Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Agrandir
Le Pub
le Pub artistique et culturel

Dis moi ce que tu lis.

  • 6 507 réponses
  • 288 participants
  • 223 121 vues
  • 182 followers
Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
Afficher le sujet de la discussion
6151
BOVE-CV1-325x495.jpg

Mémoires d'une homme singulier
Emmanuel Bove
1939

Paris, fin de l'automne 1938. Jean, 38 ans, attends avec impatience son rendez-vous du 17 décembre avec Richard. Que veut-il donc lui dire? Que se passe-t-il? Cela rend Jean anxieux. Le 14 décembre nouveau télégramme de Richard. Leur rendez-vous est reporté au 24 décembre. Il faut donc attendre encore, ce qui signifie pour Jean se perdre encore des jours durant dans d'interminables interrogations.

C'est un livre un peu différent de ceux que j'ai lu de Bove jusqu'à présent.

Divisé en trois parties, la première (titrée Richard Dechatellux) est toute bovienne, avec le monologue de ce héros presque quadragénaire qui se laisse porter par la vie car le peu de mal qu'il s'est donné pour essayé d'en faire quelque chose a toujours fini par échouer et donc le décourager rapidement.
Célibataire et sans emploi, il vit dans une chambre d'hôtel, vivant d'une maigre subsistance, n'ayant comme seuls biens pour ainsi dire, que son costume élimé, une chemise fatiguée, son par-dessus et un chapeau.
Il arpente Paris au gré de ses envies, rencontrant de temps à autres de vagues connaissances, ressassant sa vie en permanence dans une solitude presque choisie.

La seconde partie (Ma vie) propose une biographie très détaillée du narrateur, et donc une perspective qui n'est pas toujours aussi développée dans les autres romans de l'auteur. On retrouve Jean dans son enfance, sa jeunesse, sa vie de jeune adulte et pour chacune de ces périodes les différentes relations (parents, grand-parents, compagnes) qui ont fait de lui cet homme que nous découvrons aux portes de la quarantaine. C'est la partie la plus longue.

La troisième partie (Aujourd'hui) se déroule en 1939. Le rendez-vous tant attendu étant passé, le narrateur se retrouve au pied du futur.

En fait j'ai réussi à mettre un nom, une expression sur la caractéristique du personnage bovien: ils sont victimes de leurs biais cognitifs et appréhendent en permanence le monde selon des logiques toutes personnelles. Ils ont un logiciel de fonctionnement parfaitement rodé et n'acceptent que très rarement et avec méfiance les avis extérieurs. Toujours victimes et jamais coupables de leurs sorts. Peut-être également une forme de solipsisme.

Dans ce roman, certains personnages viennent toutefois mettre un peu d'air dans cet esprit encombré de lui-même, le secouant un peu et ouvrant ainsi un tant soit peu des fenêtres et des opportunités sur d'autres mondes ou vies possibles, là où habituellement nous sommes "coincés" seuls avec le narrateur, et qu'en simple lecteur nous ne pouvons qu'écouter son récit sans donner notre point de vue.

Toujours bien écrit*, ce roman souffre toutefois selon moi de quelques longueurs dans la seconde partie.
Mais globalement je trouve que c'est un bon roman pour découvrir Bove car il conjugue le personnage bovien pur avec son "double" un peu plus dilué dans une vie sociale normale.


* on trouve souvent des imparfaits du subjonctif qui font toujours un peu bizarre à la lecture, tant nous ne sommes plus habitués à en lire. Exemple:
Citation :
Il n'avait pas compris que, dans de telles conditions, j'osasse songer à me marier.

6152
le-pub-des-gentlemen-2621859.png

Un soir chez Blutel
Emmanuel Bove
1927

Quatrième de couverture:
Citation :
Quelques années après la fin de la Première Guerre mondiale, Maxime, un jeune vétéran, revient de Vienne, où il était parti faire fortune après l’armistice. N’ayant réussi à rien, sans un sou en poche, il reprend contact avec un ancien ami, André Blutel, dès son arrivée.

Blutel, devenu médecin, l’invite à dîner dans le bel appartement que lui a installé sa maîtresse. Cinq invités les rejoignent. Au fil de la soirée vont se faire jour la somme des luttes, des mesquineries, des résignations par lesquelles tous ces petits-bourgeois ont dû passer pour conquérir leur statut social et s’y cramponner.

Maxime n’a jamais su ni autant qu’eux voulu réussir. Ce soir-là, chez Blutel, il parviendra enfin à l’admettre, et peut-être même à comprendre pourquoi.


Plutôt que perdu dans sa solitude comme l'est habituellement le "héros" bovien, le voici en société. Il ne perd pas la finesse de son acuité psychologique quelques fois trompeuse, mais confronté à une groupe de personnes ne manquant pas elles-mêmes d'esprit critique, d'autres choses se révèlent à son sujet.
Bove excelle comme d'habitude dans sa façon de sonder des personnages et pas forcément dans ce qu'ils ou elles ont de plus reluisant.
À chaque nouvel invité, le portrait est dressé non seulement par l'auteur mais également par les autres convives. Festival d'hypocrisie, de préjugés, de méfiance, d'animosité contenue, de jalousie révélés par un petit mot, un geste silencieux, une attitude.
Lecteurs ! Mettez-vous à table avec ces gens et savourez les non-dits ! Invisibles et flottant au-dessus des pages vous ne risquez rien à observer tout ça de votre point de vue. À moins que l'un des personnages ne dévoile un de vos propre travers :diable:

Le petit plus du livre: la bibliographie très éclairante de l'auteur en quelques dates, qui permet de réaliser que pas mal d'éléments du livre précédent (Mémoires d'un homme singulier) sont autobiographiques.

[ Dernière édition du message le 12/05/2019 à 14:01:21 ]

6153
j'ai lu Un soir chez Busnel
:lapsusdesyeux:

le livre a l'air intéressant.
6154
9791091896504.jpg

Quatrième de couverture:

Citation :
André Poitou, honnête bourgeois d’une soixantaine d’années, vient d’être décoré de la Légion d’honneur. Après une vie de labeur consacrée au commerce de la chaussure, il est parfaitement satisfait de sa réussite. Son bonheur est pourtant teinté de mélancolie : célibataire et sans enfants, il prend peu à peu conscience de la solitude dans laquelle il s’est enfermé. Il entreprend donc de se bâtir une vie sociale, et sa Légion d’honneur est une splendide occasion d’offrir à l’ensemble de ses relations un grand banquet.

Cœurs et visages est construit autour de ce seul banquet. Fascinante galerie de portraits, le roman de Bove fait défiler un frère aigri, des subordonnés modestes ou flagorneurs, des « amis » autoproclamés, une chanteuse à la plastique impeccable, un président de syndicat pince-sans-rire, un journaliste raté…

Exercice de virtuosité d’une rare délicatesse, Coeurs et visages est l’une des plus belles réussites d’Emmanuel Bove.


Je n'ai pas grand chose à rajouter à ce quatrième de couverture qui décrit très bien le livre. Je rajouterais cependant que l'originalité est qu'ici, le héros bovien a réussi à se faire une situation sociale, là où généralement il est plutôt du genre à se laisser vivre.
C'est un peu la version "upgradée" du livre précédent, mais avec plus de personnages et d'autres rouages qui, derrière ces visages souriants cachent des coeurs méprisants, opportunistes, envieux et jaloux le tout sous le scalpel psychologique et littéraire de Bove. C'est vraiment grisant de voir comment il met tout ce beau monde à poil, mais on peut aussi ressentir une certaine gêne de réaliser à quel point les gens peuvent être moralement petit.
On s'en doute, mais le voir écrit comme l'écrit Bove c'est vraiment terrible.

C'est selon moi un excellent livre pour découvrir l'auteur avant de s'aventurer vers des romans plus arides comme "Mes amis", "La dernière nuit" ou le très pénible "Un homme qui savait".
6155
La comédie humaine...
6156
ob_5d66dd_dsc-0140.JPG

Bon, alors à chaque fois que je lis un Houellebecq, j'y vais un peu à reculons, je sais que j'en sortirai pas indemne. D'autant que chaque année je me rapproche de l'âge moyen de son personnage principal, qui dans ses romans a toujours +/- 45 ans.
Ce roman n'y coupe pas.

Pas facile de résumer ce roman, puisqu'à l'instar de génies littéraires comme Saramago ou Mac Carthy, le style fait part intégrante du fond du propos, et donc ne peut pas être résumé, faut le lire en fait pour comprendre le truc.

Là c'est pour moi son livre le plus maitrisé depuis La possibilité d'une île, avec un style qui a pas mal évolué, les phrases sont un peu moins courtes, et y a plus de gloire du lol (enfin y en avait déjà dès le début de son oeuvre, mais ici l'humour est moins acide, enfin le PH reste bloqué à 2, pas plus)
C'est plus construit et facile à suivre que son dernier livre, Soumission, qui était une incroyable prospective politique de la France ( là dessus, Houellebecq semble être un fin observateur de la société française, c'en est franchement flippant tellement il fout tout dans le coeur de la cible tout en donnant l'impression d'envoyer la flèche sans regarder) mais dans laquelle les personnages se perdaient un peu.
De manière générale, y a beaucoup plus d'optimisme dans ce roman (bon, au final le perso principal achète un appart en hauteur, en calculant le temps que mettra son corps à tomber hein:oops2:), qui reflète aussi les combats du quadra random en France, tiraillé entre sa lobotomisation à la société de surconsommation durant les 90's, et son éducation universitaire qui le pousse à faire l'inverse : pour ne fois les jeunes ne sont plus présentés comme des arrivistes stupides et sans scrupule, au total inverse en fait.

Mis à part donc le fait qu'on va tous crever et que la vie c'est de la merde, avec le perso principal qui renonce à tout pour vivre avec la passion et le dynamisme d'une huitre ou d'une noix de saint jacques, c'est vraiment porteur d'espoir. :oops2:
6157
6158
Terminus.jpg

Il y a longtemps que je n'avais pas lu un truc aussi fort.
L'idée, les idées en fait parce qu'il y a en a plein, sont très bonnes.
L'histoire est très bien menée, avec les éléments qui arrivent au fur et à mesure sans nous perdre dans tout un tas de théories de physique quantique.
Du coup on plonge direct dans le suspense et on comprends petit à petit.
Plein de personnages, des intrigues, ça avance, rien de télescopé.
Je recommande.

 Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/

 

[ Dernière édition du message le 03/06/2019 à 21:29:14 ]

6159
Le kabbaliste de Prague, de Marek Halter.

Une écriture dense et forte, qui confère force et densité (hein, c'est facile en fait!) aux personnages, aux lieux, images et situations.
Bon si vous êtes antisémite passez votre chemin, c'est que des histoires de juifs.:oops2:

C'est intéressant historiquement (l'histoire se déroule vers 1540), l'intrigue est fascinante (la création du Golem), les situations sonnent vrai, mais surtout l'écriture recèle une profondeur sous jacente qui rend fascinant le moindre détail.
Chouette découverte!

--------------------------------------------------------------------------------

L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

[ Dernière édition du message le 03/06/2019 à 22:35:39 ]

6160
Des histoires de cousins, quoi. Faudra en lire, Marek Halter.