Les effets Nux commencent à être disponibles dans les magasins français avec une gamme de produits lorgnant très clairement sur le meilleur rapport qualité/prix possible. Au détriment du son ?
La Plexi Crunch ne cache pas son jeu : une pédale Marshall-in-a-box aux couleurs anglaises. Le look doré et noir affiche clairement le topo pour un effet analogique de la série « Reissue » muni de quatre réglages de master (volume), gain, tone et présence. Sur le papier, le tableau est alléchant pour 45 euros : true bypass, réglage de tonalité actif plutôt que passif, trois étages de gain dans un circuit à transistors FET. Les informations sont imprimées sur une plaque en plastique collée sur un boîtier en métal d’apparence très solide, une façon de réduire les coûts pour proposer les mêmes boîtiers pour la série complète. Quoi qu’il en soit, la solidité est au rendez-vous et la finition est soignée même si on peut reprocher une relative sensation de fragilité des potards lorsqu’on les tourne. Même si nous avons le plaisir de découvrir une pile de 9 volts offerte dans l’intelligente cavité dédiée, l’effet peut être alimenté par une prise secteur de type Boss 9 volts standard pour une consommation de 20 mA.
Ça crunche… Beaucoup !
Comme il est de tradition, l’effet est enclenché avec tous ses réglages à midi. On constate déjà deux choses : le volume positionné ainsi est plus faible que le son clean, on le pousse donc aux ¾ pour avoir une équivalence. De plus, le taux de saturation est déjà bien énervé, quelque chose nous dit que cette pédale n’est pas faite pour les peureux… Le grain est beau et puissant, très anglais ce qui est tout de même l’objectif de base de la Plexi Crunch. En baissant le taux de gain, jamais nous n’obtiendrons de sons crunchs typiques d’un Marshall calme avec la guitare dans l’entrée low de l’ampli. Pour ce faire il faut baisser drastiquement le volume de la guitare, mais dans ce cas on perd de la dynamique. Entendu, c’est une vraie pédale de saturation, qu’on se le dise. Le terme « crunch » dans son nom est donc totalement hors sujet, il faut l’appeler la « Plexi Distortion » ! Le son devient trop pâteux avec le potard de gain au minimum, abandonnons donc le son clean ou blues et remontons ce dernier à la moitié.
De très belles harmoniques fusent, on entend bien le côté analogique de la pédale, rien de chimique ne vient gêner l’oreille. Quand on manipule le potard Tone on comprend bien pourquoi ce dernier est annoncé comme étant actif, car contrairement aux « tones » « normaux », celui-ci ajoute des fréquences plutôt que d’en retrancher. Sculpter le son devient ainsi un jeu d’enfant pour adapter la pédale à l’ampli sur lequel elle est branchée. Ce potard sera apte à éclaircir l’effet dans le canal clair un peu paresseux d’un ampli à transistors par exemple. Le bouton de présence quant à lui se charge de modeler ces hautes fréquences légendaires de la marque au M avec cette fois-ci un réglage efficace (les amplis Marshall à l’ancienne étant connus pour présenter des potards de présence à l’action trop discrète, bien que réelle). On reconnaît bien là le son britannique qui a envahi notre culture rock depuis des décennies, et qui continue toujours de le faire avec bonheur, d’ailleurs. L’interaction entre les boutons de tonalité et de présence est intéressante, pas besoin de plus, car l’égalisation de votre ampli jouera son rôle une fois votre sweet spot trouvé.
Le son est réaliste dans le registre anglais énervé donc, mais l’effet souffre néanmoins d’un défaut supplémentaire. La JS1000 ayant servi de test est équipée de splits et il est quasi impossible d’entendre la moindre différence entre les micros splittés ou en full humbucker avec cette pédale. Que ce soit en manche ou au chevalet, la nuance et la subtilité ne semblent pas être son fort, mais cela aurait été un miracle absolu pour le tarif affiché. Dommage, les Marshall étant les amplis justement parmi les plus sensibles au signal entrant.
Rapport qualité/prix incroyable
Ne terminons surtout pas notre test par une observation négative, car le tableau est fort réjouissant. Il est très agréable de faire face à des produits dont les prestations sont bien supérieures au tarif annoncé, en l’occurrence de 45 euros. Rendez-vous compte, 45 euros ? Le son est bon, la construction inspire confiance et résistera aux assauts de vos boots malpropres. Le contrat est rempli… Pour peu que l’on soit prévenu que cet effet est réservé aux fans de heavy metal et hard anglais qui ne jurent que par la saturation épaisse et riche. Point de blues ni de crunchs au programme donc malgré un nom évoquant l’inverse. Si votre budget est serré et que vous cherchez une pédale qui entre dans cette catégorie et dans ce style, la Plexi Crunch n’a très certainement pas à avoir honte. Il est totalement impossible de mettre moins de 4 étoiles sur 5, Nux semble avoir quelque chose à dire sur le marché de l’effet pas cher, mais musical.
Un grand merci au magasin Hendrick Music pour le prêt de l’instrument (page Facebook du magasin).