La marque Strymon a décidé cette année d’actualiser quelques-uns de ses grands classiques. Nous avions ainsi déjà testé la nouvelle version de la blueSky et il était impossible de ne pas essayer l'écho à bande El Capistan. C’est maintenant chose faite.
Tope-là !
Si vous avez déjà consulté le test de la seconde version de la « blueSky », alors vous ne serez pas étonnés de retrouver énormément de points communs avec la « El Capistan » qui, comme auparavant, simule des delays à bandes. Encore une fois, il s’agit là d’une mise à niveau d’un modèle très populaire qui avait déjà bénéficié d’une bonne réputation. Au déballage, on retrouve un boitier en aluminium aux dimensions standardisées pour cette série de pédales avec 11.4 cm x 10.2 xm x 4.4 cm, ce qui en fait un format facile à intégrer sur de petits pedalboards. La face principale a été revue et corrigée. Ainsi, outre la nouvelle disposition des potentiomètres « WOW & FLUTTER », « TAPE AGE » et « REPEATS », déjà présents sur l’ancienne version, la marque américaine a rajouté une réverb à ressorts que l’on pourra doser à l’aide du potentiomètre « SPRING ». Pour le reste, on retrouve bien entendu les deux potentiomètres « TIME » et « MIX » à leur place habituelle ainsi que les deux petits switchs « tape head » et « mode » comme c’était déjà le cas sur la première génération. Les footswitchs « ON » et « TAP » ainsi que leurs LEDs respectives sont également toujours là. Ces LEDs vont par ailleurs servir à s’y retrouver dans les diverses manipulations de cette pédale.
C’est sur la face destinée à la connectique que cette nouvelle mouture se démarque le plus. Tout d’abord, il est maintenant possible de choisir entre un signal d’entrée mono ou stéréo. L’entrée dédiée à la pédale d’expression se voit dorénavant notée « EXP/MIDI », ce qui bien entendu, pourra être considéré par beaucoup comme un game-changer. Tout comme son équivalent dédié à la réverbération, la « El Capistan » offre un support complet du protocole MIDI pour la contrôler. On pourra faire transiter des informations MIDI par cette entrée ou par le port USB-C qui équipe, lui aussi, dorénavant ce delay. La marque américaine a conçu la pédale de telle sorte qu’il est possible d’y stocker jusqu’à 300 presets que l’on peut rappeler en envoyant des « Program Change ». Les réglages des différents presets pourront quant à eux être contrôlés en transmettant des informations de type « Control Change ».
Le circuit utilisé dans cette pédale a également bénéficié d’une mise à niveau avec un changement de DSP pour un modèle plus véloce et davantage optimisé en plus d’une nouvelle entrée de type Class A JFET. Ces améliorations techniques sont les bienvenues pour se mettre au niveau des standards de 2022.
La « El Capistan » propose aussi quelques options en bonus qui sont loin d’être inintéressantes. On notera ainsi qu’il est possible de calibrer le niveau de sortie de la pédale en ajoutant ou en enlevant jusqu’à 3 décibels. Il est également possible de régler le niveau d’entrée sur un mode « instrument » ou « ligne ». Ce dernier permettra d’utiliser la pédale dans des configurations variées qui ne se limitent pas uniquement au monde de la guitare et de la basse. De la même manière, si la « El Capistan » est par défaut une pédale de type « True Bypass », il est possible de basculer celle-ci sur un mode « Buffered Bypass ». Strymon offre également la possibilité d’activer le mode « Spillover » qui permet de laisser les répétitions se terminer lorsque l’on coupe la pédale ou lorsque l’on bascule sur un autre preset.
Ce delay est alimenté à l’aide d’un bloc 9 V DC pour au moins 300 mA. Ce dernier est fourni avec la « El Capistan ». Ce format d’alimentation est toujours le bienvenu car il est aujourd’hui assez courant de trouver une sortie suffisamment puissante sur un bloc d’alimentation destiné à équiper un pedalboard.
Terminons le tour du propriétaire en notant que ce Tape Echo est conçu et fabriqué aux Etats-Unis. La qualité générale semble excellente et on est face à un produit aux prétentions plutôt haut de gamme. Ceci se traduit naturellement par un prix, lui aussi luxueux, d’environ 430 euros au moment de la rédaction de ce test. C’est une centaine d’euros de plus que la première génération.
Où avais-je la tête ?
La « El Capistan » offre 3 types de delays avec pour chacun 3 modes d’utilisation. Ainsi, Les switchs permettent de varier la configuration des têtes de lecture, de la bande et leurs modes de fonctionnement. Sur le réglage « fixed » il est possible de choisir un delay à la double-croche, à la croche ou à la noire. En basculant sur l’option « multi tape », on a le choix entre trois binômes de têtes de lecture dont la position sur la bande sera différente, ce qui influencera le rendu final. Enfin, la dernière position notée « single », propose d’agir sur la vitesse de rotation du moteur de la bande. Notez cependant que le mode « C » dans cette configuration est une sorte de looper à bande que Strymon nomme « Sound On Sound ». Son utilisation est quelque peu déroutante au premier abord mais une fois maitrisée, ce mode pourra être un outil créatif intéressant.
Il est possible d’influer sur le vieillissement de la bande à l’aide du potentiomètre « TAPE AGE » et sur le taux de fluctuations de la vitesse de la bande à l’aide du réglage « WOW & FLUTTER ». La combinaison de ces deux réglages permet de passer d’un delay plutôt transparent et propre à quelque chose de plus « abîmé » avec notamment des dégradations tonales.
Certaines fonctionnalités sont quant à elles cachées et accessibles uniquement par des combinaisons entre les footswitchs et les potentiomètres. Ainsi, un réglage « LOW END CONTOUR » permet, comme son nom le laisse deviner, d’agir sur les basses fréquences des notes répétées. De la même manière, se cache un réglage « TAPE CRINKLE » qui permet d’agir sur le niveau de dégradation physique de la bande. En abusant de ce réglage on génère des sortes d’artefacts dans les répétitions. Enfin, il est possible d’agir sur le bias avec le réglage « TAPE BIAS ». Vous l’aurez donc compris, même si la « El Capistan » est capable d’offrir un delay plutôt sage, le charme de la pédale reste tout de même sa capacité à dégrader les répétitions en les torturant un peu et de diverses manières.
Voici quelques exemples que j’ai pu obtenir en jouant avec ces différents réglages sur la pédale :
- 1 – Fixed – MODE A – tout à midi – Spring 300:18
- 2 – Fixed – MODE B – Tape Age 2 – Spring 500:20
- 3 – Fixed – MODE C – tout à midi – Spring 700:28
- 4 – Fixed – MODE C – WF 2 – Tape Age 7 – Spring 500:32
- 5 – Multi – MODE A – WF 5 – Tape Age 0 – Spring 200:39
- 6 – Multi – MODE B – WF 8 – Tape Age 4 – Spring 400:38
- 7 – Multi – MODE C – WF 2 – Tape Age 5 – Spring 300:35
- 8 – Single – MODE A – WF 2 – Tape Age 5 – Spring 300:41
- 9 – Single – MODE B – WF 9 – Tape Age 10 – Spring 600:51
- 10 – Single – MODE C – WF 6 – Tape Age 6 – Spring 600:42
Comme vous pouvez l’entendre, les répétitions sont chaleureuses avec un petit quelque chose d’organique qui nous fait oublier le fait qu’il n’y a absolument aucune bande ni tête de lecture dans ce boitier. Il est possible d’aller très loin vis-à-vis du niveau de dégradation du signal et la manière dont on souhaite que celui-ci soit dégradé. Ceci offre une palette de couleurs immense dont il serait impossible de faire le tour dans le contexte de notre seul test. Pendant ce même test, j’ai tourné les boutons dans tous les sens sur tous les modes disponibles et j’ai toujours trouvé les résultats obtenus intéressants et qualitatifs. Il n’y a rien à jeter et beaucoup de sonorités sont inspirantes (un peu comme dans l’exemple 9). De plus, l’ajout d’un potentiomètre dédié à la simulation d’une réverbération à ressorts est un vrai bon point qui offre un peu plus de polyvalence encore à la « El Capistan » nouvelle génération.
Pour ce qui est du reste, l’intégration du protocole MIDI est complète avec la possibilité de contrôler chaque réglage, de passer d’un preset à l’autre, de synchroniser le tempo, etc. Rien ne manque si ce n’est peut-être un retour visuel, même minimaliste sous forme d’écran. J’avais déjà fait part de ce manque pour la « blueSky » et bien entendu, je ne peux que me répéter pour la « El Capistan ». Il est possible de stocker 300 presets, et même si on pourra probablement faire notre vie avec seulement un dixième d’entre eux, un retour visuel sur la pédale aurait apporté un confort non négligeable. De la même manière, on ne peut qu’espérer voir apparaitre une application permettant de gérer les presets stockés dans la pédale en passant par le port USB-C. De plus, les nombreuses options plus ou moins cachées qu’offre cette pédale ne sont pas marquées sur celle-ci. C’est bête mais lorsque l’on utilise plusieurs pédales différentes, que l’on ne touche pas à nos réglages tous les jours, il n’est pas évident pour tout le monde de se rappeler que la deuxième fonction du potentiomètre « WOW & FLUTTER » est le « TAPE CRINKLE », même s’il s’agit dans les deux cas d’agir sur deux réglages à la fonction musicale assez proche.
Pour conclure
C’est sans surprise que la marque américaine Strymon nous offre une nouvelle mouture de qualité de la « El Capistan ». Les nouveautés sont pertinentes et il est clair que la possibilité de contrôler la pédale avec le protocole MIDI est un ajout loin d’être anecdotique, encore plus pour un effet tel que le delay. La « El Capistan » est une pédale polyvalente mais avec du caractère, capable d’offrir des sonorités originales et inspirantes. Il ne fait aucun doute qu’elle saura trouver sa place dans une multitude de configurations variées et parfois éloignées de la seule planche à pédales du guitariste et bassiste. En revanche, la pédale « El Capistan », comme toutes celles de la série, reste onéreuse.