TC Electronic est une marque danoise mondialement reconnue pour le matériel professionnel qu'elle propose notamment pour le studio (delay, mastering…) et pour les guitaristes.
Montée en 1976 par les deux frères Rishøj, pour ceux qui sauraient prononcer le danois, qui ont voulu clairement se démarquer en tant qu’experts du bruit et de la suppression de bruits parasites. Il faut dire qu’à cette époque il y avait pas mal de choses à améliorer dans ce domaine. Donc pour l’histoire, les frères danois commencent par construire une pédale de chorus qui fera vite sensation. Mais ils voient vite plus grand et s’attaquent avec succès au matériel sono de studio et aux effets très pointus pour guitaristes. Récemment ils reviennent en force sur un marché plus abordable (en taille, en prix…) de pédales d’effets. Ils ont tout d’abord fait sensation et l’unanimité avec la pédale d’accordeur PolyTune, puis ont maintenu notre attention avec la série TonePrint (qui permet la mise à jour via USB de réglages de sons de guitaristes célèbres).
Aujourd’hui on m’a confié pour ce test la dernière de cette série de jolies et petites pédales : la Spark Booster. Cela m’évoque tout d’abord leur célèbre Booster + Line Driver & Distortion (320 €, 18v, est-elle encore disponible ?), mais il ne s’agit pas ici d’une version plus cheap de cette pédale, précise bien la marque. On ne joue pas dans la même gamme de prix ou de taille et cet effet promet une identité originale et nouvelle. Alors il y a aussi une allusion évidente à la Tube Screamer… Une Tube Screamer boostée ou un boost tube-screamé ? En tout cas cette pédale compte apporter son étincelle dans le monde des boosters–distorsions, allons écouter tout ça !
Les intentions de départ
Je reviens un peu sur le concept de cette pédale pour les novices, pour les autres n’hésitez pas à passer directement au chapitre suivant.
Tout d’abord sur le booster, qui permet simplement d’augmenter le volume pour des parties qui le nécessitent, comme les solos. On peut penser que c’est un problème très simple à régler aujourd’hui, mais dans la pratique, pour le jeu live, c’est toujours un enjeu complexe pour le guitariste de faire ressortir certaines parties au volume adéquat. On a en effet plusieurs solutions, la plus simple étant d’utiliser le potentiomètre de la guitare, mais cela va modifier le gain donné en entrée à l’ampli. Du coup, en distorsion on va jouer sur la saturation et non sur le volume. C’est très intéressant, mais pas forcément ce qu’on recherche. Il en va de même si on utilise une pédale de volume placée entre la guitare et l’effet. On peut donc utiliser une pédale de volume placée après la pédale de distorsion ou en boucle d’effet si on utilise la saturation de l’ampli. Mais cette pédale donne souvent au musicien l’envie d’adapter son volume à chaque changement de partie, ce qui prend un peu de sa concentration, donne quelques difficultés à l’ingénieur du son et peut même donner envie aux autres musiciens de jouer de plus en plus fort. Il est en effet plus simple et agréable d’avoir des volumes fixes et des repères.
D’où le grand intérêt porté par les guitaristes aux pédales « clean boost » et « boost distortion ». Il est finalement plus fréquent d’en trouver dans le pedalboard des guitaristes qu’une pédale de volume, et il y en a même souvent plusieurs placées à différents endroits. Pour info la « clean boost » est sensée ne pas altérer le son original, et la « boost distortion » valoriser le son en saturation.
Certaines de ces pédales proposent d’ailleurs un buffer qui annule les pertes de signal provenant des grandes longueurs de câbles (en adaptant l’impédance de la guitare à celle de l’ampli), et règle les incompatibilités entre certaines pédales.
La petite dernière de TC Electronic n’a pas fait le choix du buffer mais celui du true bypass, qui est censé être le plus transparent. Ce qui veut dire que lorsque l’effet est désactivé le signal ne passe plus par les composants, mais uniquement par du câble, le circuit ayant été dévié.
Je pense qu’il faut aussi rappeler le principe de la classique Tube Screamer de chez Ibanez. TC Electronic y fait clairement allusion, tout d’abord dans son nom : on a remplacé Tube (lampe) par Spark (étincelle, mais aussi sparkplug qui est la bougie de voiture dessinée sur la pédale) et Screamer par Booster. Pour simplifier, la Tube Screamer est une pédale d’overdrive qu’on utilise avec très peu de gain, mais surtout du volume, avant une autre saturation pour permettre à cette dernière de prendre en gain, en sustain… Et elle est aussi caractérisée par son apport de fréquences médiums qui font ressortir la guitare dans le mix global.
A mon avis, la Spark Booster prend toute sa dimension une fois mise à cette position.
Et l’objet fut
Pour commencer, les pédales TC Electronic sont petites (63 × 122 × 57mm), ce qui est appréciable dans un pedalboard, et plutôt chic. Celle-ci l’est particulièrement avec son impeccable revêtement blanc neige et ses écritures dorées. Une diode blanche, dans le ton soigné de la pédale, mais donc un peu camouflée, indique la marche de l’effet. L’alimentation se fait par transformateur ou avec une pile 9V. Il faut noter que l’accès à la pile est protégé à l’arrière de la pédale par une énorme vis, qui ne risque pas de s’abimer avec les années d’utilisation comme sur les pédales Boss, mais qu’on doit ouvrir avec une pièce… Je précise pour les guitaristes qui n’ont pas un sou en poche !
Simple d’utilisation, il suffit de la brancher pour comprendre son fonctionnement. Cette pédale blanche a donc 4 potentiomètres (Volume, Gain, Bass et Treble), un switch 3 positions (Fat, Clean et Mid) et un interrupteur True Bypass.
Bass et Treble ont un cran à 0 pour utiliser l’effet de manière transparente et ne pas modifier notre son de base. J’apprécie ce petit détail. Ensuite la coloration qu’apportent ces boutons est réelle, agréable et permet d’ajuster habilement le son aux conditions d’utilisation. Les positions du switch permettent quant à elles d’avoir soit un son non modifié (Clean), soit un booster de médiums (Mid), soit un son plus costaud (Fat) qui serait censé, selon la marque, donner l’effet humbucker à un simple bobinage.
La position Clean est en effet la plus transparente même si, et j’y reviendrai plus tard, ce n’est pas la principale qualité de cet effet. Les positions Mid et Fat font quant à elle parfaitement leur travail, avec un son qui perce dans le mix comme sur une Tube Screamer en Mid et un boost assez violent en position Fat, qui apporte tout ce qu’on recherche sur la Spark Booster : un sustain incroyable, du gain, du fuzz… L’argument du humbucker est alléchant, mais pas vraiment réaliste, car il s’agit ici d’un véritable booster de gain, comme si on pouvait aller au-dessus de la position 10 sur la distorsion de l’ampli, ce qui n’est pas exactement les caractéristiques du passage d’un micro simple à un double.
Allez, tout à fond !
À fond la pédale
En son clair, en boucle d’effet, ou placée après la distorsion, on a effectivement un booster incroyable, incomparable et je dirais même la majorité du temps d’une marge inutile. Je crois que pour une pédale de cette taille on atteint ici un record puisqu’on peut aller jusqu’à plus 26 dB en augmentation de volume ! On ne se rend pas compte comme ça, mais attention à ne pas casser les oreilles de vos collègues ! Le booster est ici plutôt propre et transparent si on l’utilise sur les positions 0 et clean. Pour info, le volume sans effet équivaut au volume de la pédale un poil au-dessus de 0, vous avez de la marge.
Vous pouvez écouter sur le premier extrait audio une démonstration du boost pur, pourtant pas poussé à son maximum, car je trouvais ça déjà suffisamment explicite. Les prises de son ne sont pas traitées, et j’ai placé un micro devant mon Orange Rockerverb 50 à lampes, et la Spark Booster est branchée entre l’ampli et ma guitare Gibson SG.
Ensuite, essayons cette pédale comme une distorsion classique, sur le son clair de mon ampli. Un peu comme pour une Tube Screamer, il s’agit d’un léger overdrive sans intérêt particulier, mais quand même agréable. Vous pouvez entendre ça sur mon second enregistrement, où j’ai utilisé la position Fat, mis le gain aux 3/4, le volume au milieu, Bass à –3 et Treble à +3.
Je fais un peu durer le suspense, car là où j’ai été vraiment conquis par ce booster, c’est dans son addition à une autre saturation. La pédale y est charmante et donne à votre son un supplément de corps, de gain. Et d’autant plus quand elle est utilisée avant une autre distorsion, car si y on perd la possibilité d’augmenter notre volume, on donne ainsi à l’effet toute son ampleur, et on se laisse prendre au jeu dans cette position qui valorise les sons que vous appréciez et utilisiez auparavant.
Et, même s’il ne s’agit plus d’un véritable booster en volume pur, on peut quand même sentir une légère augmentation de volume, surtout en position Mid ou Fat.
Il faut tout de même noter que si la pédale est positionnée dans la boucle après la distorsion, cela modifie également votre son de manière quasi similaire, mais moins vivante et prononcée à mon goût, mais du coup l’effet boost de volume fonctionne parfaitement, en son clair comme en son saturé.
Vous pouvez comparer les sons avec et sans effet sur les extraits audio 3 et 4. Sur la piste 3 je suis en True Bypass, et sur la 4 j’enclenche l’effet avec le volume aux trois quarts, le gain à un quart, Bass moins un quart et Treble plus un quart.
Une fois l’effet allumé, le gain est subtilement développé, on peut même dire qu’il met en valeur la couleur de votre distorsion d’origine. Comme si on découvrait sur notre guitare un deuxième bouton de volume jusqu’alors oublié en position 4 et qu’on le poussait à fond. Bref cela apporte les qualités, mais aussi les défauts d’une augmentation de gain conséquente, du souffle, quelques bruits parasites et parfois même quelques sifflantes suivant votre installation électrique. Mais quel plaisir de faire crier sa guitare ! Du coup, ce n’est pas un boost transparent, même s’il sait respecter et jouer avec votre son original.
Si on le pousse un peu l’effet, cela donne un sustain impressionnant. Je me suis amusé à changer ma position physique par rapport à l’ampli pour trouver le sustain immortel à la Gary Moore. Écoutez dans mon dernier enregistrement, je ne sais même plus comment arrêter la note…
On remarque aussi que la Spark Booster ajoute de la compression, ce qui est très appréciable en solo surtout si on veut jouer rapidement. La compression permet à toutes les notes de ressortir plus clairement et de manière homogène, ce qui met en valeur votre fluidité et votre technique, plutôt sympa !
- Extrait 1 Son Clair00:31
- Extrait 2 Son Crunch00:32
- Extrait 3 Disto sans Boost00:29
- Extrait 4 Disto Boostee00:37
- Extrait 5 Sustain – Compression01:15
L’enfer, c’est les autres ?
Par rapport à d’autres pédales de la marque Danoise, une petite déception demeure, il n’y a pas de prise USB mystère, donc pas de future mise à jour TonePrint. Cela s’explique simplement par le fait que la pédale est entièrement analogique, comme la MojoMojo, la Dark Matter ou encore la Röttweiler. On ne peut donc pas réellement lui en vouloir…
Niveau son, on peut dire que la Spark Booster nous en propose du bon, du gras, du lourd. TC Electronic a voulu se positionner différemment par rapport à la concurrence, du coup il ne s’agit pas ici d’un booster transparent comme la magnifique RC Booster de chez Xotic (194 €), qui elle a un Buffer. Mais la coloration qu’elle apporte sait mettre en valeur votre son original, et c’est ça qui la rend charmante ! Si elle peut ajouter un peu de souffle, c’est pour apporter énormément de gain et de sustain. On prend beaucoup de plaisir à la jouer en solo, à en oublier l’heure qui passe… Alors pourquoi pas, comme beaucoup d’autres guitaristes, avoir dans son pedalboard deux boosters, un transparent et la petite dernière de TC Electronic ? Prix public catalogue : 129 €.