Marque française établie à Yerres, Signal Cheyne propose des pédales entièrement assemblées à la main à partir de composants de qualité supérieure. C’est lors du dernier Paris Guitar Festival de Montrouge que j’ai pu rencontrer Brian, qui m'a présenté la marque dont il est le fondateur, et ses produits.
Fuzz Face à la française
Pour comprendre l’histoire de Signal Cheyne, il faut écouter Brian la raconter. Passionné de pédales d’effets depuis 2001 grâce à un certain Mike Einziger, guitariste du groupe Incubus, il fabrique des pédales à la main depuis 2016. Le catalogue de la marque rassemble des effets assez variés, de la distorsion bien agressive au compresseur en passant par le trémolo. Brian conçoit ses pédales en fonction de ses propres goûts et passe beaucoup de temps à expérimenter avant d’aboutir à une version définitive d’un circuit. Avec l’Odyssey 4K, il a souhaité développer une pédale de fuzz capable de générer des sonorités très classiques et appréciées de nombreux guitaristes, tout en offrant un contrôle étendu sur le son.
L’influence principale de Brian quand il a conçu le circuit de l’Odyssey 4K était bien évidemment la Fuzz Face. Les guitaristes de tous les horizons connaissent bien cet effet, notamment pour l’utilisation qu’en a fait Jimi Hendrix. La Fuzz Face estampillée Dallas Arbiter, bien que légendaire, peut s’avérer un peu capricieuse et parfois difficile à appréhender. En effet, la première version de la pédale était équipée de transistors au Germanium dont la sonorité pouvait changer en fonction de la température ambiante (Eric Johnson a pour habitude de placer ses Fuzz Face au congélateur avant toute séance d’enregistrement pour en maîtriser la sonorité). Afin de remédier au problème et d’obtenir un produit fini fiable, Brian a remplacé ces transistors au Germanium par deux transistors BC18B au Silicium. Ces derniers ne sont pas sujets aux variations de température et assurent donc fiabilité et constance au son qu’ils génèrent.
L’Odyssey 4K est donc, comme toutes les pédales du catalogue de la marque, fabriquée entièrement à la main à Yerres, par Brian Cheyne « himself ». La pédale mesure 12,6 × 6,6 × 5,7 cm et pèse 280 grammes, sans pile. La sérigraphie est effectuée par Brian également avec une encre très résistante à base de solvants. Les fiches IN, OUT, et d’alimentation sont situées sur le dessus de la pédale. Vous pourrez alimenter l’Odyssey 4K avec une tension comprise entre 7 volts et 12 volts pour des sonorités différentes et plus ou moins de headroom. Les contrôles présents sont les suivants :
- Volume : ajuste le niveau de sortie de la pédale
- Fuzz : règle le taux de saturation
- Input : extension du volume de la guitare, permet de calmer la fuzz
- Bias : règle le bias du deuxième transistor BC198B
Grâce à ces réglages, l’Odyssey 4K peut développer bon nombre de textures sonores différentes. On aurait apprécié un réglage de tonalité mais la pédale est finalement très bien équilibrée en fréquences. Son look est assez sympa : fond bleu ciel, sérigraphie noire, boutons de potentiomètres blanc crème sauf pour le « Bias » qui est rouge. Les promesses et le look font envie pour l’amateur de fuzz que je suis, je m’empresse donc d’installer la bestiole sur mon Pedalboard. Attention, la pédale jouant beaucoup avec l’impédance et la capacitance des micros de la guitare, elle nécessite d’être placée en premier dans la chaîne audio, avant tout autre buffer.
2022 : Fuzz Odyssey !
L’Odyssey 4K m’a été livrée dans sa boîte en carton ornée du logo de la marque et d’une petite étiquette portant le nom de la pédale. Son numéro de série est inscrit à la main par Brian sur le côté gauche de la boîte (j’ai le numéro 001 !). Les différentes embases étant installées sur le dessus, la pédale a trouvé immédiatement sa place sur mon Pedalboard où j’ai bien pris soin de l’installer en première. Comme d’habitude, j’utilise mon ampli Hughes & Kettner Spirit of Vintage réglé sur un son qui commence à peine à saturer.
Je commence par placer les réglages Input et Bias sur leur position centrale et le réglage de Fuzz à fond. La Fuzz étant un effet qui répond beaucoup au volume de la guitare, il est souvent conseillé de placer le réglage de fuzz/gain sur sa position maximale et de régler par la suite le niveau de gain par l’intermédiaire du volume de la guitare. On obtient ainsi une belle sonorité de Fuzz Face classique, très riche et avec une belle texture. L’Odyssey 4K s’est bien entendue avec les micros simples Fender Pure Vintage installés sur ma Telecaster mais également avec les P.A.F qui équipent ma Gibson SG. Avec les deux guitares, j’ai pu déjà obtenir une belle variété sonore simplement en manipulant leur potentiomètre de volume. On peut penser cette sonorité Fuzz Facesque comme base qu’on peut ensuite décliner grâce aux réglages Input et Bias. En dessous de sa position médiane, le réglage Bias permet d’obtenir des sons de fuzz gâtée voire velcro si on place le potentiomètre sur sa valeur minimale. À l’inverse, quand on passe le réglage médian, le son s’ouvre davantage, on obtient plus de volume et une sonorité globalement plus dense.
- Telecaster – Fuzz Max, Input & Bias Midi02:01
- Telecaster – Fuzz Max, Input Midi, Bias Tweak02:19
- Telecaster – Fuzz Max, Input Tweak, Bias Midi02:40
- SG – Fuzz Max, Input & Bias Midi01:59
- SG – Fuzz Max, Input Midi, Bias Tweak02:52
- SG – Fuzz Max, Input Tweak, Bias Midi03:21
Le potentiomètre Input peut avoir deux utilités. Les réglages Bias et Input sont interactifs. Quand le Bias est à midi, le réglage Input sert à calmer la fuzz quand on baisse le volume de sa guitare. Autrement dit, on obtient un son plus clair quand on baisse le volume de sa guitare à mesure qu’on diminue la valeur du potentiomètre Input. À l’inverse, plus on augmente sa valeur, plus le son sera chargé en fuzz. Quand le réglage Bias est en dessous de midi, le réglage Input pourra accentuer l’effet « Gate » à mesure qu’on le baisse. L’Odyssey 4K réagit extrêmement bien à toute sollicitation du réglage de volume. De plus, le fait de pouvoir choisir précisément le son qu’on obtient avec le volume baissé est très bien pensé.
L’usine à Fuzz
Reprenant un peu le concept de la Fuzz Factory de ZVex, l’Odyssey 4K emprunte cependant un chemin différent. Le circuit de Fuzz Face a été rendu plus fiable par l’utilisation de transistors au Silicium et plus polyvalent par l’ajout des deux réglages Bias et Input. La pédale est très polyvalente tout en restant au fidèle au grain typique de la Fuzz Face. C’est très sympa de pouvoir décliner le son de cet effet légendaire. Les réglages sont bien étagés et sont utilisables sur toute leur course, même sur les positions extrêmes. Proposée au tarif de 179 €, l’Odyssey 4K possède un bon rapport qualité/prix. Si vous cherchez une fuzz typée Fuzz Face mais qui va plus loin, essayez rapidement l’Odyssey 4K de Signal Cheyne.