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Test de Steinberg Spectralayers Pro 10 - Le Layer des mondes

9/10
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Plus de quatre ans se sont écoulés depuis que Steinberg a racheté Spectralayers à Magix et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur ne s’est pas tourné les pouces. Quatrième mise à jour en quatre ans, cette version 10 n’a en effet plus grand-chose à voir avec le logiciel prometteur que testait Sleepless il y a une décennie de cela. De quoi faire trembler Izotope RX ?

Test de Steinberg Spectralayers Pro 10 : Le Layer des mondes

La ques­tion se pose d’au­tant plus que tout en restant une suite de premier ordre pour la restau­ra­tion audio, RX a semblé s’en­dor­mir genti­ment sur ses lauriers au fil des dernières années. L’in­té­gra­tion aux diffé­rents séquen­ceurs et éditeurs audio via la plate­forme ARA est par exemple depuis long­temps récla­mée aux déve­lop­peurs qui ont juste daigné la propo­ser pour Logic… Point de cela chez Stein­berg qui s’est assuré que Spec­tra­layers soit utili­sable via la tech­no­lo­gie de Cele­mony dans toutes les STAN du marché : c’est d’ailleurs sous Studio One que se déroule ce test, où l’af­fec­ta­tion de Spec­tra­layers en effet de clip suffit à béné­fi­cier d’une inté­gra­tion parfaite du logi­ciel, comme pour Melo­dy­ne…

À la fin de l’en­voi, je couche

Sitôt affecté à un clip, Spec­tra­layers s’ouvre donc et présente, en vis-à-vis de nombreuses commandes et indi­ca­tions, une repré­sen­ta­tion spec­tro­gra­phique du signal. On passera sur les tradi­tion­nels outils permet­tant de sélec­tion­ner toute ou partie de ce dernier et de le modi­fier de diverses façons pour s’in­té­res­ser à ce qui fait la parti­cu­la­rité de Spec­tra­layers : sa capa­cité à gérer diffé­rents calques, d’où son nom.

SL-DemixEt cette parti­cu­la­rité est d’au­tant plus inté­res­sante qu’au fil des versions, le logi­ciel s’est de plus en plus spécia­lisé dans le démixage, déployant une logique extrê­me­ment inté­res­sante d’un point de vue créa­tif comme du point de vue de la restau­ra­tion. Dans le menu Démixage, vous dispo­sez ainsi de quan­tité de façon de sépa­rer votre signal origi­nal en plusieurs couches : démixage d’une musique par instru­ment évidem­ment, démixage d’une batte­rie par percus­sion, mais aussi sépa­ra­tion du bruit et du contenu tonal, sépa­ra­tion d’une voix parlée sur du bruit, de plusieurs voix parlées… À des fins de restau­ra­tion ou créa­tives, voilà qui permet d’or­ga­ni­ser complè­te­ment diffé­rem­ment le travail comparé à RX, d’au­tant que rien ne vous empêche d’ajou­ter vos propres calques, de couper/copier/coller des données de l’un vers l’autre ou encore de fusion­ner deux calques : de la sorte, les erreurs de détec­tions de l’algo peuvent être corri­gées, ou du moins la sépa­ra­tion gran­de­ment amélio­rée.

SL-calquesQuant à juger de la qualité des algo­rithmes de sépa­ra­tion, souli­gnons que le logi­ciel a gagné en préci­sion avec cette nouvelle version : c’est mani­feste sur la partie basse par exemple, où la piste obte­nue ne tourne pas au vague brou­haha comme chez la plupart des concur­rents, mais contient bien l’at­taque de l’ins­tru­ment… Souli­gnons en outre que Spec­tra­layers est le seul à pouvoir faire de la sépa­ra­tion sur 9 Stems : batte­rie, basse, voix, guitare, piano et autres, sachant que la batte­rie peut ensuite être démixée en kick, caisse claire et cymba­les… Il est aussi le seul qui permette de réat­tri­buer simple­ment à tel ou tel calque des parties du spectre que l’algo aurait oublié ailleurs…

Bon, vous vous en doutez : comme toujours avec ce genre d’al­gos magiques, suivant les cas, on obtien­dra des choses plus ou moins propres, mais pour peu que la source ne soit pas trop complexe, ce sera en géné­ral très exploi­ta­ble… Sans passer par cette phase d’édi­tion, voyez en tous cas les résul­tats obte­nus par le démixeur de RX, celui d’Acous­tica et enfin celui de Spec­tra­layers. En sachant que le logi­ciel de Stein­berg est le seul à permettre de corri­ger à la main le démixage, chose qui sera gran­de­ment faci­li­tée par la possi­bi­lité de pouvoir sélec­tion­ner toutes les parties du spectre propo­sant des carac­té­ris­tiques simi­laires à une sélec­tion de réfé­ren­ce…

Voici d’abord le fichier de réfé­rence :

MIXSource
00:0001:06

Puis le démixage opéré par Izotope RX 10 :

RX-Vocal
00:0001:04
  • RX-Vocal01:04
  • RX-Percus­sion01:04
  • RX-Bass01:04
  • RX-Other Instru­ments01:04

Voyons main­te­nant comment s’en sort Acous­tica d’Acon Audio :

Acous­tic-Bass
00:0001:04
  • Acous­tic-Bass01:04
  • Acous­tica-Vocal01:04
  • Acous­tica-Piano01:04
  • Acous­tica-drums01:04
  • Acous­tic-Bass01:04
  • Acous­tica-Others01:04

 Et enfin le demixage réalisé par Spec­tra­layers, avec l’éclaté de la batte­rie pas forcé­ment hyper convain­cant mais très amélio­rable en récu­pé­rant ce qui est passé sur d’autres calques…

Spec­tra­layers-ORLP – Voix (4214556806)
00:0001:04
  • Spec­tra­layers-ORLP – Voix (4214556806)01:04
  • Spec­tra­layers-ORLP – Grosse Caisse (471756866)01:04
  • Spec­tra­layers-ORLP – Caisse Claire (2429436236)01:04
  • Spec­tra­layers-ORLP – Cymbales (1476888342)01:04
  • Spec­tra­layers-ORLP – Guitare (3168854837)01:04
  • Spec­tra­layers-ORLP – Piano (115451997)01:04
  • Spec­tra­layers-ORLP – Basse (3806754682)01:04
  • Spec­tra­layers-ORLP – Autre (4285860016)01:04
  • Spec­tra­layers-ORLP – Non-Demixe (2312048558)01:04

Stein­berg nous met un bon petit calque

Et encore ne parlons-nous là que de démixage musi­cal, car le logi­ciel s’avère assez impres­sion­nant pour démixer deux voix enche­vê­trées par exemple. Voyez les deux calques obte­nus sur cette inter­view, en sachant que le petit reliquat de voix fémi­nine qui reste sur une des pistes sera aisé­ment réaf­fecté à l’autre calque…

ITVmor­gane
00:0000:10
  • ITVmor­gane00:10
  • ITVmor­ga­neA­LONE00:10
  • ITVar­nau­dA­LONE00:06

SL-transcriptPas mal, non ? En sachant que la cerise sur le gâteau, c’est que Spec­tra­layers peut extraire les mots pronon­cés, et ce dans 10 langues dont le français, de façon à navi­guer plus simple­ment dans un long enre­gis­tre­ment ou à géné­rer des sous-titres qui pour­ront être expor­tés aux formats TXT ou SRT : merci pour ça, même si pour l’heure, on a encore pas mal de raté dans la détec­tion heureu­se­ment éditable. Souli­gnons qu’on est loin de la qualité de ce que font désor­mais Premiere comme Resolve, même si l’ef­fort mérite d’être souli­gné face à un RX qui se cantonne à la seule langue anglai­se…

Reve­nons toute­fois à Spec­tra­layers en exami­nant la partie trai­te­ment du logi­ciel.

La traite du calque

Pour cette version 10, Stein­berg assure avoir revu ses algos, et notam­ment celui de son de-noiser comme de son de-reverb.
Voyez ce que cela donne sur le premier :

Quant à l’algo de déré­ver­bé­ra­tion, voyez-le à l’œuvre sur ce son de pièce :

REVo­ri­gi­nal
00:0000:06
  • REVo­ri­gi­nal00:06
  • REV10000:06

Puis sur cette voix en compa­rai­son avec les algos des autres logi­ciels, dont l’éton­nant Goyo dont la version payante est atten­due pour octobre :

VOCAL­de­verb­Source
00:0000:08
  • VOCAL­de­verb­Source00:08
  • VOCAL­de­verb­GOYO00:08
  • VOCAL­de­ver­bRX00:08
  • VOCAL­de­verbS­pec­tra­layers10000:08
  • VOCAL­de­verbS­pec­tra­layers7000:08

En allant à fond dans le trai­te­ment, on obtient certes une réduc­tion complète de la réverbe, mais au détri­ment de la voix : il faudra donc trou­ver une juste mesure, sachant que le logi­ciel ne propose que peu de réglage (juste la force du trai­te­ment) et n’in­cor­pore pas d’en­han­cer comme le fait le spec­ta­cu­laire Adobe Speech Enhan­cer sur les voix parlées unique­ment.

Plus déce­vant, l’ali­gne­ment de réverbe, censé repor­ter la réverbe d’un clip sur un autre, donne parfois des résul­tats brui­tistes qui fait qu’on aurait préféré quelque chose de moins « intel­li­gent » pour gagner en effi­ca­cité : plutôt que de lais­ser le logi­ciel créer sa propre réponse à impul­sion, le guider pour adap­ter les presets d’une vraie réverbe, façon Izotope, aurait sans doute permis d’ob­te­nir quelque chose de plus propre à la fin… Voyez le problème sur cet extrait :

MATCH­source
00:0000:04
  • MATCH­source00:04
  • MATCH­tar­get00:06
  • MATCH­done00:06

SL-VST3Notez toute­fois que la compa­rai­son des outils peut vrai­ment varier d’une source à l’autre : ici Izotope s’en sortira mieux, là ce sera  Spec­tra­layers. Du coup, on appré­cie d’au­tant plus le fait de pouvoir utili­ser des plug-ins VST3 depuis le logi­ciel de Stein­berg. De la sorte, vous n’au­rez aucun problème pour utili­ser la plupart des modules de RX si vous dispo­sez de la version Advan­ced de ce dernier : voilà une bonne façon de complé­ter le logi­ciel avec des trai­te­ments qui lui manque­raient, le soft d’Izo­tope ne manquant pas d’ori­gi­na­lité sur ce point (Guitar Denoise, De-Wind, Mic De-rustle, etc.) tandis qu’on trou­vera bien d’autres chose encore chez Waves, Zynap­tiq, Super­tone, Accen­tize, etc.

Et souli­gnons-le encore : l’usage d’ARA comme plate­forme d’ac­cueil rend l’in­té­gra­tion du logi­ciel abso­lu­ment géniale, un cliqué-glissé d’un des calques sur la fenêtre d’ar­ran­ge­ment de Studio One permet­tant par exemple de récu­pé­rer la piste qu’on pourra conti­nuer d’édi­ter avec Melo­dyne par exemple, ou soumettre à tout autre trai­te­ment ou plug-in… Vous voulez récu­pé­rer le kick d’une batte­rie sur une nouvelle piste pour utili­ser un Drum Repla­cer ? Quelques clics suffisent : voilà qui devrait inté­res­ser les remixeurs de tous poils !

Conclu­sion

SL-global2C’est un bien beau logi­ciel que ce Spec­tra­layers car le prin­cipe des calques, couplé à des algos de qualité, un manie­ment somme toute rela­ti­ve­ment simple et une excel­lente inté­gra­tion via ARA, permet d’ac­com­plir des choses abso­lu­ment renver­santes d’un point de vue créa­tif comme de celui de la restau­ra­tion. Le fait de pouvoir inter­ve­nir depuis l’in­té­rieur du mix change effec­ti­ve­ment bien des choses de ces deux points de vue par rapport à ce que permet un RX par exemple, même si le logi­ciel de Stein­berg n’est pas aussi complet sur les trai­te­ments spécia­li­sés que ce dernier. Sur un marché en pleine révo­lu­tion depuis que l’In­tel­li­gence Arti­fi­cielle s’en mêle, Spec­tra­layers a certes bien des concur­rents de poids face à lui sur telle ou telle tâche (notam­ment le spec­ta­cu­laire Adobe Speech Enhan­ce­ment, bluf­fant sur le débrui­tage et la déré­ver­bé­ra­tion de voix parlée), mais souli­gnons que son ouver­ture permet d’uti­li­ser d’autres outils en complé­ment, tandis que personne n’est aussi complet ou perfor­mant que lui sur les tâches de démixage qui changent vrai­ment la façon dont on peut abor­der des problé­ma­tiques de restau­ra­tion comme de créa­tion.

Quant à savoir s’il vaut mieux se payer ce Spec­tra­layers plutôt que le très sérieux RX ou le créa­tif RipX, disons que tous sont complé­men­taires, chacun dispo­sant de ses propres origi­na­li­tés. S’il n’en fallait qu’un toute­fois, me concer­nant, ce serait sans doute le soft de Stein­berg qui l’em­por­te­rait…

On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine Voir tous les épisodes de "On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine"

Notre avis : 9/10

Award Innovation
Innovation
Award
  • L’intégration via ARA
  • Un outil puissant qui ouvre de nouveaux horizons pour la création comme la restauration…
  • …et qui demeure simple à comprendre et manipuler
  • Le démixeur le plus abouti du marché ?
  • Les nombreux modes de démixage
  • Détection de la parole en 9 langues avec export des sous-titres
  • Qualité globale des traitements
  • Support des chaînes de VST
  • Interface qui manque d’espace
  • Le de-reverb n’est pas à la hauteur d’Adobe Speech Enhancement
  • Manque de contrôles (sur Reverb & Ambience match par exemple)
  • On aimerait un insert VST par calque
  • Reconnaissance de la parole perfectible

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