J’ai déjà arrêté le café, à cause de l’arythmie cardiaque qu’il engendre, la charcuterie pour ses graisses saturées et le porno, étant déjà à moitié sourd depuis ma tendre enfance.
Depuis quelque temps, je fais un paquet d’efforts pour raccrocher les wagons d’un métabolisme mis à mal par deux décennies d’abus. Allant même jusqu’à la diète : le régime de base des types qui, comme moi, se sont engagés dans une lutte contre la quarantaine précoce. Et pas plus tard que ce matin je lis que le cynisme et la colère peuvent flanquer un AVC aux pauvres bougres de mon âge ! Alors personnellement, je veux bien arrêter de boire, voire de fumer pour décrépir dans l’ennui d’un corps saint. Mais je pose la question : comment me passer de l’un à l’écrit ou de l’autre en musique ? C’est donc décidé, j’arrête dès aujourd’hui les articles sur le bien-être. Et avant de lire qu’aimer est dangereux pour la santé, ou que l’ironie peut rendre stérile à vie, je vous propose de continuer sur votre lancée, en testant le Clean Boost de RMI.
Un air de famille ?
De loin comme de près, les versions Clean et Classic ne diffèrent que par leur couleur. Contrôles identiques (gain, graves, médiums et aigus), même ergonomie et forme, simplicité partagée : la déclinaison des deux préamplis se concentre donc exclusivement sur le fond sonore.
Ça pousse et ça coupe
Et on sent bien qu’en termes de réponse de l’égaliseur, la Clean Boost donne le change. Il suffit de s’intéresser un peu à cette cabale étrange qui s’inscrit au dos des notices accompagnant nos joujoux du jour, pour distinguer les différences qui s’entendent quand on compare les deux à l’écoute. Je vous laisse les formules ésotériques en question, qui ne le seront bientôt plus, puisque ceux qui ne savent pas les lire vont avoir le droit à un tuto en direct. Voilà la donne :
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Clean Boost |
Classic Boost |
Bande graves |
+/-17 dB @ 40 Hz (peaking) |
+15/-11 dB @ 45 Hz (peaking) |
Bande médiums |
+/-13 dB @ 640 Hz (peaking) |
+/-12 dB @ 640 Hz (peaking) |
Bande aigus |
Treble : +13 dB @ 5Khz –13 dB @ 10 kHz (shelving) |
+10 dB @ 5Khz –12 dB @ 10 kHz (shelving) |
Voilà pour les chiffres, réservés certainement aux initiés. Pour ceux qui se sentent dépassés par ces valeurs, laissez-moi éclairer votre lecture. En fait la chose est simple, prenez les premiers chiffres du tableau, qui concernent la correction de la bande grave sur la Clean Boost. Ce potard permet de booster (+) ou couper (-) de 15 décibels, la fréquence du signal à 40 Hz. Prenez maintenant la même bande grave sur la Classic Boost. On remarque que d’une part, les valeurs de boost (+15 dB) et de cut (-11 dB) sont distinctes (ça pousse plus que cela ne coupe) et que de surcroit, la fréquence choisie par le constructeur est un poil plus aiguë. On en conclut donc que la bande grave du Clean Boost affecte une fréquence plus grave et coupe encore plus dans le bas que la Classic Boost. Une fois que vous avez compris cela, il vous sera facile de lire que la bande médium de la Clean Boost pousse et coupe d’un décibel de plus que la Classic. Et enfin, que la bande aiguë de la Clean pousse de trois décibels de plus et coupe d’un décibel de moins dans les graves.
Pour résumer la chose, en mode expresso : La Clean Boost taille un peu plus le son, suffisamment pour que cela s’entende à l’essai. Les plus attentifs parmi vous remarqueront que sur une pédale comme sur l’autre, il y a deux fréquences citées pour la bande aiguë. L’une spécifiquement pour le boost et l’autre pour le cut, la raison en est simple : il y a deux composants différents pour moduler la bande aiguë. Un élément passif qui réduit les aigus sur la fréquence des 10KHz et un second, actif, qui pousse la bande des 5KHz.
Heeeeuuu le Peaking, ça se joue au mediator ???
Non, ça c’est le picking ! Comme je sens bien que les expressions « peaking » et « shelving » vont vous titiller autant que moi, à une époque où je ne les connaissais pas, je vais profiter des quelques lignes vierges qui suivent pour vous expliquer brièvement de quoi il s’agit. Amis férus d’ingénierie sonore et autres électroniciens de la première pluie, ce qui va suivre est une vulgarisation pure et simple de ces domaines, qu’il faut bien ramener au ras des pâquerettes pour cet article (à la hauteur d’un ampli de basse). Donc, pardonnez-moi si je reste vague. Pour ma défense, j’écris ce papier les pieds dans l’eau, dans l’Atlantique pour être précis et aujourd’hui c’est grande marée…
Il faut d’abord comprendre qu’un égaliseur permet d’altérer un signal audio. Dit comme ça, on n’a pas forcément envie d’y goûter. Et pourtant en musique électrique, pour notre guitare toute particulière comme son ampli, c’est un incontournable. Un égaliseur peut employer des filtres variables, afin de moduler un signal, généralement sur une fréquence donnée. Il fera monter ou baisser le gain de cette fréquence, en fonction des besoins de l’utilisateur. Voici les composants de base d’un égaliseur :
- Passe-haut : C’est un filtre (généralement une capacité) qui va progressivement atténuer les fréquences placées sous un point (appelé point de coupure). Vos basses passives en sont généralement équipées, c’est le potard de tonalité.
- Passe-bas : La même chose, mais procédant inversement, car il atténue progressivement le niveau des fréquences situé au-dessus du point de coupure.
- Le filtre en plateau (Shelving) : Contrairement aux filtres précédents qui sont limités à la coupure, son action n’est pas progressive. Il est conçu pour appliquer un niveau égal à toutes les fréquences placées sous un seuil défini par l’utilisateur ou le fabricant. Il permet d’ajuster le gain et la fréquence de référence.
- Le filtre coupe-bande (peaking) : Permet de faire varier le niveau d’un ensemble limité de fréquences, afin d’atténuer précisément le gain sur une plage de bandes. Il permet d’ajuster le gain, le centre de la plage de fréquences visée et la largeur de la bande altérée.
- On l’emploie souvent en complément du filtre passe-bande
Voilà pour la pédagogie du jour, j’espère qu’après cela, chacun de mes lecteurs saura lire l’avenir dans une fiche technique d’ampli !
RMIste un jour, RMIste toujours
Puisque de forme nos deux pédales sont presque jumelles, je vous propose d’éluder notre traditionnel tour du propriétaire pour passer directement au fond sonnant.
Pour ce qui va suivre j’utilise la même configuration que dans le précédent test : Ma vieille Jazz Bass, deux jacks, mon UR22 et la Clean Boost. Je joue à peu près la même chose que sur les enregistrements de la Classic Boost. J’aurais bien utilisé une autre passive pour ce test du jour, mais ma Fender est tout ce que j’avais sous la main.
- groove 00:21
- Oldie 00:21
- Mediator 00:28
- Slap 00:22
À l’écoute et à réglages égaux, on sent bien que la Clean boost ne taille pas le son de la même manière que sa sœur dite classique. Notamment pour les corrections de la bande grave, qui se font sur une fréquence légèrement plus basse. On l’entend bien sur la prise de Slap et celle du médiator qui profite d’un spectre plus campé dans les graves que sur le rendu de la Classic. Le gain est aussi légèrement plus poussif sur la Clean Boost, ce qui confère un caractère plus dynamique aux corrections qu’elle propose sur les autres bandes.
Mêmes qualités et mêmes défauts
Tout aussi solide efficace et fidèle que la Classic Boost, la Clean Boost (213€) souffre des mêmes défauts : elle est alimentée exclusivement en externe et ne prévoit pas de sortie XLR. Étant personnellement plus à même d’apprécier la version Classic, je suis pourtant certain que la Clean Boost aura la préférence d’autres bassistes. Elle réunit les mêmes qualités sonores que la première : le grain est formidablement propre, taillé juste ce qu’il faut, tout en évitant la distorsion et les corrections disproportionnées. Mais ses trois bandes proposent un gain plus élevé et des graves plus profonds. De là à dire que le Clean Boost s’adresse à un jeu ou un rendu plus moderne, il n’y aurait qu’un pas que je vous laisse franchir, si vous venez à tester ce matos. Ce que je vous conseille en tant qu’expert du bien-être pour les bassistes.