Le pub du photographe

Doisneau, la photo humaniste. Je crois qu'on se rejoint avec Meursault.
Je vais peut être faire un peu HS mais ça arrive. Ce que j'apprécie avec Doisneau et d'autres, c'est Paris. Rien à faire, je suis et reste un indécrottable parisien, amoureux de sa ville. J'adore toujours ses rues, son ambiance, sa gueule, son odeur, ses merdes de chiens encombrant l'inconnue rue des Arquebusiers, ses embouteillages. Chez Doisneau et d'autres je retrouve le Paname ancien finissant de mon enfance (je suis né en 65). La seule nostalgie de ce Paris est la nostalgie de l'insouciance de l'enfance. Voilà, c'est les gueules improbables de ceux qu'on appelait les chif'tirs, genre Zorro, marchand de fleurs ambulant, chiffonnier et qui réglait la circulation Place de la Bastille aux heures de pointe quand y'avait pas de flics... et qu'il était bourré, les charrettes à bras des marchands des 4 saisons garées rue de la Roquette, le rémouleur hurlant, ma grand mère descendant faire aiguiser ses couteaux, la fameuse rue des Arquebusiers... Ces photos de Paname, ça me fait imaginer grandeur nature le magasin Beurre Oeuf Fromage de mes arrière-arrière grands parents rue St Honoré, le long des anciennes Halles Baltard. Quand mes arrière grand mères me causaient de leur Paris de la fin du 19ème (et pas l'arrondissement, hein...), quand mes grands parents me racontaient leur Paris d'avant guerre, de la guerre, quand mes parents me racontaient leurs humanités dans les écoles publiques, quand j'ai mes souvenirs qui remontent à la vue de ces photos. Ces gueules, ces immeubles noircis par la pollution... Et encore, y'a pas le bruit...
Voilà. Donc pour moi, Doisneau, et ses acolytes, sont ceux qui ont su capter l'essence même d'une ville que j'aime par dessus tout. La beauté, ou non, des photos n'y feront rien, pourvu que j'y retrouve Paname et les parigots. Et j'insiste bien, c'est plus la passion de Paris que la nostalgie qui me font réagir de la sorte. Putain, qui regretterait les vieux Sprague des années 30, 150 décibels au mini, des portes qui s'ouvrent entre 2 stations, banquettes en bois, les poinçonneurs grincheux remplacés par des portillons automatiques écraseurs, les bus avec la chasse d'eau à l'arrière (le Reverend comprendra...), les merdes des clebs s'étalant et dégoulinant, suintant, puant sous la canicule aoutienne, les pissotières puantes, les immeubles noirs de pollution, l'insalubrité...
J'espère juste qu'aujourd'hui ou demain des gus photographieront Paris avec la même passion.

En résumé, j'adore Paname, j'adore la photo, difficile de passer à côté de Doisneau et des autres...
Reconnaissons lui d'avoir photographié les petites gens, le prolo. Qui aujourd'hui se consacre à un vrai travail photo sur les banlieues ou les quartiers popus ?