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Test de Celemony Melodyne 5 - Le Melodyne du bonheur

9/10
Award Innovation 2020
2020
Innovation
Award

Quatre années qu’on l’attend et elle est enfin là : la cinquième version de Melodyne va-t-elle une nouvelle fois jouer les « Game Changer » ?

Test de Celemony Melodyne 5 : Le Melodyne du bonheur

Car c’est indu­bi­table : s’il y eut un avant et un après Auto­tune dans la produc­tion musi­cale, c’est bien par Melo­dyne qu’est arrivé la révo­lu­tion suivante en offrant au commun des mortels la possi­bi­lité d’édi­ter les notes sépa­ré­ment sur des enre­gis­tre­ments poly­pho­niques, ouvrant ainsi la voie au démixage. De fait, si le logi­ciel d’An­tares qui demeure quant à lui toujours mono­pho­nique est très utilisé pour corri­ger la justesse de prises un peu fausses ou encore réali­ser l’ef­fet hard­tune si prisé par les musiques urbaines, Melo­dyne n’a cessé de convaincre les profes­sion­nels, l’uti­li­sant à des fins correc­tives comme créa­tives. Cele­mony a en outre eu la riche idée de propo­ser avec la plate­forme ARA un moyen d’in­té­grer Melo­dyne au sein de logi­ciels tiers, plate­forme désor­mais gérée par la plupart des STAN du marché : Logic Pro X, Cubase, Nuendo, Studio One, Cake­walk, Sampli­tude, Reaper, Mixcraft et Wave­form. Et cette inté­gra­tion est dans les fait si probante que d’autres plug-ins l’uti­lisent, qu’il s’agissent de ReVoice ou… d’Au­to­tune ! Ne manquent vrai­ment dans cette liste que Pro Tools, Live, Bitwig, Reason et Digi­tal Perfor­mer qui y vien­dront très proba­ble­ment en leur temps.

De fait, c’est peu dire que cette cinquième version est atten­due car Melo­dyne est un outil au cœur du work­flow de quan­tité d’uti­li­sa­teurs. Reste à savoir ce que nous ont concocté les alle­mands pour cette nouvelle version.

Les nouveaux jouets…

levelingLa plus grosse nouveauté de ce Melo­dyne tient sans doute dans la réor­ga­ni­sa­tion des outils pour gérer le volume de chaque note qui sont désor­mais rassem­blés dans un même menu. Avec l’ou­til Ampli­tude qui n’est pas nouvé, vous pouvez d’abord défi­nir le niveau de chaque segment repéré par le logi­ciel, vous permet­tant de régler les problèmes de dyna­mique d’une prise sans néces­sai­re­ment devoir passer par un Clip Gain dans le séquen­ceur, un compres­seur ou une auto­ma­tion. Et cela est d’au­tant plus pratique à l’heure de l’édi­ting qu’au lieu de devoir gérer des formes d’ondes basées sur la dyna­mique comme dans n’im­porte quelle STAN, on se répère ici grâce aux notes.

Du coup, c’est à la fois précis et intui­tif et permet de remettre à l’avant telle ou telle syllabe qui manque d’in­tel­li­gi­bi­lité par exemple, sachant qu’on peut effec­tuer la correc­tion simul­ta­né­ment sur plusieurs notes sélec­tion­née et qu’une macro est désor­mais dispo­nible pour auto­ma­ti­ser le trai­te­ment : Melo­dyne devient alors une sorte de compres­seur extrê­me­ment intui­tif avec deux curseurs à régler : renfor­cer les notes faibles ou adou­cir les notes fortes. Cette fonc­tion ne vous dispen­sera peut-être pas de passer un petit coup de LA-2A derrière, mais elle pour­rait vous épar­gner bien des auto­ma­tions…

Capture d’écran 2020-05-28 à 17.10.50Dans le sillage de cette fonc­tion, Cele­mony nous grati­fie égale­ment d’un outil pour réali­ser des fondus d’en­trée ou de sortie sur chaque segment détecté, ce qui sera bien pratique pour atté­nuer une tran­si­toire un peu bour­rine (une plosive par exemple), pour redon­ner de la lisi­bi­lité à des chœurs (on atté­nue les attaques sur une des pistes pour rendre plus discret les éven­tuels problèmes de calage) ou encore pour faire des effets spéciaux (violo­ning, par exemple). Là encore, c’est très bien­venu et permet de régler depuis Melo­dyne des problèmes qu’on devait autre­fois gérer à l’ex­té­rieur.

sibilantLast but not least, on dispose enfin d’un outil de balance des sibi­lantes, ce qui est l’oc­ca­sion de souli­gner une grosse évolu­tion du moteur audio du logi­ciel : Melo­dyne sait désor­mais gérer sépa­ré­ment les conte­nus tonaux et atonaux d’une signal. Grâce à cette possi­bi­lité, on dispose donc des notes d’un côté et des bruits de l’autre, ce qui s’avère parti­cu­liè­re­ment inté­res­sant dans la mesure où le logi­ciel ne trans­pose pas les bruits quand vous trans­po­sez la note, et confère ainsi un résul­tat plus natu­rel aux chan­ge­ments de hauteur tonale. Au-delà de cet aspect inté­res­sant, le logi­ciel permet donc surtout d’agir sur les sifflantes (les s, les t, les k, les f, les ch) qui ne manquent jamais de surve­nir en fonc­tion de la voix du chan­teur ou de la chan­teuse et du micro utilisé. En effet, là où un dees­seur tradi­tion­nel oblige à un trai­te­ment global qui, au-delà du petit temps de réglage qu’il demande pour trou­ver un bon compro­mis, récla­mera souvent qu’on inter­vienne « à la main » sur quelques syllabes problé­ma­tiques en utili­sant le clip gain, Melo­dyne permet de gérer cela en un clic de souris sur chaque syllabe problé­ma­tique : la partie sifflante appa­rait en hachuré et grâce à l’ou­til idoine, vous pouvez jouer sur l’équi­libre entre cette partie et la partie tonale du son. Cela peut bien sûr être un peu plus long qu’avec un plug-in mais c’est la garan­tie d’un résul­tat impec­cable puisque l’uti­li­sa­teur peut atté­nuer chaque sifflante selon son désir. Bref, c’est une très bonne évolu­tion à laquelle on ne repro­chera qu’une chose : il serait temps que Cele­mony découvre qu’il existe d’autres couleurs que le rouge, l’oran­ger, le rose et le jaune. En effet, si ces partie sibi­lantes étaient en bleu ou en vert, on gagne­rait autant de temps pour les repé­rer et agir dessus. On se dit d’ailleurs la même chose lors d’une édition multi­piste : pouvoir repé­rer les diffé­rentes pistes avec diffé­rentes couleurs serait sans doute bien plus pratique que ce qui nous est proposé.

Force est toute­fois de consta­ter que les solu­tions de gestion de l’am­pli­tude propo­sées par Cele­mony sont enthou­sias­mantes tant par leur simpli­cité que leur préci­sion.

Voyez ainsi cette prise où l’on déesse, notam­ment le f de find et le s de secret :

vocal­dry
00:0000:05
  • vocal­dry00:05
  • vocal­deess00:05


Puis celui où l’on atté­nue les pop sur People :

voca­lan­ti­pop
00:0000:05


Pour enfin regon­fler le niveau de Secret :

vocal­se­cret­vo­lume
00:0000:05


Tout cela en quelques clics de souris… De ce fait, il se pour­rait bien que Melo­dyne boule­verse un peu plus encore le flux de produc­ti­vité d’un mixage : là où il fallait aupa­ra­vant utili­ser diffé­rents outils, trai­te­ments ou diffé­rentes fonc­tions de la STAN pour suppri­mer les bruits indé­si­rables (respi­ra­tion par exemple), homo­gé­néi­ser les niveaux, corri­ger la justesse et le place­ment des notes ou encore régler les problèmes de sifflantes, on peut désor­mais faire tout cela depuis Melo­dyne. Ne manque plus qu’un détec­teur de plosives et l’on sera prêt de tenir l’ou­til parfait pour opti­mi­ser une piste avant mixa­ge…

Rien que pour ces outils, cette V5 s’avère donc enthou­sias­mante, mais Cele­mony nous apporte aussi du nouveau du côté DNA.

Chord sensible

chordgridLa tech­no­lo­gie Direct Note Access, capable de sépa­rer les notes dans un enre­gis­tre­ment poly­pho­nique, est assu­ré­ment ce qui a rendu Melo­dyne très popu­laire. Et dans le contexte de cette dernière, Cele­mony nous propose fort logique­ment des fonc­tions plus musi­cales que correc­tive avec la possi­blité de détec­ter désor­mais les accords comme la tona­lité d’un morceau. La chose permet­tra ensuite d’adap­ter la grille du piano roll à l’ac­cord, voir de contraindre le magné­tisme des notes faci­li­ter le travail de trans­po­si­tion correc­tive voire d’ar­ran­ge­ment. Il n’a jamais été aussi facile du coup, même quand on ne connait rien à la théo­rie musi­cale, de remettre une fausse note dans la gamme corres­pon­dant à un accord, ou de géné­rer des arran­ge­ments qui sonne­ront en contexte : c’est notam­ment parfait pour des choeurs. C’est vrai­ment très bien vu d’au­tant que l’algo de détec­tion est plutôt perfor­mant, plus en tout cas que celui de Studio One par exemple qui se prend souvent les pieds dans le tapis entre majeur et mineur alors que la grille sortie par Melo­dyne est autre­ment plus fiable. Il détecte d’ailleurs sans problème la modu­la­tion d’un morceau comme « My Heart will go on », tandis que lorsqu’il hésite entre plusieurs possi­bi­li­tés, il est possible de corri­ger les choses à la main.

chorddetectSeul hic, proba­ble­ment dû au logi­ciel de PreSo­nus : si j’ai pu trou­ver comment impor­ter la grille de Studio One dans Melo­dyne, je n’ai pas trouvé comment réali­ser l’opé­ra­tion inverse, c’est à dire expor­ter la grille de Melo­dyne dans le séquen­ceur… Gageons en tout cas que cette nouvelle capa­cité de Melo­dyne et l’in­té­gra­tion d’ARA dans la plupart des STAN du marché va proba­ble­ment permettre à beau­coup de logi­ciels de propo­ser des fonc­tions d’ar­ran­ge­ment auto­ma­tique. On a hâte de voir ça, sachant que Cele­mony n’a pas encore trop creusé dans cette direc­tion : pas de commande pour tenter un renver­se­ment d’ac­cord par exemple. Il faudra faire cela à la main.

Mais enco­re…

Reste enfin à parler de quan­tité de petites amélio­ra­tions appa­rues à l’oc­ca­sion de cette version 5 dans le logi­ciel, à commen­cer par un nouvel algo dédié aux percus­sions accor­dées, proba­ble­ment issu des recherches faites sur la sépa­ra­tion tonal/atonale d’un signal. L’idée est inté­res­sante pour accor­der un kick de 808 par exemple mais vu qu’on fonc­tionne ici en mono­pho­nique, il faudra avoir une piste sépa­rée pour l’élé­ment à éditer. Pour bosser sur ce genre de choses, on préfé­rera passer par une solu­tion comme le ReGroo­ver d’Ac­cu­so­nus, beau­coup plus à son aise pour le démixage de conte­nus percus­sifs.

Mention­nons encore que les déve­lop­peurs ont eu à coeur d’amé­lio­rer la gestion de la dérive du pitch, permet­tant de rendre les tran­si­tions d’une note à l’autre plus ou moins douce et éviter les effets hard­tune qui ne manquent jamais de surve­nir en cas de grosse correc­tion. La dérive du pitch dans la note même est égale­ment beau­coup moins alté­rée par les trans­po­si­tions, ce qui se traduit là encore par des résul­tats plus natu­rels. Enfin, les déve­lop­peurs ont refondu la partie permet­tant de recher­cher et de gérer les raccour­cis claviers person­na­li­sés. Là encore, ça va dans le sens de plus de produc­ti­vité.

Au-delà de ça, on souli­gnera toutes les quali­tés qui étaient celles de Melo­dyne jusqu’ici, à savoir sa capa­cité à rendre l’au­dio malléable, à démixer, mais aussi à détec­ter assez fine­ment le tempo dans un fichier qui n’a pas été enre­gis­tré au clic, à jouer sur les spectre dans une optique correc­tive ou créa­tive, etc. Bref, le logi­ciel de Cele­mony sait sa rendre indis­pen­sable, bien au-delà de la correc­tion de justesse voca­le… 

Reste à parler du prix de tout cela au travers des diffé­rentes versions : à 99 euros, Essen­tial qui est livrée gratui­te­ment avec beau­coup de STAN vous propose les outils de base pour gérer le timing et la trans­po­si­tion, mais peut aussi détec­ter les accords. Avec Melo­dyne Assis­tant à 249 euros, on dispose en plus de tous les outils pour éditer le vibrato, le phrasé, les formants et la dyna­mique, soit une version qui devrait conve­nir à la plupart des utili­sa­teurs. À 399 euros, la version Editor apporte la capa­cité à travailler en poly­pho­nique via la tech­no­lo­gie DNA. Enfin, pour 700 euros, vous avez le Melo­dyne complet, capable de travailler en multi­piste. « C’est cher » diront certains mais compte tenu de la recherche qu’a dû récla­mer le logi­ciel et des services qu’il peut rendre au quoti­dien, ce n’est pas une somme qui fera recu­ler un profes­sion­nel, tandis que les amateurs pour­ront tout à fait se conten­ter d’Es­sen­tial ou Assis­tant en fonc­tion de leurs besoins.

Conclu­sion

Avec cette cinquième version, Melo­dyne étend son domaine de compé­tences bien au delà du pitch shif­ting et du time stret­ching, de sorte que des opéra­tions propre à l’edi­ting qui devait jusqu’ici être réali­sées avec d’autres outils, qu’il s’agisse de plug-ins ou de fonc­tions propres à la STAN, peuvent main­te­nant être réali­sée depuis le soft de Cele­mony. Les nouveaux outils propo­sés pour la gestion du volume permettent ainsi de s’at­taquer au dees­sing comme aux bruits divers et variés, d’évi­ter d’avoir recours à des auto­ma­tions ou au clip gain avec la garan­tie d’ob­te­nir un résul­tat des plus natu­rels grâce à la diffé­ren­tia­tion entre contenu tonal et atonal. Et même si en termes de fonc­tion­na­lité, la nouvelle piste accord promet pour l’ins­tant plus qu’elle ne tient, force est par ailleurs de recon­naître qu’elle simpli­fiera la vie au quoi­ti­dien, d’au­tant que l’algo de détec­tion de Cele­mony est excellent.

Notre avis : 9/10

Award Innovation 2020
2020
Innovation
Award
  • Séparation du contenu tonal et atonal…
  • …pour plus de naturel
  • …et de nouvelles possibilités : leveling, déessing, fondus de volume
  • Simplicité d’utilisation
  • Qualité des algos
  • Bonne détection des accords et des tonalités
  • Possibilité d’adapter le piano roll et son magnétisme aux gammes et accord
  • Un outil plus que jamais pertinent pour l’editing
  • Et tout ce qu’on aime dans Melodyne (édition polyphonique, détection du tempo, qualité du pitch shift et du time stretch, possibilités d’édition spectrale)
  • Intégration via ARA dans la plupart des STAN du marché
  • Des couleurs plus variées simplifieraient sans doute le repérage des parties atonales comme des différentes pistes en multipiste
  • En dépit de fonctions de détections d’accords et de gammes, pas réellement d’outils pour l’arrangement
  • Algo "percussif accordé" monophonique uniquement
  • Version studio pas donnée, bien que l'offre soit globalement bien pensée

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