Laissez-moi vous présenter aujourd’hui une série de pédales d’effets en provenance directe des États-Unis.
Je m’attarde d’ores et déjà un instant sur ce point, car bien souvent les origines liées à la conception d’effets pour guitariste laissent perplexe. En effet, il n’est pas rare de croiser des pédales de série, développées généralement dans les pays d’Asie et fabriquées en masse, industriellement. En général, certains doutes se ressentent au premier abord ; surtout lorsqu’il s’agit de se rendre compte que les composants embarqués ont subi quelques compromis, pour des raisons essentiellement budgétaires. A l’inverse, un regard plus attentif s’installe lorsque l’on croise des pédales « Home made », conçues sous l’effervescence créatrice d’un seul homme. Ces Tone Box « Flickinger » portent tout simplement le nom de leur propriétaire/concepteur (Richard de son prénom). Soucieux de créer des effets de manière artisanale, en choisissant les meilleurs composants, et de préférence vintage.
Le panel est assez large, car pas moins d’une dizaine d’effets (à noter que des amplifications Tête & Baffle de mêmes signatures existent aussi) ont vu le jour. Mais penchons-nous plutôt sur notre trio de pédales. Notons que les appellations déclinées pour chaque effet ne manquent pas d’imagination, ni même d’une certaine touche d’humour !
Tout d’abord, nous avons la « Caged Crow » (« le corbeau en cage »), qui malgré son nom Dark, est une distorsion/Fuzz. Puis la « Germanium Griffin » (« le Griffon » : l’aigle et le lion, ça en impose ! ), pédale de Fuzz/Boost conçue pour envoyer le gros son. Enfin, la « Vicious Cricket » (« le méchant grillon »), pédale de Tremolo 100% analogique, complète le lot.
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Fabriquées et peintes à la main, purement analogiques, les connexions mono In et Out se situent sur le flanc arrière de chaque modèle. Mis à part l’esthétique, aucune exubérance particulière n’est à constater. L’enjeu se veut d’être simple et efficace. On appréciera la conception du boîtier métallique en aluminium, solide et robuste. Par contre, accéder à la pile demande un certain temps et un bon outillage (non, le médiator ne fera pas l’affaire). Il faut impérativement retirer les 4 vis situées aux extrémités sur la semelle, car aucune cavité spécifique n’a été pensée dans ce sens. Mais passons ce détail d’ordre technique, que certains trouveront pénible. N’oublions pas qu’il n’est pas rare de croiser bon nombre de modèles concurrents où ce point est récurrent. Donc, une fois muni d’un tournevis de taille moyenne, le capot s’ouvre pour y trouver une pile 9 volts (fournie). Après quelques observations, sur lesquelles nous reviendrons ensuite, le moment est venu de les alimenter pour ensuite les installer entre la guitare et l’ampli afin d’en découvrir les vertus.
Sortons le corbeau de sa cage !
La Caged Crow se présente comme une pédale de distorsion/Fuzz. Deux transistors « BC183C » sont présents. Ils sont issus de la même famille que le transistor « Fuzz Si » (ce dernier étant celui qui était monté dans les Fuzz Vintage originales), ainsi qu’un « Mosfet BS170 » (transistor installé dans la plupart des pédales Flickinger) créant ainsi une pédale de distorsion au grain massif. Elle offre un sustain infini (ou presque en fonction des réglages prédéfinis) et plus de gain qu’il est normalement autorisé.
Le potentiomètre « High » officie comme une tonalité passe-bas passif. Il permet d’accentuer généreusement les aigus une fois ouvert à son maximum, ou d’avoir un son plus sourd ou encore « Bassy » en début de course.
Le volume génère une grosse réserve de niveau de sortie et peut être employé comme un Boost pour faire cruncher l’entrée d’un ampli. Enfin, le potard « sus » contrôle le niveau de distorsion. La manipulation de ce dernier permet d’obtenir un son assez typé Blues lorsqu’il est à peine ouvert, en passant par une overdrive épaisse et gonflée à bloc une fois poussé jusque dans ses retranchements.
(Tarif 149 € en moyenne)
Ex1a : Micro Position Chevalet ; Vol: 5 ; High: 5 ; Sus: 0
Ex1b : Micro Position Manche ; Vol: 5 ; High: 5 ; Sus: 0
- Caged Crow Ex1a 00:18
- Caged Crow Ex1b 00:19
Ex2a : Micro Position Chevalet ; Vol: 5 ; High: 8 ; Sus: 0
Ex2b : Micro Position Manche ; Vol: 5 ; High: 8 ;
- Caged Crow Ex2a 00:18
- Caged Crow Ex2b 00:20
Ex3a : Micro Position Chevalet ; Vol: 5 ; High: 5 ; Sus: 5
Ex3b : Micro Position Manche ; Vol: 5 ; High: 5 ; Sus: 5
- Caged Crow Ex3a 00:21
- Caged Crow Ex3b 00:20
Ex4 : Micro Position Chevalet ; Vol: 5 ; High: 5 ; Sus: 10
Ex5 : Micro Position Manche ; Vol: 5 ; High: 5 ; Sus: 10
- Caged Crow Ex4 00:29
- Caged Crow Ex5 00:24
La rage du lion ou la puissance de l’aigle ?
À vrai dire, avec la Germanium Griffin, on y trouve l’addition des deux. En effet, cette pédale est un Boost/Fuzz équipé de deux transistors NOS Russes. Contrairement à la plupart des pédales de Fuzz utilisant des transistors germanium de type « High Gain », la Germanium Griffin utilise deux transistors « Mid Gain » poussés dans leurs derniers retranchements. Seul un curseur de volume est présent (et la marge de manœuvre est conséquente !), le niveau de saturation se gère tout simplement en fonction de l’ouverture du bouton de volume de la guitare. Simple d’utilisation tout en étant très efficace ; pour tout vous dire, voici un effet que j’affectionne particulièrement.
Chose intéressante, constatée après avoir joué durant des heures avec des pédales au Germanium : en fonction de l’âge de la pile, la sonorité change de couleur, de grain. Si vous possédez un modèle du genre, ou pourquoi pas celle-ci, tentez l’expérience en lui injectant une pile neuve, ensuite une pile en fin de vie. Vous pourrez constater que le résultat obtenu est parfois bluffant !
(Tarif 165 € en moyenne)
Ex1a : Micro Position Chevalet ; Vol : ouvert à 1/4
Ex1b : Micro Position Manche ; Vol : ouvert à 1/4
- Fuzz Ger Ex1a 00:22
- Fuzz Ger Ex1b 00:22
Ex2a : Micro Position Chevalet ; Vol : ouvert à moitié
Ex2b : (Micro Position Manche) ; Vol : ouvert à moitié
- Fuzz Ger Ex2a 00:23
- Fuzz Ger Ex2b 00:24
Ex3a : Micro Position Chevalet ; Vol : ouvert au Maximum
Ex3b : Micro Position Manche ; Vol : ouvert au Maximum
- Fuzz Ger Ex3a 00:24
- Fuzz Ger Ex3b 00:25
Ex4 : Micro Position Chevalet pour les 3 Guitares ; Vol : ouvert au Maximum
Une vicieuse petite Fourmi !
Qu’a bien pu vouloir insinuer Mr Flickinger en l’appelant ainsi ? Je vous le demande.
Ceci étant, cette Vicious Cricket est un Tremolo de type vintage, basé sur l’implantation de quatre transistors censés reproduire les sonorités des modèles d’antan. Elle possède deux paramètres de réglages : le premier « Depth » ajuste la profondeur/l’intensité de l’effet. Il se sélectionne simplement par le biais de deux positions, intensité légère (curseur vers soi) ou forte (curseur enclenché vers l’extérieur). Dans ce dernier cas, le Tremolo écrasera l’attaque des notes pour laisser place à une profondeur nettement plus poussée et expressive de l’effet. Le second agit sur la vitesse du cycle, de très lent à très rapide. La place sur le boîtier le permettant, il aurait été intéressant de trouver un troisième potentiomètre qui aurait pu modifier la forme d’onde de l’oscillateur, comme il est possible de le trouver sur d’autres modèles de Tremolo plus « traditionnels ». Toutefois, l’efficacité intuitive et la sonorité ont su rapidement me convaincre.
(Tarif 149 € en moyenne)
Ex1a : Micro Position Manche ; Depth: Bas ; Speed: 0
Ex1b : (Micro Position Manche) ; Depth : Haut ; Speed : 0
- Vicious Cricket Ex1a 00:26
- Vicious Cricket Ex1b 00:48
Ex2a : Micro Position Medium ; Depth: Bas ; Speed: 7
Ex2b : Micro Position Medium ; Depth: Haut ; Speed: 7
- Vicious Cricket Ex2a 00:27
- Vicious Cricket Ex2b 00:28
Ex3a : Micro Position Medium ; Depth: Bas ; Speed: 10
Ex3b : Micro Position Medium ; Depth: Haut ; Speed: 10
- Vicious Cricket Ex3a 00:24
- Vicious Cricket Ex3b 00:27
Au final
Pour être tout à fait honnête, j’ai pris un réel plaisir à tester ces trois pédales. Les composants et transistors embarqués (avec notamment les NSA URSS au germanium pour un gain plus musical), ont été, à mon sens, soigneusement sélectionnés pour affirmer ces sonorités de type « Vintage ». Voilà un terme que l’on retrouve souvent, tel un effet de mode actuelle, qu’il n’est pourtant pas toujours aisé d’honorer comme il se doit. La comparaison avec d’autres modèles plus traditionnels m’a permis de distinguer clairement une différenciation sonore. Notamment en ce qui concerne la Germanium Griffin, dotée d’un caractère qui lui est propre. Elle se distingue de la masse. Solides, robustes, équipées d’un True-Bypass de commutation, câblées et peintes à la main ; voici plusieurs facteurs qui auront su me séduire dès la première approche.
Ceci dit, mon seul regret s’oriente vers la source d’alimentation, où l’accès pour atteindre la pile n’est pas des plus simples. D’autant plus, seule la Caged Crow peut bénéficier d’une alimentation externe. Pour un budget globalement assez similaire aux modèles concurrents, il serait dommage de passer à côté lors de comparaisons d’effets de même type.