Avec le test de la pédale de distorsion Mutterstolz sortie cette année après sa présentation au NAMM, Audiofanzine saute sur l’occasion pour vous faire part de son avis sur d’autres pédales de la série Root Effects de chez Palmer telles la Kaputt, l’Automat et un delay analogique avec compresseur intégré sorti en août 2012, la Timepressor, que nous allons examiner ici.
Passera-t-elle le test du temps ?
Déballée de son carton dans lequel nous avons trouvé une notice (en français, entre autres) et une petite attention bien sympathique, deux médiators (qui renforceront sans aucun doute l’amitié franco-allemande), la Timepressor conserve les formes et le concept des autres pédales de la série Root Effects, dans sa taille la plus large (120 × 60 × 150mm), la même que l’Automat, mais avec un poids à peine plus léger (950 g). Du coup, elle en conserve aussi les défauts et les qualités. Si les embouts des jacks seront bien protégés par sa base en acier qui la dépasse sur son haut et sur ses côtés, cette dernière nous compliquera le branchement de câbles patchs coudés pourtant fréquemment utilisés dans les pedalboard (voir photo).
Sur cette même base, vous pourrez remarquer deux trous à ses extrémités, sur le haut, afin de pouvoir visser la Timepressor à votre planche à pédales si vous en possédez une. Dans le cas contraire, il y a un patin vraiment antidérapant sous l’appareil couvrant toute sa superficie, excepté bien entendu le logement de la pile 9 V.
Si vous n’utilisez que des alimentations, la connexion se fera près de l’Input sur la face haute du boîtier de couleur jaune clair (pour le différencier du jaune foncé de la Distortion, une autre Root Effects). Sur sa gauche se trouve un bouton Pre/Post qui sert à déterminer si l’on veut de la compression avant ou après le delay.
Nous trouverons au centre le classique et solide footswitch avec sa LED rouge sur la droite pour nous informer de la mise en service de l’effet et de l’usure de la pile.
Enfin, juste au-dessus, les six potentiomètres métallisés, robustes et légèrement résistants quand on les tourne (pile ce qu’il faut) paramètrent nos effets.
Avant de nous intéresser à leurs fonctions, nous noterons que globalement, cette pédale, comme toutes celles de la série, a été conçue pour durer. Elle devrait logiquement survivre aux tournées les plus périlleuses et donc passer le test du temps avec mention très bien et félicitations.
« Time, it needs time… » (Still Loving You — Scorpions)
Notre Timepressor embarque les potards que l’on retrouve sur l’écrasante majorité des delays analogiques : un bouton Rate, habituellement appelé Time ou Delay sur les autres pédales, qui nous permettra de choisir la durée (700 ms maxi) entre les échos. Complètement à 0, il n’est pas vraiment bypassé, on peut malgré tout entendre, aussi rapide soit-elle, une petite répétition. Pour en choisir la récurrence, on trouvera à sa droite un potentiomètre Repeat. Quand il est au minimum (comme pour le Rate, on ne pourra pas complètement le désactiver), nous aurons un seul écho, bien utile pour des effets de style slapback. À fond, nous en obtiendrons une infinité, souvent utilisée pour produire des effets psychédéliques comme nous le verrons par la suite.
Tout à fait à droite nous trouverons un potard beaucoup plus rare sur ce type de stompbox, un Tone qui obscurcira ou éclaircira les répétitions.
Sur la rangée du dessous, l’usuel Mix nous permettra de mélanger le signal traité et le signal d’origine. Plus il sera à gauche et plus les répétitions l’emporteront sur notre son brut, jusqu’à le couper complètement si le bouton est à 0. Au milieu, les deux seront à égalité. Enfin, plus nous le tournerons vers la droite, et moins le delay se fera sentir jusqu’à se désactiver complètement si le potard est au maximum. Il aurait été plus logique et préférable que tout se fasse plutôt dans l’autre sens, que le signal brut soit à 0 et le signal traité avec le potentiomètre à fond.
Un peu moins commun : le Threshold. C’est le seuil d’entrée de notre compression. À zéro, il n’y en aura pas du tout, mais plus on tournera le bouton à droite et plus elle se manifestera. Quand le bouton Post, sur le haut de la pédale, est enfoncé, la compression se fait sur les répétitions.
Reste le Level qui ajuste le niveau de sortie de la pédale. Au minimum, elle sera inaudible. À midi, le niveau sonore sera équivalent au niveau de notre signal d’origine. À fond, l’ensemble sera boosté.
Il est temps de passer à la pratique. Pour cela j’ai branché ma Fender Telecaster Deluxe dans un ampli Mesa Boogie Triaxis+2:90 qui sort dans un simulateur de HP Two Notes Torpedo Live.
Pour le premier exemple, j’ai voulu vérifier si l’on pouvait donner une toute autre application à notre pédale. Puisque le Level augmente le volume, je me suis demandé si l’on pouvait utiliser uniquement cette fonction. Je l’ai donc mis au maximum et le Mix à fond (enfin, zéro quoi) en mettant tout le reste au minimum. Et ça marche. Si vous vous lassez du delay, gardez-le quand même, il pourra toujours vous servir comme clean boost. Dans cet exemple, j’alterne le son original et celui de la pédale.
Dans les quatre exemples suivants, je me suis servi de l’appareil dans son vrai rôle de delay en bypassant la compression (Threshold à 0). Pour l’exemple 2, les Rate et Repeat sont à zéro, le Mix et le Tone sont à midi. Malgré le Rate inactif, on sent une petite différence qui transforme le delay en Room Reverv (type salle de bain pour être précis). Essayez ce réglage sur du strumming, ça gonflera votre son et lui ajoutera un peu de brillant. Ensuite j’ai voulu écouter ce que donne un slapback echo sur notre Timepressor. Je commence avec une rythmique un peu rockabilly en mettant un temps de retard très court (Rate au 1/4) et le Repeat à zéro (une seule répétition donc) comme dans l’exemple 3. Dans l’exemple suivant, j’augmente le temps (Rate au 2/3) pour que le retard tombe sur la croche, dans le style Nuno Bettencourt/Yngwie Malmsteen/Eddie Van Halen. Enfin, pour l’exemple 5, je garde le même temps, mais j’augmente le Repeat presque au maximum pour une rythmique à la Fink Ployd.
- 2 strumming bathroom tone mix midi reste0 levelfull 00:08
- 3 rockab tone mix midi ratequart repeat0 thr0 levelfull 00:28
- 4 slapbackcroche mixmidi rate2tiers repeat0 thr0 tonemidi levelfull 00:17
- 5 rate2tiers repeatquasifull tonefull mixmidi level2tiers thr0 00:33
Je vous propose maintenant d’écouter l’impact du bouton Tone sur les répétitions : je joue un accord sec avec le Repeat au maximum, et pendant qu’il se renouvèle indéfiniment, je tourne le bouton. (Exemple audio 6)
Parlons maintenant de la compression, vraie originalité de cette pédale. Pour ceux qui se demandent son intérêt sur un delay, voici un petit récapitulatif des 3 modes que l’on peut obtenir :
- Normal, sans compression, Threshold à 0, les répétitions sont fortes et chevauchent les notes que nous jouons. Elles s’évanouissent progressivement.
- Post avec Threshold au maximum. La même chose que le mode normal, mais les répétitions ne mangent pas notre signal brut, elles sont plus discrètes, mais se maintiennent à un niveau élevé. Elles s’évanouissent aussi plus tardivement. C’est un mode intéressant quand on joue des notes pas trop espacées, notre jeu est moins brouillon qu’en temps normal même si l’on entend clairement l’écho quand on s’arrête.
- Pre avec Threshold au maximum. Les répétitions sont beaucoup plus discrètes et meurent beaucoup plus vite. Elles restent présentes, mais on ne les entend presque pas quand on joue. C’est un mode très efficace en solo.
Voilà finalement l’intérêt fondamental d’une compression dans une pédale de delay : obtenir l’imitation d’un delay dynamique (l’écho n’est audible que lorsqu’on s’arrête, jamais quand on joue) sur une pédale analogique (produisant des répétitions caractéristiques de type « LoFi »).
Voici quatre extraits audio qui vous exposeront leurs différences. D’abord les trois modes sur un accord plaqué, puis trois phrases lead à peu près identiques, la première normale, la deuxième en Post et la troisième en Pre.
- 7 3modes rate2tiers repeatquasifull tonemixmidi thrfull 00:24
- 8 normal toutmidi thr0 00:26
- 9 post toutmidi level2tiers post thrfull 00:27
- 10 pre toutmidi thrfull pre level2tiers 00:26
Pour finir, avec l’exemple 11, un petit trip psychédélique obtenu avec le Repeat à fond et un Rate passant du maximum au minimum (le Tone bouge un peu par-ci par-là).
N.B: au cours de cet essai, j’ai malheureusement pu constater que la pédale soufflait parfois (ce n’est pas toujours le cas, mais réécoutez le début de l’exemple précédent). Je n’ai pas de preuve absolue que ça ne vient pas de mon installation électrique, à vérifier en magasin donc.
N.B 2 : Si vous mettez votre Repeat à fond, que vous désactivez la pédale, et que vous la réactivez, vous entendrez encore les échos précédents. Attention donc sur scène avec vos réglages !
Pressious Time
Qu’est-ce qui démarque en définitive la Timepressor des autres delays pour guitare, qui plus est dans un secteur déjà ultra concurrentiel ? Au prix de 118 € (environ 90 € en magasin), elle est un peu plus chère que beaucoup de ses rivales d’entrée de gamme, souvent de bonne facture. Cette différence de prix me semble malgré tout justifiée dans la mesure ou nous avons là affaire à une vraie pédale analogique, dont la durée de delay atteint 700 ms (soit bien plus que la majorité de ses adversaires directes), mais qui peut aussi se comporter comme un delay dynamique convainquant par sa chaleur, sa clarté et sa flexibilité. « Ti-i-iiime is on my side…yes it is! ».
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