Inspirée de la Deluxe Memory Man d’Electro-Harmonix, la nouvelle pédale de J.Rockett Audio Designs débarque sous nos pieds. Reste à voir si le petit click du footswitch nous met une bonne claque...
La marque américaine J.Rockett Audio Designs ne sort pas de pédales tous les jours mais il s’agit souvent de très belles réalisations. Quand l’annonce du Clockwork Echo est tombée, je n’avais donc qu’une seule envie, découvrir ce nouveau delay analogique apparemment fortement inspiré d’un grand classique du genre, le Deluxe Memory Man d’Electro-Harmonix. J’ai donc reçu la pédale dans sa boîte blanche et me suis empressé de l’installer sur mon pedalboard. En avant !
Steve Stevens et cie …
J.Rockett Audio Designs, fondée en 2006 par Jay Rockett et Chris Van Tassel, s’est fait une solide réputation dans le monde des pédales d’effets boutique. Basé aux États-Unis, le fabricant s’est fait connaître grâce à un circuit qui suscite toujours autant de débats et fait toujours couler autant d’encre, celui de la Klon Centaur. La version estampillée J.Rockett, dénommée Archer, est considérée comme une des meilleures reproductions de ce circuit. Steve Stevens lui-même, qui est extrêmement pointilleux et exigeant quand il s’agit de son son de guitare, a fait confiance à la marque pour développer une version signature de l’Archer.
À l’image du guitariste de Billy Idol ou encore de Tim Pierce, de nombreux aficionados de la six cordes se sont emparés des pédales J.Rockett pour les emmener en tournée. Elles sont en effet célèbres pour leurs circuits parfois innovants et toujours bien pensés mais également leur solidité à toute épreuve. Nous allons voir au fil de ce test que la nouvelle réalisation de la marque, le Clockwork Echo, ne déroge pas à la règle et que le cahier des charges de la marque est respecté.
Le tour du propriétaire
L’annonce et la sortie d’une nouvelle pédale, surtout quand on s’appelle J.Rockett Audio Designs, peut être assez compliqué. La spécialité de la marque n’est pas la création de circuits fous et déjantés conçus pour transformer le son de guitare de manière drastique mais plutôt la ré-interprétation et l’actualisation de circuits légendaires. On l’a constaté par le passé, et c’est de nouveau le cas aujourd’hui avec cette nouvelle pédale, le fabricant américain se plaît à remettre au goût du jour ou cloner les circuits de pédales emblématiques de ces cinquante dernières années. Après s’être attaqué avec beaucoup de succès à la Klon Centaur, overdrive devenu légendaire, J.Rockett revient sur le devant de la scène avec le Clockwork Echo. Non seulement la pédale est fortement inspirée du fameux Deluxe Memory Man de la firme new-yorkaise Electro-Harmonix, mais la marque a convié Howard Davis, le concepteur original du Deluxe Memory Man à mettre la main à la pâte.
Le Clockwork Echo est donc une version modernisée de la pédale de chez Electro-Harmonix. Son circuit s’articule autour de plusieurs puces BBD (Bucket Bridage Delay) qui sont contrôlées numériquement uniquement pour la fonction Tap Tempo. À part ce petit segment, tout le circuit est entièrement analogique et ça se sent. La pédale est très complète et dispose même de fonctions assez intéressantes et bien pensées. La Clockwork Echo possède une sortie stéréo (gauche et droite) dont un canal est placé en opposition de phase afin d’obtenir un réel effet stéréo et non pas un « dual mono ». On remarque également deux fiches jack pour l’insertion de pédales d’expression; ces dernières contrôleront le temps du delay et son nombre de répétitions. Cela peut être pratique pour faire partir la pédale en auto-oscillation à la volée et changer le temps du delay pendant un morceau.
Une section modulation est également intégrée à la pédale, avec son propre foot switch d’activation. Ce circuit de modulation génère en réalité un effet de vibrato dont on peut ajuster la vitesse et la profondeur (Speed et Depth). Selon la marque, dans les réglages les plus extrêmes, on peut obtenir un effet de haut-parleur rotatif type Leslie sur les répétitions et même des effets de flanger ou chorus, nous y reviendrons.
En plus des traditionnels potards de Mix, Time et Repeats, le fabricant a eu la bonne idée d’intégrer un boost « always on » qui fonctionne même quand le circuit de delay n’est pas enclenché. Ce boost est contrôlé par le potard Level ; on ajuste en réalité le niveau de sortie global de la pédale ce qui permet, en montant le potard dans ses valeurs maximales, de faire saturer l’entrée de l’ampli sur lequel on joue (si le delay est placé en façade). Le châssis de la pédale est assez imposant mais son design, bien qu’assez basique, est plutôt élégant.
Comme les autres réalisations de J.Rockett, la Clockwork Echo inspire solidité et robustesse; elle ne pèse pas loin d’un kilogramme. Les potard exercent une bonne résistance ce qui permet de les manipuler avec précision, les fiches jack semblent elles aussi très robustes. Bien que la qualité de l’impression réalisée sur la face supérieure de la pédale soit à revoir, l’ensemble dégage un sentiment de fiabilité. Les deux foot switches qui servent à activer/désactiver le delay et l’effet de modulation sont des foot switches avec « clic » alors que celui qui sert à taper le tempo est un foot switch sans clic. C’est assez bien pensé et permet de taper le tempo souhaité avec précision et sans devoir appuyer de toutes ses forces sur le foot switch. Enfin, les LEDs situées au-dessus des foot switches sont assez petites mais remplissent bien leur rôle. Elles sont de couleur rouge et sont donc bien visibles, même celle qui témoigne du tempo en clignotant.
La musicalité d’abord !
Bien que la Clockwork Echo ne soit pas à proprement parler une création originale dans la mesure où elle s’inspire très largement du Deluxe Memory Man, elle possède quand même un caractère bien à elle. Il existe un tas de delays analogiques sur le marché, du plus simple au plus complet, mais le gros point fort de la Clockwork Echo est sa polyvalence. Le circuit de modulation permet d’atteindre des sonorités de delays à bande typiques avec beaucoup de « flutters » et même des sons plus expérimentaux qui rappelleront bien évidemment le Deluxe Memory Man. Cette section Modulation offre la possibilité d’être activée/désactivée à volonté, ce qui permet d’alterner entre un son de delay analogique à puces BBD, très droit et chaleureux, et un son de delay à bande avec plus de charme et de couleur.
- Slap Back00:37
- Slap Back with Modulation00:45
- Medium Delay01:07
- Medium Delay with Modulation00:56
- Long Delay01:23
- Long Delay with Modulation01:07
- Auto-Oscillation01:21
- Level Tweaking01:11
- Mix Lead Hard Rock (Les PaulCustom EMGs)00:39
La marque assure que la pédale génère des sonorités des plus musicales pour un delay. En branchant la pédale et en entendant les notes qui en sortent pour la première fois, on comprend ce que J.Rockett veut dire. Chaque petit plan de guitare semble magnifié par ce delay, comme habillé d’un léger voile qui fournit une jolie couleur et une spatialisation très musicales. Tous les réglages sont parfaitement ajustés et sont exploitables sur toute la longueur de leur course. Le réglage Time permet de générer des delays presque imperceptibles, à la limite du chorus, jusqu’à un temps de 600mS pour des sons beaucoup plus ambiants et luxuriants. Je me suis tout de suite concocté un petit slap-back avec une légère modulation et n’ai pas été déçu, bien au contraire. La sonorité enrichie par le vibrato rappelle sans conteste un delay à bande type Roland Space Echo.
Dans des réglages avec des temps plus longs, la pédale est également très efficace et apporte beaucoup au son de guitare. L’intensité de chaque réglage est reliée à la position du réglage Mix. Ce dernier, comme son nom l’indique, effectue le mélange entre le son Dry et le son Wet. En le plaçant sur sa position minimale, on n’entend que le son Dry et en le plaçant sur sa position maximale, seul le delay se fait entendre. Plus on augmente la quantité de signal Wet dans le mélange, plus l’effet de chaque réglage se fait entendre; logique.
Mais la notion de musicalité apparaît de manière claire et évidente quand on commence à triturer le réglage Level. Dès lors que la pédale est alimentée en tension (9 volts), ce circuit de Clean Boost est enclenché. C’est une fonction très pratique qui permet d’ajouter une légère touche de saturation et d’harmoniques au son, même sans activer la pédale. Branchée en façade de mon petit Marshall Origin 5 réglé pour délivrer un son clair, la pédale a fait des merveilles. Ce Clean Boost à lui tout seul permet déjà d’obtenir un grain très musical et une couleur vintage qui seront davantage mis en valeur dès l’activation du delay. En plaçant la pédale dans la boucle d’effets, ce réglage permettra de bien ressortir du mix en fournissant un boost de volume conséquent. Attention cependant, le boost de volume est tout le temps activé.
Le circuit de la pédale étant entièrement analogique, on obtient des résultats vraiment sympa quand on le fait partir en auto-oscillation en plaçant le réglage Repeats sur sa position maximale. On peut ensuite varier le signal en tripotant le réglage Time et obtenir des résultats très originaux. Comme expliqué plus haut, la Clockwork Echo jouit d’une extrême polyvalence apportée par son circuit très bien conçu et super complet. Quel que soit le style joué, la pédale n’a bronché à aucun moment du test et j’ai toujours su trouver un réglage pertinent pour chaque utilisation, en très peu de temps. En plus d’être polyvalente, la pédale est aussi très simple d’utilisation. Certes, un delay n’est pas l’effet le plus compliqué à comprendre ni à maîtriser, mais on prend rapidement la Clockwork Echo en main et on se sent familier assez vite avec elle.
Un Deluxe Memory Man, en mieux
Howard Davis et les équipes de chez J.Rockett Audio Designs, JRAD pour les intimes, ont très bien réussi ce nouveau delay. Il rappelle évidemment la pédale d’Electro-Harmonix dont il est inspiré, mais son circuit très intelligemment conçu lui permet de s’affranchir de ce cousinage et d’affirmer une personnalité pleine de charme et de musicalité. Seul le tarif un peu élevé constitue un point négatif. Il fait partie, selon moi, des delays analogiques les plus intéressants et musicaux qu’on puisse trouver en ce moment. Mon petit Maxon AD10, pourtant très performant, ne tient pas du tout la comparaison et pourrait bien se faire remplacer à terme par ce très réussi Clockwork Echo. Bien joué JRAD !