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Test de l'overdrive pour basse Darkglass Electronics Vintage Deluxe v2 - Piment frappé dans verre fumé

8/10

Il était une fois, dans un pays fort fort lointain …

L’his­toire de Dark­glass ressemble un peu à un de ces télé­films de l’après-midi sur M6, dans lesquels deux indi­vi­dus passion­nés luttent, contre vents et marées, pour vivre leurs rêves quitte à parcou­rir des milliers de kilo­mètres. Et les kilo­mètres sont bien là : la marque fut fondée il y a 6 ans en Finlande par … deux chiliens. Étrange destin que celui de ces concep­teurs d’ef­fets, ni le Chili ni la Finlande ne dispo­sant il me semble, d’une répu­ta­tion signi­fi­ca­tive dans le domaine.

Pour­tant, les deux compères se sont lancés dans l’aven­ture, commençant clas­sique­ment par souder des proto­types dans leur salon, et proposent depuis quelques années une gamme centrée sur un besoin très précis : la satu­ra­tion pour les bassistes. Mais pas n’im­porte quelle satu­ra­tion pour n’im­porte quel bassiste : du son de grande qualité, des pédales très bien conçues, et une gamme qui distingue le son « à l’an­cienne » du son « satu­ra­tion moderne ». Ainsi, pour chaque type de son, Dark­glass donne nais­sance à une pédale d’over­drive et à une décli­nai­son en plus grand format faisant égale­ment office de préamp. Si depuis, une fuzz, un compres­seur et un préam­pli interne pour basse ont rejoint les rangs des pédales propo­sées par la marque, la satu­ra­tion pour basse reste leur créneau de base et c’est là qu’ils se sont construit, en peu de temps, une excel­lente répu­ta­tion.

C’est donc avec curio­sité et impa­tience qu’on a appris en décembre dernier la mise à jour de la Vintage Deluxe, c’est-à-dire le modèle orienté vers les sons d’over­drive clas­siques dans sa version préam­pli / DI. La Vintage Deluxe première du nom est pour­tant une pédale récente, et les utili­sa­teurs semblent satis­faits de cette version. Comment faire mieux que bien ?

Leçon de design finno-chilien

La pédale est livrée dans une élégante boîte en carton noire, frap­pée du logo de la marque et munie d’une ferme­ture aiman­tée, le genre de boîte que l’on gardera volon­tiers pour y stocker quelques menus objets plutôt que la jeter dans la poubelle à recy­clage la plus proche. Un petit livret tient lieu de mode d’em­ploi succinct rappe­lant les fonc­tions prin­ci­pales de la pédale, un second livret présente la gamme des pédales du fabri­cant, et un auto­col­lant du (très classe, avouons-le) logo de la marque vous permet­tra d’af­fi­cher les couleurs de votre four­nis­seur de gros son.

Darkglass Electronics Vintage Deluxe v2 : Images test Vintage Deluxe V2 4.JPG

En ce qui concerne la pédale elle-même, dans un boîtier tout en alu d’un seul bloc rappe­lant forte­ment les laptops d’une marque frui­tée, on retrouve un nombre consé­quent de réglages et de prises marquant une volonté de poly­va­lence assez pous­sée. Jugez-en plutôt :

Sur le côté droit : une entrée instru­ment en jack, une prise pour adap­ta­teur secteur au « stan­dard » Boss (9V centre néga­tif, l’adap­ta­teur n’est pas fourni et la pédale ne fonc­tionne pas avec des piles), et une sortie « paral­lel output » en jack égale­ment, pour le son non-traité (par exemple pour utili­ser la pédale comme préam­pli envoyant le signal à une console tout en utili­sant un ampli sur scène).

Sur le côté gauche : une sortie niveau instru­ment en jack, et une sortie niveau ligne en XLR (c’est-à-dire une DI) avec un switch de masse (ground lift). Une première rangée de poten­tio­mètres rassem­blant les réglages les plus courants pour une over­drive pour basse, j’ai nommé le gain (« drive »), le volume de sortie (« level ») et un mélan­geur son saturé / son clair (« blend »), qui consti­tue souvent l’arme secrète d’un son de basse saturé qui tienne la route ; une seconde rangée de poten­tio­mètres plus typique d’un préam­pli puisqu’il s’agit d’une égali­sa­tion active 4 bandes (graves, bas médiums, haut médiums et aigus). Les poten­tio­mètres n’ont pas de « détente » au point milieu comme il pour­rait y en avoir sur le préam­pli d’une basse. 

Entre ces deux rangées de poten­tio­mètres, deux mini-switches trois posi­tions, l’un appelé « attack » prenant en charge la réponse en aigus de la satu­ra­tion (avec comme posi­tions « flat », « boost » ou « cut »), l’autre plus spéci­fique aux graves (son petit nom est « grunt » avec comme posi­tions « fat », « thin » et « raw » ). Notons que c’est sur l’éga­li­sa­tion 4 bandes et ces 2 switches que la V2 diffère de la V1. Celle-ci en effet dispo­sait d’une égali­sa­tion 3 bandes unique­ment, et le carac­tère sonore de la satu­ra­tion était pris en charge non pas par des switches, mais par un poten­tio­mètre « era » jouant sur le spectre global de la pédale. 

Darkglass Electronics Vintage Deluxe v2 : Images test Vintage Deluxe V2 10.JPG

Les deux séries de réglages intro­duites dans la V2 ne sont pour autant pas des incon­nues pour qui jette un œil aux autres produits de la gamme de Dark­glass : il s’agit en effet, pour les 2 switches de couleur sonore, de réglages que l’on retrouve dans le design de la satu­ra­tion B3K, et l’éga­li­sa­tion 4 bandes est présente sur sa grande sœur en version préam­pli, la B7K. En revanche, impos­sible de savoir s’il s’agit exac­te­ment des mêmes réglages (c’est-à-dire s’il s’agit des mêmes circuits agis­sant sur les mêmes fréquences). La compa­rai­son avec le descrip­tif de la B7K montre qu’a minima, les bandes de fréquences des bas et haut médiums ne sont pas iden­tiques entre les deux pédales.

Une LED bleue complète le tour de la pédale, le foots­witch quant à lui est ferme sous le pied, mais ne présente pas le clic marqué d’un foots­witch « true bypass ». Par ailleurs, le mode d’em­ploi ne fait pas non plus mention du bypass. En tout cas, pédale bran­chée, mais non allu­mée je n’ai pas perçu d’al­té­ra­tion du son, s’il s’agit d’un buffer il semble de qualité.

Le Vintage en action

Basse à la main, direct dans la carte son via la sortie DI, je m’at­telle à la décou­verte de l’en­gin. Je règle tout d’abord le blend au maxi­mum (sans son clair dans le mélange), l’éga­li­sa­tion à plat et les deux switches dans leur posi­tion la plus « neutre » afin de jauger le carac­tère sonore de la bête. La course du gain est très progres­sive : avec le gain au mini­mum le son n’est pas saturé si l’on joue norma­le­ment et la satu­ra­tion appa­rait unique­ment si l’on attaque vigou­reu­se­ment à la main droite.

Darkglass Electronics Vintage Deluxe v2 : Images test Vintage Deluxe V2 11.JPG

Le son présente une perte de graves nette, mais pas inquié­tante puisqu’on peut bien sûr retrou­ver ces graves dès qu’on remet une dose de son clair dans le mélange. Dans la première moitié de la course de ce même poten­tio­mètre de gain, le son garde cette sensi­bi­lité à la dyna­mique. Aux envi­rons de 9 à 10h coté gain, avec une dose de son clair dans le mix, le son est agréa­ble­ment velouté, flat­teur à l’oreille, pas du tout neutre, mais dès qu’on éteint la pédale on se dit tout simple­ment « c’est mieux avec » et on la rallume aussi­tôt. Avec le gain au-delà de 12h, la satu­ra­tion est présente en perma­nence même avec l’at­taque la plus déli­cate qui soit et une dose non négli­geable de graves revient dans le son au point que l’ajout de son clair n’est plus tota­le­ment néces­saire. C’est encore plus net joué au média­tor, avec un son natu­rel­le­ment moins riche en graves qu’aux doigts. Aux réglages les plus extrêmes du gain, le son est creusé, riche en graves, mais surtout en aigus au détri­ment des bas médiums, mais néan­moins toujours typé over­drive : on atteint ni le niveau de satu­ra­tion d’une distor­sion violente, ni le gras et la touche un peu synthé­tique d’une fuzz.

Le premier enre­gis­tre­ment illustre la plage du poten­tio­mètre de gain (pédale coupée, puis acti­vée, gain à 9h, 12h et 15h), le tout avec le blend au maxi­mum (sans son clair dans le mélange) et les deux switches en posi­tion la plus neutre.

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Les deux switches proposent des boosts de fréquences posi­tion­nés avant l’étage de satu­ra­tion, pour modi­fier le spectre de la pédale et le type de satu­ra­tion obte­nue.

Le switch d’ai­gus (« attack ») en posi­tion « boost » donne l’ef­fet de bascu­ler le spectre sonore de la pédale vers des terri­toires plus modernes. Le gain semble augmen­ter plus rapi­de­ment sur la première moitié de la course du poten­tio­mètre  « drive » et dans la seconde moitié de la course, la satu­ra­tion devient violente et flirte avec le terri­toire d’une fuzz (cf. deuxième extrait : pédale coupée, puis acti­vée, gain à 9h, 12h et 15h).

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En posi­tion « cut », dans la première moitié de la course du gain, l’ef­fet est simi­laire à celui d’une tona­lité passive que l’on aurait coupée en partie. Dans la seconde moitié de la course du gain, le son est moins abra­sif et rend ces plages de réglages plus utili­sables à mon goût par rapport à la posi­tion « flat », notam­ment au média­tor (cf. troi­sième extrait : pédale coupée, puis acti­vée, gain à 9h, 12h et 15h, et au média­tor gain à 15h égale­ment).

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Le switch de grave (« grunt ») en posi­tion « raw » donne un boost de graves d’un effet compa­rable à l’ajout d’une dose de son clair, mais limité juste­ment aux graves, le son restant par ailleurs creusé dans les médiums. (cf. quatrième extrait : pédale coupée, puis acti­vée gain à 9h, 12h et 15h)

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La posi­tion « fat » donne un véri­table coup de fouet aux graves qui deviennent surboos­tés quelle que soit la posi­tion du gain. Aux doigts comme au média­tor c’est parti­cu­liè­re­ment flat­teur joué seul avec la pédale comme préam­pli. Dans un ampli et utili­sée comme over­drive en revanche c’est un peu exces­sif, vos collègues de groupe vous en font rapi­de­ment la remarque (cf. cinquième extrait : pédale coupée, puis acti­vée gain à 9h, 12h et 15h, et au média­tor gain à 15h égale­ment).

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Notons qu’en raison du posi­tion­ne­ment des deux switches entre les deux rangées de potards et de la taille des boutons, la mani­pu­la­tion des deux switches sans faire tour­ner les boutons de l’éga­li­sa­tion est un peu hasar­deuse, et par ailleurs la séri­gra­phie des noms des posi­tions de ces switchs est en partie masquée par les boutons. C’est sans consé­quence une fois qu’on a rapi­de­ment saisi comment s’en servir, mais c’est dommage pour une pédale dont le design se veut pensé dans les moindres détails. Un zoom sur la photo d’une B7K qui a les mêmes réglages dans le même format montre qu’elle souffre du même léger défaut.

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Coté égali­sa­tion juste­ment, elle présente une plage d’uti­li­sa­tion agréable car non exces­sive : en boost comme en cut, les réglages de graves, de hauts médiums et d’ai­gus sont effi­caces sans être cari­ca­tu­raux, ils font penser nette­ment à l’ef­fet qu’on peut obte­nir avec une bonne égali­sa­tion active inté­grée à une basse. Le poten­tio­mètre de bas médiums est plus subtil d’uti­li­sa­tion. Si l’on utilise la pédale comme un simple préam­pli, sans satu­ra­tion ou presque, il joue consi­dé­ra­ble­ment sur le carac­tère sonore de la basse elle-même. Un balayage de ce poten­tio­mètre place le son de basse dans un mix de manière instan­ta­née, plus ou moins en avant, plus ou moins collé à la grosse caisse ou à la guita­re… Avec un taux de satu­ra­tion plus signi­fi­ca­tif, ce poten­tio­mètre agit sur le carac­tère sonore de l’over­drive, avec le même type d’ef­fet que les switches, mais sur un autre registre. Un réglage fin de ce poten­tio­mètre « lo mids » asso­cié aux deux switches enri­chit consi­dé­ra­ble­ment la gamme de sons que la pédale est capable de produire.

Dans le sixième et dernier extrait sonore, j’illustre la course de ce poten­tio­mètre « lo mids » (à 7h, 11H, 13h et 16h) avec par ailleurs, le gain à 11h, les deux switches en posi­tion neutre et le blend à fond (c’est à dire sans son clair).

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Chili con carne

Le son global de cette Vintage Deluxe deuxième du nom est véri­ta­ble­ment charnu, quel que soit le réglage. Les diffé­rents para­mètres inter­agissent beau­coup, mais l’ap­proche peut être simpli­fiée en réglant le type global de son saturé avec le gain et les switches, puis en ajou­tant une dose de son clair et/ou en recti­fiant l’éga­li­sa­tion. On peut arri­ver à un résul­tat simi­laire avec plusieurs combi­nai­sons de réglages, ce qui laisse à chaque utili­sa­teur la possi­bi­lité de se faire sa propre approche de la pédale.

La parenté avec les sons clas­siques d’un ampli à lampes est affi­chée jusqu’au nom de la pédale. On navigue dans les mêmes terri­toires en effet, sans pour autant défi­nir si l’on s’ap­proche spéci­fique­ment du son d’une marque en parti­cu­lier. La pédale est poly­va­lente en termes d’uti­li­sa­tions possibles (au sens de « boîte à tout faire »), un excellent outil aussi bien pour l’en­re­gis­tre­ment, l’uti­li­sa­tion comme préam­pli vers une console en live, ou comme over­drive devant un ampli. Une poly­va­lence qui permet de justi­fier le prix, tout de même non négli­geable puisqu’an­noncé à 299 euros. Le son reste lui typé, pas de son limpide ici, je ne quali­fie­rais donc pas le son de poly­va­lent dans l’ab­solu, mais pour qui cherche un son typé, gras, qui torde avec la dyna­mique du jeu, c’est un excellent choix. Reste à mettre les sous de coté pour vous l’of­frir ! 

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Notre avis : 8/10

  • Plus polyvalent que son nom de « vintage » ne le laisse soupçonner
  • Grande qualité sonore
  • Une overdrive qui ne fait pas que ça, loin de là
  • Léger regret sur le design qui tasse les deux switches entre les deux rangées de potentiomètres
  • Alimentation uniquement sur transfo, mais le transfo n’est pas fourni : c’est un détail important à savoir pour éviter la déception au déballage
  • La qualité a un prix

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