L’annonce a fait pas mal de bruit et a immédiatement éveillé ma curiosité. Ayant eu plusieurs guitares de la marque germanique entre les pattes, je connaissais déjà leurs niveaux de finitions et de lutherie et j’avais dégagé deux aspects un peu négatifs : l’électronique et l’accastillage. Mais voilà que Harley Benton sort cette SC-Custom Plus équipée de micros EMG actifs et d’un vibrato Floyd Rose 1000 ! Il fallait donc que j’en aie le cœur net et un test en bonne et due forme s’imposait au plus vite.
La base de ce « nouveau » modèle n’est autre que la SC Custom de la marque, l’interprétation germanique de la célèbre Les Paul. Quelques nouveautés apparaissent néanmoins sur la fiche technique de cette SC-Custom Plus dont nous allons faire le tour. La guitare possède un corps en okoumé surmonté d’une table en érable. Le manche en Nyatoh est collé à la caisse et il est sculpté selon un profil Modern « C », qui offre une bonne prise en main et un galbe confortable et assez familier. La touche est en Jatoba et possède un rayon de 13,78 pouces, assez plat donc. Elle est sertie de 24 frettes médiums Jumbo pour un diapason de 25,5 pouces et de repères en Perloid de forme trapézoïdale. La guitare est d’origine montée avec des cordes D’Addario EXL110 (010–046), ce qui lui va bien pour un accordage Mi standard. Elle offre un bon répondant et un feeling plutôt tendu et bien serré.
- Clean02:33
- Crunch02:42
- Lead03:27
Conditions du test : Harley Benton SC-Custom Plus EMG FR – Ampeg GVT15h pour les sons clairs – AMT S1 branché dans le retour de la boucle d’effets pour les sons crunch et lead – Two Notes Torpedo Captor X (simulation d’enceinte 2×12 Victory Celestion Creamback SM57/U87 – Audient iD22 – Logic Pro X
La jonction corps-manche est bien travaillée et permet un accès très aisé aux cases les plus hautes, d’autant qu’un chanfrein est creusé dans la corne de la guitare, ce qui va dans le même sens. L’arrière de l’instrument accueille toutes les diverses cavités : celle du Floyd Rose, celle qui héberge l’électronique et dont la forme rappelle fortement celle des modèles LTD, la petite cavité ronde qui cache le sélecteur de micros et enfin la trappe (qui semble fragile) pour la pile 9 volts. Toute la guitare est recouverte d’une finition noir matte assez sympa. L’accastillage est doré et intègre des mécaniques WSC J07 de type Schaller et un vibrato Floyd Rose 1000 accompagné de son sillet bloc-cordes, rien que ça ! La forme de la guitare, sa finition noir matte et son accastillage doré ne sont pas sans rappeler un certain modèle ESP Eclipse.
Mais Harley Benton ne s’est pas arrêtée là et a collaboré avec EMG qui a fourni une paire de micros Retro Active Hot 70. Ce sont des micros actifs avec un joli capot doré qui laisse apparaître une rangée de plots pour chaque micro. Le micro manche est équipé d’aimants AlNiCo 5 alors que le micro chevalet envoie la purée grâce à une paire d’aimants céramique. La première petite déception apparaît au niveau du micro chevalet qui ne semble pas être celui dédié à un vibrato Floyd Rose. Les cordes de Ré et Sol sont bien en face de leur plot, mais ce n’est pas le cas pour les quatre autres cordes. Cela n’affecte heureusement pas le son ni le niveau de sortie individuel des cordes, mais on aurait aimé que la marque choisisse le bon micro, avec espacement Floyd Rose. Ces micros EMG sont contrôlés par un volume chacun et une tonalité générale. Les boutons de potentiomètres sont assez jolis et inspirent solidité et robustesse.
Born to Thrash !
La lutherie de cette SC-Custom Plus est relativement bonne et la guitare ne résonne pas trop mal à vide. Les vibrations ont cependant un peu de mal à être transmises au manche. Les micros Retro Active Hot 70 sont décrits par EMG comme des micros à haut niveau de sortie et générant des sonorités proches de celles de Van Halen et ZZ Top. On devrait donc retrouver une bonne pêche, mais un caractère sonore assez vintage finalement. C’est sympa, mais vu le look global de la guitare, je m’attendais à trouver le couple 81–85 de chez EMG. Les Retro Active Hot 70 sont quand même très attachants et confèrent une voix assez particulière à la guitare. Le micro manche grâce à ses aimants AlNiCo 5 génère des sons clairs très doux et chaleureux et il conserve sa personnalité, quel que soit le niveau de saturation. Le mélange des deux micros n’a rien de transcendant en son clair, c’est dommage. Le micro chevalet possède un bon niveau de sortie qui fait directement saturer l’étage de préamplification de ma petite tête Ampeg GVT 15, ce qui m’incite à passer en son crunch.
Dans ce registre de gros crunch typique de la fin des années 70, la guitare est particulièrement à l’aise. Les micros sont précis, fournissent une attaque importante et leur niveau de détail est impressionnant. Les accords les plus complexes sonnent de manière claire et chaque note se fait entendre. On augmente un peu la saturation pour entrer dans le gros son « qui tache ». La petite SC-Custom Plus ne bronche pas et les micros conservent leur personnalité et ce caractère un poil vintage. Le micro chevalet est quand même bien tranchant, mais les harmoniques artificielles sortent moins bien qu’avec un EMG 81. Ces micros étant actifs, le niveau de bruit est très faible, même avec un son bien saturé. J’ai pris beaucoup de plaisir à rejouer des riffs de Trash, registre dans lequel la guitare est particulièrement à l’aise. Sa configuration rappelle d’ailleurs celle du modèle signature du guitariste du groupe Exodus (et Slayer), Gary Holt. En jouant cette Harley Benton, on comprend immédiatement son choix. La forme single-cut façon ESP Eclipse permet de jouer des rythmiques Trash de manière très précise et le Floyd Rose est un vrai plus qui permet toutes sortes d’effets très utilisés dans ce style. Mon enthousiasme s’est un peu amoindri quand j’ai constaté que le potard de volume le plus proche de la main droite était celui du micro manche. Celui dédié au micro chevalet est donc le potard du milieu, difficilement accessible. C’est une erreur de la part de la marque d’outre-Rhin, une guitare typée métal se doit d’avoir le potard du micro chevalet le plus proche de la main droite. Cela dit, ce n’est pas bien difficile d’inverser les soudures, mais c’est très déstabilisant et assez décevant sur le coup. En revanche, la (très) bonne surprise se situe du côté du vibrato qui est parfaitement réglé dès qu’on sort la guitare de son carton. J’ai juste eu besoin d’accorder l’instrument très rapidement en utilisant les Fine Tuners, et roule ma poule. Je me suis autorisé des acrobaties avec ce vibrato afin d’en tester la fiabilité et surtout le réglage, et j’ai été très impressionné par sa stabilité. Les cordes regagnent leur point zéro sans problème même en tirant sur la tige dans tous les sens.
EMG, Floyd Rose, what else ?
Si la guitare possède quelques défauts comme le placement du réglage de volume du micro chevalet ou encore le micro chevalet qui n’est clairement pas un « F-Spaced », elle s’en sort globalement plutôt bien. J’ai été très agréablement surpris par son réglage impeccable dès sa sortie du carton. Elle est, malgré ses défauts, plutôt attachante ; sa finition noir matte et le filet couleur ivoire qui l’entoure lui donnent un look classique qui fonctionne bien. Proposée au tarif de 518 €, elle a un rapport qualité/prix plutôt moyen. Elle est certes très bien équipée, mais des points sont encore à améliorer. C’est quand même un instrument bien conçu dans l’ensemble et qui donne envie de jouer encore et encore, avec de belles finitions, de bons micros et un vibrato qu’on ne présente plus.