Le coin du français.
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Pevets
wildchild666
Non, sans déconner, avant, j'étais un peu comme vous, je ne pouvais pas m'empêcher de rager sur les moindres simplifications proposées. Soyons clairs : ces simplifications n'existent que parce-que les gens (vous et moi) ne savent pas écrire correctement, donc on s'adapte à la médiocrité, et ça, ça me fait chier car c'est un symptôme que l'on peut généraliser sur pas mal de sujets : l'érection de la médiocrité en loi martiale.
Par contre, force est de constater que la langue a toujours évoluée, et que cette évolution est la condition sine qua non pour qu'une langue perdure : si le latin classique n'est maintenant utilisé que par quelques pédants ridicules, ou par ceux qui en ont besoin pour des raisons historiques, c'est bien parce-qu'il n'a pas évolué et que les langues qui restent sont celles qui se sont constamment adaptées au parlé populaire/vulgaire.
Prenons par exemple l'autorisation bien connue de la liaison "des haricots". Sur le principe je suis d'accord, on préfère s'adapter aux incompétents et donc, l'AF (pas Audiofanzine) de dire : ok les gars, vous prenez pas la tête, de toute manière vu l'état général de l'éducation française, on vous autorise à dire "dé zarico". Bon.
Tout d'abord, j'ai jamais compris l'argument du "c'est moche". On dit bien "des zaristocrates", entre autres... La seule explication que je vois à cela (si ce n'est par pur esthétisme, mais du coup, on peut dire que c'est une affaire de goût, et c'est donc grandement discutable) est le confort de la tradition : notre œil et notre oreille sont habitués à ce que l'on écrive/prononce comme ça.
Bref, pour revenir à mon postulat de base, ce que je veux dire, c'est qu'à l'époque, je suis sûr que les Ronsard et autres devaient être offusqués que l'on ne dise/écrive plus "le roy", "qu'il soy". Les changements linguistiques actuels n'ont rien de singulier et les aberrations d'aujourd'hui feront le classicisme de demain, ça j'en suis juste certain. Une fois que l'on a accepté ça, je vois plus trop pourquoi pester à tort et à travers.
Après, il y a peut-être aussi une autre variable qui entre en jeu : vous semblez relativement attachés à la langue de Molière, alors que moi je n'en ai que faire. Par pur cynisme ou nihilisme j'en sais rien, l'introspection c'est pas trop mon truc... Et si j'essaie d'écrire correctement, c'est, pour moi, par simple gymnastique esthétique, et pour montrer une once de respect pour le lecteur potentiel.
- Vous êtes contre tout ce qui a été fait depuis la dernière guerre...
- Vous vous trompez de date. Je suis contre tout ce qui a été fait depuis Adam
greggreg
La théorie du déclin, c'est souvent peu pertinent. En l’occurrence la simplification du Français ne date pas d'hier. Alors à moins de considérer qu'on décline depuis 500 ans...
Une perspective historialle...
Citation de wikipédia :
Les réformes orthographiques du français ont toujours été étroitement associées au politique. L'adoption du français comme langue royale, en remplacement du latin, a déclenché chez les clercs une réaction qui s'est traduite par un mouvement accéléré de complication de l'orthographe du moyen français par le biais d'une latinisation forcée de sa graphie originelle.
Derniers vers de la Chanson de Roland. L'orthographe de l'ancien français est phonétique.Tout commence au xive siècle avec l’adoption, par le gouvernement royal, du français en tant que langue administrative. Avec l'avènement de Philippe VI au trône, l'usage du français s'élève à 80 % des chartes. Après une brève interruption et un retour au latin durant le règne de Jean le Bon (1350 - 1364), le français redevient majoritaire dès les années 1360. Cependant, l'Église, mais surtout les clercs et les juristes chargés d'enregistrer les actes royaux constituent un bastion de résistance à l'usage du français. Si les bénéficiaires laïcs des chartes du roi de France soutiennent l'usage du français, la caste des clercs, qui fait un usage identitaire de cette langue d'initiés s'accroche en revanche à l'usage du latin et au prestige que leur confère la connaissance de celui-ci : au fur et à mesure qu'ils ont été forcés d'abandonner le latin pour le français, les officiers ministériels se sont donc rattrapés en se mettant à en latiniser l'orthographe à tour de bras, comme pour investir la langue qu'ils adoptaient, sous la pression royale, de l'apparat et de la dignité et inhérents au latin inconnu des administrés.
L'adoption du français comme langue royale va donc se traduire par une complication volontaire de l'orthographe phonétique de l'ancien français par les clercs à qui profite son inaccessibilité au tout-venant. Alors que la graphie originelle du français, qui n'est pas sans rappeler l'orthographe du langage SMS, est phonétique, elle va être soumise à un obscurcissement systématique par le biais du latin pour aboutir à une « orthographe étymologique »1 ou prétendue telle. Ainsi, la Chanson de Roland qui, datant de la fin du xie siècle, est le plus vieux texte littéraire de France, épelle « qui » : « ki » ou « et » : « e », etc. Alors va être rajoutée une profusion de lettres ne se prononçant pas devant les consonnes : là où l'ancien français écrivait simplement « tens », le moyen français va créer « temps », le pévoquant l'écho de la forme latine « tempus » ; de « pois », le moyen français va faire « poids », le d évoquant la forme latine « pondus »2, « puis » devient en moyen français « puits », le t évoquant la forme latine « puteus », etc. L'immense majorité des étrangetés orthographiques du français moderne trouve son origine dans cet alambiquage délibéré de cette nouvelle orthographe dite « étymologique ». Certaines bizarreries trouveront même leur origine dans une fausse étymologie. Ainsi, « sçavoir » (« saver » en ancien français) était censé se rattacher au latin « scire » jusqu'à ce qu'on s'aperçoive qu'il dérivait du bas-latin « sapere » et qu'on enlève, tardivement, le ç parasite, mais nombre de ces aberrations n'ont jamais été rectifiées et l'usage actuel est en fait établi d'une façon purement arbitraire3.
wildchild666
Néanmoins, sur le principe, on ne m'enlèvera pas de l'idée que l'on met tout le monde au rang de ceux qui ne savent pas, au lieu d'élever ces derniers au rang de ceux qui savent (écrire/parler) ce qui, intellectuellement, me dérange.
- Vous êtes contre tout ce qui a été fait depuis la dernière guerre...
- Vous vous trompez de date. Je suis contre tout ce qui a été fait depuis Adam
-marmotte-
Je parviens parfois à éveiller l'intérêt à l'égard de l'orthographe quand je présente le Français comme une vieille grand-mère cabossée de partout (pour expliquer les cas particuliers), à qui on a ajouté des extensions (apport des autres langues) et dont certains pans d'histoire ont été oubliés mais continuent à avoir une incidence (bon-heur par exemple, le mot 'heur' étant tombé dans l'oubli), parce que la première condition est d'aimer la langue, ça la rend intéressante !
Mais y'a du boulot !
Anonyme
je viens de retomber sur un des mes posts, et j'ai un doute sur la grammaire exacte.
Citation :
on voit aussi toute l'influence que l'écriture de Celine a eue sur Bukowski
Question : on écrit "a eu" ou "a eue" dans ce cas de figure ?
Instinctivement j'ai mis un E, mais j'ai un doute.
noSkillz
"eue", car la relative introduite par "que" est complément du nom "influence" (si je dis pas de bêtises...)
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a.k.a
Je confirme.
Elessar
noSkillz
Les féministes mènent une nouvelle bataille : http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2011/05/04/les-femmes-sont-des-hommes-comme-les-autres/
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**naPOLEoN**
[ Dernière édition du message le 05/05/2011 à 00:28:09 ]
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