J’ai constaté la chose hier en reprenant mon activité de testeur et de ce fait, de voisin bruyant. Deux mois passés loin de son instrument, cela méritait de monter un poil le volume, vous en conviendrez certainement.
J’avais justement pour le faire l’assistance toute bienvenue d’un trio de pédales RMI (Ruppert Musical Instruments) : un enhancer et deux préamplis. J’avais testé il y a deux ans le Basswitch IQ DI, j’avançais donc en terrain conquis, le cœur plein d’entrain et cette fois, sans gueule de bois.
C’était pourtant bien parti
Un des deux préamplis est conçu pour les configurations passives classiques, du simple bobinage au double précision. Et J’avais justement ma vieille Jazz Bass à dépoussiérer, après un long congé passé dans sa housse. Mon frigo était parfaitement houblonné et tintait tel le traineau du père Noël, à chaque fois qu’on l’ouvrait. Toutes les conditions étaient donc réunies pour passer du bon temps, à faire du bruit.
Un tiers vaut mieux que trois ?
En sortant la pédale de son écrin cartonné, on est surpris de tomber sur un design similaire au Basswitch. En fait il s’agit tout simplement d’une réduction de deux tiers du produit phare de la marque : même alliage, même alignement du switch et des potards de contrôle, judicieusement enclavés dans le châssis afin d’éviter les dérèglements causés par un pied parfois gauche. Un footswitch unique, quatre contrôles (gain, bass, middle, treble), une entrée instrument et une seule sortie. Alimentation Lehle oblige, il est possible d’alimenter cette pédale avec n’importe quel type de transformateur allant de 9 à 15 volts, tant qu’il propose la bonne connexion (une fiche standard Boss). Il ne sera cependant pas possible d’alimenter cette pédale avec autre chose que du secteur, inutile donc de chercher l’emplacement de la pile.
Boost et préampli, quelle différence ?
En principe, cette pédale et sa consœur (le Clean Boost), sont conçues comme un boost. Le but étant de pouvoir balancer un gain supérieur à la normale quand cela est nécessaire, par exemple, pendant un chorus ou un solo. On enclenche sa pédale et on se fait mieux entendre puisque le signal passe par un étage de gain supérieur. Mais RMI présente aussi ces trois pédales comme des préamplis potentiels en studio ou sur scène. Ce qui en soi n’a rien de choquant, puisque les deux boost et même l’enhancer embarquent bien le préampli du Basswitch, voire un égaliseur à bandes.
Sur le segment du live, il est tout à fait envisageable d’utiliser le classique boost comme préampli, directement rentré dans un ampli de puissance. Il est juste dommage de ne pas pouvoir profiter d’une sortie symétrique qui aurait fait de cette pédale un boîtier DI d’excellence. Le reproche sera le même pour une utilisation au studio qui souffre du câblage se faisant exclusivement en Jack. L’alimentation fantôme est donc proscrite, tout comme l’enregistrement d’un signal en parallèle pour pouvoir profiter d’une piste Dry. Manque de place ou résolution budgétaire, il reste que l’absence de connectique supplémentaire consterne un peu, car elle limite l’emploi de ce préampli.
Dans Benelux il y a…
Si la marque luxembourgeoise s’est fait remarquer pour la haute qualité du Basswitch, un solide pédalier construit en Allemagne par Lehle, il en est bien de même pour la Classic Boost qui n’a pas à pâlir de son châssis et encore moins de ses composants internes. Bien que sobre d’apparence, la pédale cache bien son jeu : un buffered bypass, un footswitch ultra silencieux, un égaliseur qui taille le signal de manière chirurgicale et adapté au grain de ma basse, des potards qui se manipulent facilement (je peine moins que sur le Basswitch IQ DI) et enfin, un boîtier à l’allure indestructible.
Comme de coutume, la fabrication allemande est bien gaillarde !
On retrouve l’ingénieux système de footswitch, permettant de ne pas appuyer directement sur le circuit imprimé quand on presse du pied sur l’interrupteur (voir photo). Un relai mécanique permet d’amortir la pression et assure ainsi une certaine pérennité au footswitch. En parallèle, un circuit intégré coupe le son durant une milliseconde durant l’activation du préampli, permettant d’atténuer complètement ce bruit caractéristique et parfaitement agaçant d’une pédale que l’on enclenche.
Vive le son, à Balavoine !
Pour ces enregistrements, l’emploi de ma Jazz Bass fut donc de rigueur. Mon interface Steinberg UR22 a aussi été mise à contribution, j’ai aussi eu envie d’user de quelques boucles de batterie. Juste pour changer et surtout pour estimer le contraste en volume qu’impose ce boost. Je vous propose quatre enregistrements avec des réglages variables. Pour chacune des prises vous avez une ligne en bypass, un roulement ou un break de batterie et enfin la même ligne avec le préampli activé.
Je vous propose quatre enregistrements avec des réglages variables. Pour chacune des prises vous avez une ligne en bypass, un roulement ou un break de batterie et enfin la même ligne avec le préampli activé.
- Groovy 00:21
- Oldies 00:21
- Mediator 00:32
- Slap 00:21
J’étais déjà amateur de la préamplification transparente du Basswitch IQ DI, je suis aussi convaincu par les qualités sonores du Classic Boost. Il égalise sans jamais dénaturer et permet de pousser plus loin le ramage d’une basse passive, sublimant de manière efficace son signal. Un bon point pour celui qui apprécie le grain de son instrument et ne veut pas le perdre dans son chainage sonore.
Rapport qualité-prix et sublimation
Je trouve ces trois nouveautés un peu chères au regard de ce que pouvait proposer le Basswitch.
Pour un peu moins de la moitié de son prix, on a certes un excellent préampli, fabriqué en Allemagne et monté avec des composants de compétition. Mais je me dis et c’est bien relatif, que tout le monde n’est pas enclin à dépenser 200 €, pour un préampli ne proposant qu’une sortie en Jack. La tranche visée par la marque est donc toujours une clientèle haut de gamme, capable de payer cher pour un outil réellement professionnel. Je resterai toutefois positif à l’issue de ce test. Rien que pour le son et la qualité générale de fabrication, cette référence vaut tout de même son pesant d’or.
Et puis il faut l’avouer, j’aime ce que j’entends à la sortie de cette pédale.
Je trouve qu’elle traite parfaitement bien le grain de ma vieille Jazz Bass, en le sublimant simplement et efficacement. Et rien que pour cela, je m’incline devant ce bel effort de RMI qui s’adresse intelligemment aux nombreux bassistes jouant, comme moi, sur ce genre de configurations élémentaires.
L’avis de ma voisine
Je jouais depuis maintenant une heure. Deux mois ça n’était pas si long. Et en fin de compte, je gardais de beaux restes. Et puis ce préampli sonnait bien, à tel point qu’il se faisait littéralement oublier. Je jouais et m’amusais tout seul avec ma basse, un môme tout au fond de moi redécouvrait les Lego. Et derrière toutes ces jolies notes jouées avec passion, j’entendis la tierce distante de ma sonnette d’entrée. Je posais mon instrument pour accueillir la groupie du bassiste, qui sonnait peut-être à ma porte. Mais cette dernière s’ouvrit sur une masse grisonnante un peu hirsute : le chignon de ma voisine d’en bas me toisait de haut, tout en vacillant nerveusement de droite à gauche :
« - Dites, c’est vous qui faites du bruit ?
– Bonjour Madame. En fait, je joue de la musique…
– Oui c’est bien ça. Dites, vous pouvez baisser les basses ?
– ça va être coton…
– Pardon ?
– Je veux dire : je peux baisser le son.
– En fait, j’adore la musique mais j’ai un peu de mal avec les basses.
– Il vous faudrait un High-Pass Filter…
– Pardon ?
– Je disais : je n’avais pas vu l’heure. Si vous voulez, je reprends demain.
– A parce que vous allez faire du bruit tous les jours ?
– Je n’y peux rien, c’est un peu mon travail… Mais je vais jouer moins fort, promis. »
Je laissais cette dernière phrase trainer alors que je poussais déjà la porte, pour couper court à ce cliché des rapports sociaux urbains. Au moment où la lourde fermait, je glissais à voix basse dans son interstice un « et bonne soirée Madame ! ». Pour rester à peu près poli.
Je vous l’avais bien dit : ma voisine n’aime pas le Classic. Mais heureusement pour elle, il me reste encore le Clean Boost et le Sonic Sparkle à tester.
Pour trouver un bruit qui soit, ma foi, un peu plus à son goût !