Cela fait maintenant un demi-siècle que David Manley est une figure incontournable dans le monde de l'audio pro. Designer de génie, grand spécialiste du tube, il a travaillé pour les plus grands... et débarque sur AudioFanzine !
Lors de l 'AES, Denfert et votre serviteur passent sur le stand de Funky Junk pour y prendre quelques photos et recueillir les nouvelles en vue de news à publier. Nous avons le bonheur de tomber sur M. David Manley, une légende vivante du matériel audio haut de gamme. Une longue, longue discussion s’engage qui se terminera par une invitation à dîner chez lui. C’est cette soirée que nous allons vous faire vivre.
Qui est David Manley ?
Si vous posez la question à Alan Shaw, croisé lui-aussi sur l’AES, David Manley n’est ni plus ni moins que « the godfather of sound » (le parrain du son). De la part du concepteur des enceintes Harbeth qui équipent les studios de la BBC, entre autres, le compliment produit forcément son petit effet. Et c’est lorsqu’on se penche sur la bio de Sir Manley qu’on mesure la justesse du propos.
David Manley est né en Afrique du Sud en 1939. Son père, ingénieur anglais, est administrateur. Il est malade et la mère de David se retrouve vite seule pour élever son fils, lequel fait déjà montre d’un prodigieux sens de l’ingénierie de l’électronique et du son. Il réalise en effet son premier amplificateur à tubes à l’âge de 7 ans (les transistors ne seront inventés que l’année suivante).
A 12 ans, David Manley réalise un émetteur radio de 500 Watts. Un modèle tout à fait illégal, mais surtout exceptionnel puisque les standards de l’époque tournent autour de quelques watts de puissance !
Sa mère le voulait médecin mais David, soucieux notamment d’éviter à sa mère le poids financier de longues études, tourne le dos à la faculté. Il sera ingénieur du son. Il part pour l’Angleterre où son savoir faire lui permet d’intégrer comme étudiant ingénieur l’EMI REDD (Research, Engineering, Design and Development), le laboratoire où sont construites les consoles, enregistreurs, amplificateurs et les nombreux équipements électroniques qui équipent les studios d’EMI. David Manley y participe notamment à la création des fameux enregistreurs à bande EMI TR90.
A l’époque, EMI compte déjà parmi les plus importantes maisons de disques et possède à ce titre, de nombreux studios à travers le monde, dont le célèbre Abbey Road de Londres, qui en plus d’être un haut lieu de l’enregistrement de la musique classique, demeure surtout célèbre pour avoir été l’antre des Beatles.
David Manley rejoint vite la division EMI / Abbey Road Classical Recording où il travaille ses techniques d’enregistrement. A ce propos, il nous explique d’ailleurs sa définition de l’ingénieur du son, terme qui fait parfois tant débat : « Je suis un ingénieur du son. Vous savez pourquoi ? Parce que si un problème technique survient pendant une séance, je peux réparer. Il y a plein de gens qui enregistrent ou qui mixent et le font très bien. Mais ils ne savent pas intervenir eux-même en cas de panne. Ce sont des »sound operators" (opérateurs du son), pas des ingénieurs du son".
Les enregistrements réalisés à l’époque par Manley deviennent des références pour les audiophiles cependant que David, en plus de son travail chez EMI, Manley travaille en extra pour Decca Classical. Nous sommes en 1958 et il n’a alors pas encore 19 ans quand ses employeurs l’envoient en Afrique du Sud pour refaire le studio d’EMI à Cape Town, bien mal en point. David a droit à quelques vacances. Il est convenu qu’après la réorganisation et réfection du studio, il restera un bon mois dans son pays natal pour recharger les batteries.
Le voilà donc en congés depuis quelques jours lorsqu’il discute un soir dans un bar autour d’une bière avec un type bien sympathique :
« Et toi, que fais-tu dans la vie ? demande l’homme.
- Je travaille dans les studios. Pour EMI.
- Ah ! Tu es peut-être mon sauveur ! »
Car l’homme en question a un problème : il a obtenu de la radio nationale à Cape Cod la mise à disposition exceptionnelle de studios pour enregistrer. Mais son ingénieur du son est à l’hôpital. La date fatidique approche, les studios sont réservés, l’orchestre, tout le monde est prêt, mais personne n’est là pour superviser l’enregistrement. Serviable, David accepte de donner un coup de mains. Il est loin de se douter alors que son interlocuteur n’est autre qu’Ernest Fleischman, qui deviendra plus tard directeur du Los Angeles Philharmonic.
David s’attelle donc à la tâche. Il n’a que quelques jours devant lui. Il commence par découvrir que le matériel d’enregistrement est « digne d’un petit home studio mal organisé ». Il refait tout et équipe l’entreprise d’un équipement digne de ce nom.
De fil en aiguille, David se retrouve ainsi associé de Fleischman. Ensemble, ils vont créer un des plus importants festivals de l’époque, l’un s’occupant de la direction technique, l’autre de la direction artistique. Ce faisant, ils vont aussi contribuer de façon rocambolesque au déménagement d’Allemagne en Afrique du Sud d’un des plus grand planétarium au monde. Ils seront surtout associés dans un studio qui va devenir plus que conséquent. Tout cela alors que David Manley n’a même pas l’âge légal pour être associé dans une affaire ou en gérer une !
En quelques années, le studio Manley-VanNeikerk va se développer et devenir un complexe avec des filiales dans différentes villes, des salles de mastering et même une usine de pressage de disques. David fabrique tout l’équipement électronique (à lampes) et conçoit l’environnement acoustique utilisé dans les studios. Il intervient aussi dans le domaine de l’image, tournant et réalisant des centaines de publicités. Dans le sillage de cette expérience, il réalisera également un an d’épisodes pour une série de la BBC.
L’aventure VTL
Après plus de 10 ans, il vend les studios à Teal/RCA, achète et rénove un hôtel particulier de 19 pièces dans lequel il ouvre… un magasin de Hi-Fi ! On n’y trouve que le fin du fin. Mais le démon de la conception ne le lâche pas. Comme il pense que personne ne peut construire de meilleurs équipements à lampe que lui, il se lance également dans la production d’amplificateurs.
Le besoin de quitter définitivement l’Afrique du Sud se fait toutefois sentir et David s’embarque sur un yacht pour naviguer dans l’Océan Indien, notamment du côté de la Réunion et de l’Ile Maurice. Passionné par les bateaux traditionnels locaux et leurs méthodes de construction, il traverse la Mer Rouge avec deux navires, passe par le canal de Suez, fait étape à Chypre et arrive enfin en Grande Bretagne. La vente de son plus gros bateau lui permet alors de financer sa prochaine entreprise, VTL (Vacuum Tube Logic), qui fabrique des amplis Hi-Fi.
A dire vrai, les affaires marchent mal mais Luke, le fils ainé de David, est arrivé aux Etats-Unis où il a commencé la distribution des amplis VTL. Ces derniers rencontrent là-bas un peu plus de succès que sur le vieux continent, sans que leur vente ne puisse cependant assurer la fortune familiale. Cédant aux instances de Luke, David se rend alors aux USA et installe sa société à New York.
Alors que la fabrication et la commercialisation des amplis VTL est encore artisanale, David rencontre un asiatique qui lui propose une commande de… plusieurs centaines d’unités ! Manley avoue son incapacité à fournir une telle quantité, sauf si… Le client met alors la main à la poche et signe un gros acompte qui permet à David et Luke de partir pour le sud de la Californie où ils savent pouvoir trouver des moyens techniques et humain de production et d’approvisionnement. Ils achètent alors une usine à Chino, et passe une étape déterminante dans le développement de VTL
La qualité des amplis VTL, la connaissance de l’environnement de studio et les compétence irremplaçables de David en matériel à lampes amènent les ingénieurs du son à lui demander du matériel plus orienté studio. Sous la marque Manley Labs, ce dernier développe et commercialise alors toute une gamme d’équipement de studio à lampes dont des préamplis micro, des égaliseurs, des convertisseurs analogique/numérique. Vient ensuite le rachat de la marque américaine Langevin.
Après quelques temps, il devient nécessaire de séparer VTL et Manley Labs. D’autant que David a entre temps créé un label de musique : Vital. Il laisse donc les commandes de VTL aux mains de son fils et gère Manley Labs avec son épouse, Eve Anna. En 1996, il se retire pourtant de l’affaire pour reprendre sa liberté.
En bon francophile, il s’installe alors à Paris, sur une péniche, où il vit avec sa nouvelle compagne et mène une activité de consultant pour les studios européens. Mais il ne peut pas rester bien longtemps sans remettre les mains dans le cambouis, et recommence donc à fabriquer des équipements de studio.
Après plusieurs années de batailles juridiques avec son ex-épouse, il a récemment retrouvé le droit d’utiliser son propre nom comme marque. Installé en grande banlieue parisienne, il s’entoure alors d’une petite équipe pour fabriquer des équipements pour studios et « home-studios » disponibles désormais sous la marque « David Manley Paris ».
Et c’est précisément dans son nouveau fief que nous sommes allés lui rendre visite, histoire de visiter son atelier, de voir quelques fameux prototypes, et de parler audio, évidemment…
Dans l’antre de la bête…
Passer une soirée chez David Manley, c’est d’abord être accueilli par un homme, son épouse et une équipe absolument charmants. Et puis, on écoute. Parce que David, il n’y a pas besoin de le faire parler. Il n’est pas avare d’informations, d’anecdotes savoureuses et d’explications techniques.
Non seulement il aime partager son savoir, mais il sait le mettre à la portée des non initiés. Des quatre invités, seul Jazzy Pidjay, notre nouveau modérateur thématique de techniques du son avait de sérieuses connaissances en technologie des lampes (il fabrique d’ailleurs ses propres micros et préamplis à lampe). Pourtant, David n’a pas hésité à expliquer clairement les choses pour les mettre à notre portée.
La visite de l’atelier est à elle seule fascinante. Elle nous fait plonger dans un univers sans doute familier des électroniciens, mais ô combien intrigant pour les non-initiés.
De multiples appareils de mesure côtoient le matériel en cours de réalisation. Les cartons de lampes diverses et variées squattent le haut des étagères et David nous sort des trésors avec gourmandise, comme ce minuscule objet bicéphale dans lequel personne d’entre nous n’a su reconnaître un tube. Ou encore les stocks de lampes militaires rares récupérées avec amour en vue de productions futures…
A une question technique pointue que lui pose Jazzy Pidjay, David sort aussi une véritable bible de la lampe, un recueil indexant pratiquement toutes les références de tubes existants, avec leurs caractéristiques complètes : le genre de rareté à faire saliver plus les adeptes du DIY qui doivent parfois écumer le net pendant des heures pour trouver le moindre renseignement disponible en 5 mn dans un tel ouvrage, hélas introuvable.
David Manley prend aussi le temps de nous parler tôlerie. Eh oui ! Les appareils ne se limitent pas aux circuits et aux lampes. Outre les différents contrôles, il faut bien les enclore dans des boîtiers. Et sur ce sujet, David fait preuve d’une extrême exigence.
La vieille Europe, terre bénie ?
L’homme exprime aussi son amour de l’Europe et particulièrement de la France pour le goût des bonnes choses. Certains de ses produits sont destinés essentiellement au marché français. Pourquoi ? Parce que d’après lui, on sait reconnaître la qualité en France, et les gens préfèrent investir dans un appareil qu’ils conserveront indéfiniment que dans une m… pas chère à la mode qu’ils changeront un an plus tard.
Si ce regard d’anglais né en Afrique du Sud et ayant exercé une bonne partie de sa carrière aux Etats Unis nous fait bien plaisir, souhaitons que ce point de vue ne soit pas trop idéalisé. David souligne au passage le savoir faire français en matière de boîtiers métal, ce que mon expérience passée dans l’industrie m’avait déjà laissé voir.
C’est aussi le moment de discuter de l’esthétique et du look des produits. Ceux de David sont habillés d’une belle robe rouge, mais les plus sages pourront les commander en noir ou en gris. De toutes façons, on reconnaît un Manley au premier coup d’oeil, quelle que soit sa couleur. Le look, avec ses switchs tout simples, ses gros potars et ses capots de diodes vintage, ses étiquettes gravées à la place de toute sérigraphie, tout concourt à produire un look « labo » et artisanal.
On peut aimer ou pas, mais quelle gueule ! Et, au contraire des designs hyper modernes, ça ne risque pas de vieillir! On retrouve aussi comme constante sur l’ensemble des produits une disposition claire et ergonomique. On sent bien que la documentation n’a pas besoin d’être bien épaisse : on a tout sous les yeux (et les doigts).
Une plongée sur les circuits en cours de montage nous montre un des points qui fait – outre sa conception – la qualité légendaire du matériel Manley. Tout est câblé en point par point avec, quand cela d’avère nécessaire, des soudures (parfaites) à l’argent.
D’ailleurs, pour avoir précédemment travaillé dans différents domaines de fabrication, j’ai appris qu’un produit bien conçu et réalisé avec soin dégage en lui-même une certaine beauté. C’est le cas des circuits Manley. Pas besoin de s’y connaître beaucoup en électronique pour voir au premier coup d’oeil que c’est du sacré bon boulot !
Contre les idées reçues…
Le matos est une chose, la théorie en est une autre. Au cours de la discussion, David Manley balaye ainsi quelques idées reçues et assène quelques sentences savoureuses.
Le son d’une lampe ?
« Quel est le son d’une lampe ? Aucun ! Aucune lampe ne sonne de façon particulière. C’est la façon dont on la fait travailler, le circuit qui l’alimente qui va lui donner sa couleur sonore ». Ça ne signifie pas évidemment qu’on peut utiliser n’importe quelle lampe dans n’importe quelle situation, certaines lampes étant plus aptes à travailler dans tel domaine et telle façon.
De même, lorsqu’on parle de la « chaleur » ou la coloration des lampes, c’est pour M. Manley une certaine contrevérité. Une lampe ne sonne pas forcément chaud. Bien évidemment, on peut lui faire générer ces harmoniques et cette saturation si propice au beau son, mais la présence d’une lampe dans un appareil n’augure en rien d’un « son chaud ». Tout dépend une fois encore du circuit, de la démarche du concepteur. Sans compter qu’il rappelle avec malice que dans certains produits, les lampes sont plus là pour la déco (et le marketing) que pour le son. (Note de Los Teignos : ou pour jouer dans le noir…).
Le disque vinyl ?
« Vous savez ce qu’on peut faire de mieux avec un disque vinyle? Le mettre au mur pour s’entraîner au tir ! » J’en connais qui vont s’étrangler ! Il ferait pourtant mieux de suivre l’explication qui nous a été fournie : sur un disque vinyle tournant à une vitesse donnée, la distance parcourue par le diamant n’est pas la même à chaque tour à l’extérieur du disque (début) et vers le milieu (fin).
Sur un 33 tours, la tête parcours à peu près 91 cm par tour extérieur soit 30 mètres par mn. Vers le centre, la taille d’un tour n’est plus que de 40 cm soit 13 m 50 par mn. Soit seulement 45% de distance en moins. Comment alors, compte tenu des contraintes de taille de rainures liée à la matière et à la fabrication, obtenir un même son ? Impossible. Ainsi, d’après Manley, le son perd en aigus entre le début et la fin d’une face.
De même, lorsque l’aiguille parcours un sillon, les sillons avoisinants « pleurent » sur l’aiguille, parasitant (certes à faible niveau) la lecture du sillon en cours. Sachant cela, on est en droit de préférer le son d’un disque vinyle, mais la prétendue ‘meilleure qualité sonore’ avancée par certain se montre indéfendable, même si le maxi 45 tours souffre moins de ces défauts que le 33 ou le 45 tours.
Les audiophiles et la Hi-Fi.
Manley ne semble pas éprouver un amour infini pour les tétracapillectomistes (coupeurs de cheveux en quatre) qui dissertent à longueur de temps des qualités de tel ou tel câble. Sans évidemment nier l’importance d’un bon choix de matériel, il semble agacé par ceux qui semblent plus se passionner par le choix du matériel que par l’écoute de la musique. Car Manley aime la musique. Son rapport au matériel est un rapport de fonction. Il n’est pas passionné par le matériel lui-même, mais par le résultat sonore qu’il peut produire.
Et si vous avez encore des doutes sur l’importance du son pour David Manley, voyez ici sa vision du home cinéma !
Au passage, j’ai eu moi aussi ma petite remise en place des idées. Comme beaucoup de membres d’Audiofanzine, je m’intéressais peu à la Hi-Fi. J’ai un assez bon équipement dans mon salon (un son encore meilleur que dans mon studio) et ça s’arrête là. « La Hi-Fi, c’est bon pour les non-musiciens. Nous, ce qui doit nous intéresser, c’est le travail du son en studio » : voilà en gros ce que je pensais et fort de cette certitude, j’allais régulièrement écouter les nouveautés en systèmes de monitoring et autres équipements de studios, sans jamais me préoccuper de nouvelles enceintes Hi-Fi.
Les propos de David Manley m’ont, au fur et à mesure de la soirée, fait voir à quel point cette vision des choses est idiote. La musique que nous créons, enregistrons et mixons n’est pas faite pour être écoutée en studio sur des enceintes de monitoring, mais pour être diffusée sur des systèmes variés, si possible Hi-Fi. Ne pas s’intéresser à la chose, ne jamais se pencher sur la Hi-Fi et la diffusion, revient à préparer un concert sans se préoccuper du public.
Évidemment, en mixant, on se soucie toujours de la façon dont le morceau va sortir sur différents systèmes d’écoute. Mais s’intéresser aussi au matériel Hi-Fi, à ses évolutions, aux nouveautés qui sortent, aux modes sonores, au regard des journalistes spécialisés et des vendeurs de matériel me semble désormais être un point à ne pas négliger pour réaliser de belles productions.
A propos de Hi-Fi, d’ailleurs, il y avait tant à voir et tant à dire que le temps nous a manqué pour écouter tranquillement les nombreux systèmes présents. Nous avons tout de même pu en écouter un peu dont les énormes enceintes (aussi grande que David Manley) qui ornent le show-room, mais aussi les magnifiques enceintes réalisées par un des nombreux ami de David, Alan Shaw (dont nous avons parlé dans la première partie), qui fournit notamment la BBC. Ces enceintes, bien que de taille relativement modeste, ont un son absolument merveilleux. Large et précis tout en étant chaleureux, plein et velouté. Un véritable régal ! A ceux qui ne jurent que par la « chaleur » du disque vinyle par opposition à la « froideur » du CD, on peut alors clairement répondre que la chose dépend beaucoup du système d’écoute.
Amplificateurs stéréo
Beaucoup de gens pensent qu’un ampli Hi-Fi stéréo revient moins cher que deux amplis mono. Qu’est-ce qui fait la différence ? En fait, d’après David Manley, le contenu d’un ampli stéréo et de deux amplis mono (de qualité) est assez similaire. Côté ampli stéréo, on économise… sur la carrosserie, c’est à dire pas grand chose en regard du prix des composants (je rappelle qu’on parle de haut de gamme). Par contre, au niveau conception, les choses sont plus compliquées, notamment au niveau de l’alimentation. Sans compter le risque d’interférences entre les deux canaux s’ils sont dans un même boîtier. De fait, pour Manley, lorsqu’on n’a pas de problème de place, il y a tout lieu en Hi-Fi de préférer deux amplificateurs mono à un amplificateur stéréo.
David Manley Original Paris
Evidemment, nous avons aussi regardé et discuté des derniers équipements réalisés par David. Il serait trop long ici de parler de la totalité de la gamme. Si vous êtes intéressé par les produits David Manley Original Paris, contactez son distributeur Funky Junk pour tous les détails.
Quant à nous, nous nous cantonnerons à l’évocation de trois équipements qui semblent assez bien résumer la philosophie de conception chez Manley.
Le Monitor Controler
Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un système pour monitoring « semi-passif ».
On dispose de 5 sélecteurs d’entrée : pas d’une entrée avec un sélecteur 5 position (David déteste les switch qui peuvent s’encrasser), mais d’un sélecteur ON/OFF basé sur un relais pour chaque entrée, ce qui permet d’écouter plusieurs sources simultanément. Chaque sélecteur dispose d’une LED signalant que l’entrée est en fonctionnement.
On dispose en outre :
- d’un contrôle de volume stéréo
- d’un switch mono à maintien temporaire (on repasse en stéréo quand on le relâche : pratique pour contrôler d’éventuels problèmes de phase).
- d’un mute (général)
- d’un mute gauche et mute droit, eux aussi à maintien temporaire
- d’un sélecteur ampli A (par exemple pour des moniteurs de proximité), ampli B (par exemple pour les moniteurs à distance) et casque.
L’appareil comporte un ampli casque intégré de 30 Watts avec un convertisseur d’impédance pour gérer les longs câbles. Celui-ci ne colore pas le son, d’où l’appellation « semi-passif ».
Le ELMU
Il s’agit d’un limiteur/compresseur 4 canaux Vari-Mu et électro-optique. Electro-optique comme le LA2A, mais le circuit conçu par David Manley est totalement symétrique. Les 4 canaux peuvent être utilisées en chaîne ou séparément. Ainsi, la compression électro-optique peut rentrer dans la Vari-Mu, mais on peut aussi l’utiliser pour de la guitare ou de la basse tandis que le Vari-Mu travaille sur des voix en stéréo, ou sur deux canaux mono, etc.
On peut insérer un égaliseur entre les deux compresseurs, inverser l’ordre des compresseurs, etc.
On ne rentrera pas dans les détails des circuits (sans PCB, tout est câblé en point par point à la soudure d’argent), mais disons simplement que le compresseur Vari-Mu dispose d’une paire de lampes triodes (comme sur le Fairchild) couplé selon un système propre à Manley.
Le MVCO (Mono Vintage Combo)
Il s’agit d’un préampli muni d’une entrée micro (avec alim fantôme) et d’une entrée instrument utilisables simultanément. Chaque entrée dispose de son propre contrôle de volume tandis que l’entrée instrument est également munie d’un contrôle clean/dirty pour obtenir, par exemple, des sons crunch sur une guitare.
Le signal passe ensuite par un égaliseur 3 bandes au son vintage, puis par le master volume/overdrive du préampli pour entrer dans un compresseur avec niveau d’entrée, de sortie et release réglables (l’attaque est fixe à 50 ms). On dispose enfin d’un bouton permettant de shunter le compresseur tout en conservant ses réglages.
A noter que l’appareil existe aussi en version stéréo (SVCO).
Note : avant de laisser la parole à Los Teignos, je tiens à remercier David et Véronique Manley pour leur accueil chaleureux et leur disponibilité, de même que l’équipe de Manley pour leur dévouement.
Un nouvel AFien ?
L’article de BillyBoy pourrait sans problème s’arrêter là… Entre la bio de Mister Manley, le récit de notre rencontre avec lui et les quelques points de vue intéressants qui s’en sont dégagés, il y a déjà de quoi occuper un bon dimanche de lecture… et une bonne semaine de discussion sur les forums.
Sauf que c’est à moi que revient le privilège de mettre la cerise sur ce sympathique gâteau. Et pour le coup, je devrais plutôt parler de cerisier sur la patisserie. Loin de se contenter d’une rencontre, l’ami David envisage en effet de prendre part plus activement à AudioFanzine. Comment ? En intervenant régulièrement sur nos pages au sein d’une chronique pédagogique. De quoi ça parlera ? D’audio évidemment, de tubes bien sûr et de tout ce qui, de près ou de loin, est susceptible d’intéresser le musicien un tant soit peu curieux… Avouez qu’on peut difficilement rêver d’un meilleur intervenant !
Sur ce, je laisse le soin à David de se présenter lui-même…
Los Teignos
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