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Test du Trigger Finger de M-Audio - Padam, Padam…

Après avoir sorti sa Black Box, co-signée Roger Linn, à l'intention des guitaristes, M-Audio s'intéresse au monde des contrôleurs rythmiques en s'inspirant de la célèbre MPC. Le résultat tient en 16 pads, 8 potars et 4 faders sur lesquels nous avons posé les doigts.

 

Une sorte de généa­lo­gie

C’est au début des années 80 que Roger Linn crée la Linn­Drum, une boîte à rythme qui va litté­ra­le­ment révo­lu­tion­ner le monde de la produc­tion musi­cale, et briser la carrière de toute une géné­ra­tion de batteurs !

Réser­vée dans un premier temps aux compo­si­teurs fortu­nés en raison de son prix exor­bi­tant pour l’époque, son succès est tel qu’elle appa­raît sur les tracks de la plupart des albums de la décen­nie qui va suivre, remplaçant dans un nombre de séance incal­cu­lable les bons vieux fûts sonnants, mais parfois trébu­chants. Le son de l’en­gin possède une dyna­mique mons­trueuse, et les grooves qu’elle génère séduisent tous les dance floor de la planète. Après un tel tube tech­no­lo­gique, il n’est pas éton­nant qu’Akai ait fait appel quelques années plus tard à Roger Linn en personne pour mettre au point une boîte à rythme sophis­tiquée, conçue autour du sampling. C’est de cette colla­bo­ra­tion que va naître un second mythe, la MPC60.

Même si le succès n’est pas aussi rapide et foudroyant que pour la Linn­Drum – il faudra quelques années et les amélio­ra­tions des versions succes­sives pour mettre tout le monde d’ac­cord, la MPC obtient bien­tôt l’una­ni­mité du monde du groove qui la recon­naît comme la boîte à rythme la plus swing de tous les temps.

Entre autres réus­site de la bête, on mention­nera des pads tactiles procu­rant un feeling excep­tion­nel parti­cu­liè­re­ment propice à la program­ma­tion de patterns de batte­rie, et un timing que certains quali­fient de « magique » tant elle semble trans­for­mer en or le moindre .wav qui passe par sa mouli­nette. La MPC devient ainsi, et dans beau­coup de cas reste encore aujour­d’hui la réfé­rence abso­lue de toutes les musiques conçues autour des percus­sions séquen­cées et des loops.

Repre­nant l’idée des fameux pads de la MPC, le Trig­ger Finger est donc le digne descen­dant de la famille Linn, qu’elle unit en passant au monde de l’in­for­ma­tique musi­cale.

Vous avez toujours rêvé de tripo­ter une MPC, mais vous êtres un incon­di­tion­nel de Reason ou de Live ? Ou bien tout simple­ment, vous en avez marre de faire poum-poum-tita­koum sur les touches de votre clavier ? Alors M-Audio vous sauve le coup avec le Trig­ger Finger, une surface de contrôle regrou­pant non seule­ment 16 pads conçus pour la program­ma­tions des grooves, mais aussi 4 faders et 8 potars rota­tifs, offrant ainsi une véri­table surface de contrôle MIDI ! A décou­vrir d’ur­gen­ce…

Commençons par dépiau­ter le biniou, et décou­vrons les jolis reflets argen­tés mali­cieu­se­ment émis par le désor­mais tradi­tion­nel plas­tique fine­ment granulé dans lequel sont moulées nombre de coques M-Audio. Celle-ci confère à la machine un bon look et une rigi­dité impec­cable, pour une dimen­sion d’en­vi­ron 28 × 25 × 3 cm.

On remarque tout de suite 4 zones de travail : la matrice prin­ci­pale conte­nant les 16 pads, un bloc d’édi­tion compre­nant un led d’af­fi­chage à 3 carac­tères et 4 larges boutons avec témoins lumi­neux, deux lignes regrou­pant huit potars et une surface de contrôle munie de 4 faders propo­sant une course d’en­vi­ron 60 mm.

Premier contact ! Les pads sont confor­tables, fabriqués dans un caou­tchouc très fin, agréable à palper, et d’une taille suffi­sante de 3 × 3 cm qui permet de jouer sans problème des roule­ments, ou tout autre effet de percus­sion. Ils sont dyna­miques, mais aussi sensibles à la pres­sion, ce qui leur permet d’en­voyer des infor­ma­tions de contrôles conti­nus, exac­te­ment comme l’af­ter­touch sur un clavier.

M-Audio Trigger Finger : des potars agréables à manipuler

Les faders sont souples et les potars, très clas­siques, possèdent un indi­ca­teur de posi­tion blanc bien visible, propice à la mani­pu­la­tion dans des envi­ron­ne­ments sombres.

Bref, côté physique, le Trig­ger Finger a une bonne tête et est équipé d’ou­tils de contrôle solides, témoi­gnant d’une fabri­ca­tion soignée.

Connectique basique pour le Trigger Finger de M-Audio

Sur le panneau arrière, on trouve une connexion USB, une sortie MIDI et une prise desti­née à rece­voir une alimen­ta­tion externe 9v non four­nie dans le pack. Notons ici que connecté à un ordi­na­teur, le Trig­ger Finger est alimenté par la connexion USB et ne demande pas de jus supplé­men­taire.

L’adap­ta­teur secteur sera par contre indis­pen­sable si l’on souhaite l’uti­li­ser pour contrô­ler un expan­deur hard­ware grâce à la sortie MIDI, sans passer par un ordi­na­teur. Préci­sons aussi que la machine, toujours grâce à sa sortie MIDI, peut servir d’in­ter­face entre l’or­di­na­teur et un tel expan­deur externe, le driver instal­lant un slot «  Trig­ger Finger  » dans les sorties MIDI de votre séquen­ceur.

 

Une instal­la­tion en velours

Rien de plus évident que l’ins­tal­la­tion du Trig­ger Finger qui, étant compa­tible XP et Mac OS X, ne néces­site même pas d’ins­tal­la­tion de driver pour pouvoir être reconnu. Cepen­dant, pour pouvoir l’uti­li­ser dans plusieurs appli­ca­tions (en mode Rewire par exemple), il faut instal­ler le driver MIDI. Lorsque l’on insère dans l’or­di­na­teur le CD fourni par M-Audio, un petit utili­taire en français se lance auto­ma­tique­ment, permet­tant de choi­sir les produits à instal­ler.

Notons ici qu’en plus de notre boîte à pads, on peut aussi instal­ler un soft d’édi­tion baptisé Enigma sur lequel nous revien­dront. Après avoir fait ronfler le drive du CD pendant quelques secondes, on nous annonce que c’est terminé, et qu’il n’y a plus qu’à bran­cher la bête. C’est ce que nous faisons donc sans plus tarder, pour entendre alors le doux refrain de Windows (désolé pour les Macqueux) qui se débrouille tout seul avec son wizzard pour faire recon­naître la machine sur le port USB et faire fonc­tion­ner tout cela : un véri­table hymne à la joie !

L’ér­go­no­mie

Avec un led de seule­ment 3 carac­tères, on ne peut s’at­tendre à une ergo­no­mie d’édi­tion excep­tion­nelle. D’ailleurs, M-Audio précise que pour les amateurs de tripa­touillage des para­mètres, c’est-à-dire pour pratique­ment tout le monde, il est large­ment conseillé et préfé­rable d’uti­li­ser Enigma, le logi­ciel de commande du Trig­ger Finger, gracieu­se­ment fourni dans le pack.

M-Audio Trigger Finger

 

Et c’est vrai, il faut l’avouer, ce n’est pas évident de rentrer dans le lard du chip­set du premier coup. Les combi­nai­sons de boutons, les para­mètres signa­lés par des abré­via­tion brutales (évidem­ment, bétas­son, on n’a que 3 lettres !) et pas toujours très compré­hen­sibles, le dièse noté, encore pour une ques­tion de place, par un point à côté de la note natu­relle (le C dièse est noté C.)… tout cela est au départ un petit peu obscur.

Des faders à manipuler avec précision sur le Trigger Finger de M-Audio

Cela dit, avec un peu de pratique (et à l’heure où je vous parle, je n’ai pas encore 100 heures de vol…), on s’y fait rela­ti­ve­ment bien, arri­vant même à une certaine vitesse d’exé­cu­tion pour les opéra­tions courantes. En effet, il ne faut pas oublier que le Trig­ger Finger est une surface de contrôle, et donc possède, nous l’avons vu, un certain nombre de contrô­leurs… Alors, en utili­sant toutes ces ressources pour accé­der physique­ment et direc­te­ment de nombreux para­mètres, l’in­ter­face s’avère fina­le­ment assez fluide, malgré les auto­ma­tismes à acqué­rir, surtout quand on a l’ha­bi­tude d’un écran 19''.

Le vrai problème, c’est que nos chers boutons et faders (un peu moins quant à eux) sont assez chatouilleux et qu’il faut vrai­ment les manier avec la plus extrême et précise sensua­lité, sous peine de tâton­ner un bon moment avant d’ob­te­nir le divin déclic, à savoir la valeur exacte que l’on souhaite entrer. Mais là encore, rien ne remplace l’ex­pé­rience et l’on a tôt fait de prendre le coup de doigt. M’en­fin quand même, un peu plus de netteté aurait été bien­ve­nue, surtout sur scène.

Editions des diffé­rents contrô­leurs

Le Trig­ger Finger peut mémo­ri­ser en interne jusqu’à 16 patchs, ou « scenes » conte­nant un certain nombre de para­mètres concer­nant les pads, les faders et les potars.

Le mode d’édi­tion des pads utilise les potars pour entrer les données, les curseurs étant réser­vés aux para­mètres géné­raux pour tous les pads : la trans­po­si­tion, le canal MIDI, la courbe de vélo­cité et la sensi­bi­lité du pad à la pres­sion. On peut ainsi, grâce à une dizaine de courbes, adap­ter la réponse de la machine à la force des coups frap­pés sur les pads et au poids lui étant ensuite appliqué en fonc­tion de son style de jeu.

Le Trigger Finger fait dans le complet du côté de l'édition des contrôleurs MIDI.

Pour chaque pad, on peut ensuite modi­fier le numéro de note MIDI trans­mis, le numéro de contrô­leur MIDI à utili­ser pour trans­mettre les infor­ma­tions de pres­sion (une option de compres­sion de la plage des valeurs -par défaut de 0 à 127– permet en outre de déter­mi­ner les seuils mini­mum et maxi­mum qui limi­te­ront l’am­pli­tude des données, par exemple entre 60 et 110), la valeur de vélo­cité fixe (un mode de jeu du Trig­ger Finger permet de fixer une vélo­cité pour chaque pad, qui sera utili­sée quelque soit la force avec lequel on le frappe, désac­ti­vant ainsi sa sensi­bi­lité dyna­mique), le numéro de canal MIDI sur lequel le pad trans­met­tra (une valeur de 0 le soumet au réglage global de la machine), le numéro de chan­ge­ment de programme, de MSB et de LSB, ainsi que le numéro de canal MIDI sur lequel les infor­ma­tions de chan­ge­ment de programme seront trans­mises, auto­ri­sant de jouer les notes sur un canal et d’émettre les Program Change sur un autre. Ouf !

Les potars et les faders peuvent quant à eux rece­voir les para­mètres suivants : numéro de contrô­leur continu assi­gné, valeur mini­male et maxi­male quand le fader ou le potar est à sa posi­tion mini­male et maxi­male, et canal MIDI utilisé pour trans­mettre les infor­ma­tions, avec, comme pour les pads, une valeur 0 pour le global.

 

Enig­ma­tique Enigma

Tous les para­mètres peuvent être édité à partir de l’or­di­na­teur à partir de l’uti­li­taire d’édi­tion Enigma. Il permet aussi de char­ger dans le Trig­ger Finger des patches program­més à l’usine et dédiés à certains logi­ciels comme Live d’Able­ton (une version 4 Lite est d’ailleurs offerte avec le pack), Redrum de Reason… ainsi qu’à des stan­dards comme le GM ou le XG.

Avec le logiciel Enigma, le Trigger Finger de M-Audio ne dispose pas de l' éditeur le plus ergnomique qui soit...

On peut aussi sauve­gar­der sur disque dur les patches conte­nus dans la machine, si l’on dépasse les 16 slots dispo­nibles en mémoire interne. C’est assez pratique et il est vrai que l’édi­tion est un peu plus compré­hen­sible à l’in­té­rieur du logi­ciel.

Cela dit, ce n’est pas non plus un foudre de guerre, l’in­ter­face obli­geant de rentrer les valeurs à la souris ou au clavier numé­rique, avec en plus un manque de flui­dité notable. Et l’on s’aperçoit bien­tôt que l’édi­tion à partir du Trig­ger Finger lui-même est aussi effi­cace pour les opéra­tions simples.

Dommage qu’au­cun potar de la machine ne puisse être assi­gné à l’en­trée numé­rique des données dans le logi­ciel ! Heureu­se­ment, Enigma, en plus des patches pré program­més, propose une librai­rie de la plupart des softs du marché.

Ainsi, on peut, par simple glis­ser/dépo­ser, affec­ter la coupure de filtre dans Stylus ou bien le volume de la wave du VCO1 de Oddity à n’im­porte quel contrô­leur. Et là, cela devient vrai­ment sympa, surtout pour les softs qui n’ont pas de fonc­tion MIDI learn.

Le jeu

Malgré le bon toucher que procurent les pads, la première impres­sion n’est pas à la grande souplesse ! En effet, il faut là encore une petite phase d’ap­pri­voi­se­ment, car on a tout d’abord du mal à trou­ver la juste frappe qui permet­tra de program­mer toutes les nuances percus­sives souhai­tées. Cepen­dant, les courbes de vélo­cité dispo­nibles permettent de s’ap­pro­cher beau­coup de ce que l’on veut dans la plupart des cas.

De plus, la sensi­bi­lité à la pres­sion s’avère rapi­de­ment être une fonc­tion parti­cu­liè­re­ment créa­trice, qui permet par exemple de contrô­ler les pano­ra­miques ou les envois dans les effets en temps réel, tout en jouant un pattern : un vrai bonheur ! Ensuite, la présence des potars et des faders complète agréa­ble­ment la pano­plie de pads, décu­plant les possi­bi­li­tés de contrôle des diffé­rents logi­ciels en temps réel.

Enfin, on s’aperçoit que même s’il est essen­tiel­le­ment destiné aux percus­sions, le Trig­ger Finger excelle aussi non seule­ment dans le trig des boucles, notam­ment dans Live, mais aussi dans le jeu des synthés, pour lesquels, en offrant une approche géomé­trique et non pas linéaire, comme peut le faire un clavier, il permet de nombreuses confi­gu­ra­tions parti­cu­liè­re­ment fruc­tueuses, comme la program­ma­tion des diffé­rentes notes d’un accord, ou l’as­si­gna­tion d’un seul instru­ment avec des valeurs de vélo­ci­tés diffé­rentes sur chaque pad…

Conclu­sion

Concur­rence

Contrai­re­ment aux claviers de contrôle, les inter­faces propo­sant des pads ne courent pas les rues. Pour­tant, devant la fréné­sie ryth­mique de nombreux home-studistes, certaines marques tentent la percée.

Ainsi Akai, le grand précur­seur, propose le MPD16, qui offre lui aussi 16 pads, mais un seul fader, pour un prix un petit peu plus élevé. Notons aussi le Kontrol 49 de Korg, qui propose une solu­tion 3 en 1, combi­nant dans une même machine un clavier 49 touches, 8 faders, 8 potars et… 16 pads !

Si l’on est un peu déçu par la sensi­bi­lité dyna­mique des pads (il faut avouer que pour la percus­sion, c’est extrê­me­ment complexe, et que même des machines 50 fois plus chères n’ar­rivent pas à faire beau­coup mieux !), le Trig­ger Finger n’en demeure pas moins un produit inté­res­sant qui permet­tra de faire des saisies ryth­miques de manière intui­tive, quitte à affi­ner ensuite les enre­gis­tre­ments dans le séquen­ceur.

On est surtout rapi­de­ment séduit par toutes les fonc­tions très musi­cales de la machine, et par son ergo­no­mie qui nous change un peu de l’éter­nel clavier. Ainsi, bien que l’en­gin tout comme son éditeur logi­ciel soit perfec­tibles, il appa­raît qu’en regard d’un prix très raiso­nable, le Trig­ger Finger vaut, sinon le détour, dumoins l’es­sai : il se pour­rait bien, d’ailleurs, que certains ne puissent bien­tôt plus s’en passer.

  • L'ergonomie originale.
  • Les 8 potars, les 4 faders.
  • Le prix.
  • La sensibilité des pads.
  • L'édition un peu chatouilleuse au début.
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