Ce n’est pas la première fois que la marque lève le voile sur des modèles signature Slash. Cependant, on est cette fois-ci face à des modèles inspirés des guitares Gibson de l’homme au haut-de-forme, estampillés Epiphone. On retrouve les cinq finitions emblématiques que nous avions découvertes l’an dernier : Vermillion Burst, Anaconda Burst, November Burst, Appetite Burst et Goldtop. Partons à la découverte de ces versions Epiphone.
En lisant la fiche technique de ces Slash Les Paul Standard, on se rend compte qu’Epiphone n’a fait que « copier » les caractéristiques de leurs grandes sœurs, en s’adaptant à certaines contraintes visant notamment à conserver un tarif en dessous des 1 000 €. Le corps de ces Les Paul est en deux pièces d’acajou et il est recouvert d’une table sculptée en érable dur. Cette dernière est elle-même recouverte d’un placage d’érable flammé de grade AAA très joli. Le manche est collé à la caisse et il est lui aussi en acajou. Comme sur les Gibson, il est sculpté selon le profil Slash Custom « C », j’y reviendrai. De même que sur la quasi-totalité des guitares Epiphone que j’ai eues entre les pattes, la touche est en Laurier indien, une essence qui se substitue au palissandre. Son rayon est de 12 pouces et elle est sertie de 22 frettes médiums Jumbo pour un diapason de 24,75 pouces. Les repères en forme de trapèze sont réalisés en pearloid. Le sillet est signé Graph Tech et il mesure 43 mm. Jusqu’ici, pas de surprise. La tête est rapportée et le bas du manche, la partie étant en contact direct avec le corps, également. Un filet blanc crème fait le tour de la table et du manche.
- Appetite Bridge Pickup00:43
- Clean All Pickups03:37
- Crunch All Pickups03:06
- Lead1 All Pickups02:52
- Volume tweaking00:43
Conditions du test : Epiphone Slash Les Paul – Xotic EP Boost – Xotic SP Compressor – JHS Charlie Brown (pour les sons crunch) – Carl Martin PlexiRanger (pour les gros sons) – JRAD ClockWork Echo – Hughes & Kettner Nano Spirit of Vintage – Two Notes Captor X (simulation d’enceinte Victory Sheriff 412 repiquée avec un AKG C414 on axis et un Neumann U87 off axis).
L’accastillage est nickelé et regroupe un couple Tune-o-Matic et Stop Bar LockTone, des mécaniques Epiphone Vintage Deluxe et un cache truss-rod à deux plis portant la signature de Slash. Bonne surprise en ce qui concerne les attaches-courroie puisque la marque a eu la bonne idée de fournir des Strap Locks Epiphone qu’on est libre de substituer à ceux installés sur la guitare d’origine. Toutes les pièces en plastique possèdent un look assez vintage : en effet, la plupart d’entre eux sont blanc crème sauf le bout du sélecteur de micros qui lui est de couleur ambre. Selon les finitions, les boutons de potentiomètres sont les Gold Top Hats (November Burst & Goldtop), les Black Top Hats (Anaconda Burst & Vermillion Burst) ou les Gold Top Hats avec inserts métalliques (Appetite Burst). Ils sont tous munis de petits pointeurs métalliques qui améliorent leur lisibilité et accentuent le côté vintage de ces guitares. La première déception apparaît du côté de l’électronique qui intègre deux micros Custom ProBucker Epiphone qui sont, selon la marque, des répliques des Custom BurstBucker Gibson.
On aurait aimé des micros Gibson Slash, surtout compte tenu du tarif auquel l’instrument est proposé, mais attendons de brancher la bestiole avant de râler… Ces micros sont contrôlés par des potentiomètres CTS (un volume et une tonalité par micro) équipés de condensateurs Orange Drop et un sélecteur à trois positions. Enfin, la guitare est fournie dans un étui Epiphone noir garni de moumoute rouge et décoré du logo Epiphone sur la partie basse et du fameux logo « Skully » de Slash sur la partie supérieure. On retrouve d’ailleurs ce logo à l’arrière de la tête des guitares.
Pluie de Novembre
J’ai eu la chance d’avoir les cinq modèles différents à ma disposition lors du test, j’ai donc branché et joué les cinq guitares. À part les coloris, les spécifications sont identiques d’un modèle à l’autre, mais comme chacun sait, deux guitares identiques ne sonneront pas toujours de la même manière. J’écris donc ce test en prenant en compte les sonorités du modèle November Burst qui sonnait le mieux à mon sens. L’instrument résonne plutôt bien à vide et développe les caractéristiques sonores qu’on attend d’une Les Paul. Beaucoup d’aigus ressortent, et pour cause, l’épaisse table en érable absorbe en effet une bonne partie des fréquences basses pour ne laisser s’échapper que les fréquences médiums et aigües. En son clair, la guitare remplit son office, mais ne brille pas particulièrement. Bon, soyons honnêtes, les micros sont très bien conçus et génèrent des sonorités très agréables. Le son clair n’est simplement pas le terrain de jeu favori de cette guitare qui s’exprime davantage dans un registre un poil saturé. C’est dommage, mais c’est un trait de caractère que j’avais constaté en essayant les Gibson Slash. Rien d’alarmant donc.
On enclenche une pédale de saturation, dans mon cas la merveilleuse JHS Charlie Brown, et on passe aux sons crunch. La Slash Les Paul est immédiatement plus à l’aise et semble même se réveiller à la manière de la créature du Dr Frankenstein quand la foudre frappe son sarcophage de verre rempli d’eau. Le côté « mordant, mais pas trop » des micros est idéal en son crunch et permet de faire réagir la guitare comme on en a envie. Les potentiomètres sont agréables à manipuler et permettent eux aussi d’obtenir de belles variations, que ce soit au niveau du volume ou de la tonalité. Les trois positions de micros possèdent leur caractère et leur charme propre et le timbre de la Les Paul est bien reconnaissable. La position « Rythm », le micro manche donc, m’a particulièrement enthousiasmé par sa douceur et son côté velouté. Je me suis même surpris à jouer de petites cocottes funk à la Michael Jackson tant le son était pertinent pour ce registre. La position intermédiaire est agréable également et retranscrit bien les timbres des deux micros que l’on peut doser à volonté. Enfin, le micro chevalet tranche bien. Il est incisif et précis tout en conservant une bonne dose de « corps » ; la lutherie très soignée n’y est pas étrangère. Le profil Slash Custom « C » bien qu’assez épais, assure un excellent confort de jeu. Attention, il faut quand même apprécier les manches plutôt charnus (ce qui est mon cas). Aucune arrête saillante n’est venue m’entailler la main gauche pendant le test ce qui est un bon point. Ayant la chance de disposer de la très chouette PlexiRanger de Carl Martin (dont le test sera disponible d’ici peu sur votre site bleu préféré), j’enclenche cette dernière pour passer à un niveau de saturation plus élevé.
La Les Paul ne bronche toujours pas et conserve toutes les qualités décrites plus haut. Le côté velouté du micro manche s’accentue davantage et on retrouve la signature sonore de Slash, notamment quand on joue les Licks les plus connus du bonhomme (intro de Sweet Child’o Mine et le solo d’intro de Paradise City, entre autres). Dans ce registre sonore, la position intermédiaire ne présente pas un intérêt débordant. Le micro chevalet affirme un peu plus sa personnalité tranchante et précise ; on peut jouer avec beaucoup de nuances, chacune d’entre elles étant parfaitement retranscrite par l’instrument. C’est chouette pour une guitare de cette gamme. Malgré cela, elle aime bien être chahutée et que lui soit appliquée une forte attaque sur les cordes. D’ailleurs, les mécaniques Epiphone Deluxe se sont montrées particulièrement fiables, je n’ai pas eu besoin de réaccorder la guitare pendant toute la durée du test malgré une forte attaque et des Bends de trois tons (si si !!).
L’embarras du choix !
Les Epiphone Slash Les Paul Standard sont une bonne surprise. Proposées à un tarif de 899 €, leur rapport qualité/prix est correct. La November Burst sur laquelle je me suis particulièrement attardé a fait preuve de beaucoup de fiabilité, d’un son très agréable et surtout similaire à ce qu’on attend d’une Les Paul. Les finitions sont soignées dans l’ensemble (j’ai constaté quelques irrégularités sur quelques finitions, notamment Vermillion Burst). Les micros auraient pu être estampillés Gibson, comme sur la Les Paul 1959 Reissue de la marque, également fournie en étui et qui affiche un tarif bien inférieur (777 € en moyenne), mais ils remplissent très bien leur rôle finalement. Il ne vous reste plus qu’à foncer en magasin pour prendre en main ces jolies Les Paul ! De mon côté, je vais m’amuser quelques heures avec celle que m’a confiée Gibson France !