Quand on est claviériste, on a beau piloter les instruments les plus riches et polyvalents qui soient (Mes chevilles ? Ca va b… ah, non, tiens, elles commencent à faire un mal de chien, là… ), il y a une chose que l’on ne peut toujours pas faire, c’est se taper des allers-retours de folie d’un bout à l’autre de la scène avec saut de carpe, grand-écart et chopage en direct de 06 de belle blonde du premier rang… C’est là que le Keytar prend tout son sens : pensez donc, un clavier en bandoulière !
Certes le concept n’est pas neuf, il remonte même à 1795 avec l’Orphica du Viennois Carl Leopold Röllig. Et c’est en 1984 que Korg sortait l’ancêtre du RK100S, le RK 100… sans S. En quoi le modèle « avec S » se différencie-t-il de son illustre prédécesseur ? Il le fait de multiples manières, par exemple par l’apparition de deux rubans tactiles, la taille un poil plus réduite ainsi que par le clavier (41 touches pour le RK 100, 37 pour la version S), mais surtout l’apparition d’un module sonore intégré ! Eh oui, « RK » signifiait à la base « Remote Keyboard » (littéralement clavier déporté) et désignait donc un clavier dépourvu de section sonore. Le S qui vient s’ajouter signifie donc « Sound ». Surtout, soulignons que ledit module sonore est tout sauf un gadget, puisqu’il s’agit de celui du microKorg XL !
Mais trêve de préambule, penchons-nous sur la bête…
Une petite visite extérieure
Dans la boîte, nous avons une housse de transport bien pratique avec une poche supplémentaire pour câbles ou partoches, une sangle pour porter le RK100S autour du cou, un manuel sommaire en 6 langues, un pack de piles, mais ni cordon USB ni alimentation externe, ce qui est un peu chiche, je trouve, à ce niveau de tarif (environ 700 € en moyenne). Pour en revenir brièvement au mode d’emploi, celui-ci se divise en trois livrets différents. Le premier, en papier, détaille les différentes fonctions accessibles directement sur le boîtier du RK100S. Le second et le troisième, au format PDF, détaillent respectivement le fonctionnement global du logiciel de paramétrage Sound Editor et ses fonctionnalités plus avancées, notamment au niveau du sound design (voir Sound Editor).
Et puis, enfin, nous avons la bestiole elle-même. Celle qui m’a été fournie pour le test est d’un beau rouge profond – elle existe également en noir et en blanc. Il n’y a pas à tourner autour du pot, ça en jette ! Après, on a le droit de ne pas être fan du look, très orienté Eigthies avec ses formes anguleuses, ses petits boutons rectangulaires et son écran LED à 3 caractères..
Le corps est en bois, ce qui lui assure un poids raisonnable de 3,4 kg, suffisamment lourd pour bien tenir sur l’épaule et ne pas donner la sensation de manipuler un jouet, sans toutefois être un fardeau. L’appareil fait 83 cm de long, 26,3 cm de large et environ 7 cm de haut, petit joystick compris (voir plus bas). Bien que le clavier et toute la section qui l’entoure soient en plastique, la finition est très bonne. Le clavier peut sembler un peu réduit au premier abord avec des touches de longueur normale, mais un poil plus étroites que la moyenne (2 cm de large pour les touches blanches et 8 mm pour les touches noires). Nous verrons plus loin ce qu’il en est en situation de jeu.
Le clavier est surmonté de quatre boutons poussoirs à gauche, et de huit autres boutons poussoirs à droite. Les boutons de gauche regroupent la gestion du tap tempo, l’activation et désactivation de l’arpégiateur, l’affectation du petit ruban tactile et la touche « shift », qui permet d’accéder à des fonctions alternatives. Les huit boutons de droite permettent d’accéder immédiatement à huit banques prédéfinies et personnalisables (voir paramètres globaux), ou bien à un certain nombre de paramètres via la touche Shift : choix de courbe de vélocité, niveau de vélocité du long ruban, canal MIDI global, canal MIDI du long ruban, transposition, fonction d’économies d’énergie, témoin d’autonomie restante et fonction de mise hors-tension automatique. À côté de cette série, toujours sur la façade supérieure de l’appareil, nous avons la sortie audio sous la forme d’un jack stéréo 6,35 mm au-dessus d’un gros bouton rotatif de volume.
Sur la tranche droite, nous avons le bouton de mise sous tension ainsi que la connectique, composée de gauche à droite d’une prise USB, d’une prise pour une alimentation, d’une entrée mini-jack pour brancher la source qui alimentera le vocodeur, et d’une prise MIDI OUT. Pas de MIDI IN ? Bah non, pas en DIN en tous cas. Si vous souhaitez piloter les sons internes du RK100S via un autre appareil, il vous faudra impérativement passer par la connexion MIDI via USB, donc par un ordinateur.
Le jeu
Il n’y a pas à dire, on a un vrai plaisir à jouer sur le Keytar. Tout d’abord, l’impression évoquée plus haut de ne pas tenir un jouet entre ses mains se confirme une fois la bandoulière passée autour du cou : le poids raisonnable de l’appareil assure une bonne stabilité sur les épaules, sans toutefois se montrer trop lourd. Le Keytar est de plus parfaitement équilibré. Il pique aussi peu du nez qu’il ne pèse de l’arrière-train. Parfait. Bon allez, c’est parti, j’allume la bestiole.
Après avoir pressé le bouton « On », la machine met environ 7 secondes pour être opérationnelle : tout à fait correct. Par défaut, le préset choisi est le numéro 1, mais il est possible de modifier ce choix via le logiciel de paramétrage (voir paramètres globaux). Si je souhaite passer à un autre préset, le petit joystick prévu à cet effet en haut à gauche du clavier tombe étonnamment bien sous la main gauche, pendant que la main droite continue de jouer. Bon point ergonomique. Comme évoqué dans le paragraphe précédent, les touches du clavier peuvent sembler un peu étroites au premier abord. Mais une fois en situation de jeu, ce qui risquait de s’avérer un défaut mineur se révèle en fait une qualité inattendue : la relative étroitesse des touches fait qu’on les identifie instantanément au toucher. Et mine de rien, c’est très appréciable pour les claviéristes que nous sommes et qui n’ont pas forcément l’habitude de ne pas voir les notes qu’ils jouent. D’autant que lesdites touches restent suffisamment larges pour permettre un jeu confortable. Donc bravo aux ingénieurs de Korg pour le design du clavier : c’est un domaine dans lequel on a la sensation qu’ils ont cherché à se mettre à la place des instrumentistes. Par contre, on regrettera que le clavier ne gère pas l’aftertouch. Bien que le clavier en lui-même ne soit pas compatible aftertouch, il est possible de soumettre le contrôle de certains paramètres du RK-100S à l’aftertouch d’un éventuel clavier externe.
Le ruban court situé dans le manche de l’appareil ne fait pas non plus tache au niveau ergonomie, et renforce la sensation « guitaristique » qui se dégage lorsque l’on manipule le RK-100S. Le ruban court pilote par défaut la modulation prévue pour un préset donné. Comme nous le verrons plus bas, celle-ci peut être définie au sein du logiciel de contrôle Sound Editor.
Les deux boutons situés à côté du petit ruban, « pitch » et « filter », permettent de choisir ce que pilotera… le grand ruban sous le clavier, quand ils sont maintenus enfoncés. Le bouton « short ribbon » permet de choisir si le petit ruban pilotera le pitch-shift ou bien la modulation du son, telle que prédéfinie via le logiciel de paramétrage (voir « Les programmes »).
Puisque nous avons évoqué le grand ruban, j’avoue que son utilité me laisse un peu dubitatif. En effet, il s’avère beaucoup plus pratique de moduler un son avec la main gauche sur le petit ruban pendant que la main droite s’affaire sur le clavier. Agir sur le grand ruban impose à l’inverse d’utiliser sa main droite et donc de lâcher le clavier. Intéressant pour effectuer des slides lorsque le grand ruban est configuré pour agir sur le pitch, mais sinon… Mais l’idée la moins pertinente à mon sens a été d’attribuer au grand ruban la possibilité, en faisant glisser son doigt, de jouer des gammes entières (préalablement configurées au sein du Sound Editor, voire plus loin). Mon scepticisme est motivé par deux raisons. La première est que le manque de précision d’un ruban par rapport à de vraies touches ne permet pas de faire des montées ou des descentes de gammes vraiment propres, à moins de vouloir battre des records de vitesse. L’autre raison est que ces gammes prédéfinies le sont également au niveau de leur tonique. Si la gamme associée au préset que vous utilisez à tel moment est DO mineur, et que le pont de votre morceau est en fa majeur : pas de chance, vous ne pourrez pas faire une magnifique montée de gamme via votre ruban.
Et l’on touche là l’un des problèmes cruciaux du RK-100S : il y a très peu de paramètres sur lesquels on puisse influer en live. On peut certes, comme décrit plus haut, définir des canaux MIDI et des courbes de vélocité, choisir entre différents types d’arpégiateurs, influer via les rubans sur le filtre et le pitch. Mais l’amplitude de ces derniers est – tout comme les gammes évoquées à l’instant – prédéfinie dans le logiciel de configuration de l’appareil. Pour faire simple : par préset, vous ne pouvez agir en live – outre le filtre – que sur un seul effet (celui affecté au paramètre de modulation), préalablement défini dans le logiciel.
Maintenant que nous avons vu comment l’on joue de cet instrument, une petite présentation de ses sonorités s’impose.
Les sons
Voici donc un florilège de sons que l’on peut trouver sur le RK-100S, qui, je le rappelle, reprend le module sonore du microKORG XL :
Synthés polyphoniques :
Basses :
Synthés lead :
Pads :
Cloches :
Pianos et claviers :
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Sons arpégés :
Vocoder:
Les sons ci-dessus sont ceux d’origine. Mais on peut créer ses propres présets et aller même très loin dans le sound design, comme nous allons le voir tout de suite.
Sound Editor
Le Sound Editor est le centre névralgique du Keytar. L’interface principale du Sound Editor propose deux onglets, « Program » et « Global », qui concernent respectivement le paramétrage et la programmation de présets pour l’un, la gestion globale du fonctionnement du RK-100S pour l’autre.
Par défaut, c’est la fenêtre « Program » qui s’affiche au lancement du soft. Celle-ci propose principalement une liste de l’ensemble des présets que le soft a détectés sur la machine connectée, qui est automatiquement scannée au lancement du logiciel. À noter que dans certains cas — rares — le soft ne reconnaîtra pas le Keytar si celui-ci n’est allumé qu’après le lancement du logiciel, et ce même si l’on opère un scan manuel. Donc, par prudence, allumez votre Keytar avant d’ouvrir l’Editor !
Bien, pour en revenir donc à l’interface du logiciel, nous trouvons, outre la liste de présets évoquée, un second tableau, plus réduit, dans lequel on peut disposer à loisir les présets favoris, par glisser-déposer à partir de la liste précédente. Ensuite, nous avons 2 boutons qui permettent de sélectionner quelles seront les informations visibles pour l’ensemble des présets, un bouton permettant ou non l’envoi automatique au RK-100S d’un préset sélectionné, un autre permettant d’éditer le nom du préset, celui de son programmeur, un petit commentaire ainsi que la catégorie sonore à laquelle se rattache le préset. Et enfin, nous avons le bouton « Edit » qui nous ouvre les portes du Sound Design à la sauce RK-100S.
Les programmes
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Korg n’a pas fait les choses à moitié pour ce qui est des possibilités de triturage de la bête. Un clic sur chaque nom de préset provoque l’affichage d’un premier panneau de paramétrage dudit préset, composé de plusieurs sections.
La première est la section « Voice ». Le Keytar étant duo-timbral, on peut répartir deux sons (timbres) différents à deux endroits du clavier (mode split), les superposer sur un même canal MIDI (mode layer) ou sur deux canaux MIDI séparés (mode multi). On peut bien évidemment définir le point de split, ainsi que le canal MIDI utilisé pour adresser l’éventuel second timbre.
La section « Scale » permet de choisir la note de base de la gamme ainsi que le tempérament général, à choisir parmi 10 options dont une librement paramétrable.
La section « Ribbon » permet de définir le comportement et les affectations des deux rubans tactiles. Le plus long des deux peut voir sa fonction de jeu activée ou désactivée via un bouton virtuel « On/Off ». En cas d’activation, on peut choisir le timbre piloté par le ruban, le type de gamme utilisé ainsi que sa note fondamentale et enfin le nombre d’octaves. Le nombre d’octaves peut également être défini pour la fonction « pitch bend » de ce même ruban. Et pour la fonction de pilotage de filtre de ce dernier, un dernier paramètre permet d’en régler l’intensité de modulation. Le ruban court n’est pas en reste puisque trois paramètres définissent respectivement le type de message (pitch ou modulation) envoyé, le numéro de CC employé et le comportement de la modulation, à savoir si celle-ci doit ou non être maintenue une fois le ruban relâché.
Mais les deux sections principales de ce premier panneau de paramétrage sont les sections « Timbre 1 » et « Timbre 2 », qui présentent un résumé des réglages (oscillateurs, filtres, etc.) concernant chacun des deux… timbres. En cliquant sur l’une ou l’autre, on affiche un second panneau de paramètres qui va nous permettre d’accéder au cœur de synthèse de l’appareil et de véritablement sculpter chacun de nos sons.
Chaque timbre différent se base sur l’utilisation, pour chaque voix de polyphonie, de deux oscillateurs, deux filtres, un mixer et un EQ global qui intervient en fin de chaîne. Les formes d’ondes communes pour chacun des oscillateurs sont les suivantes : dent de scie, impulsion, triangle, sinusoïdale. Le premier oscillateur dispose en plus des possibilités suivantes : formant, bruit, PCM/DGWS ou le signal audio entrant par l’entrée mini-jack. La forme d’onde de l’oscillateur 1 peut être modulée par le petit ruban tactile, par le signal de sortie de l’oscillateur 2, ou via une modulation de phase utilisant une onde sinusoïdale multiple de la fréquence fondamentale de l’onde de l’oscillateur 1. Ce dernier peut être également démultiplié virtuellement par 5 et légèrement désaccordé via le paramètre « unison » afin de grossir le son. La forme d’onde de l’oscillateur 2, quant à elle, peut être soit synchronisée à celle de l’oscillateur 1, soit associée à celle-ci pour créer un effet de modulation en anneau.
Les filtres se différencient entre eux par le fait que le second ne dispose que des réglages standards : passe-bas, passe-haut, passe-bande. Le premier filtre quant à lui propose bien plus de fantaisies, puisqu’il offre en outre non seulement la possibilité de choisir entre deux pentes de filtres passe-bas (12 ou 24dB/octave), mais également différents types de filtres intermédiaires. Les deux filtres sont également pourvus de paramètres de key tracking et de suivi d’enveloppe. Celle-ci — unique pour les deux filtres — est une classique enveloppe à quatre segments (attaque, déclin, maintien, relâchement) à laquelle vient se greffer un paramètre un peu particulier : LV. Velo (level of velocity intensity – niveau d’intensité de vélocité). Derrière un patronyme quelque peu abscons se cache la possibilité de faire correspondre la vélocité de jeu et l’amplitude de l’enveloppe de filtre. Indépendamment de cela, la vélocité peut également être utilisée pour piloter la fréquence de coupure du filtre. Les deux filtres peuvent être utilisés individuellement pour chaque oscillateur, ou bien simultanément pour les deux, que ce soit en série ou en parallèle.
Un mode « Voice » permet de définir le comportement du synthé en présence de notes simultanées : monodique (priorité à la dernière note jouée), paraphonique ou bien polyphonique (8 voix maximum). Il permet également de définir les paramètres de l’unison, avec la possibilité d’empiler jusqu’à 4 oscillateurs virtuels. À noter que la polyphonie s’en trouve alors proportionnellement réduite : 8 voix sans unison, 4 voix pour un empilement de deux oscillateurs et 2 voix pour un empilement de 4 oscillateurs. Le désaccordage et la diffusion spatiale de l’unison sont également réglables. Et nous trouvons enfin un potard « Analog Tuning » censé reproduire les variations aléatoires d’accordage d’un instrument analogique. Force est de constater que l’aspect forcément « pseudo » de l’aléatoire numérique sait assez bien se faire oublier et que le « trucage » fonctionne plutôt pas mal.
La section « Pitch » permet – de manière on ne peut plus classique – de transposer l’ensemble de l’accordage par demi – ou centièmes de tons, de définir l’amplitude de la modulation de pitch bend, l’intensité du vibrato activé par le plus petit des deux rubans tactiles, et enfin le temps de portamento.
La section « LFO » propose deux oscillateurs basse fréquence dont les paramètres sont identiques, à ceci près que le deuxième LFO propose une forme d’onde sinusoïdale là où le premier nous offre une onde triangulaire. Les autres choix sont : dent de scie, onde carrée, « sample & hold » et pseudo-aléatoire. La fonction « Key sync » permet de définir le comportement de chaque LFO à l’enfoncement d’une touche, avec les options suivantes : pas de relance du cycle, relance du cycle à chaque nouvelle touche enfoncée ou enfin relance du cycle après chaque interruption de jeu (le cycle du LFO se maintient alors tant que les notes se chevauchent). Une fonction « BPM sync » accompagnée d’une fonction « note sync » permettent de synchroniser le LFO au le tempo général en adaptant la fréquence du cycle aux subdivisions temporelles (de 8 à 1/64e de temps).
La section « Amp » nous réserve – outre les traditionnels potards de volume et de panoramique – quelques petites surprises bienvenues. Tout d’abord, nous avons la fonction « Wave shape », qui permet de transformer le signal entrant en lui appliquant un traitement à choisir parmi différentes formes d’ondes à basse fréquence (indépendantes des LFOs sus-cités) ou non, une disto, un réducteur de fréquence d’échantillonnage et d’autres types de « salisseurs » de sons. La profondeur de l’effet et son emplacement post ou pré-filtre sont paramétrables.
Ensuite, nous avons un potard de « key-tracking » qui permet d’augmenter ou de baisser le volume en fonction de la hauteur des notes jouées. Et enfin, la fonction la plus déconcertante – mais en même temps l’une des plus fun – est la possibilité d’inverser la vélocité de manière à ce que les sons deviennent de plus en plus faibles à mesure que l’on joue « fort ». Ces deux dernières fonctions peuvent apparaître pour le moins étranges, voire inutiles, mais elles prennent tout leur sens lorsque l’on superpose des timbres. On peut alors définir le passage d’un timbre à l’autre en fonction soit de la hauteur des notes jouées, soit de la vélocité employée.
Pour finir ce tour des possibilités de synthèse du RK-100S, soulignons la présence d’une troisième enveloppe, assignable librement grâce à la dernière section du moteur de synthèse de l’appareil : le patchbay virtuel, appelé simplement… Virtual Patch. Celui-ci permet de créer 5 connexions entre 13 sources (LFOs, rubans tactiles, contrôles MIDI assignables…) et 41 destinations dont les LFOs eux-mêmes ou encore le potard de réglage d’intensité de chacune de ces modulations. Les possibilités sont juste énormes.
Les programmes peuvent être sauvegardés individuellement ou bien globalement. À ce titre, un petit conseil. Avant de modifier quoi que ce soit, faites une sauvegarde de la banque de présets par défaut, afin de pouvoir à tout moment recharger les programmes d’usine dans le biniou (toujours bon avant une revente, par exemple…). En effet, le RK-100S ne propose aucun emplacement de préset libre, ce qui signifie que toute création de présets entraînera la « disparition » d’un autre. Et il n’existe aucune fonction de restauration automatique des présets d’usine.
Les paramètres globaux
De très nombreux paramètres définissent le fonctionnement global de l’appareil. On peut tout d’abord faire varier la fréquence de référence d’accordage de 430 à 450 Hz, et définir une transposition globale de plus ou moins 12 demi-tons. Un paramètre « velocity curve » permet de modifier la courbe de réponse de la vélocité. On peut également définir le routage MIDI interne, à savoir si des messages entrants ou sortants seront ou non affectés par l’arpégiateur et le filtre MIDI. Ce dernier permet d’inclure ou d’exclure les messages de changement de préset, de changement de contrôle et de pitch bend. Un tableau permet d’affecter aisément un numéro de contrôleur MIDI à chacun des paramètres du RK-100S, afin d’affecter un contrôleur externe au pilotage des fonctionnalités de l’appareil. Un MIDI Learn aurait toutefois été fortement bienvenu.
Toujours dans le cadre des paramètres globaux, on peut également spécifier le canal MIDI adressé par le ruban tactile long, ainsi que la valeur générale de vélocité transmise par celui-ci. Le paramètre « User scale » permet de définir une gamme personnelle utilisable ensuite dans différents contextes de programmation. Enfin, un tableau permet l’affectation de présets aux différents emplacements favoris accessibles via les boutons physiques de l’appareil. Les paramètres globaux peuvent ensuite être sauvegardés globalement dans un fichier spécifique.
Conclusion
Avec le Korg RK-100S, on se trouve indéniablement en présence d’un instrument extrêmement fun à utiliser. L’ergonomie est très agréable, et l’on prend beaucoup de plaisir à se prendre pour un gratteux – voilà, c’est dit – quand on est claviériste. Le clavier lui-même n’est pas étranger à cette sensation. En effet, son apparente étroitesse s’avère être un double avantage. D’une part, cela permet de caser 37 touches dans un encombrement raisonnable. Et d’autre part, on identifie tactilement mieux les notes que l’on joue, sans nécessiter de regarder.
Les sons inclus, issus du microKORG XL, sont assez typés, mais entièrement paramétrables. Et c’est précisément là que le RK-100S dévoile son véritable potentiel : son Sound Editor donne accès à une richesse de paramétrage digne des plus grands, et l’on se retrouve avec un synthétiseur virtuel analogique ultra-puissant. On regrettera uniquement qu’il n’y ait pas, pour le moment en tous cas, de « télécommande » sous forme de plug-in VST ou autre, ce qui empêche de triturer les sons du RK-100S pendant une séance de travail dans sa STAN préférée. Et l’on regrettera également que nous n’ayons pas accès à un contrôle plus important des effets directement à partir de la surface du RK-100S. En effet, les deux seuls véritables contrôleurs sont les rubans tactiles, et si le petit s’avère d’une ergonomie et d’une efficacité redoutables, l’utilisation du plus grand, nécessitant de lâcher le clavier de la main droite, me semble beaucoup plus sujet à caution.
Tarif généralement constaté : 699 €