Les amoureux de la Jazzmaster sont à l'honneur aujourd'hui avec un modèle Bacchus Global Tactics BJM 70 fabriqué aux Philippines qui a de quoi séduire avec de très sérieux arguments.
Modèle issu de la Global Series, cette BJM possède des initiales qui annoncent clairement la couleur et qui font deviner Bacchus Jazz Master. Impossible pour la marque d’utiliser cette appellation appartenant à Fender, il n’empêche que la référence est très claire. Nous sommes face à un corps en aulne aux jolis reliefs naturels en ce qui concerne notre exemplaire, d’autres modèles de la même série offrant quant à eux des peintures et vernis plus traditionnels très 60's.
Le vernis polyuréthane est donc assez fin pour laisser paraître le bois du corps, lequel est en plusieurs morceaux collés, vraisemblablement deux. Un seul chanfrein pour l’avant-bras droit, pas de traitement spécial pour le talon du manche et l’accès aux aigus qui restent classiques.
Le manche est en érable, recouvert d’une touche en techwood. Chauffé et débarrassé des moisissures, le techwood offre une plus grande stabilité tout en diminuant sa densité. Son apparence le place entre le palissandre et l’ébène avec une teinte sombre assez jolie et cohérente avec le reste du look de la guitare. Les cases sont au nombre de 21, délimitées par des frettes à nouveau correctement finie mais sans plus. Le radius 210R de 8,25 pouces est plus prononcé que sur sa collègue inspirée de la Telecaster et correspond à l’esprit très surf du modèle. Le profil de manche est en revanche très stratoïde pour des sensations qui ne dépayseront pas les habitués du grand Léo. La tête reste celle des Global Series, assez discrète pour se faire oublier et reste dans la couleur naturelle de l’érable comme tous les modèles de la Global Series. Les mécaniques en ligne sont de type Kluson avec chargement des cordes par le dessus, rapidité de changements de cordes et tenue d’accord ont fait leurs preuves depuis des décennies pourvu que l’on fasse au moins trois tours de cordes. Le diapason est de 25,5 pouces.
Le chevalet présente des pontets individuels sur lesquels les cordes reposent à même le filetage. D’un aspect très vintage, ce chevalet laisse parfois les cordes s’échapper de leur point de contact quand on joue des bends ou quand on actionne le vibrato. L’angle des cordes n’est pas très prononcé et un jeu un peu sauvage aura vite fait de chasser la corde sur le côté mais acceptons cette contrainte dans le respect de la tradition. Le cordier quant à lui est un pur produit de la musique des sixties avec ces vibratos remplis de résonances vintages ! La tige se loge comme il est d’usage entre les cordes de Si et Mi aigu avec des cordes arrimées à une simple plaque chromée courbée dont l’axe est modifié par la tige elle-même. Ne parlons pas de Floyd Rose ou de vibratos à blocage, ici nous voulons juste quelques trémolos et vibratos à la Link Wray !
Les micros sont des références Bacchus au format Jazzmaster sous la orme de deux gros pavés en simples bobinages. L’envie nous prend de brancher par exemple un fantastique Fender Excelsior avec reverb et tremolo à fond ! Nous nous « contenterons » d’un superbe KelT tout lampes made in France. Les contrôles se résument à un volume, une tonalité et un toggle switch trois positions. Le pickguard tortoise blanc nacré offre un look classieux, les modèles étant proposés en tortoise brun par ailleurs.
Surfin’USA euh Philippines…
Il est bien évident qu’on ne va pas jouer de thrash metal équatorial grind core porn death avec cette Bacchus. On prend donc soin de régler une ÉNORME reverb, un petit peu de compression juste après la guitare sur un HX effects et en avant sur le canal clean de l’ampli ! Le son est tout simplement excellent, totalement en accord avec ce qui la guitare est censée proposer. La position favorite pour ce genre d’exercice est bien entendu le micro chevalet, ni trop criard ni trop sourd, il est juste parfait pour se faire pousser la banane. Dick Dale, Link Wray, je vous entends ! L’utilisation du vibrato apporte des résonances bienvenue qui vont par contre s’avérer un peu parasites en son crunch ou saturé mais qu’importe, le contrat surf est rempli à 100%. La tenue d’accord n’est pas réellement perturbée et avouons très franchement que cette musique tolère quelques approximations dans la justesse. La dotation microphonique est réellement l’atout de la guitare, les micros peuvent rester avec bonheur sans besoin de changer. Les positions du toggle switch restent très exploitables tout en apportant des nuances bienvenues notamment en position manche, bien veloutée. Ce genre de guitare réclame presque un gros tirant pour que la projection acoustique soit la plus claquante possible, n’hésitez donc pas à sortir votre sachet de 11/52 dont vous ne savez que faire depuis des mois !
En son crunch, elle est encore très à l’aise même si on reconnaît sans mal qu’elle préfère les sons clairs et la reverb poussée au maximum. On peut jouer le blues de façon relativement réaliste mais on aura toujours ce twang et ces résonances qui pour le coup deviennent perturbantes comme vous l’entendez dans la vidéo. Ne poussons même pas le gain, ce serait d’une part hors sujet et le résultat serait décevant. Le radius de la touche confirme que l’on ne va pas shredder non plus, l’instrument étant dédié à tous les guitaristes sauf les métalleux et les shredders ! On constate tout de même que les cordes chassent souvent des pontets, on doit les replacer parfois en plein jeu et c’est assez désagréable il faut l’avouer.
Rumble…
Bacchus aime proposer des guitares au tarif étudié et aux prestations proches des grandes inspiratrices, qu’elles lorgnent du côté de chez Fender ou Gibson. Le prix de 790 euros est justifié même si on aurait adoré une housse, tout comme les autres modèles des Global Series. Ne boudons pas notre plaisir et sortons le peigne et le gel ! Sauf pour les chauves, bien sûr…