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Test de la pédale Kernom MOHO - L'usine à fuzz !

9/10
Award Innovation 2024
2024
Innovation
Award

Souvenez-vous, nous avions essayé l’excellente « Ridge » conçue par la marque française Kernom. Aujourd'hui, le fabricant présente la « MOHO », une fuzz avec des capacités originales que nous allons explorer dans ce test.

Test de la pédale Kernom MOHO : L'usine à fuzz !

Carac­té­ris­tiques

face1La MOHO est une fuzz d’ori­gine française qui se distingue par son circuit tota­le­ment analo­gique contrôlé numé­rique­ment. Par ailleurs, le fabri­cant quali­fie son produit de fuzz analo­gique « augmen­tée » du fait de l’uti­li­sa­tion d’une tech­no­lo­gie breve­tée appe­lée « Analog Morphing Core ». Cette dernière permet de repro­duire un large éven­tail de varia­tions sonores. La MOHO présente des carac­té­ris­tiques esthé­tiques simi­laires à celles de la Ridge, sa grande sœur. Le boîtier est réalisé en alumi­nium avec une fini­tion jaune orangé et mesure 11,2 cm x 16,4 cm x 5,2 cm pour un poids total de 850 grammes. Le design conti­nue d’af­fi­cher un aspect futu­riste avec des angles origi­naux et des petits symboles plutôt mysté­rieux. La face prin­ci­pale est compo­sée de six poten­tio­mètres en alumi­nium : VOLUME, POST TONE, PRE TONE, FUZZ, ELEC­TRI­CITY et MOOD. Ces derniers sont accom­pa­gnés de deux foots­witches ON/OFF et PRESET. Deux petites LEDs complètent le tout.

connectiqueLa connec­tique se trouve sur la tranche supé­rieure et dispose d’une entrée et d’une sortie de type instru­ment. Il ne semble d’ailleurs pas possible de bascu­ler sur un niveau ligne, contrai­re­ment à ce qui était le cas sur la Ridge. La prise « EXP » permet quant à elle de rece­voir une pédale d’ex­pres­sion qui sera bien pratique pour passer en temps réel et de manière progres­sive du son réglé avec les poten­tio­mètres à celui qui est sauve­gardé dans la mémoire de la pédale. La MOHO est égale­ment dotée d’une connec­tique MIDI avec une double connexion IN/OUT au format TRS mini Jack de type A. En utili­sant le proto­cole MIDI, il est possible de stocker 128 préré­glages dans la mémoire interne et de les rappe­ler avec le contrô­leur de son choix (Program Change). Par ailleurs, il sera possible d’agir sur l’en­semble des réglages de la MOHO en trans­met­tant une infor­ma­tion de type Control Change (CC). Pouvoir dispo­ser du MIDI fait ici d’au­tant plus sens que, comme nous le verrons un plus loin dans ce test, cette fuzz ne manque pas de ressources créa­tives. C’est pourquoi pouvoir l’in­té­grer à un écosys­tème plus ou moins sophis­tiqué est bien vu. Toujours sur cette tranche supé­rieure, on retrouve la prise d’ali­men­ta­tion de type 9 VDC qui néces­site pas moins de 250 mA. Toute­fois, la marque ne four­nit pas le bloc d’ali­men­ta­tion. Enfin, la MOHO est une pédale de type True Bypass.

Il convient de souli­gner que Kernom conçoit ses pédales en France, mais elles sont fabriquées en Chine. Cepen­dant, la qualité est tout simple­ment remarquable. Les maté­riaux sont robustes et la pédale est lourde. Le prix de vente observé au moment de la rédac­tion de ce test est de 349 euros.

Tout est dans le mood !

Tout comme pour sa grande sœur, le cœur du fonc­tion­ne­ment de la MOHO repose sur le poten­tio­mètre MOOD. Celui-ci permet de bascu­ler entre 5 types de fuzz en faisant varier le compor­te­ment des tran­sis­tors. Kernom décrit de la manière suivante l’es­prit de ces diffé­rents modes :

  • MOOD 1: Early Fuzz
  • MOOD 2: Psyché­dé­lique vintage
  • MOOD 3: Grunge
  • MOOD 4: Moderne à gain élevé
  • MOOD 5: Ring-mod

moodCe poten­tio­mètre n’est pas cranté et chaque mode dispose d’une quasi-infi­nité de varia­tions. Ainsi, en agis­sant sur le poten­tio­mètre MOOD à l’in­té­rieur d’un mode, on va venir progres­si­ve­ment modi­fier sa nature pour se rappro­cher du mode suivant. C’est pourquoi les exemples dispo­nibles dans ce test ne sont fina­le­ment que quelques idées parmi des centaines de combi­nai­sons. Cela peut même être dérou­tant lors de la première utili­sa­tion, car le moindre mouve­ment du poten­tio­mètre a tendance à modi­fier la nature du son. Le réglage noté PRE TONE joue égale­ment un rôle majeur. Lorsqu’il est tourné complè­te­ment à gauche, le son est renforcé en basses et a tendance à deve­nir très compressé. À l’in­verse, en progres­sant vers la droite, le son va s’ou­vrir et gagner en dyna­mique. En combi­nant simple­ment ces deux réglages, il est possible d’ex­plo­rer un large éven­tail de textures sonores. En ce qui concerne le réglage POST TONE, il est plus clas­sique et va agir sur la brillance globale. Le poten­tio­mètre le plus origi­nal reste sans aucun doute celui qui est noté ELEC­TRI­CITY. Dans les quatre premiers modes, il agit comme un octa­ver qui vient se super­po­ser au son origi­nal, avec une octave en moins dans un sens et une de plus dans l’autre. Dans le dernier mode, il va jouer sur la fréquence de modu­la­tion du ring modu­la­tor. Enfin, le poten­tio­mètre noté FUZZ permet tout simple­ment de doser la quan­tité de gain. Afin que tout ceci soit plus parlant, je vous propose d’écou­ter quelques extraits sonores qui illus­trent une frac­tion des possi­bi­li­tés offertes par la MOHO :

1 – MOOD 1 – PRE TONE 6 – POST TONE 5 – ELEC 5 – FUZZ 5
00:0000:37
  • 1 – MOOD 1 – PRE TONE 6 – POST TONE 5 – ELEC 5 – FUZZ 500:37
  • 2 – MOOD 1 – PRE TONE 6 – POST TONE 4 – ELEC 10 – FUZZ 600:29
  • 3 – MOOD 1 – PRE TONE 10 – POST TONE 10 – ELEC 1 – FUZZ 600:31
  • 4 – MOOD 2 micros simples – PRE TONE 7 – POST TONE 6 – ELEC 5 – FUZZ 600:31
  • 5 – MOOD 2 micros simples – PRE TONE 8 – POST TONE 7 – ELEC 2 – FUZZ 400:38
  • 6 – MOOD 2 – PRE TONE 3 – POST TONE 10 – ELEC 10 – FUZZ 400:30
  • 7 – MOOD 3 – Tout à midi00:24
  • 8 – MOOD 3 micros simples – PRE TONE 3 – POST TONE 6 – ELEC 2 – FUZZ 300:31
  • 9 – MOOD 4 – PRE TONE 5 – POST TONE 5 – ELEC 5 – FUZZ 700:24
  • 10 – MOOD 4 micros simples – PRE TONE 10 – POST TONE 10 – ELEC 10 – FUZZ 400:31
  • 11 – MOOD 4 – PRE TONE 4 – POST TONE 0 – ELEC 3 – FUZZ 600:45
  • 12 – MOOD 4 – PRE TONE 4 – POST TONE 7 – ELEC 10 – FUZZ 800:29
  • 13 – MOOD 5 – PRE TONE 3 – POST TONE 7 – ELEC variable – FUZZ 201:03

La prise en main de cette fuzz n’est pas forcé­ment immé­diate, car chaque poten­tio­mètre va venir influen­cer la réac­tion globale de la pédale, parfois de manière dras­tique. En revanche, la quan­tité de sons pouvant être obte­nus est tout simple­ment phéno­mé­nale. Par exemple, rien que sur les trois premiers extraits où le para­mètre MOOD est réglé sur le premier mode, j’ai réussi à passer d’un son à peine saturé (MOOD à 0), très agréable à jouer du fait de sa légère compres­sion, à une fuzz tein­tée d’un esprit très vintage (MOOD qui se rapproche du second mode). En réalité, on obtient ici la couleur d’une fuzz sous-alimen­tée à la texture velcro qui permet, sans trop d’ef­forts, de se retrou­ver avec un effet de gate presque incon­trô­lable selon comment sont ajus­tés les poten­tio­mètres PRE TONE et FUZZ.

J’ai égale­ment été surpris par le compor­te­ment du réglage ELEC­TRI­CITY. S’il agit effec­ti­ve­ment comme un octa­ver sur les quatre premiers modes, sa réac­tion peut parfois être impré­vi­sible, comme on peut l’en­tendre dans le cinquième exemple joué sur le MOOD numéro 2 (fuzz vintage plus clas­sique). La grande sensi­bi­lité de l’oc­ta­ver à la dyna­mique de jeu est à l’ori­gine des réac­tions qui semblent parfois aléa­toires. Malgré tout, on arrive tout de même à obte­nir un son d’oc­ta­ver plutôt commun et stable en jouant sur les diffé­rents réglages. J’ai surtout préféré l’uti­li­ser dans sa posi­tion la plus élevée, comme dans les exemples 2, 6 et 12. D’autre part, l’ex­trait numéro 13 montre comment ce poten­tio­mètre va influen­cer la fréquence de modu­la­tion du ring modu­la­tor. Ce dernier mode est très parti­cu­lier à utili­ser avec des résul­tats parfois surpre­nants et abso­lu­ment incom­pa­tibles avec un jeu de guitare conven­tion­nel. Notez que l’ac­tion du poten­tio­mètre MOOD est ici un peu alté­rée : il va agir sur le mélange des harmo­niques géné­rées par le ring modu­la­tor et le son origi­nal. En d’autres termes, ça réveille les voisins !

Les modes 3 et 4 sont quant à eux assez modernes et font réfé­rence à des sono­ri­tés de type Big Muff. Ici encore, la palette de textures sonores est consé­quente, mais ces deux sections se sont révé­lés être plus faciles à contrô­ler. Par exemple, sur l’ex­trait numéro 7, j’ai laissé tous les réglages en posi­tion neutre et force est de consta­ter que cela sonne très bien comme ça. J’ai d’ailleurs noté un phéno­mène assez inté­res­sant : en montant le gain à fond avec le poten­tio­mètre FUZZ, cela génère un larsen (même au casque) !

La MOHO a toujours su rester perti­nente et très orga­nique dans les sons qu’elle produit, même lorsque ces derniers se rapprochent de textures plutôt expé­ri­men­tales et disons… bruyantes. Les sensa­tions de jeu sont tout aussi excel­lentes. J’en ai profité pour tester la pédale sur des confi­gu­ra­tions diffé­rentes en bran­chant la fuzz dans un ampli­fi­ca­teur à tran­sis­tors (l’in­con­tour­nable Peavey Bandit 112 du début du siècle), puis dans le canal clair du plugin Plini X de Neural DSP. Dans les deux cas, j’ai été agréa­ble­ment surpris de consta­ter à quel point la pédale s’adapte bien et préserve son iden­tité sonore.

presetPour finir, j’ai bran­ché une pédale d’ex­pres­sion dans la prise « EXP ». L’uti­li­sa­tion est très simple : le mouve­ment de la pédale va bascu­ler progres­si­ve­ment des réglages réels des poten­tio­mètres aux réglages sauve­gar­dés auxquels on accède grâce au foots­witch PRESET. La pédale d’ex­pres­sion peut égale­ment être utili­sée dans un contexte MIDI. Dans cette confi­gu­ra­tion, il sera possible de défi­nir les valeurs de départ et d’ar­ri­vée d’un préré­glage pour les faire varier progres­si­ve­ment. De surcroît, il est plutôt facile de procé­der aux réglages MIDI et la docu­men­ta­tion four­nie par Kernom est très précise quant aux valeurs et aux actions des diffé­rents Control Change. Voici un exemple dans lequel je passe d’un ensemble de réglages à un autre :

14 – Pédale d’ex­pres­sion
00:0000:39

La fuzz qui met tout le monde d’ac­cord ?

Avec la MOHO, la marque française Kernom propose, une fois de plus, une pédale très singu­lière. Pouvoir dispo­ser de varia­tions quasi infi­nies de fuzz, des plus vintages aux plus modernes, avec toutes les nuances qui peuvent exis­ter entre ces deux mondes, est une valeur ajou­tée indé­niable. Les sons déli­vrés par la MOHO sont orga­niques et les sensa­tions de jeu sont excel­lentes. De plus, la MOHO gagne quelques points en raison de la dispo­ni­bi­lité du proto­cole MIDI et de la possi­bi­lité d’uti­li­ser une pédale d’ex­pres­sion pour passer progres­si­ve­ment d’un préré­glage à un autre. Toute­fois, cette machine aux multiples facettes deman­dera un petit temps de fami­lia­ri­sa­tion avec les réglages qui, s’ils sont peu nombreux, ont une influence très « analo­gique » sur le son. Enfin, la qualité de fabri­ca­tion est irré­pro­chable et vient confor­ter l’idée que débour­ser 350 euros pour une fuzz est fina­le­ment tout à fait justi­fié.

  • face2
  • face1
  • mood
  • connectique

 

Notre avis : 9/10

Award Innovation 2024
2024
Innovation
Award
  • Une superbe qualité de fabrication
  • Un son très organique
  • La très grande polyvalence grâce aux multiples variations sonores qu’offre le réglage MOOD
  • L’influence des différents potentiomètres
  • L’octaver analogique et ses réactions parfois originales
  • La possibilité de connecter une pédale d’expression pour faire varier en temps réel l’ensemble des réglages
  • La possibilité d’y joindre un contrôleur MIDI pour accéder à 128 préréglages et agir sur l’ensemble des réglages
  • Ce n'est pas une pédale « plug and play » et il faudra investir un peu de temps dans l'exploration de ses possibilités pour trouver le ou les sons que l'on recherche
  • Il ne semble plus possible de basculer sur un niveau ligne
Pays de fabrication : Chine

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