Boss nous présente un nouveau délai, le DM-101, qui se distingue par son circuit entièrement analogique reposant sur des puces BBD. Toutefois, la pédale est gérée numériquement, ce qui offre de nombreuses possibilités. Voyons si les termes élogieux utilisés par la marque sont réellement justifiés.
Caractéristiques
Le « Boss DM-101 Delay Machine » est présenté par la marque comme étant un « délai analogique ultime ». Ce qualificatif très flatteur repose sur le fait que ce nouvel effet possède un circuit composé de huit puces BBD (Bucket Brigade Device) dont le principe consiste à retarder le signal sonore en le faisant transiter de condensateur en condensateur. Par ailleurs, ce circuit analogique bénéficie d’un pilotage, qui, lui, est totalement numérique et alimenté par un microprocesseur. Il en résulte la possibilité de sauvegarder des réglages prédéfinis ou de commander la pédale à l’aide d’un contrôleur MDI.
Une fois sortie du carton, on se retrouve avec une pédale aux dimensions de 192 × 133 × 52 mm pour un poids d’environ 830 grammes. Le boîtier n’est pas sans rappeler celui du Boss CE-1 Chorus Ensemble ou encore du Boss RE-20 Space Echo. Il est en outre robuste, un véritable tank diront même certains. La face principale est équipée de cinq potentiomètres dédiés aux réglages : MOD RATE, MOD DEPTH, VARIATON, DELAY TIME, INTENSITY et DELAY VOLUME. Un sixième permet de basculer entre les différents modes, au nombre de douze, parmi lesquels on retrouve les délais suivants : classique, vintage, modern, multi-head, non-linear, ambience, reflect, doubling + delay, wide, dual mod, pan et enfin pattern. Nous disposons également de trois footswitches : ON/OFF, MEMORY et TAP. Ces derniers se contentent d’une pression plutôt courte et ne produisent aucun bruit du type « clic ». Enfin, deux petits boutons-poussoirs MEMORY et TAP DIVISION viennent compléter l’ensemble. Le premier permet de naviguer entre quatre préréglages ou de choisir un mode nommé « manual » qui ne rappelle aucun paramètre. Le second bouton porte bien son nom et sert tout simplement à définir le découpage rythmique avec lequel on souhaite jouer. On y retrouve la blanche, la noire et la croche. On pourra au besoin les pointer ou utiliser des figures ternaires.
En ce qui concerne la connectique, elle se fait sur la tranche supérieure de la pédale. Une seule entrée mono est présente. Bien que Boss évoque dans son manuel la possibilité d’utiliser un clavier, en réalité, le DM-101 ne permet pas de recevoir un signal stéréo. C’est regrettable et il est probable que l’explication soit à rechercher du côté purement technique/électronique et de l’utilisation des puces BBD. En revanche, la sortie pourra être effectuée en mono ou en stéréo. On peut même l’exploiter de différentes façons. Ainsi, plutôt que d’utiliser les deux sorties de manière classique, on peut faire transiter le signal non traité d’un côté et le signal traité de l’autre. Ou encore, ne conserver que le signal traité par l’effet. Par ailleurs, sur les douze délais qu’offre le DM-101, six sont de type mono et six sont utilisables en stéréo.
Le protocole MIDI, dont nous parlions précédemment, devra être utilisé au moyen de deux Jack TRS/MIDI, un pour l’entrée, un autre pour la sortie. Un port mini-USB est également présent sur la DM-101, mais il est réservé exclusivement à la mise à jour du firmware interne. Il n’existe pas d’application PC/Mac qui permette de gérer les préréglages sans passer par la pédale. Précisons d’ailleurs que si la pédale permet d’accéder à quatre préréglages en passant par le boîtier, on pourra en réalité en utiliser 123 autres en utilisant un contrôleur MIDI. C’est pourquoi il aurait été appréciable d’avoir un écran à LEDs nous permettant d’afficher le numéro du préréglage chargé. Soulignons aussi que le protocole MIDI peut être exploité en profondeur et Boss met à disposition un tableau détaillé sur les paramètres à saisir dans nos contrôleurs. Cependant, il ne sera pas possible de modifier le type de délai autrement que par le biais d’un changement de préréglage. La marque offre aussi la possibilité d’étendre les capacités du DM-101 grâce à l’entrée « CTL 1, 2/EXP » en y connectant un commutateur supplémentaire afin de naviguer entre les mémoires ou encore une pédale d’expression pour agir en temps réel sur les valeurs des potentiomètres.
Le bloc d’alimentation est fourni et la pédale demande 9 V pour 250 mA, ce qui est tout à fait raisonnable pour permettre l’utilisation d’alimentations tierces que l’on retrouve souvent sur (ou sous) les pedalboards.
Enfin, pour terminer ce tour du propriétaire, notons que la pédale DM-101 est fabriquée en Malaisie et que son prix de vente au moment de la rédaction de ces lignes est d’environ 450 euros.
Il fait chaud là-dedans !
Comme nous l’avons indiqué auparavant, le Boss DM-101 dispose de douze types de délais, certains monos, d’autres stéréos. Les potentiomètres dédiés aux réglages sont faciles à utiliser et on parvient assez rapidement à obtenir le résultat souhaité. Toutefois, l’action du potentiomètre VARIATION change selon le mode sélectionné sur la pédale. Par exemple, s’il permet de régler la forme d’onde sur les modes classic, vintage et modern, il servira à choisir les combinaisons de têtes à utiliser sur le mode multi-head ou encore à sélectionner un motif rythmique sur le mode pattern. Il faudra éventuellement un petit temps d’apprentissage si l’on souhaite réellement utiliser toute la panoplie de délais. Sans plus tarder, je vous propose d’écouter quelques extraits permettant de se faire une idée des capacités de l’appareil :
- 1 – Classic – MOD RATE 0 – MOD DEPTH 4 – VAR 000:35
- 2 – Classic – MOD RATE 0 – MOD DEPTH 4 – VAR 1000:23
- 3 – Vintage – MOD RATE 2 – MOD DEPTH 3 – VAR 1000:18
- 4 – Vintage – MOD RATE 2 – MOD DEPTH 7 – VAR 400:30
- 5 – Modern – MOD RATE 3 – MOD DEPTH 3 – VAR 300:28
- 6 – Modern – MOD RATE 3 – MOD DEPTH 6 – VAR 700:21
- 7 – Multi-head – MOD RATE 2 – MOD DEPTH 4 – VAR 600:25
- 8 – Non-Linear – MOD RATE 4 – MOD DEPTH 5 – VAR 900:29
- 9 – Ambience – MOD RATE 3 – MOD DEPTH 5 – VAR 300:40
- 10 – Reflect – MOD RATE 2 – MOD DEPTH 6 – VAR entre 2 et 800:26
- 11 – Doubling + Delay – MOD RATE 3 – MOD DEPTH 5 – VAR 1000:13
- 12 – Doubling + Delay – MOD RATE 3 – MOD DEPTH 5 – VAR 10 – DELAY TIME 500:35
- 13 – Wide – MOD RATE 4 – MOD DEPTH 2 – VAR 000:18
- 14 – Wide – MOD RATE 4 – MOD DEPTH 2 – VAR 1000:26
- 15 – Dual Mod – MOD RATE 4 – MOD DEPTH 3 – VAR entre 0 et 1000:34
- 16 – Pan – MOD RATE 4 – MOD DEPTH 3 – VAR entre 0 et 1000:45
- 17 – Pattern – MOD RATE 4 – MOD DEPTH 3 – VAR 800:34
- 18 – Pattern – MOD RATE 6 – MOD DEPTH 6 – VAR 1000:43
La première chose que l’on constate à l’écoute des répétitions générées par le DM-101, et ce, peu importe le mode sélectionné, c’est que le son est chaleureux, vraiment ! La pédale offre des sonorités pleines de rondeur avec une dégradation des répétitions très musicale et délicate. Même le mode modern n’est finalement pas si moderne que cela, il apporte seulement un peu plus de transparence du fait d’un timbre légèrement moins sombre. En revanche, il faudra faire attention aux potentiomètres dédiés à la modulation (MOD RATE et MOD DEPTH) car on peut rapidement « aller un peu trop loin ». D’autre part, j’ai été agréablement surpris par le mode doubling + delay qui permet de donner une sensation de stéréo à un signal mono (exemples 11 et 12). On pourra de la même manière travailler sur l’image stéréo en modulant la phase des deux signaux sur le mode dual mod (exemple 15). En réalité, et c’est plutôt rare sur les pédales offrant des dizaines de variantes d’un même type d’effet, j’ai trouvé tous les modes largement exploitables et faisant preuve de beaucoup de musicalité.
De plus, le potentiomètre INTENSITY qui est l’équivalent du feedback que l’on peut retrouver sur d’autres délais, lorsqu’il est poussé au maximum ou presque, permet de générer un feedback infini. Il est ainsi possible de créer des textures sonores plus expérimentales. Voici un exemple :
J’ai également testé le DM-101 en utilisant une pédale d’expression (une M-Audio non recommandée par Boss, mais qui a fonctionné du premier coup). La configuration est assez simple et se résume à appuyer simultanément sur le footswitch TAP et le bouton TAP DIVISION. On règle le potentiomètre que l’on souhaite moduler sur sa valeur minimale, on rappuie sur TAP DIVISION et on règle ce même potentiomètre sur sa valeur maximale. Le tour est joué ! On pourra répéter cette petite manipulation pour combiner plusieurs réglages. En revanche, tout comme pour la partie MIDI, on ne pourra pas changer de mode en utilisant la pédale d’expression. Quoi qu’il en soit, voici un exemple simple dans lequel je joue avec deux paramètres à la fois :
En conclusion
Est-ce que le Boss DM-101 est le « délai analogique ultime » tel que promis par la marque ? Peut-être. En tout état de cause, avec le DM-101, Boss propose un effet robuste qui trouvera sans difficulté sa place sur un pedalboard utilisé de manière intensive. Les différents délais sont excellents et on obtient instantanément des répétitions chaleureuses, profondes et joliment dégradées. Il est également appréciable que la pédale soit contrôlée numériquement, offrant la possibilité d’utiliser 127 préréglages et permettant d’interagir avec pratiquement tous les paramètres en utilisant un contrôleur MIDI. Toutefois, il aurait été judicieux de pouvoir profiter d’une entrée stéréo pour étendre la compatibilité de l’effet. On aurait également aimé pouvoir profiter d’un petit afficheur à LEDs pour naviguer dans les nombreux préréglages, tout comme on aurait voulu pouvoir disposer d’une application afin de travailler ses sons sur l’ordinateur et pouvoir les synchroniser avec la pédale. Enfin, le prix est élevé, même s’il semble avoir diminué depuis l’annonce du produit. Cependant, il est justifié par les nombreuses qualités mentionnées dans ce test.