Pour toi, il n’y a pas d’autre musique que le Jazz. Tu te lèves avec Miles et Mingus, et tu te couches avec Monk et Coltrane. Tu sais que tu joues dans un groupe de jazz quand…
– sur toutes tes pochettes de disques, il pleut sur une vitre… en noir et blanc… à New-York
– tu passes toutes tes vacances à Montreux
– toutes tes chansons font plus de 8 minutes
– tu ne joues pas dans un groupe, mais un quartet, quintet, coupdetet ou prisedetet
– de toute façon, tu ne veux vraiment pas gagner de l’argent en faisant de la musique
– tu commences à porter des costumes et des mocassins à pompons
– tu remplaces la bière et les Curly par le Pommard et les olives
– tu lis les critiques musicales de Télérama
– tu ne comprends pas qu’on ne puisse faire qu’une seule note sur une mesure lors d’un solo
– pour toi une guitare doit ressembler à un violon
– ton guitariste joue assis
– tu ne confonds pas Petrucci et Petrucciani
– pour toi, le meilleur présentateur télé, c’est Christian Morin
– la dernière fois que ton guitariste a fait un bend, Jeanne Calment avait des dents
– ton bassiste tient son instrument juste sous le menton
– il faut être deux pour faire les accords de ton guitariste
– ton guitariste ne monte que des filets plats en 13–56
– pour ton guitariste, la disto c’est quand le volume est au-dessus de 2
– ton guitariste a équipé sa guitare d’un capteur Roland GK2 pour faire des solos de cuivres ou de clavier
– tu ne dis plus « couplet-refrain-pont » mais « thème-chorus-coda »
– tes partitions ressemblent à un jeu de points à relier
– faire un simple Do majeur sur une mesure te pose un problème existentiel
– ton batteur a viré son charley pour mettre une deuxième ride
– après maintes remises en question, tu te décides à mettre une neuvième dièse et que le clavier te fait remarquer qu’une neuvième bémol aurait ajoutée une dimension plus dramatique sur cet accord que tu ne joueras qu’une fois dans le morceau
– tu commences à avoir des discussions philosophiques avec ton batteur
– les tétrades sont pour toi des power chords
– tu connais par cœur la bio de Béla Bartok
– ton batteur joue moins fort que toi
– ton bassiste à plus de pédales que le guitariste et joue sur une basse de luthier
– le clavier et le bassiste se tapent des nanas
– tu entends le bassiste quand tu fais un solo
– le batteur a la même paire de baguettes depuis 10 ans et elles sont nickel
– le batteur propose des compos
– il faut changer les tonalités pour arranger le saxophoniste
– la chanteuse ou le chanteur ne peut chanter qu’avec des lumières tamisées
– ton ampli fait 15 W et que « déjà c’est un peu trop puissant »
– tu ne joues que dans des restaurants ou des clubs
– tu hésites à acheter une pédale de chorus de peur que ça fasse trop pop
– chaque membre du groupe prend un (long) solo à chaque morceau…
-… et que le public applaudit timidement même s’il n’a rien compris aux borborygmes qu’il a entendus, de peur de rompre cet instant magique
– le groupe de reprises qui fait ta première partie a plus de succès
– un musicien du groupe fait une erreur ce n’est pas « un pain » mais une mise en place
– tu es persuadé d’appartenir à une caste supérieure dans la chaîne des musiciens
– tu es persuadé que ta musique est faite par et pour une certaine élite
– tu es persuadé que si tu sais jouer du jazz tu peux tout jouer
– pour toi un temps = un accord (et compliqué si possible)
– tu cherches encore des enrichissements au-delà de la 13e
– le bassiste joue avec tous ses doigts… et sur toutes les cordes !
– le kit du batteur est moins important que celui du clavier
– même tes proches trouvent des excuses pour ne pas venir te voir en concert
– tu vas voir un concert de variété, tu espères ne croiser personne que tu connais
– tu ne jures que par le mode superlocrien en solo
– pour toi jouer « out » est un concept
– pour toi le hard-bop est la quintessence de la non-musique
Une haie d’honneur à dr riff pour sa contribution !