À mi-chemin entre Melodyne et le Music Rebalance d’un Izotope, RipX entend bien se faire une place sur le marché très sélect des logiciels de démixage, en proposant une solution un peu moins pensée pour les ingés son et un peu plus pour les musiciens… L’arme fatale ?

Exit Infinity, bonjour RipX : en renommant son produit phare dédié au démixage et en le déclinant en deux versions plus ou moins avancées Deep Remix et Deep Audio, HitnMix nous invite à profiter des technos de démixage dans un contexte plus musicien que ce qu’on voit habituellement : il ne s’agit pas seulement de disposer de la détection de notes comme dans Melodyne, mais de partie d’instruments, et il ne s’agit pas seulement d’isoler des STEM comme dans Izotope RX mais de pouvoir manipuler les parties produites. Voyons cela en détail, une fois passée l’installation de l’application et du plug-in RipLink qui permet d’optimiser la communication entre le logiciel et STAN : on aurait préféré une véritable intégration comme le fait Celemony dans plusieurs logiciels mais c’est déjà une bonne idée de l’avoir proposé, à l’heure où Izotope est extrêmement à la bourre sur le sujet.
Get a rip
Quant à la qualité d’isolation/suppression des parties, elle s’avère relativement bonne suivant les cas et les instruments, comme les parti-pris du mixage : sur basse, batterie et voix, RipX s’en sort très bien, avec des artefacts bien sûr, mais offrant des choses souvent très exploitables pour remixer et se sortant même de situations piégeuses… Étonnamment, il est ainsi parvenu à détecter la contrebasse doublée à l’octave de Walk on the Wild Side, tout comme il a su distinguer le violoncelle de la basse sur la chanson de Mc Cartney. En revanche, il perd les pédales lorsque pour des raisons de réverb (le début des choeurs de Walk on the Wild Side) ou d’ultracompression (Teenage Dream de Katie Perry), les attaques des notes sont floues : et c’est bien compréhensible. Les instruments un peu en arrière dans le mix ou se partageant l’animation des médiums posent également certains problème, ici comme chez la concurrence : où commence la guitare, où s’arrête le piano, sachant que les transitoires de la batterie ont vite fait de se mêler avec celles d’un strumming.
Voyez ce que ça donne sur les extraits de deux titres :

- at-the-mercycrop00:29
- at-the-mercycrop_Voice00:31
- at-the-mercycrop_Percussion00:31
- at-the-mercycrop_Drums00:31
- at-the-mercycrop_Bass Drum00:31
- at-the-mercycrop_Violin00:31
- at-the-mercycrop_Bass00:31
- at-the-mercycrop_Guitar00:31
- starlight00:22
- starlightstems_Drums00:24
- starlightstems_Vocals00:24
- starlightstems_Bass00:24
- starlightstems_Other00:24
Des choses carrément exploitables, d’autres moins, sachant que l’agglomération des layers délicats en stem permet souvent de reconsituer un instrument un peu compliqué.
Bref, tout cela est déjà relativement intéressant dans la mesure où cela marche bien mais c’est sur d’autres fonctions que RipX fait vraiment la différence en s’aventurant plus franchement du côté de la musique et de la composition.
MashUp
Contrairement à ce qu’il est possible de faire chez les concurrents, on a d’abord en effet la possibilité de passer d’un fichier à l’autre pour exporter/importer des parties. De fait, la basse que vous prélevez dans un fichier A peut se retrouver avec la batterie d’un fichier B, de sorte qu’il est ultra simple de faire des Mashups. La chose est rendue d’autant plus aisée qu’on dispose de fonctions permettant de détecter la gamme d’un morceau, et d’appliquer par conséquent cette gamme à une piste importée, tout comme évidemment il est possible de mettre les choses au même tempo.
À titre d’exemple Frankenstein de tout ce qu’il est possible de faire, voyez la boucle suivante : La batterie vient du Feel Good Inc de Gorillaz, la ligne de basse a été largement modifiée par provient du Walk on the Wild Side de Lou Reed, les voix en début, transposées et éditées au niveau des formants puis envoyées dans le delay viennent du Billie Jean de Michael Jackson, et les voix de fin sont des versions au pitch écrasé des choeurs de la chanson de Lou Reed. Sachant que le logiciel a été d’un précieux secours pour remettre tout cela dans le même tempo et la même tonalité :

Bien évidemment, il y a mieux à faire, et on fera bien garde surtout d’utiliser de vrais instruments ou de doubler les parties grâce à la possibilité d’exporter chaque Layer en MIDI pour obtenir quelque chose de plus propre, mais avouez qu’il y a de quoi s’amuser !
Pour cet autre exemple realisé en 20 minutes chrono, je ne récupère que les voix pour changer le contexte et forcément, le résultat est moins « frankensteinesque » :

Enfin, voyez sans parler d’extraction ce qu’il est possible de faire en termes d’arrangements depuis l’intérieur de la chanson : ici, j’ai modifier les notes de la ligne de basse à plusieurs endroits, remplacée cette dernière par un son de piano sur la fin et ajouté des harmonie vocales que j’envoie dans un delay…

Bref, les possibilités créatives sont énormes, même si l’on pourra regretter le parti pris simple voire simpliste de certains de ces effets : un unique slider servira à les régler chacun, ce qui n’est pas gênant sur un outil de transposition, mais s’avère plus frustrant sur un delay ou une réverbe. Reste que l’idée est excellente, et qu’elle l’est d’autant plus qu’elle s’associe à un système de scripts qui vont être intéressants pour des raisons aussi utilitaires (nettoyer les fréquences, gérer les problèmes de phase) que créatives comme ci-dessus : on peut remplacer un son par un autre par exemple.
Conclusion
Malgré ses airs austères et son côté un peu usine à gaz de prime abord, RipX DeepAudio est une excellente surprise qui emmène les technologies de démixage et d’édition de pitch sur des terrains un peu plus créatifs qu’un Melodyne ou un RX qui demeurent très attachés aux tâches de corrections. Stable et efficient, il gagnerait sans aucun doute à jouir d’une meilleure intégration dans les STAN tout comme des contrôles plus détaillés dans ces effets, mais force est de constater qu’il y a déjà de quoi s’amuser grandement avec ce qui nous est proposé ici : on espère que la concurrence en prendra de la graine. A essayer donc, voire à acheter sachant que l’éditeur propose jusqu’à 20% de réduction à l’occasion du Black Friday.