La marque française PFX Circuits est une des dernières à avoir débarqué sur le marché de la pédale d’effet. Sa création par Philippe Gaulier remonte à l’été 2021. La marque est basée à Agde et Philippe conçoit ses circuits à bord d’un petit voilier à Sète. Bien qu’assez jeune, la marque compte déjà trois pédales à son catalogue, trois pédales de fuzz, toutes très originales. Et c’est bien la plus singulière des trois que le magasin La Pédale m’a gentiment prêtée pour ce banc d’essai : la Muze.
Muse + Fuzz = Muze ?
La PFX Circuits Muze est une pédale qui sonne aussi bien avec une guitare qu’avec une basse. L’inspiration principale du fondateur et designer de la marque est le son du groupe Muse, et en particulier celui de son bassiste, Christoper Wolstenholme. L’idée était en fait de réaliser une synthèse de trois pédales existantes : les Black-out Effector Musket Fuzz, Big Muff Green Russian et Human Gear Animato. Mais nous allons le voir, la Muze va beaucoup plus loin et offre une polyvalence assez impressionnante. Le circuit de la Muze est abrité au cœur d’un châssis de 12.8cm x 6.4cm x 5.8cm et 310 grammes. Ce boîtier « powder coat » est recouvert d’un rouge vif assez sympa et d’impressions UV qui garantit une bonne durabilité. Dans un pur esprit « boutique », à manière de JHS et Thrilltone par exemple, la Muze est abritée dans une boîte cartonnée assez basique. Une étiquette numérotée à la main (j’ai le numéro #039) et portant le nom de la pédale est le seul ornement de cette boîte. À l’intérieur, un petit mot du fondateur de la marque inscrit au marqueur noir nous rappelle qu’on a bien une pédale artisanale en main, c’est sympa. À première vue, les contrôles de la pédale ne sont pas hyper instinctifs et je suis bien content d’avoir pu échanger avec Philippe qui m’a détaillé le fonctionnement précis de la bestiole. La notice explicative est cependant très complète et permet de comprendre rapidement le rôle de chaque potard. Détaillons donc le circuit dans l’ordre du chaînage des composants :
Gain : agit comme un Clean Boost en amont du circuit de saturation, à la manière d’un potard de volume sur une guitare. Il permet de gérer correctement les différents micros. Le montage de ce clean boost d’entrée est identique à celui de la Musket Fuzz mais avec la possibilité d’ajuster le gain. Il est ensuite légèrement bridé pour un meilleur contrôle du clipping.
Fix : Simulation de condensateur variable (montage avec deux condensateurs de différentes valeurs qu’on peut mélanger grâce au potard). Ce réglage permet de changer la bande de fréquences qu’on envoie dans le circuit de saturation, une sorte de filtre pré-saturation. Avec le réglage au minimum, on sature toute la bande de fréquence : plus on augmente, moins on sature les basses. On perd évidemment en taux de saturation dans la mesure où le spectre envoyé dans le circuit de saturation est plus mince.
Comp : il s’agit du réglage de Sustain de la Big Muff et de l’Animato. Petite différence et non des moindres, ici, on vient clipper le premier étage de saturation avec une LED rouge en lieu et place des deux diodes au Silicium. Cette méthode compresse moins le signal, mais disposant d’un clean boost en amont, on peut atteindre des sonorités beaucoup plus hi-gain et donc bien compressées quand même.
Tone : contrôle le circuit de tonalité de la pédale, calqué sur celui de l’Animato. Il développe une sonorité beaucoup moins creusée dans les médiums que la Big Muff, c’est très chouette.
Volume : circuit d’amplification de sortie avec une bonne réserve de gain grâce à un montage Darlington, ce qui permet de pouvoir générer des sons d’overdrive assez subtils sans forcément enclencher le circuit de saturation.
Philippe Gautier est très pointilleux avec la qualité des composants qu’il utilise pour la Muze. On retrouve des condensateurs électrolytiques Nichicon KW qui offrent une bonne réponse dans les basses, des potards Alpha 16mm, des condensateurs céramique Vishay et des condensateurs film Wima. Les transistors sont sélectionnés avec soin avec mesure électronique et test sonore. Toute les soudures sont garanties sans plomb et les fiches Jack sont isolées. Elles sont situées sur le dessus du boîtier aux côtés de la fiche d’alimentation. Dans un souci d’écologie, la Muze ne fonctionne que sur alimentation 9 volts centre négatif.
On déMuzèle la bête …
Après avoir pris le temps de bien assimiler et comprendre le fonctionnement du circuit de la Muze, je la branche. Je n’emploie pas ma méthode habituelle qui consiste à placer tous les potards sur leur position médiane, mais je prends le temps d’augmenter les réglages de gain de manière progressive afin de bien analyser le Clean Boost d’un côté et la Fuzz de l’autre. La marque nous promet une certaine polyvalence avec des sons qui permettent d’aborder aussi bien le répertoire de Pink Floyd que celui de Nirvana en passant bien évidemment par celui du groupe britannique Muse. Sur le papier, c’est très chouette, mais voyons si les promesses sont tenues. Première bonne surprise, même avec les réglages de Gain et Comp à zéro, on obtient déjà un très léger overdrive super musical qui ne change pas drastiquement le son de l’ampli, c’est très chouette. Je profite de ce niveau de gain pour triturer le potard de Tone. Là aussi, bonne surprise, on peut vraiment aller chercher des couleurs sonores très sombres avec beaucoup de basses ou au contraire des sons très (presque trop) criards, blindés d’aigus. Je monte le niveau de Gain pour voir ce que la Muze a dans le ventre. Ce circuit de Clean Boost est sympa et permet une utilisation plus douce de la pédale, sans déclencher une avalanche de fuzz. Jusqu’à la moitié de sa course, ce réglage propose un overdrive crunchy très agréable à jouer. Micros simples, micros doubles, tout sonne et on reconnaît bien le grain et la personnalité de chaque micro. On peut sans problème jouer du rock très classique. Je prends mon courage à deux mains et commence à monter le réglage Comp qui, pour ceux qui dormaient au fond, correspond au réglage de Sustain de l’Animato. Ce n’est plus du tout la même tisane et ça commence à envoyer sévère. Il faut même être vigilant tant le volume augmente à mesure qu’on monte la valeur de ce réglage. En gardant dans un premier temps le réglage de Gain à zéro, j’ai obtenu des sonorités très proches de celles d’une Big Muff mais avec une dose de médiums en plus qui amène un côté très présent au son. La course du potard est très longue et permet, comme sur une Big Muff ou une Animato, d’aller d’un gros overdrive à une fuzz sauvage et agressive. Le son est moins compressé que sur l’Animato, ce qui est une bonne chose (on peut amener une solide dose de compression en jonglant avec le réglage de Gain).
- Rock Sound – Fix Min:Gain Low:Comp OFF:Tone midi01:38
- Disto – Fix Min:Gain au-dessus de midi:comp OFF:Tone Midi01:45
- Stoner – Fix Tweqking:Comp 1:3:Gain midi01:37
Je laisse le réglage Comp à un peu moins de la moitié et commence à jouer avec le potard Fix. Accordé en Mi Standard jusque là, c’était plutôt plaisant de faire saturer l’ensemble du spectre, bien que les basses soient quand même bien présentes. En montant ce réglage, on perd effectivement en saturation, mais il est très facile de compenser cette perte avec les deux potards Gain et Comp. Maintenant que le son est moins chargé en basses, je change de guitare et attrape ma Les Paul Custom que je passe immédiatement en Drop C. Stoner et Doom sont à portée de bottes, c’est très sympa ! Malgré l’accordage assez bas, rien ne bave ni ne déborde, le potard Fix remplit décidément bien son rôle. Je continue sur ma lancée et branche une Jazz Bass Bacchus en plaçant sur les conseils de Philippe Gautier, le réglage Fix sur sa position maximale pour un son plus aigu. Là encore, c’est super efficace. Il manque seulement un réglage Blend qui permettrait d’amener un peu de son clair pour plus de précision. On a envie de gonfler le son avec un taux de saturation plus élevé, mais on perd vite en définition et en clarté malgré l’efficacité des réglages Fix et Tone. Je prends encore une fois mon courage à deux mains et place le réglage Comp au maximum. Une (grosse) hausse de volume est perceptible, décidément, la Muze en a sous le capot ! La fuzz est épaisse, lourde mais très maîtrisable. La moindre petite sollicitation du réglage de volume de la guitare se retranscrit parfaitement dans le son et le potard Fix est super efficace pour calmer un peu les basses. Le son « pompe » un peu sur les grosses attaques, à la manière d’un ampli poussé dans ses tout derniers retranchements. J’effectue la même opération cette fois-ci avec le réglage de Gain, le Clean Boost qui attaque le circuit de saturation. Là encore, c’est top. On dispose d’une sacrée réserve de gain (et de sustain), c’est impressionnant.
- Stoner Rock – Tone Tweaking01:56
- Grunge – Gain Min:Comp 1:3:Fix 1:3 (LP Custom Drop C)00:54
- Jazz Bass – Light fuzz – Fix MAx:Gain Midi:Comp 1:301:15
- Jazz Bass – Big Fuzz – Fix MAx:Gain Midi:Comp 2:301:36
- Big Fuzz – Gain Midi:Comp 2:3:Fix Min (LP Custom Drop C)01:29
AMuzement et polyvalence
Même si un certain temps est nécessaire pour appréhender la Muze, comprendre son circuit assez complexe et en sortir les sons qu’on a en tête, la pédale n’en est pas moins extrêmement polyvalente. Le mot du fondateur sur le Stoner, le Rock, le Doom, Nirvana, Pink Floyd et Muse est très juste, je n’ai eu aucun mal à atteindre des sonorités correspondantes aux styles et aux groupes susnommés. Elle est difficile à classer dans la mesure où elle génère des sonorités d’overdrive, de distorsion et de fuzz. Son atout principal reste, selon moi, les gros sons de fuzz plus ou moins chargés en basses. Comme toute bonne fuzz qui se respecte, elle répond très bien au potard de volume de la guitare et son circuit bourré de bonnes idées permet d’atteindre des sons très originaux. Le fait de disposer d’un filtre pré-saturation et d’un Clean Boost en entrée sont deux excellentes idées qui permettent à la Muze de se distinguer face à ses pairs. La pédale jouit d’une construction soignée, de composants fiables et conçus pour durer. Les potards exercent une bonne résistance ce qui permet d’ajuster les réglages avec finesse. Si vous aimez les gros sons de fuzz mais que vous cherchez une pédale polyvalente, musicale et qui vous permettra de sortir du mix dans n’importe quelles circonstances, jetez-vous en magasin pour essayer cette Muze ! Une chose est sûre, on entendra parler de PFX Circuits dans un futur proche. Proposée à un tarif de 189 €, la Muze possède un bon rapport qualité / prix.
Un grand merci au magasin La Pédale pour le prêt de cette pédale !