Instruments improbables land

Ouais, enfin entre corsaire et pirate, la frontière est mince. D'une, les malouins comme les autres ne se gênaient pas s'il pouvaient planquer leurs prises pour ne pas reverser sa part au roi, de deux, une fois en mer, certain ne se gênaient pas non plus pour s'attaquer à des navires pas sensés être dans le camp ennemi.

Quant à l'histoire des remparts "plus faits pour se protéger de la populace", j'aimerais bien quelques sources.
1 - une ville forte doit être protégée de partout, sinon elle n'est pas forte. Les anglais, ils n'arrivaient pas que par la mer. Surtout qu'ils ont été largement chez eux en Bretagne pendant de longues périodes, parfois alliés des Ducs de Bretagne contre le royaume de France, parfois alliés d'un camp breton dans les guerres de succession. Et même sans ça, ça se faisait un peu de débarquer des troupes à quelques bornes d'une ville qu'on voulait prendre avant de l'attaquer par la mer. Histoire de se donner double chance, d'empêcher des renforts d'arriver, etc. De même façon qu'en attaquant ou assiégeant une ville côtière, les chances de réussites étaient considérablement réduites si on n'avait pas aussi un blocus maritime.

2 - les maisons de la ville close sont étaient à ma connaissance en grande majorité des maisons d'armateurs. Ceux-ci étaient essentiellement des bourgeois. Rappelons que les nobles n'avaient pas le droit de travailler et que le commerce qui leur était toléré sans qu'ils déchoient était très limité. Même s'ils investissaient souvent en sous-main, les grands armateurs malouins et les corsaires étaient des roturiers, parfois anoblis plus tard.
D'ailleurs, les nobles n'avaient pas besoin de risquer leur vie et leur réputation à la course : ils avaient leur place au chaud dans "le grand corps" des officiers de la marine royale. Les nobles malouins vivaient plutôt dans des malouinières, des châteaux et manoirs construits dans l'arrière pays, au milieu des terres qu'ils possédaient. Rappelons aussi que la noblesse était associée à la possession d'une terre. Plus tard, les armateurs et corsaires enrichis se sont aussi fait construire des malouinières et ont acheté des terres pour pouvoir se faire anoblir le cas échéant.

3 - les armateurs, comme les corsaires (souvent les mêmes, corsaires d'abord, puis une fois en fonds par une ou deux bonnes prises, ils se faisaient armateurs et laissaient à d'autres le soin d'aller risquer leur vie en mer), leurs bateaux, ils ne les faisaient pas naviguer en solitaire. Ils avaient besoin d'équipages nombreux, compétents et de confiance. Ceux-ci étaient les gens du pays. Si les relations étaient mauvaises au point de devoir se claquemurer derrière des remparts, je vois mal comment les armateurs auraient rempli leurs bateaux d'équipages de confiance.
D'ailleurs, c'est plutôt à notre époque qu'il y a une forte ségrégation territoriale entre riches et pauvres, puissants et vulgum pecus. A l'époque de la course et du grand armement, les différentes classes sociales se cottoyaient beaucoup plus au quotidien. A ma connaissance, il était courant qu'un armateur aille lui-même faire le tour des gargotes pour recruter ses hommes d'équipage. L'armateur devait avoir un oeil sur l'ensemble de l'équipage, sinon il risquait aussi de se faire gruger par le capitaine et ses hommes qui pouvaient être tentés de ramener de voyage un peu plus de cargaisons que la part qui leur était tolérée (au détriment de la cargaison de l'armateur).
D'ailleurs, avant d'être capitaines corsaires ou armateurs, la plupart avaient été mousses sur les bateaux de leurs parents, voisins, cousins, alliés familiaux, au côté et au même rang que les marins qu'ils allaient plus tard commander ou embaucher.

Bref, si tu as des infos sur cette histoire de muraille intérieure, je veux bien parce que je n'en ai jamais entendu parler alors que je suis plutôt branché histoire, dont celle de la Bretagne.

Par ailleurs, on peut ajouter que la plupart des villes étaient fortifiées. Non pas pour se protéger de la population environnante, mais des bandes de pillards ou même des simples voleurs (c'est aussi pour cette raison que Saint-Malo lâchait le soir des dogues sanguinaires sur la grève). Un moyen aussi de facilement contrôler les allers et venues et éventuellement de faire payer le passage, au moins des marchandises.

On saura tout sur la ville de Surcouf. Ce qui frappe quand on découvre St Malo intra-muros, c'est que ça fait tout neuf. La ville a en effet été entièrement reconstruite (en principe à l'identique) après la deuxième guerre mondiale.

Ah bon ?
J'habite à Rennes et je ne savais pas ca .
Tu ne confonds pas avec Brest ou Lorient ?