Nous l’avions vu lors du NAMM au mois de janvier, Epiphone a actualisé et rationalisé l’ensemble de son catalogue. La marque prend désormais une place plus importante chez Gibson et elle est traitée comme une marque à part entière.
Cette nouvelle version de l’Uptown Kat prend place au sein de la série Archtop dans la collection Original. Comme sur l’ancien modèle, on constate immédiatement un lointain lien de parenté avec les guitares proposées par Gretsch.
Une chatte sur un toit brûlant
L’Uptown Kat est une guitare semi-creuse. Les micros sont montés sur une poutre centrale massive entourée de deux ailes creuses, comme sur une ES-335. Le corps de la guitare est en contreplaqué d’érable et de peuplier et il est entouré d’un joli filet à cinq plis, devant et derrière. Le manche est en acajou et dispose d’un simple filet blanc. Il est sculpté selon le profil Slim Taper C de Gibson qui assure un bon confort de jeu. Le manche est collé à la caisse. La touche en ébène est sertie de vingt-deux frettes Medium Jumbo pour un diapason de 24,72 pouces, très légèrement plus court que le diapason traditionnel Gibson qui est de 24,75 pouces. Le sillet est signé Graph Tech et il est en Tusq. Les mécaniques sont des Grover Rotomatic au ratio de 18:1. Elles tiennent bien l’accord et sont très précises à la manipulation. Sur notre version Topaz Gold Metallic, l’accastillage est doré. Le chevalet est un LockTone ABR et la guitare possède un cordier d’inspiration vintage, le même que l’on peut trouver sur la Casino. Ce dernier est en forme de trapèze et six encoches sont destinées à recevoir les cordes. Les boutons de potentiomètres sont les Speed Knobs chers à la marque et ils sont dorés. La touche est rythmée par des repères nacrés en forme de blocs, les mêmes sur une Les Paul Custom.
L’électronique de cette Uptown Kat intègre deux mini-humbuckers maison dénommés Mini-ProBucker FB720. Selon la marque, ces micros sont conçus selon le même cahier des charges que pour les P.A.F. Du diamètre des bobines aux matériaux utilisés, tout semble être réalisé pour émuler cette sonorité si classique. Ils sont installés dans la guitare à l’aide de contours en plastique doré. Ces micros sont contrôlés par un potard de volume par micro, une tonalité générale et un master volume. Ce dernier est situé sur la corne inférieure. C’est un ajout qui rappelle très fortement les guitares Gretsch sur lesquelles on trouve également un master volume. Il peut être assez pratique dans le cas où on a trouvé un bon équilibre entre les deux micros mais qu’on souhaite intervenir sur le volume. On peut alors manipuler le master volume plutôt que de baisser les deux micros individuellement ce qui peut être fastidieux. Le sélecteur et l’embase jack sont signés Epiphone. Première petite ombre au tableau, le sélecteur de micros est entouré d’un disque en gomme noire pas très discret. La forme de l’instrument n’est pas sans rappeler la forme de la 6120 de Gretsch, popularisée par Chet Atkins puis Brian Setzer. La profondeur de la guitare n’est bien évidemment pas la même dans la mesure où il s’agit d’un instrument semi-creux.
Toute en déliKatesse
Le côté agréable d’un instrument semi-creux est de dégager un volume sonore conséquent à vide. On peut en effet jouer la guitare sans la brancher et ainsi travailler sans réveiller tout le voisinage. La table est très légèrement bombée mais il faut vraiment avoir l’œil dessus. Les ouïes sont assez bien sculptées même si on constate en y regardant de plus près, quelques défauts de finition. La finition Topaz Gold Metallic est censée, comme son l’indique, être métallisée. De loin, l’illusion est parfaite mais en approchant de la guitare, on se rend compte que ce qu’on prenait de loin pour des paillettes ne sont en fait que des très fines textures dans la finition, qui donnent l’impression d’une finition pailletée. Une fois sous les projecteurs d’une grande scène, le public n’y verra que du feu, c’est le principal. Le logo Epiphone placé sur la tête est en relief doré sur une plaque de plastique blanche. Il rappelle fortement les logos qui ornaient les premiers modèles de la marque et confère à la guitare un aspect vintage.
L’épaisseur de la guitare de cinq centimètres permet de la tenir assez près du corps, ce qui est agréable. Le corps de la guitare ne vibre pas beaucoup alors que le manche vibre beaucoup. Un corps fait de contreplaqué sera forcément moins résonnant qu’un morceau de bois massif. Le profil du manche est confortable et le rayon de la touche de douze pouces permet d’effectuer des bends et des solos sans être gêné.
Une personnalité signifiKative
En branchant l’Uptown Kat, on retrouve immédiatement cette sonorité chaleureuse et ouverte typique des guitares semi-acoustiques. Un voile qui adoucit tout le spectre de la guitare semble emballer les notes qui en sortent. Les micros sonnent plutôt bien et délivrent une sonorité très équilibrée que ce soit en position manche centrale ou chevalet. Aucune possibilité de split de micros n’est offerte ici, on reste dans l’esprit vintage qui a façonné l’histoire de la marque. Bien qu’on puisse la rapprocher de manière évidente d’une Gretsch, cette petite Uptown Kat possède sa personnalité propre. Le profil du manche et le ressenti général de l’instrument n’ont rien à voir. Les sonorités qui s’en dégagent n’ont, elles non plus, pas grand-chose de commun avec celles dégagées par les guitares Gretsch. En son clair, la guitare réagit bien, on est même tenté de jouer aux doigts tant le ressenti global est doux. La position intermédiaire, qui enclenche les deux micros, est très sympa. On y récupère les attaques franches du micro chevalet avec le côté plus doux du micro manche. Sans être très typés, les sons dégagés par cette guitare ne conviendront pas à tous les styles. En son clair, pour attaquer du jazz ou du blues, le son est idéal : chaleureux et avec beaucoup de corps.
Bien que les Mini-ProBuckers soient très à l’aise en sons clairs, on constate en activant notre canal crunch qu’ils s’en sortent très bien dans ce domaine. Ils génèrent une résistance de sortie très faible mais disposent d’un grain vintage bien présent. Le son est très détaillé et la moindre erreur de toucher du guitariste se fera entendre. Heureusement, la touche en ébène permet de se déplacer rapidement et sans accroche sur toute sa longueur. Les deux micros réagissent très différemment en fonction de leur position respective. En jouant avec les potards de volume, on peut aisément se faire un son clair et un son crunch sans avoir besoin de toucher à l’ampli. Les Mini-ProBuckers réagissent très bien face à un son crunch et révèlent un autre aspect de leur personnalité. On reste bien sûr dans une zone très vintage mais on constate qu’ils remplissent parfaitement leur rôle, notamment en termes de dynamique. La moindre variation d’attaque se fera entendre, et sur un bon ampli à lampes, on peut aller d’un son très clair à un son très saturé en variant juste l’attaque du médiator. Le son crunch pourrait donc bien être le terrain de jeu favori de cette Uptown Kat. Elle semble réellement taillée pour le blues. Même avec un niveau de saturation assez faible, on constate qu’elle dégage un bon sustain. On peut tenir les notes longtemps et avec beaucoup d’expression. Les bluesmen les plus expressifs n’auront aucun mal à la faire chanter !
Face à de gros niveaux de saturation, la guitare est tout de suite beaucoup moins à l’aise. Les micros ont du mal à conserver leur côté droit et bavent rapidement. Les attaques sont moins précises et le son devient globalement un peu brouillon. La conception de ces mini-humbuckers induit une sonorité vraiment différente d’un humbucker au format traditionnel. Même si la lutherie de la guitare permet de récupérer un peu de fréquences graves, ces micros sont un peu étriqués. On le ressent surtout en son saturé. En revanche, grâce à sa poutre centrale, l’Uptown Kat ne bronche pas et aucun Larsen n’est venu perturber notre essai. Même si les sons saturés ne sont certes pas son fort, la guitare conserve un comportement assez sain.
Conditions du test : Sons clairs : Uptown Kat – Fender BassBreaker 18/30 avec HP Greenback Celestion – Shure SM57 légèrement désaxé – Audient iD22 – Logic Pro X légère réverbe
Sons crunch et lead : Uptown Kat – Lee Jackson GP1000 – Marshall 8008 – enceinte Marshall HP Vintage 30 Celestion – Shure SM57 légèrement désaxé – Audient iD22 – Logic Pro X légère réverbe.
- UptownKat – Big Big Krunch all pu’s02:52
- UptownKat – Krunch all pu’s04:02
- UptownKat – Klean bluesy02:10
- UptownKat – Klean jazzy00:58
En bref
Cette petite Uptown Kat ne manque pas de personnalité. Dès le premier regard, on est séduit par son côté vintage très marqué et totalement assumé. Le cordier en trapèze aide à assoir la guitare sur un socle vintage et élégant. Recouverte de cette finition Topaz Gold Metallic et équipée d’un accastillage entièrement doré, cette Epiphone ne manque pas de charme. La guitare excelle littéralement en son crunch ce qui la rend très à l’aise dans un registre blues assez expressif. Les micros répondent bien aux variations d’attaque et aux manipulations du potard de volume. Couplée à un bon ampli, l’Uptown Kat ne demande qu’à chanter. On pourra également en faire sortir des sons clairs plus que corrects, teintés d’une certaine personnalité vintage qui se dévoile réellement en crunch. Dommage néanmoins que les micros ne soient pas plus à l’aise en face de grosses saturations bien que ce ne soit pas le domaine de prédilection de ce genre de guitare. Les Mini-ProBuckers remplissent leur office avec fiabilité et consistance. Ils développent des sons clairs et crunch riches, avec beaucoup de corps et retranscrivent bien la personnalité de cette Uptown Kat. Quelques finitions bavent un petit peu et ce disque de gomme noire qui entoure le sélecteur de micros est étonnant. Affichée à un tarif compris entre cinq-cent-cinquante et six-cents euros, l’Uptown Kat offre un bon rapport qualité-prix.