Après le Japon et la Corée, la Chine se positionne aujourd’hui au sommet de l’échelon en matière d’électronique. Elle ne cesse d’accroître ses capacités et réalisations dans cet environnement quotidien qui est nôtre. Mais qu’en est-il réellement lorsqu’il s’agit d’aborder l’univers musical ? Sans plus attendre, penchons-nous un instant sur ces créateurs conceptuels, soucieux de nous emmener aux portes du Nirvana.
La firme chinoise « Mooer », se qualifie comme une entreprise spécialisée dans la technologie dynamique et innovante ; dirigée vers la recherche, la fabrication et la commercialisation d’instruments de musiques électroniques, allant du processeur synthétiseur, en passant par les systèmes audio, ou encore le numérique. Pourquoi n’aurait-elle pas profité de ce savoir-faire pour se mettre à l’ouvrage en créant des effets en tous genres destinés aux guitaristes ! (et bassistes, pardonnez-moi…)
Force est de constater que le défi relevé lors de la présentation d’une dizaine de pédales (Overdrive, Delay, Chorus, Reverb, Octaver, Fuzz, etc.) au salon du NAMM en 2012, s’est révélé concluant, puisque pas moins de 30 modèles existent aujourd’hui. L’heure est venue de nous attarder sur trois d’entre elles, nommées respectivement « Rage Machine », « Triangle Buff » et « Ana Echo ».
Conception
Au premier coup d’œil, une particularité commune les distingue : le format relativement petit. En effet, chacune mesure environ la moitié de la taille d’un modèle traditionnel (9 × 3,7 cm). La robustesse semble néanmoins au rendez-vous car elles se présentent toutes sous la forme d’un solide boîtier métallique. L’aspect, mais surtout la finition propre de chaque effet nous évoquent certaines similitudes avec d’autres modèles légendaires, comme dans le cas présent où la « Ana Echo » s’apparente aux légendaires Ibanez AD9/Boss DM-2 ; la « Rage Machine » nous rappelle par ailleurs la Boss Metal Zone, ou encore la « Triangle Buff » plutôt orientée Big Muff.
Toutes équipées d’un True Bypass, lorsque la pédale est désactivée, le signal émis par l’instrument ne passe pas dans les circuits électroniques, mais directement de l’entrée vers la sortie. Ceci permet de garantir la neutralité de ce signal audio lorsque la pédale est en mode off (LED lumineuse éteinte). Ceci est d’autant plus valable que le son n’est pas muté, même lorsque la pédale n’est pas alimentée.
À ce sujet, il faudra toujours veiller à les accompagner d’une alimentation 9 volts (optionnelle) car malheureusement, ni cavité, ni emplacement stratégique (il fallait s’y attendre vu le gabarit) n’a été prévu pour y accueillir une pile.
Enfin, dans le souci du détail, les connectiques jacks 6,35mm ont été placées, non pas en vue face-à-face sur les côtés respectifs droit et gauche du boîtier, mais légèrement en décalé de telle manière à améliorer leur insertion dans un pedalboard. Pour ma part, je ne dirais qu’une chose sur ce point : « bien vu ! »
Rage Machine : La rage à tous les étages !
Un nom porté avec brio, car l’essai de cette pédale nous plonge immédiatement dans le style Metal issu de ces trente dernières années.
Les contrôles sont Volume, Bass, Treble, ainsi qu’un potard central nommé « Rage » qui, en fonction de son ouverture, accentue le gain tout en apportant le mordant nécessaire au son saturé. L’expressivité de la saturation s’exprime ainsi pleinement en fonction du grain recherché. Il est certain que cette dernière possède du caractère. Vous remarquerez, notamment sur le second exemple audio, qu’en fonction de l’exploitation de celui-ci, une légère compression entre en action. L’égalisation deux bandes est très efficace, alliant ainsi les sons tranchants dignes des plus grands riffs de heavy métal, pour obtenir une sonorité lourde et massive, une fois les graves accentués. Ayant moi-même possédé une Boss Metal Zone, je vous affirme que la ressemblance est flagrante. Dans les exemples qui suivent, certains riffs ont été doublés à l’unisson dans la pure tradition des productions de ce style musical, ceci pour une meilleure observation de son utilisation dans un contexte home-studio.
Les samples ont été réalisés à l’aide d’une guitare montée de 2 micros doubles bobinages, un combo Fender 15 watts à lampes (HP de 10 pouces). Prises son : un micro Shure SM57 + Sennheiser E609, préampli aux réglages neutres, carte son. Son clean à l’ampli et aucun effet additionnel pour les pédales « Rage Machine » & « Triangle Buff ». Son clean sur les exemples 1 & 2 pour la Mooer « Ana Echo », et canal légèrement crunchy à l’ampli pour les exemples 3 & 4.
Configuration :
- Micro Double Bobinage position Chevalet
- Low : 8 Low : 7 Low : 6
- Level : 4 Level : 4 Level : 4
- High : 5 High : 5 High : 6
- Rage : 0 Rage : 5 Rage : 10
- Mooer Rage Machine Ex1 00:21
- Mooer Rage Machine Ex2 00:29
- Mooer Rage Machine Ex3 00:46
Triangle Buff : Bluffante !
Cette pédale comporte le mot « Triangle » (pour le positionnement des 3 potentiomètres en triangle), ce qui signifie au bas mot que la firme Mooer s’est inspirée de la première version de la légendaire EHX Triangle Big Muff, qui a accompagné les plus grands groupes de rock dans les années 70 (souvent plébiscitée par les guitaristes en raison de sa sonorité grasse et chaude, mais aussi par son sustain fabuleux). Initialement, rappelons que la Big Muff n’est pas une Fuzz par excellence, mais davantage une Overdrive poussée jusque dans ses retranchements.
Trois contrôles pilotent la bête : un potentiomètre « Volume » qui ajuste le volume du Fuzz, un second « Tone » qui dose cette fois la tonalité de l’effet, et enfin en son centre, le prénommé « Sustain » qui amplifie le gain.
Dans le cas présent, la « Triangle Buff » est plutôt une réussite. Amateur de Fuzz issues de marques concurrentes, une fois celle-ci branchée, la surprise et la musicalité sont au rendez-vous. Mais il est fort probable qu’elle ne puisse convenir à tous ! Je vous avoue avoir eu peine à trouver un son doux et crémeux afin de colorer simplement un son clean, comme nous pourrions l’associer aux enregistrements de la fin des Sixties et début des Seventies. Une riche expressivité se manifeste immédiatement. Mais non dénuée d’intérêt, pour ma plus grande satisfaction, elle trouvera une place exemplaire dans des registres plus Rock/Grunge/Stoner.
Configuration :
- Ex1(a) : Micro Double Bobinage position Chevalet / Ex1(b) : Micro Double Bobinage position Manche
-
- Level : 4 Level : 4
- Tone : 0 Tone : 0
- Sustain : 10 Sustain : 10
- Ex2(a) : Micro Double Bobinage position Chevalet / Ex2(b) : Micro Double Bobinage position Manche
-
- Level : 5 Level : 5
- Tone : 10 Tone : 10
- Sustain : 0 Sustain : 0
- Ex2© : Micro Double Bobinage position Chevalet – x2
-
- Level : 5
- Tone : 10
- Sustain : 0
- Ex3 : Micro Double Bobinage position Manche – x2
-
- Level : 5
- Tone : 5
- Sustain : 5,5
- Mooer Triangle Buff Ex1a 00:15
- Mooer Triangle Buff Ex1b 00:17
- Mooer Triangle Buff Ex2a 00:15
- Mooer Triangle Buff Ex2b 00:15
- Mooer Triangle Buff Ex2c 00:15
- Mooer Triangle Buff Ex3 00:32
Mooer Ana Echo : Petite, mais…
Nous sommes ici avec un concurrent direct de la Boss DM2. Cet effet est un Delay analogique, qui conserve sa livrée mauve. Il est conçu à la manière de ses ancêtres, avec un circuit électronique composé de la puce 3205BBD, très proche du Mn3205 utilisé dans la pédale DM2 Vintage. Résultat, la sonorité claire et chaleureuse laisse place à tous types d’expressivité. En effet, le résultat est très intéressant, que ce soit en mode « Pink Floydien » ou encore « Rockabilly ». Il rappelle le modèle des années quatre-vingt, par sa sonorité rétro et ce retard plafonnant (au maximum) à 300 millisecondes (Delay 20ms – 300ms).
Ce Delay mono est contrôlé par trois potentiomètres. Le réglage « Echo » ajoute une résonance à l’effet, permettant de le rendre plus atmosphérique. Idéal pour embellir un son clair, épaissir un jeu très fin, ou lisser un solo. Un second nommé « Intense » permet d’ajuster le feedback. Enfin, le plus important « Rate » situé au coeur de la pédale varie le temps du Delay en fonction de sa rotation.
Configuration :
Ex1 : Micro Position Manche / Ex2 : Violoning / Ex 3 : Micro Position Chevalet
- Echo : 7,5 Echo : 10 Echo : 3
- Intense : 5 Intense : 5 Intense : 2,5
- Rate : 1 Rate : 0 Rate : 7
Ex4 : Noisy (laisser simplement la guitare résonner)
- Echo : 10
- Intense : (Rotation dans second temps de 10 à 0 une fois l’aigu atteint)
- Rate : (Rotation dans 1er temps de 0 à 10 du grave vers l’aigu)
- Mooer Ana Echo Ex1 00:31
- Mooer Ana Echo Ex2 00:32
- Mooer Ana Echo Ex3 00:26
- Mooer Ana Echo Ex4 00:39
En conclusion
Les trois pédales que nous avons passées en revue possèdent toutes d’incontestables qualités. Pour ma part, si vous êtes à la recherche d’effets du genre à moindre coût (entre 80€ et 90€ en moyenne), je vous recommande vivement de les essayer. De tailles réduites, dotées d’un véritable True Bypass, aux sonorités dynamiques et expressives, elles sauront se frayer un chemin dans tout type de jeu, mais aussi de Pedalboard. À ce sujet, seul point noir au tableau : l’impossibilité de les alimenter par pile. Afin de combler cette lacune, Mooer propose son propre PedalBoard où il sera possible d’intégrer 5 modèles au choix selon les souhaits de chacun, tout en y trouvant une alimentation intégrée. (44€ en moyenne). Enfin, il est dorénavant plus facile de les trouver sur le territoire Français, étant distribuées depuis le 23 avril 2013 par la société Hi-Tech Distribution.
À vous de jouer !