C’est toujours un plaisir de recevoir et tester une guitare Taylor, parce que dans l’esprit des musiciens, la firme américaine est synonyme d’instruments haut de gamme.
Pour la petite histoire, l’une des particularités des guitares de Bob Taylor et Kurt Listug provient du manche vissé, ou NT Neck. C’est un système permettant, selon le constructeur, une meilleure résistance à la tension des cordes. Cela consiste à visser un morceau de bois continu jusqu’à la dix-neuvième frette. Par ailleurs, les guitares Taylor possèdent un système de cales placées en haut du corps afin de faciliter les réparations.
La nouvelle série Grand Orchestra présentée en 2013 et remplaçant le modèle Jumbo a depuis remporté de nombreux prix. Fort de ce succès et à l’occasion du 40e anniversaire de Taylor, Bob Taylor décide de s’attaquer à la série 800, fleuron de la marque. Avec la collaboration d’Andy Powers, maître-luthier en charge de l’évolution des guitares de la marque, Taylor présente aujourd’hui ses belles.
Rencontre du 814e type
Nous avons donc eu le plaisir de recevoir le modèle Grand Auditorium 814ce de Taylor au studio d’enregistrement MontmartreRecording.
Les caractéristiques principales de l’instrument sont inscrites dans le numéro du modèle. Le premier chiffre (8) définit la série de l’instrument, le second (1) concerne le bois utilisé pour la table d’harmonie (Épicéa) et le troisième (4) précise la forme (Grand Auditorium).
Concernant les lettres « ce », elles signifient « avec Cutaway (pan coupé) et avec la technologie Expression System ». Cet ensemble de capteurs était originellement positionné dans la caisse derrière le manche et au-dessus de la rosace, endroits clés de la transmission des ondes sonores au sein de la caisse. Mais il est important de préciser que ce système a également été revu (on en est à la version 2) et est désormais présent sur toutes les nouvelles guitares électro-acoustiques de Taylor. C’est un retour aux micros piezos, au nombre de trois et placés derrière le sillet de chevalet. On dispose toujours de trois potentiomètres : aigus, basses et volume.
Dès l’ouverture du Fly case, personnalisé pour chaque guitare et très solide, on est frappés par la beauté de cette guitare et ses lignes assez pures. Possédant des dimensions similaires à celles de la Dreadnought, la Grand Auditorium 814ce possède une silhouette plus courbée, plus voluptueuse. Plus sexy en somme !
La guitare est lumineuse, grâce au binding en érable présent sur le corps, la touche et la tête, ce qui a toujours été la marque esthétique des Taylor. L’habillage principal de la rosace reste simple mais superbe. À base de coquille d’ormeau, on dirait un bijou. Le pickguard en palissandre n’est pas trop épais et c’est agréable au toucher. La touche en ébène ainsi que les incrustations du manche appelées « Element » font leur effet sans être vulgaires. Enfin, la tête également en ébène est simple, avec juste le nom Taylor. Vous l’aurez compris, il s’agit d’une guitare élégante, au style épuré, où rien n’a été laissé au hasard.
Côté jeu l’accès aux aigus est sans contrainte. Également, la guitare ne parait pas spécialement lourde. Les sensations générales sont vraiment agréables, la prise en main est immédiate et on a l’impression d’avoir cette guitare depuis un moment, le jeu parait vraiment naturel. Bref, les premiers instants passés en sa compagnie sont assez enthousiasmants !
Enfin, précisons que les nouvelles guitares Grand Concert et Grand Auditorium sont équipées des cordes Elixir HD Light, développées parallèlement pour Taylor, mais utilisables sur d’autres guitares (le reste de la nouvelle gamme est équipée des Elixir’s Acoustic Phosphor Bronze Nanoweb). Ces cordes donnent un son très riche à la guitare, très équilibré des graves aux médiums. Les différences entre des jeux de cordes peuvent être assez subtiles, mais nous avons pu constater qu’elles semblent parfaites pour cette guitare. Évidemment, le fait qu’elles aient une durée de vie plus longue que la plupart des autres types de cordes joue en leur faveur, mais leur prix est aussi supérieur.
Nous avons effectué les tests au studio d’enregistrement Montmartre Recording en compagnie de Fabien Mornet (guitariste de Carla Bruni, Sophie Tith, La Nouvelle Star…). Nous avons pu comparer cette Taylor 814ce toute neuve avec d’autres instruments de qualité et prix variables : une Takamine EN10c équipée de son préampli de 1999, une Martin DX-1 avec son préampli PREFIX Premium Blend qui a moins de 4 ans et une Gibson Custom Shop Doves in flight de 1997.
Chaque guitare a été enregistrée avec un Neumann U87 via un préampli Neve 1073. La sortie Jack de chaque instrument a été branchée dans un API 512c.
La conversion numérique a été faite sur un Mac Pro via un système Lynx Studio AES16e + Aurora 16.
Ça enregistre
Nous avons choisi le morceau « Hotel California » des Eagles, un classique pour la guitare acoustique et nous avons aussi comparé les préamplis de chaque guitare afin de pouvoir juger de la qualité de celui équipant la Taylor.
- GuitareTaylortheme 00:57
- GuitareTakamineTheme 00:54
- GuitareMartintheme 00:56
- GuitareGibsonTheme 00:56
- GuitareTaylorthemepreampli 00:57
- GuitareTakamineThemePreamp 00:54
- GuitareMartinthemepreamp 00:56
- GuitareGibsonthemepreamp 00:56
- GuitareTaylorrythmique 00:56
- GuitareMartinrythmique 00:56
- GuitareGibsonrythmique 00:56
- GuitareTakaminerythmique 00:56
- GuitareTaylorsolo 00:30
- GuitareTakaminesolo 00:30
- GuitareMartinsolo 00:30
- GuitareGibsonsolo 00:30
- GuitareTaylorarpeges 00:52
- GuitareTakamineArpeges 00:53
- GuitareMartinArpeges 00:53
- GuitareGibsonArpeges 00:53
Nous vous livrons notre ressenti général, à vous de vous faire le vôtre :
La guitare Taylor est bien brillante, a une belle présence. Les aigus sont bien définis sans aucune agressivité ni exagération. Les médiums sont nets, les graves sont généreux sans baver, naturels et précis. Le volume est le même sur tout le manche. Elle est très agréable et facile à jouer, avec une certaine puissance sonore.
La guitare Takamine parait sourde, manque de largeur. On ressent une sorte de creux dans les médiums.
La guitare Martin est assez équilibrée, le bas est moins chaleureux, elle parait un peu moins présente.
La guitare Gibson nous parait être la plus naturelle. Pas de boost de brillance comme la Martin et la Taylor. Les graves sont beaux et puissants.
Au niveau du préampli, la Taylor est tout simplement incroyable. Le rendu est naturel, pas d’aigus trop présents/artificiels comme généralement sur les préamplis de guitare. En prise directe elle s’insèrera sans problème et bluffera plus d’un guitariste (nous avons testé, la plupart des gens pensent qu’il s’agit d’une vraie prise !).
Comparativement, le préampli de la Takamine donne envie de pleurer, c’est le son typique que l’on n’a pas envie d’entendre. La Martin est propre, mais sans vie, idem pour la Gibson qui est un peu sourde. Il y a une vraie révolution de ce côté-là pour nous, c’est une guitare qui sonnera bien dans toutes les situations de live par exemple.
Pour finir, un petit mélange en cadeau des prises faites avec la Taylor (sans le préampli interne), aucun traitement. On constate que cela sonne déjà bien sans aucune intervention !
Conclusion
D’un commun accord, nous avons tous aimé (voire adoré) cette Taylor qui tient ses promesses : elle très polyvalente, très agréable à jouer et son look épuré nous a tous charmés. C’est la guitare moderne par excellence ! Pour l’acquérir, il faudra en revanche mettre le prix (environ 3000 €), mais quand on aime…
Merci à Fabien Mornet de s’être prêté au jeu !
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