Sujet Moi je sais pour qui je vote aux présidentielles de 2007, et toué ?

Citation :
François Bayrou en voyage à la Réunion, et célébrant le brassage républicain, m’a immédiatement fait penser aux dernières pages du livre de François Héran, « Le temps des immigrés », publié très récemment au Seuil.
Quelques lignes de Héran et on devine tout de suite – à ce maniement limpide, mais si particulier de la langue – à qui l’on a affaire : un normalien de la rue d’Ulm, philosophe, ethnographe, sociologue et démographe, dans la grande lignée des Durkheim, Mauss ou Bloch. Les pages étincelantes qu’il consacre à l’idéologie toujours renaissante –et aujourd’hui si pesante- des ‘briseurs de tabous’, de tous ceux qui prétendent ‘parler avec courage et sans tabous’, sont un morceau d’anthologie.
Je cite : «‘Tabou’ fait partie de ces qualificatifs disqualifiants qui bloquent le débat au lieu de l’ouvrir. […] Depuis les lumières, la critique sociale file la métaphore religieuse pour saper les comportements qu’elle veut dissoudre. Faisant de la religion ou de la magie le modèle de la pensée irrationnelle que la raison doit battre en brèche, l’invocation du ‘tabou’ réduit les principes de l’adversaire à des illusions, ses convictions à des croyances, ses idéaux les plus élevés à des intérêts cachés. On l’aura compris: les ‘tabous’ ne sont jamais que les principes des autres».

Citation :
- la contribution de l’immigration à la croissance de la population française est aujourd’hui faible, voire très faible par rapport à ce qu’elle a pu être dans le passé ou par rapport à ce qu’elle est dans la plupart des autres pays occidentaux. Sur une population métropolitaine de dix mille habitants, les arrivées et départs de migrants se soldent chaque année par 15 habitants supplémentaires environ, deux fois moins que dans les années cinquante ou soixante, six ou sept fois moins que chez nos principaux voisins européens.

- la France a un taux de fécondité (1,9) que nous envient les autres pays d’Europe (1,5), mais la contribution des immigrées à ce dynamisme démographique est complètement résiduelle.

- chaque pays d’Europe a l’impression d’accueillir davantage d’immigrés qu’il n’en accueille réellement. L’écart n’est toutefois nulle part aussi grand que dans les pays où l’immigration est aujourd’hui faible, dont la France : quand on les interroge, les Français évaluent à environ 30% la part des immigrés dans la population, trois à quatre fois plus qu’elle n’est réellement (8%, dont près de la moitié ont la nationalité française).

- la loi de juillet 2006 inaugure une politique de contrôle des flux migratoires où une immigration de travail ‘choisie’ (en fonction de nos besoins économiques) doit se substituer à une immigration de regroupement familial ou de demandes d’asile désignée comme ‘subie’. Ce modèle de contingentement a en fait été élaboré en Suisse dans les années 1970 et expérimenté depuis dans bien d’autres pays, comme l’Italie ou l’Espagne, partout avec le même insuccès. Aucun de ces pays n’est parvenu à ramener l’immigration de peuplement sous l’immigration sélective. Avec le recul, le seul intérêt de ces politiques semble de permettre de faire des concessions de langage temporaires aux franges xénophobes de la population.