. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle réduit le niveau envoyé aux effets externes, ce qui complique leur utilisation. Elle peut également poser problème pour le mixage des retours réalisés depuis la même console.
Structure de gain physique et musicale
Heureux sont ceux qui disposent de suffisamment de temps pour effectuer un sound-check complet. Dans certains festivals ou événements, il n’y a souvent qu’un simple line-check avant de démarrer dans la foulée. Cela signifie que la structure de gain physique est déjà en place, mais qu’il reste à établir la structure musicale, et ce, dans les plus brefs délais. Là encore, il existe différentes stratégies : certains ingénieurs conservent les niveaux du line-check et réalisent trop tard que le groupe joue plus fort que prévu, noyant les voix principales.
Les plus expérimentés adoptent une approche plus prudente, en baissant le niveau de tous les autres canaux à l’exception de la grosse caisse, de la caisse claire et de la voix principale, puis en augmentant progressivement le volume des instruments pendant le premier morceau.
Une méthode efficace pour maîtriser la dynamique du mix consiste à regrouper les instruments et les voix dans des VCA/DCA. Par exemple, le groupe de voix lead est laissé à 0 dB, tandis que celui des instruments est abaissé à –5 dB. Le master, initialement à 0 dB, est lui aussi descendu à –5 dB. Ainsi, dès les premières notes, la voix principale ressort naturellement sans que le mix entier ne démarre trop fort. Une technique à essayer absolument !