Sujet AF contre la drogue ?
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le reverend
Un mec est venu interrompre ma ballade pour me faire signer une pétition "Contre la drogue".
En dehors du fait que je vois pas bien l'utilité d'une telle pétition, j'étais pas sûr d'être de son avis.
Il y a drogue et drogue, pas vrai ?
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
Gwenaël Landunvez
C'est long mais ça vaut le coup (perso j'ai du le lire deux fois pour bien capter):
Citation : Ma philosophie :
ne soyez pas prisonnier d'une philosophie fixe,
d'un groupe de croyances sécurisantes,
d'un style de vie particulier.
Expérimentez !
Avec vie, amour.
Menez une exploration des véritables degrés de liberté d'existence, d'amour, de condition humaine,
dans votre moi et votre style de vie.
Bougez !
Vers de nouveaux espaces
par-delà vos concepts actuels d'espaces réels
possibles/probables/certains.
Les réalités les plus profondes/les plus éloignées sont bien plus vastes que ce que je peux en savoir actuellement.
Les profondeurs de l'espace, l'au-delà intérieur, l'infini extérieur sont bien plus intéressants que ce que je ressens actuellemnt.
L'amour et le fait d'aimer sont des choses fondamentales.
L'hostilité est superflue.
La peur est un non-sens.
La mort est un mythe.
Je suis moi.
John C. Lilly
"Tout être humain, toute personne qui atteint l'âge adulte dans le monde actuel, est un ordinateur biologique programmé. Aucun d'entre-nous ne peut échapper à notre nature d'entités programmables. Littéralement, chacun de nous pourrait être nos programmes, rien de plus, rien de moins."
SOMMAIRE DES EXPERIENCES DANS LA METAPROGRAMMATION DU MOI AVEC LE LSD-25
Afin de tester la validité de certaines hypothèses basiques implicites dans la théorie de l'ordinateur humain, une série d'expériences fut conçue et menée à bien sous l'emprise du LSD-25, dans une isolation physique, et la solitude. Un des point essentiel durant ces expériences était de découvrir quel niveau de croyance parmi un groupe de suppositions pouvait être atteint. Les suppositions testées dans ce groupe d'expériences ne sont pas celles de la science courante : elles ne se trouvent pas dans le répertoire de travail conscient de ce scientifique ; elle n'était pas non plus consciemment acceptable pour lui.
L'intention de ce bref compte rendu n'est pas de donner tous les détails de chaque langage d'autoprogrammation, ni les détails du phénomène obtenu. Le compte rendu est volontairement dispersé, condensé et compressé. Mis à part la complexité de la totalité des expériences et de leurs résultats, on ne trouve que ces descriptions formelles qui pourront servir de guide dans d'autres tentatives pour reproduire ces expériences ou d'autres similaires. Je n'ai pas voulu compliquer ce compte rendu avec des aspects personnels de la métaprogrammation, du phénomène obtenu, ni avec les difficultés rencontrées. Pour ces chercheurs qui s'intéressent au renouvellement de ce travail en eux-même, ces hypothèses (ou de similaires) et ces résultats peuvent être traduits dans leur propre langage de métaprogrammation et ces travailleurs peuvent obtenir leurs résultats uniques.
Soutenir la validité de détails par-dessus tout n'est pas mon but. Il y a probablement des gens suffisamment bien préparés pour tenter de reproduire en eux-mêmes ce qui a été fait ici. Les descriptions sont données de manière à ce que les sources de la théorie de l'ordinateur humain soient accessibles aux professionnels.
Pour de nombreuses raisons, ce groupe particulier de théorèmes d'existence a été sélectionné pour l'expérience. Certaines personnes (Blum 1964) expérimentèrent le LSD 25, et écrivirent comme si elles croyaient implicitement à la réalité objective des causes en dehors d'elles-mêmes dans certaines sortes d'expériences entreprises avec ces croyances particulières.
Je ne crois pas qu'il soit prudent de se rattacher au théorème de l'existence ou à celui de la non-existence pour ce groupe de métaprogrammes basiques du sur-moi (Fig. 1). Pour être impartial, calme, résolu, objectif, on doit tester et ajuster le niveau de croyance dans chacun de ses groupes de croyances. Si jamais un Homme doit faire face à des organismes réels plus sages, plus intelligents, plus spirituels, que n'importe quel homme, alors nous devons être ouverts, impartiaux, sensibles, résolus, et calmes. Nos besoins de fantaisies devront être analysés et perçus pour ce qu'ils sont et ne sont pas, ou alors nous auront des problèmes plus graves qu'aujourd'hui.
Notre quête des voies de la santé mentale pour le progrès humain dans les réalités les plus profondes, dépend des progrès dans ce domaine. Beaucoup d'hommes ont hésité dans ce domaine de croyance : j'espère que ce travail pourra aider à ouvrir une voie à travers l'une de nos régions intellectuelles-émotionnelles les plus obscures.
La plupart de nos croyances furent abandonnées dans les champs de l'effort nommés silence. On trouve de telles croyances dans le champ de la religion. Certaines de ces croyances sont répertoriées dans la médecine psychiatrique et l'anthropologie modernes comme des superstitions, des croyances psychotiques, etc. D'autres personnes présentent ces croyances dans les romans de science-fiction.
Ce groupe de postulats (ou croyances) est conçu et utilisé pour programmer plusieurs sessions avec le LSD 25 plus une isolation physique dans la solitude. Parmi tous ces métaprogrammes à expérimenter, il en est un qui est plus particulièrement valable pour ce sujet : sa règle générale est destinée à explorer, à observer, à analyser. C'est pourquoi il existe un important métaprogramme basique supplémentaire : analyser notre moi pour comprendre parfaitement nos pensées et nos véritables motivations. Ceci est la stratégie consciente de motivation. Parfois ce métaprogramme tient le devant de la scène, parfois ce sont d'autres qui le font. La résolution existe, cependant, pour générer un net effet au sommet de la hiérarchie de l'ordinateur avec cette instruction.
EXPERIENCES SUR DES METAPROGRAMMES BASIQUES D'EXISTENCE
Avant les expériences dans le changement de croyances basiques, de nombreuses expériences en profond isolement physique et en situation de solitude furent menées durant plusieurs années. Ces expériences furent suivies d'une combinaison d'emprise sous LSD 25 et d'état d'isolement physique durant une seconde période de plusieurs années. Le temps minimum écoulé entre chaque expérience était de trente jours, et le maximum de plusieurs mois. (Tables 1, 7 et 8).
Croyance Fondamentale N°1
La Croyance Basique fut rendue possible par les premiers résultats avec l'isolation : Supposer que le corps et le cerveau du sujet peuvent opérer, confortablement isolés sans qu'il n'y prête attention. Cette croyance exprime la foi que l'on a dans notre expérience en situation d'isolement, que l'on peut consciemment ignorer les nécessités de respirer et d'autres fonctions corporelles, et que celles-ci prendront soin d'elles-mêmes automatiquement sans attention particulière pour les parties de notre moi. Ce résultat permet aux métaprogrammes d'existence d'être faits dans une sécurité relative.
Des sorties hors du corps et des stationnements en isolement durant des périodes allant de vingt minutes à deux heures furent réussies dans seize expériences différentes. Ce succès, à son tour, permit d'expérimenter d'autres croyances basiques. La croyance basique selon laquelle on pourrait quitter le corps et explorer de nouveaux univers fut programmée avec succès dans les huit premières expériences différentes qui durèrent entre cinq et quarante minutes ; la dernières des huit expériences concernait l'espace cognitif multidi-dimensionnel sans le métaprogramme de sortie hors du corps (voir la section sur la Projection pour les phénomènes de cognition spatiale).
Croyance Fondamentale N° 2
Le sujet cherchait des être autre que lui-même, non humains, en qui il existait et qui le contrôlent ainsi que d'autres humains. Ainsi le sujet découvrit de tous nouveaux univers contenant de grandes variétés d'êtres, certains plus grands que lui, d'autres égaux, et certains plus petits que lui.
Ceux qui étaient plus grands que lui constituaient un ensemble qui était si vaste en espace temps que le sujet se sentait comme un simple grain de poussière dans leur rayon de soleil, un simple microflash d'énergie dans leur échelle temporelle, mes quarante cinq années ne sont qu'un instant dans leur vie, une simple pensée dans leur gigantesque ordinateur, une simple particule dans leurs assemblages d'unités cognitives vivantes. Il sentait qu'il était dans l'inconscient absolu de ces êtres. Il expérimenta beaucoup d'autres groupes, tous tellement plus grands que lui qu'ils en étaient presque inconcevables dans leur complexité, leur taille et leur échelle temporelle.
Ces êtres qui étaient proches du sujet en complexité-taille-temps furent dichotomisés en êtres maléfiques et en êtres bénéfiques. Les êtres maléfiques (d'après le sujet) tendaient vers des buts si étranges qu'il eut de nombreux échecs et presque des accidents fatals lorsqu'il les rencontra ; ils étaient presque totalement inconscients de son existence et c'est pourquoi ils l'ont presque anéanti, apparemment sans le savoir. Le sujet affirme que les êtres bénéfiques envoyaient des pensées bénéfiques en lui, à travers lui, et vers chacun d'entre eux. Il était au moins possible de les concevoir comme humains et compatissants. Il les considérait comme des étrangers pourtant amicaux. Ils n'étaient pas si étrangers que cela, bien qu'étant très loin des êtres humains en regard de leurs buts et de leurs activités.
Certains de ces êtres (rapporta le sujet) nous programment à long terme. Ils nous éduquent. Ils font des expériences avec nous. Il contrôlent notre probabilité de découvrir une nouvelle science. Il prétend que des découvertes telle que l'énergie nucléaire, le LSD 25, l'ARN-ADN, etc. , sont probablement sous le contrôle de ces êtres. De plus, les humains sont testés par certains de ces êtres et soignés par d'autres. Certains d'entre eux ont des programmes incluant notre survie et notre progrès. D'autres ont des programmes incluant les opposées de ces bons programmes et incluant notre disparition totale en tant qu'espèce. Ainsi, d'après le sujet, les êtres maléfiques veulent nous sacrifier dans leurs expériences ; c'est pourquoi ils sont étrangers et loin de nous. Le sujet rapporta avec ce groupe de croyances que seuls des choix limités nous sont toujours accessibles en tant qu'espèce. Nous sommes une colonie de fourmis dans leur laboratoire.
Croyance Fondamentale N° 3
Le sujet supposa l'existence d'êtres en qui les êtres humains existent et qui contrôlent directement les humains. Ceci est un programme de contrôle plus rigoureux que le précédent et il suppose un contrôle continuel jour et nuit, seconde par seconde, comme si chaque être humain était une cellule dans un plus grand organisme. De tels êtres insistent sur le fait que les activités de chaque être humain sont totalement sous le contrôle de l'organisme dont chaque être humain est une partie. Dans cet état il n'y a ni volonté ni liberté pour un individu. Le sujet pénétra deux fois dans ce métaprogramme du sur-moi ; chaque fois il dût le quitter ; cela le rendait trop anxieux. Dans le premier cas il devint une partie d'un grand ordinateur dont il était un élément. Dans le second cas il était une pensée dans un esprit beaucoup plus grand : il fut rapidement modifié avec flexibilité et plasticité.
Toutes les expériences ci-dessus furent effectuées en partant du dessus de la Fig. 1 depuis le programmateur du moi jusqu'au métaprogrammes du sur-moi. Un groupe d'expériences inverses fut effectué où le métaprogrammateur du moi partit depuis le bas des métaprogrammes, des programmes et des plus bas niveaux de la Fig. 1.
Croyance Fondamentale N° 4
Un groupe de croyances basiques peut être placé dans la direction de recherche de ces êtres que nous contrôlons et qui existent en nous. Avec ce programme, le sujet découvrit de vieux modèles en lui-même (d'anciens programmes, d'anciens métaprogrammes, implantés par d'autres, implantés par le moi, injectés par les parents, par les professeurs, etc.). Il découvrit que ceux-ci étaient des êtres autonomes et disparates et séparés en lui même. Il les décrivit comme un groupe violent. Ses parents, ses frères et soeurs, ses propres enfants, ses professeurs, sa femme, tous incorporés, lui semblaient être une foule désorganisée en lui, chacun courrant et soutenant un programme avec lui et en lui. Tandis qu'il observait, des conflits avaient lieu entre ces modèles durant l'expérience. Il dissipa de nombreux points disparates et non intégrés entre ces êtres, et incorpora graduellement nombre d'entre eux dans le métaprogramme de soi.
Après de nombreuses semaines d'auto-analyses hors du milieu expérimental (et avec l'aide de son premier analyste), on constata que ces êtres à l'intérieur du moi étaient également ces autres êtres à l'extérieur du moi lors des autres expériences. Le sujet décrivit les êtres projetés à l'extérieur comme des carnivores cognitifs tentant de dévorer son métaprogramme du moi et de lui arracher son contrôle. Au fur et à mesure que les différents niveaux de métaprogrammes devenaient plus clairs pour le sujet, celui-ci était capable de classer et de commencer à contrôler les différents niveaux qui se présentaient durant cette expérience. Alors que ses besoins apparemment inconscient de foi en ces croyances s'atténuaient avec le travail analytique, sa liberté de mouvement d'un groupe de croyances basiques vers un autre augmentait et la crainte associée à ce genre de mouvement disparaissait graduellement.
Un métaprogramme général de base vit alors le jour : Pour sa propre satisfaction intellectuelle, le sujet trouva qu'il assumait mieux le fait que tout le phénomène qui prenait place existait uniquement dans son propre cerveau et dans son propre esprit. D'autres hypothèses à propos de l'existence de ces êtres sont devenues des sujets valables pour la recherche plutôt que des sujets de croyance (inconsciente, consciente) aveugle pour cette personne.
Croyance Fondamentale N° 5
Des expériences furent également menées sur le moi et ses mouvements d'avancée et de retour dans l'espace-temps. Les résultats montrèrent que lorsque l'on tentait d'avancer dans le futur, le sujet commençait à réaliser ses propres buts pour ce futur, et à imaginer des solutions illusoires aux problèmes courants. Lorsqu'il activait le métaprogramme pour retourner dans son enfance, des souvenirs réels et imaginaires étaient évoqués et intégrés. Lorsqu'il remontait plus loin, jusqu'à sa vie intra uterine, il retrouva un cauchemar récent, évoqué à nouveau, et qui fut solutionné. Confiant dans sa connaissance scientifique, il fit remonter le programme jusqu'aux générations précédentes, aux primates pré-humains, aux carnivores, aux poissons et aux protozoaires. Il expérimenta l'explosion d'un oeuf de sperme durant cette ré-invocation passée d'une expérience imaginaire.
Le dernier groupe d'expériences (voir la section Utilisation de la Projection) fut rendu possible grâce aux résultats du groupe précédent. Les progrès dans le contrôle du métaprogramme de projection résultèrent des expériences des autres univers. Finalement le sujet compris et devint familier avec ses besoins d'autres univers fantasques. Un travail analytique lui permit d'éviter ces besoins et de pénétrer dans les espaces de projection multidimentionnels et cognitifs. Les expériences de programmation dans cet espace profond apportèrent des résultats tout à fait satisfaisants avec un haut degré de foi dans la croyance que toutes les expériences de la série montrèrent des événements intérieurs sans aucun recours à d'autres causes. On découvrit que le besoin d'utilisation constante de causes extérieures était un métaprogramme extérieur projeté dans le but d'éviter de prendre la responsabilité personnelle des parties des contenus de l'esprit. Son rejet de certains de ses propres programmes absurdes l'entraîna à les projeter et ainsi à éviter d'admettre qu'ils étaient les siens.
En résumé, les résultats apparemment subjectifs des expériences servirent à remettre en ordre beaucoup de "non-sens" dans l'ordinateur de ce sujet. Grâce à ces expériences il fut capable d'examiner quelques croyances détournées et des structures défensives accumulées au cours de sa vie. Il en résulta un sentiment de plus grande intégration de son moi et une sensation d'affection positive pour sa propre structure courante, combinées à un scepticisme amélioré de la validité de jugement subjectif des événements dans le moi.
Des tests objectifs des ces jugements essentiellement subjectifs eurent lieu grâce à la coopération d'autres personnes. Des tests aussi objectifs sont très difficiles ; de nombreuses recherches sur ce sujet devront être menées dans l'avenir. Nous avons besoin de nouvelles techniques d'investigations, combinant les techniques subjectives et comportementales (verbales). La principale sensation que l'on ressent après de telles expériences est que la fluidité et la plasticité de notre ordinateur a certaines limites, et que celles-ci ont été quelque peu étendues par ces expériences. Combien de temps durent ces extensions, et jusqu'où vont elles, cela nous ne le savons toujours pas. Il est nécessaire pour un scientifique explorant ces domaines d'inclure dans le métaprogramme du moi un scepticisme critique continuel.
RESULTATS METAPROGRAMMATIQUES
DES EXPERIENCES DE CROYANCE
La considération métathéorique de ces expériences et les résultats sont les suivants : l'une des hypothèses supra-métaprogrammatiques concernant ces expériences est la vision formelle de l'origine des mathématiques et de la pensée. Comme nous l'avons dit dans la préface, à un point extrême de l'organisation de la pensée humaine se trouve le groupe d'hypothèses basiques, logiques et formelles des métathéories. Ces expériences furent effectuées avec cette vision à l'esprit et les résultats furent interprétés d'après ce point de vue.
Évidemment, ce point de vue ne teste pas la validité "objective" des expériences. Il suppose simplement que si l'on branche les croyances adéquates aux niveaux méraprogrammatiques de l'ordinateur, celui-ci construira alors (d'après les myriades d'éléments en mémoire) ces expériences possibles qui conviennent à ce groupe particulier de lois. Ces programmes seront évacués et l'exposition sera effectuée, d'une manière appropriée aux hypothèses basiques et à leurs programmes mémorisés.
Une autre manière de considérer les résultats et la métaprogrammation est de commencer avec un groupe basique de croyances, de les croire "objectivement" valides (pas seulement "formellement" valides), et de faire les expériences et de les interpréter avec ce point de vue. Si l'on se fie à ces lignes ont peu rapidement atteindre l'extrémité de son habilité à interpréter les résultats. On découvre que l'on ne peut saisir conceptuellement le phénomène qui s'ensuit. Avec cette métathéorie, ce type d'expérience n'est pas seulement une opération de l'ordinateur dans l'isolement, le confinement et la solitude sur un matériel pré-programmé de la mémoire, mais véritablement une communication avec d'autres êtres, et l'influence qu'ils exercent sur notre moi est réelle.
Ainsi dans ce cas, on assume le théorème de l'existence par rapport aux hypothèses basiques, i.e. , qu'il existe à leur encontre une validité objective tout à fait en dehors du moi et le fait d'émettre des hypothèses. On peut également faire des recherches sur cette position épistémologique grâce à ces méthodes. Ceci est à peu près la position prise par Aldous Huxley et par divers autres groupes. Par exemple, l'étude de certaines philosophies non-Occidentales pour atteindre la Vérité Ultime fut générée par ces personnes.
On ne peut pas prendre position sur ces bases épistémologiques trop différentes en de nombreux points. D'un côté nous avons les hypothèses basiques des scientifiques modernes et de l'autre les hypothèses basiques de ceux qui s'intéressent à l'aspect religieux de l'existence. Si l'on doit rester philosophique et objectif dans ce domaine, on se doit alors d'étudier calmement ces deux positions métathéoriques extrêmes.
Une leçon fondamentale que l'on peut tirer de ces expériences est que, en général nos préférences pour diverses sortes de positions métathéoriques sont dictées par des considérations autres que nos idéaux d'impartialité, d'objectivité, et qu'un point de vue calme. La position métathéorique soutenue par les scientifiques en général est épousée dans le but de définir la vérité, de comprendre leurs domaines particuliers de science pour être acceptée par d'autres scientifiques, et pour chacun, des opérations de sécurité interne en respect avec ses propres programmes inconscients. On doit s'attendre à ce que l'inquiétude se développe chez certains scientifiques qui accepteraient les hypothèses ci-dessus (même temporairement) dans une structure expérimentale. On peut facilement être paniqué lors de l'invasion des métaprogrammes du moi par des programmes d'existence automatiques provenant du niveau supérieur à notre conscience, des programmes qui peuvent frapper l'existence du moi, le contrôle du moi, les origines du moi, les destinations du moi, et les relations du moi avec une réalité extérieure connue.
Il est possible qu'une des positions les plus sûres à prendre par rapport à tous ces phénomènes et celle qui est donnée dans cet article, i. e. , le point de vue formel dans lequel on émet l'hypothèse que l'ordinateur génère tous les phénomènes expérimentés. Ceci est une hypothèse acceptable de la science moderne. Ceci est la soi-disant hypothèse du sens commun. Ceci est l'hypothèse acceptable pour nos collègues scientifiques.
De telles considérations, bien sûr, ne varient pas, ni ne prouvent la validité ou l'invalidité des hypothèses, ni celle des résultats des expériences. Afin de laisser cette théorie indéfinie et d'admettre la présence de l'inconnu, il est nécessaire d'adopter la position ontologique et épistémologique que l'on ne peut distinguer comme résultat de cette sorte d'expérience solitaire même si oui ou non les phénomènes sont uniquement explicables par des interventions ne provenant pas de l'ordinateur biologique ou par des événements ayant lieu à l'intérieur de l'ordinateur, ou les deux.
Je souhaite insister sur le fait qu'il n'est pas nécessaire d'accepter une vérité parce qu'elle est sécurisante. Se diriger vers un groupe d'hypothèses parce que l'on est effrayé par un autre groupe et ses conséquences, est une philosophie des plus véhémentes et non objectives. Un trop grand nombre d'intellectuels et de scientifiques utilisent (presque inconsciemment) des hypothèses basiques comme défenses contre leurs craintes d'autres hypothèses et leurs conséquences. Tant que nous n'auront pas pu nous entraîner à être calmes et à accepter à la fois les hypothèses et leurs résultats sans arrogance, sans fierté, sans enthousiasme déplacé, sans peur, sans panique, sans colère, donc sans implications émotionnelles dans les résultats ou dans les théories, nous ne pourront pas faire beaucoup avancer cette science interne de l'Homme.
Ceux qui souhaiteraient adopter la vérité d'un groupe alternatif d'hypothèses comme échappatoire aux hypothèses basiques de la science moderne commettent également une erreur. Ceux qui devront entrer en contact avec d'autres êtres dans ce genre d'expérience y réussiront vraisemblablement. On doit être conscient qu'il existe dans notre moi (comme chez l'enfant) des besoins de découvrir certains types de phénomènes et de les adopter comme vérité ultime. De tels besoins puérils vont nécessairement dicter leurs propres métaprogrammes.
Je ne suis en accord avec aucun groupe extrême pour interpréter ces résultats. Il est opportun pour moi d'assumer, comme en ce moment, que ces phénomènes se sont tous déroulés dans l'ordinateur biologique. Je tends à supposer que la perception extra- sensorielle n'a pas pu jouer de rôle. Ceci est actuellement la position qui, à mon avis, semble le mieux se tenir dans un sens logique. Je ne souhaite pas être dogmatique à ce propos. Je souhaite indiquer que ceci est le niveau où je me trouve alors que je décris ce niveau particulier du travail. J'attends des démonstrations de la validité des théorèmes d'existence alternative.
Si jamais ceux qui ont totalement atténué leurs besoins puérils pour des croyances particulières, me présentent une évidence âprement recherchée, pleine de bon sens et sans équivoque de l'existence d'hypothèses couramment inadmissibles, j'espère être préparé pour l'examiner calmement et entièrement. Les pièges de connexions de groupe sont tout aussi insidieux que les pièges de nos propres fantasmes. L'acceptation de groupe de théorèmes d'existence non démontrés et de croyances séduisantes n'ajoute pas plus de validité aux théorèmes et aux croyances que nos fantasmes. Le comportement analytique de groupe n'est pas meilleur que les fantasmes de la solitude à propos de la vérité. Le moment où un accord pourra exister dans la science des réalités les plus profondes n'est pas et ne pourra pas être encore fixé. De nombreux hommes s'y sont attachés, un seul en a donné des preuves satisfaisantes.
FIGURE 1.
SCHEMA DES NIVEAUX DE L'ORGANISATION FONCTIONNELLE DE L'ORDINATEUR BIOLOGIQUE HUMAIN
NIVEAUX
XI INCONNU
(au-dessus et dans l'ordinateur biologique)
X METAPROGRAMME
(par-delà la métaprogammation)
DES SUPER-ESPECES IX METAPROGRAMMES DU SUR-MOI
(pour être métaprogrammé)
VIII *METAPROGRAMME DU MOI* - conscience
(pour métaprogrammer)
VII METAPROGRAMMES
MEMORISATION DU METAPROGRAMME
(pour programmer des groupes de programmes)
VI PROGRAMMES MEMORISATION DU PROGRAMME
(instructions détaillées)
V SOUS-ROUTINES MEMORISATION DES SOUS-ROUTINES
(détails des instructions)
IV ACTIVITE BIOCHIMIQUE - ACT. NEURALE - ACT. GLIALE - ACT. VASCULAIRE.
(signe d'activité)
III CERVEAU BIOCHIMIQUE - CERVEAU NEURAL -CERVEAU GLIALE - CERVEAU VASCULAIRE
(cerveau)
II CORPS BIOCHIMIQUE - CORPS SENSORIEL -CORPS MOTEUR - CORPS VASCULAIRE
(corps)
I BIOCHIMIQUE - CHIMIQUE - PHYSIQUE...REALITE EXTERNE
(réalité externe)
Chaque partie de chaque niveau a des relations de réaction contrôlée avec chaque partie, indiquées par les lignes de connexion. Chaque niveau a des réactions contrôlées avec chaque autre niveau. A cause de sa simplicité schématique, beaucoup de ces connexions de réaction ne sont pas montrées. Par exemple, l'importante connexion entre les Niveaux VI, IX et X ; certains programmes de survie innés sont représentés comme suit au Niveau du metaprogramme du Sur-moi : "Ces programmes sont nécessaires à la survie ; il ne faut ni les atténuer ni les amplifier jusqu'à des valeurs extrêmes ; de telles extrêmes mènent à des actions, à des sanctions, à des maladies, ou à la mort." Après sa construction, un tel Métaprogramme est transféré par le Métaprogramme du Moi vers les Métaprogrammes du Sur-moi et vers les Métaprogrammes des Super-Espèces dans une optique de contrôle ultérieur.
Les limites entre le corps et la réalité externe se trouvent entre les Niveaux I et II ; certaines énergies et certaines matières franchissent cette limite en des endroits spécifiques (chaleur, lumière, son, nourriture, sécrétions, fèces). Les limites entre le corps et le cerveau se trouvent entre les Niveaux II et III ; des structures spéciales franchissent cette limite (vaisseaux sanguins, fibres nerveuses, fluide cérébro-spinal). Les Niveaux IV à XI se trouvent dans les circuits du cerveau et ce sont les logiciels de l'ordinateur biologique. Les niveaux au-dessus du Niveau X sont nommés "Inconnus" pour les raisons suivantes : (1) pour maintenir l'ouverture du système, (2) pour motiver de nouvelles recherches scientifiques, (3) pour souligner la nécessité de facteurs inconnus à tous les niveaux, (4) indiquer la nature heuristique de ce schéma, (5) pour souligner la mauvaise volonté de souscrire à n'importe quelle croyance dogmatique sans information reproductible par des tests, et (6) pour encourager l'investigation créative, courageuse et imaginative d'influences inconnues sur et dans les réalités humaines, à l'intérieur et à l'extérieur.
BIOGRAPHIE DE JOHN C. LILLY
1915 Il naît à St. Paul, deuxième fils d'un banquier local.
1917 A la naissance de son frère cadet, David, John se sent privé de sa mère.
1922 Lors d'une opération des amygdales, il eut une expérience intérieure, où il était enveloppé dans les ailes de deux anges. Plus tard cette année là, alors qu'il était agenouillé devant l'autel d'une église catholique, John quitta ce monde et vit Dieu sur Son trône, entouré d'anges.
1925 En devenant mortellement malade avec la tuberculose, il eut la possibilité de rencontrer à nouveau son Ange Gardien. Il tombe amoureux d'une fille nommée Margaret Vance, qui fréquentait la même école Catholique, et avait le fantasme "d'échanger son urine" avec elle.
1929 La Grande Crise. La famille Lilly était suffisamment riche pour surmonter la détresse générale.
1931 Fortement impressionné par la Critique de la Raison Pure de Kant. En écrivant un essai intitulé "Réalité,"1 John tombe sur les thèmes majeurs du cerveau contre l'esprit.
1933 Il entre à Caltech. Spécialisé en physiques.
1934 Impressionné par Le Meilleur des Mondes 2 d'Aldous Huxley. Il s'intéresse également à la biologie.
1935 Fiancé à Mary Crouch. Il sombra dans un état de "fatigue nerveuse."
1936 Mariage avec Mary Crouch. Invente une méthode expérimentale qui connecte l'activité électrique du cerveau à des changements physiologiques.3
1937 Naissance de son premier fils. Il commence alors à étudier l'anatomie à l'école médicale de Dartmouth.
1938 Il fut licencié ès sciences à Caltech. Il mène des recherches sur la glycocyamine, la principale source de puissance musculaire dans le corps humain, avec le Dr. Borsook, et publie son premier essai scientifique.
1939 Il va à l'Université de Pennsylvanie.
1942 La mère de John est atteinte d'une tumeur au cerveau. Elle fut opérée par Wilder Penfield. Après avoir obtenu son diplôme à l'université, il y resta dans une équipe de recherches. La guerre poussa John à devenir chercheur pour l'Air Force, pour qui il étudia les changements physiologiques en hautes altitudes. Grâce à ces recherches, il découvrit que l'état de conscience est dépendant de l'environnement.
1945 Il entama une étude basique du cerveau à l'aide d'électrodes. Il inventa un instrument nommé "bavatron" capable de percevoir l'activité électrique dans de vastes zones du cerveau et de projeter une image de cette activité sur un écran ressemblant à celui d'une télévision.
1946 Débute des sessions de psychoanalyses avec Robert Waelder.
1949 Au bout de trois années d'analyses, John obtint son diplôme d'analyste au Philadelphia Psychonautic Association et au Washington - Baltimore Psychonautic Institute où il acheva sa formation d'analyste.
1953 Il se rendit au National Institute of Health, invité par Seymore Kety. Cette année-là, il découvre les centres de plaisir et de douleur dans le cerveau d'un singe en le stimulant avec des électrodes. Sa mère mourut.
1954 Il démarre les expériences avec les caissons d'isolation et expérimenta un vaste monde intérieur indépendant du monde extérieur. Les expériences avec le caisson provoquèrent son intérêt pour les dauphins, des formes de vie aquatiques aux cerveaux énormes, comparables à ceux des humains. Les recherches sur les dauphins commencèrent.
1955 Entame une étude neurologique des dauphins au Marine Studio de Floride.
1958 Il rencontra deux entités dans le caisson d'isolation. Plus tard, il nomma leur organisation ECCO (Earth Coïncidence Control Office = Bureau de Contrôle de la Coïncidence Terrestre).
1959 Il créa le Communication Research Institute à St. Thomas dans les Iles Vierges, et à Miami. Les recherches sur les dauphins reprenaient.
1961 Gregory Bateson, le fameux anthropologiste, fut engagé comme directeur de l'institut. Publication de l'Homme et le Dauphin.
1963 Bateson quitta l'institut. Margaret Howe rejoignit l'équipe de chercheurs.
1964 Une expérience dans laquelle Howe tenta d'enseigner l'Anglais à un dauphin nommé Peter fut effectuée. John participa à deux sessions avec du LSD et entama les expériences avec le LSD et le caisson d'isolation. Ces expériences donnèrent naissance à la Théorie de l'Ordinateur Biologique4 .
1967 Publication de Programmation et Méta-programmation dans l'Ordinateur Biologique Humain et de L'Esprit du Dauphin. Il ferma le Communication Research Institute.
1968 Expériences avec les mots répétés. Il rencontre Timothy Leary pour la première fois. Il resta quelques temps à l'Esalen Institute, et y obtint un laboratoire pour l'étude des dauphins.
1970 Il se rendit au Chili pour participer à un cours d'entraînement d'un groupe ésotérique nommé Arica et dirigé par Oscar Icharzo. Il dressa une carte des niveaux de conscience basés sur les modèles d'Icharzo5 .
1971 Lors d'une soirée il rencontre Alan Watts. John rencontre sa future amie, Antonietta Toni.
1972 Publication de L'Oeil du Cyclone.
1973 Débute une série d'expériences avec la Kétamine. Il eut une vision dans laquelle l'Empire de l'Etat Solide6 prenait la place des Humains dans un avenir évolutionnaire.
1974 Lors d'une expérience proche de la mort dans une cuve chaude, et sous l'influence de la Ketamine, John crut que des forces invisibles originaires d'une dimension extra-terrestre supérieure le protégeaient. Il nomma cette force ECCO.
1975 Il épouse Toni.
1976 Publication du Cyclone Diadique et de Simulations Divines. Il co-fonda la Human- Dolphin Fondation avec Toni.
1977 Le Moi Profond est publié. Il rencontre pour la première fois Albert Hofmann, le père du LSD, lors d'un symposium psychédélique à Santa Cruz.
1978 Le Scientifique et Communication Entre l'Homme et le Dauphin sont publiés.
1979 Sortie officielle du film "Altered States" (Au-Delà du Réel), librement inspiré de l'aventure intérieure de John.
1980 Début du Projet JANUS, qui tente de rapprocher les canaux de communication entre l'homme et le dauphin7.
1981 Il emmène Toni, qui souffre d'une tumeur au sein, suivre une thérapie chez Carl Simonton.
1982 Ronald D. Laing rend visite à John à Malibu et expérimenta le caisson d'isolation.
1986 Toni meurt. Fin du Projet Janus.
1987 Lisa Lyon8 , pionnière du bodybuilding, la première femme devenue Championne du Monde de Body-building, rendit visite à John à Malibu après avoir lu Simulations Divines chez elle à Hollywood. John l'adopta. John intervint lors de la Conférence Internationale de Yoga. Il voyage en Europe, avec une autre de ses filles adoptives, Barbara Clarck. En Novembre, il fait une expérience proche de la mort dans un accident de voiture.
1988 Il se rend en Australie comme invité d'honneur à la Première Conférence Internationale sur les Dauphins et les Baleines. En Octobre, il est invité à la Conférence Internationale de Neurochimie qui se tient à Moscou, et qui fut organisée par un certain nombre de parapsychologistes pour qui le travail de John est apparemment légendaire.
1992 Premier voyage au Japon, lors d'unsymposium sur les Dauphins.
"Dans le domaine de l'esprit, ce que l'on croit vrai est vrai ou le devient dans des limites que l'on découvre avec l'expérience.
Ces limites sont de nouvelles croyances qu'il faut transcender.
Dans le domaine de l'esprit, il n'y a aucune limite".
John C. Lilly
Anonyme
Désinscription AF
Anonyme
Gwenaël Landunvez
Pour en revenir à John Lilly, je trouve son histoire passionellante, alors je vous la copie colle ici au risque que tout le monde s'en foute (
(extrait d'un ouvrage sur la communication inter-espèce:"le cinquième rève" de Van Aersel)
Citation : Dans les années 50, le Dr John Lilly avait dirigé la Section d’intégration corticale du Laboratoire de neurophysiologie de l’Institut national de la santé mentale des Etats-Unis, avant de partir dans une maison amphibie, créée par la Navy dans les îles Vierges, pour tenter d’enseigner l’anglais à de jeunes dauphins ! Cela servit de canevas à “ Un Animal doué de raison ”, le roman de Robert Merle. Mais les vrais dauphins ne parlèrent jamais une langue humaine. Du coup, John Lilly abandonna cette recherche pendant quinze ans et se tourna vers l’étude de la conscience humaine… Il se trouve que John était aussi l’inventeur du caisson à isolation sensorielle au début des années 50. Il décida alors d’utiliser cet étrange véhicule sous LSD - pour effectuer des "voyages intérieurs" faramineux…
John Lilly
Au début de l’exploration, il s’agit encore d’un neurologue hyperrationnel et froid, habité par l'ambition démesurée de comprendre l'interface cerveau/esprit. En bon cartésien, il ne fait confiance à aucun a priori théorique et veut tout ré-expérimenter lui-même. Mais alors que René Descartes y parvient par la seule puissance d'abstraction de sa machine mentale, John Lilly, Américain authentique, a besoin de matérialiser la proposition.
Est-ce possible ?
"Essayons, propose-t-il en 1953, de nous libérer un instant de tout contexte, de toute pression sociale. Imaginons une période de vacances où tout souci d'intendance serait pris en charge et tout besoin physique immédiatement satisfait. Imaginons-nous immergés dans le silence et l'obscurité, libérés même de la pesanteur. Qu'adviendrait-il de nous et de notre conscience?"
La thèse qui prévaut à l'époque est que la vigilance d'un individu se nourrit en permanence d'in-puts sensoriels arrivant du dehors. Privé de toutes sensations, vous tomberiez illico dans le sommeil. Expérimentalement, le "Je pense donc je suis" de Descartes serait donc impossible à vérifier à l'état pur. "Expérimentons cette impossibilité", se dit John.
Ayant entendu parler de caissons remplis d'eau, dans lesquels on testait pendant la seconde Guerre Mondiale la résistance des plongeurs de combat, il s'en procure un et y passe immédiatement plusieurs heures, flottant tout nu dans le noir total.
Il s'agit d'une sorte de citerne de deux mètres de haut et d'un mètre cinquante de diamètre, fermée comme une cocotte-minute, où le cobaye respire grâce à un masque relié à une pompe à air. Ce masque est assez inconfortable. Après en avoir testé des dizaines de modèles, notre Descartes américain finit par mettre au point un système moins contraignant, le fameux caisson Samadhi, où le corps flotte horizontalement, sans masque, dans une solution d'eau à 34°C, saturée de chlorure de magnésium, ou sel d'Epsom.
Quelle que soit la forme du caisson, l'essentiel émerge dés les premières minutes de la première séance : mise en état d'isolation sensorielle, la conscience humaine, loin de s'éteindre dans le sommeil comme le prévoit la théorie comportementaliste, redouble d'intensité et d'acuité.
On dirait qu'elle profite de l'économie réalisée par l'organisme - qui n'a plus à se soucier de conserver chaleur et équilibre, ni de trier les milliards de données enregistrées à chaque seconde par tous ses sens - pour déballer de ses tiroirs inconscients un énorme matériel. Jamais John n'a connu pareille concentration, pareille attention, pareille présence au monde. Face à lui il n'y a d'abord que l'écran noir de son esprit curieux.
Evidemment, très vite, l'écran se couvre d'images. Mieux, l'écran disparait, laissant place à des paysages imaginaires que John s'en va explorer à tire d'aile. Exactement le même genre de cinéma surréaliste que l'on se joue parfois, involontairement, le soir avant de s'endormir.
Mais là, pas de sommeil. Et le "cinéma surréaliste" est une netteté impressionnante.
Parfois, John a littéralement l'impression de sortir de son corps et de survoler, tantôt le quartier où il habite, tantôt le monde de son enfance, tantôt la mise en scène de ses fantasmes névrotiques, tantôt des planètes fantastiques dont il ne parvient pas à s'expliquer l'origine.
Bref, ce jeune neurologue américain découvre à sa manière l'univers intérieur et la psyché.
La voie des ermites en méthode accélérée. L'intéressant vient de ce que, doué d'un esprit particulièrement audacieux et formé à la rigoureuse méthode scientifique, John Lilly utilise l'isolation de ses sens pour explorer son propre esprit comme un pays à cartographier. Vertigineux royaume imaginal, bien-connu des Tibétains, des soufis et de tous les grands introspectants, que Lilly ignore totalement.
En une dizaine d'années, grosso modo de 1953 à 1964, notre savant va patiemment baliser ses univers intérieurs, repérant toutes les constantes : les modes d'approche, les corrélations avec le contexte extérieur, les ordres de succession, les secteurs "neutres", les zones effrayantes, cauchemardesques, les paysages sublimes, jubilatoires, les veines riches en surprises, où l'exploration peut sans cesse àtre repoussée plus loin, les zones frontières, véritables murs de béton, où l'esprit semble ne plus pouvoir avancer d'un millimètre.
Question : quel rapport avec les dauphins?
Une certaine rumeur voudrait que Lilly ait inventé le caisson à isolation sensorielle parce que, s'interrogeant sur le sentiment intérieur des dauphins, il se serait demandé ce qui se passerait si l'on flottait comme eux, entre deux eaux, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J'ai contribué à colporter cette rumeur, que John a sèchement démentie, lors d'une conférence à Paris en 1984. Il est néanmoins clair qu'un certain nombre de parallèles n'ont pas tardé à apparaitre entre les deux recherches. Par exemple entre le type de fonctionnement électro-cérébral de l'humain plongé dans un caisson - en onde alpha, voire en téta, tracé typique de la méditation profonde, juste entre la veille et le sommeil - et l'état intérieur supposé des dauphins. Mais il y a une passerelle plus fondamentale entre les deux recherches.
John va en effet finir par s'apercevoir que son rêve de "communication inter-espèces" suscite un immense scepticisme chez la plupart des scientifiques. Pour eux, il s'agit de fantasmes.
Leur apporterait-on une preuve tangible, par exemple l'enregistrement de phrases entières prononcées par des dauphins, qu'y verraient-ils ? De pures projections anthropomorphiques, un mimétisme de perroquets aquatiques. Pour la science actuelle, il est impensable qu'un animal ait un esprit. Or une communication ne peut se nouer qu'entre deux esprits.
"Mais, se demande John, mes collègues connaissent-ils le leur, d'esprit ?"
Il est convaincu que la communication avec les dauphins dépend de l'idée que l'homme se fait d'eux. "Si un homme, écrit-il dans Mind in Waters, parvenait à faire comprendre à un dauphin
qu'il admet n'avoir qu'une compréhension limitée du monde delphinien, mais qu'il désire compléter son modèle, il se peut alors que le dauphin coopère, à long terme, dans une recherche mutuelle plus stratégique."
Or l'idée que nous nous faisons d'eux dépend de celle que nous nous faisons de nous...
Une coïncidence fascine John : au-dessus de l'entrée du temple de Delphes, où la légende veut qu'Appolon soit venu jadis déguisé en dauphin, les Grecs avaient écrit : Gnothee seauton, connais-toi toi-même. Se connaitre soi-même d'abord.
Les espaces géants, et encore incompréhensibles, dont John soupçonne l'existence dans l'esprit des dauphins, communiquent forcément, pense-t-il, quelque-part, avec les espaces de nos propres esprits. Mais... c'est quoi, un esprit ?
A peine posée, la question lui rebondit à la figure : à mesure qu'il passe des dizaines, puis des centaines, puis des milliers d'heures dans son caisson à isolation, John s'aperçoit qu'il se connait fort mal lui-même. Il en conclut que toute recherche sérieuse sur la communication avec une autre espèce doit forcément s'appuyer sur une double série d'informations : sur le monde intérieur de l'“esprit” (nous) , autant que sur le monde extérieur de la “matière” (eux).
Et que découvre-t-il à l'intérieur de lui-même?
On est à l'aube de l'informatique. John fait partie des universitaires américains qui ont la chance de pouvoir travailler sur les premiers ordinateurs dinosauriens des années 50. Scientifique typique de ces années, Lilly est frappé par une analogie, qui ne le lâchera plus : notre esprit semble fonctionner comme un fabuleux ordinateur. Il le baptise human biocomputer.
A les observer de prés, tout se passe en effet comme si nos mondes "intérieurs" étaient programmés. Partiellement programmés depuis l'extérieur, par des logiciels génétiques, sociaux, familiaux, etc; mais aussi partiellement autoprogrammables par d'autres logiciels, que notre moi conscient peut créer et modifier à volonté. Or Lilly finit par découvrir que les logiciels programmés "de l'intérieur" par le sujet volontaire n'ont pas de limites. Il appelle la partie "programmante" de notre àtre, notre moi autonome (pouvant devenir conscient et volontaire à la suite d'un gros travail d'introspection) selfmétaprogrammer.
Le tout, dit-il, est de savoir discerner, puis contrôler les "métaprogrammes négatifs", c'est à dire les logiciels de logiciels qui, de l'extérieur ou de l'intérieur de nous-mêmes, nous hypnotisent et nous empàchent d'évoluer, souvent depuis la petite enfance. "Quand vous entrez dans le caisson à isolation, écrira-t-il plus tard dans Programing and metaprograming the human biocomputer, votre logiciel personnel de routine continue de fonctionner. Si vous ne mettez pas un autre logiciel convenable en route, vous perdez votre temps : on peut passer des heures là-dedans sans qu'il ne s'y passe rien. Ou bien vous vous laissez submerger par vos métaprogrammes négatifs (nous en avons tous reçu une quantité durant notre enfance).
Il faut apprendre à les repérer et à les désamorcer. Ce n'est pas facile du tout. Personnellement, j'ai eu besoin pour y parvenir de suivre une psychanalyse. Ca m'a beaucoup aidé. "Je me suis aperçu que, s'il existait effectivement de "mauvaises pensées", hostiles, inhibantes, culpabilisantes, se croire inférieur, inutile, mauvais... il n'existait pas en revanche de mauvais "mode de pensée". Le mode ne peut pas àtre négatif. C'est la première grande leçon de l'auto-exploration : l'univers intérieur est sans interdit, infini. Ainsi, l'horizon du métaprogramme "Quoi penser ?" peut et doit àtre aussi vaste que possible. Il n'a de limites que celles que nous croyons devoir lui imposer - et cette croyance est elle-même un métaprogramme, dont la malléabilité ne peut àtre vérifiée que par l'expérience."
Cette dernière idée deviendra peu à peu la clé de voute de toute sa recherche, formulée ainsi : "Dans la province de l'esprit, ce que l'on croit vrai est vrai ou le devient, à l'intérieur de limites qu'il faut trouver par l'expérience et l'expérimentation. Ces limites sont elles-mêmes des croyances à dépasser. Dans la province de l'esprit, il n'y a pas de limites."
Pendant des années, John Lilly va jouer, tel un artiste-mathématicien de l'existentiel, à "inventer puis à se faire croire à l'existence d'autres mondes" - mondes géants, mondes
nains, mondes fantastiques, radicalement différents du notre -, s'apercevant, stupéfait, qu'il peut y voyager, y connaître la peur, la tristesse ou la joie, mais surtout y tenir des raisonnements logiques.
"J'ai dû faire beaucoup d'expériences sur moi-même pour vérifier ma théorie, la modifier, en faire une part de mon propre biocomputer. A mesure que la théorie pénétrait et reprogrammait ma machinerie à sentir et à penser, ma vie changea rapidement et radicalement. De nouveaux espaces s'ouvrirent; de nouvelles compréhensions, un nouvel humour apparurent. Et un nouveau scepticisme émergea de tout cela. "Mes propres croyances sont incroyables" dit une nouvelle métacroyance."
Que deux "biocomputers humains", chargés de métalogiciels différents, puissent spontanément communiquer entre eux, le fascine. A croire qu'ils ne sont pas aussi différents que cela. Et pourtant si : il n'y a pas deux individus identiques. Et le fait de ne pas savoir communiquer, voilà l'origine de la plupart des maladies mentales.
L'influence de l'école psychologique de Palo Alto, animée par Gregory Bateson et Milton Erickson, grands défricheurs notamment de la schizophrénie, semble évidente. L'idée que l'on puisse programmer soi-même son malheur (ou son bonheur), sous-tend une bonne part de l'oeuvre de Paul Watzlawick, qui deviendra le porte-parole de cette école, "Le langage, écrit Watzlawick, ne reflète pas tant la réalité qu'il ne la crée."
Plus il s'enfonce dans ses univers intérieurs, plus Lilly apprécie, au retour, notre monde consensuel "normal". Mais c'est chaque fois pour repartir plus profondément en lui-même peu après. Pour plonger encore plus profond, tous les moyens sont bons. C'est une tàte brûlée. Jusqu'en 1964, bien que présentant le profil type des chercheurs qui, dés la fin des années quarante, autour d'Aldous Huxley ou d'Ernst Jünger, goûtent aux hallucinogènes (dont le LSD synthétique mis au point accidentellement par le Suisse Albert Hoffman des laboratoires Sandoz), John Lilly se tient à l'écart des drogues. Il n'en a guère besoin. Son caisson à isolation sensorielle lui suffit. Il faut dire que John s'avère un voyageur intérieur hors pair - aidé, donc, les premières années, par une psychanalyse qui, dit-il, "m'aide à mettre suffisamment à nu mes projection négatives pour que je ne m'identifie pas à elles."
Cette autoexploration va connaître un énorme coup d'accélérateur lorsque les psychotropes entrent dans la danse. Officiellement approvisionné en LSD pur par Sandoz (opération courante, et légale, en recherche psychiatrique, aux Etats-Unis, jusqu'en 1966), John "visite" (le plus souvent à l'intérieur de son caisson à isolation sensorielle) ses fantasmes à une vitesse tellement folle qu'il va faire exploser toute une première ceinture de "métaprogrammes négatifs". Il verra apparaitre, sous des formes plus ou moins monstrueuses, les femmes qu'il a désirées ou avec lesquelles il fait l'amour, sentira remonter toute son éducation catholique, culpabilisante et puritaine, entretiendra mille rapports avec tous les personnages que sa vie lui a fait rencontrer depuis sa prime enfance, mais aussi avec d'autres, jamais vus jusque là, il revivra ses cauchemars d'adolescents, refera ses calculs de chercheur, retombera sans arrêt dans les mêmes échecs, enlisé dans les mêmes obsessions.... Il tétera ses résistances, régressera au stade du nourrisson, urinant sur lui-même, béat.
Puis il approchera de zones rouges et noires où son esprit renaclera à l'emmener. Bientôt il verra ses peurs prendre des visages inhumains terrifiants, il errera des éternités dans d'interminables labyrinthes, luttera contre des monstres qui tenteront de l'envahir par de vastes brèches ouvertes dans son crâne... chaque fois qu'il voudra approcher les frontières de ses "provinces intérieures".
Frontières autoprogrammables à volonté par un selfmetaprogrammer devenu conscient ?
Pas évident.
Avant d'apprendre à déjouer ses pièges intérieurs, à "désamorcer ses métaprogrammes négatifs" - pour déboucher ensuite sur des espaces prodigieux de clarté, où il connaitra d'ineffables extases - John Lilly va d'abord manquer mourir, de très peu.
Une sorte de tentative de suicide inconsciente, en 1964 - mise en route par qui sait quel programme ?
Une NDE (near death experience, ou expérience de mort imminente). Aux portes de la mort, un contact fulgurant avec une certaine "réalité ultime". Contact pouvant conduire à ce que les sages de l'Inde appellent le samadhi, ceux du Japon le satori, ceux de l'Occident l'union mystique avec Dieu... Phénomène aussi vieux que l'humanité, mais qui, longtemps considéré comme réservé à une élite spirituelle, semble se manifester de plus en plus souvent depuis que, gréce au formidable perfectionnement des techniques de réanimation, les "rescapés
de la la mort" des Unités de Soins Intensifs des grands hopitaux modernes se comptent
par millions.
Notre homme a donc connu, en 1964, "l'ineffable sensation de plonger dans un pur soleil d'amour et de connaissance"... D'abord, il avait longuement flotté dans un vide infini, d'une obscurité totale. Une zone qu'il connaissait par coeur, depuis des années, et qu'il avait baptisé "Point Zéro Absolu" - c'est là qu'il avait peu à peu appris à venir se repositionner, quand il se sentait menacé par quelques "fauves intérieurs". Comme toujours, l'obscurité avait ensuite peu à peu cédé la place à un "paysage".
Mais tout de suite, il avait senti quelque-chose de vertigineusement neuf. En fait, il n'y avait aucun paysage. Juste de la lumière. Une lumière d'or extraordinaire, "toute irradiante d'amour".
John n'avait plus de corps. Il se sentait réduit à un simple point. Toute sa conscience semblait pourtant présente, toute sa mémoire, ainsi que la sensation de voir, d'entendre, de sentir... Justement, voilà qu'il sentait qu'on s'approchait de lui. Cela venait de l'horizon. Il finit par distinguer deux autres "points de conscience", deux... entités. Plus elles s'approchaient, plus John sentait qu'elles dégageaient quelque-chose d'incroyable, une chaleur comme il n'en avait jamais ressenti de sa vie. A la fin la sensation était devenue si forte qu'il eut l'impression qu'elle l'anéantirait si les deux entités s'approchaient davantage. Son "moi" se fondait littéralement en elles. Elles s'arràtèrent à l'extrème limite de sa résistance à "l'anéantissement dans l'un, le Rien absolu".
Leur long échange fut pour lui une extase. Il sut qu'il ne pourrait en conserver qu'une partie
en mémoire.
"A la fin, elles me dirent que c'était moi qui les séparais en deux, que c'était ma façon de les percevoir, mais qu'en réalité elles n'étaient qu'un dans l'espace où je me trouvais alors moi-même. (...) Elles dirent aussi qu'elles étaient mes gardiens, qu'elles veillaient sur moi bien avant cette expérience, en fait depuis toujours, mais que je ne me trouvais généralement pas en état de les percevoir."
Plus tard, John se rendit compte qu'il avait déja rencontré ses "guides" à trois reprises dans sa vie. Chaque fois, cela s'était produit alors qu'il se trouvait au plus mal : à sept ans, lors d'une ablation des amygdales; à dix ans, une tuberculose l'ayant à moitié tué; à vingt-trois ans, l'arrachage de toutes ses dents de sagesse ayant nécessité une anesthésie générale.
Les trois premières fois, il avait oublié jusqu'à la rencontre elle-même. La quatrième lui laissa un souvenir indélébile.
Rejoindre la dimension où il pourrait retrouver ses guides devint un objectif essentiel. Il y parvint encore deux ou trois fois, par hasard. Puis sa technique de "pilotage intérieur" s'améliora à un point tel qu'il sut s'y rendre à volonté.
Lors de leur avant-dernière rencontre "par hasard", les deux guides laissèrent entendre à John qu'il lui faudrait radicalement changer de vie. Tout était à revoir, disaient-ils, à la lumière de l'ancienne règle d'or, ainsi reformulée par le psychiatre Erik Erikson : "Fais/ne fais pas aux autres ce que tu voudrais que les autres te fassent/ne te fassent pas; les autres comprenant les autres espèces/entités/àtres de cet univers."
Pour commencer, suggérent donc ses "guides", John devrait laisser les dauphins tranquilles.
En un mot, abandonner toute sa recherche delphinienne. L'idée le laisse d'abord perplexe.
Mais voilà que, peu de temps après, cinq des huit dauphins prisonniers dans ses bassins des Iles Vierges (voir Le 5° Rêve), se suicident, à quelques jours d'intervalle - en refusant de se nourrir ou en se précipitant contre les murs.
Une monstrueuse hécatombe. En captivité, tous les dauphins meurent jeunes (plus tard, Lilly reconnaitra que les chiffres présentés par les delphinariums, pour prouver la "longue espérance de vie des dauphins en captivité", sont généralement truqués). Mais là... c'est trop fou.
Toute l'équipe est en deuil.
Pour John, il ne peut s'agir d'une coïncidence. "Si j'avais écouté le conseil de mes guides, se dit-il, le drame aurait pu être évité." Alors il n'hésite plus. Les trois dauphins survivants sont rapidement sortis de leur bassin et emmenés au large, dans un gros hors-bord, puis remis à l'océan d'où on les a arrachés l'année précédente, Les deux plus jeunes (entre trois et cinq ans) ne comprennent pas. Il sortent sans cesse la tàte de l'eau, désirant rejoindre les hommes. Heureusement, le troisième a plus d'expérience (une vingtaine d'années) : il leur donne des coups de rostre, pour les obliger à rester sous la surface (autrement, les pêcheurs finiraient par les tuer). Finalement, les trois cétacés disparaissent. Et John Lilly se retrouve tout d'un coup très seul.
Il réalise à peine ce qu'il vient de faire.
D'un point de vue professionnel, l'évènement tombe mal. John vient juste de recevoir des crédits inespérés, de la Navy et de plusieurs autres organismes, pour son centre humain-dauphin.
Que va-t-il dire à ses commanditaires? Que des voix intérieures lui ordonnent de tout stopper ? C'est ce qu'il fait. En y mettant à peine les formes. Du jour au lendemain, sa réputation est faite : ce type est cinglé.
Grand crac dans la vie du chercheur.
Après avoir rendu à l'administration tout le materiel, en particulier le gros ordinateur avec lequel il a vainement tenté de créer une passerelle linguistique entre humains et dauphins, John négocie la réintégration, dans divers services de la Santé Publique, de la trentaine de personnes dépendant de lui, sur l'åle et ailleurs, Puis il publie, dans le Journal de la Société Accoustique, un dernier article, intitulé "Reprogrammer les productions sonores du dauphin Tursiops",
où il explique qu'au lieu d'utiliser la grille psychologique limitée des réflexes conditionnés et du système punition/récompense, on ferait mieux de comprendre que le dauphin peut, gràce
à son très grand biocomputer, se reprogrammer lui-même, une fois entré en interaction continue avec l'homme.
Et cette fois, c'est bien fini. Sa femme le quitte. Plus question de prendre du LSD : devant l'ampleur du phénomène "psychédélique", l'administration américaine interdit tout usage du redoutable acide. Une nouvelle vie commence pour John. Que faire ?
Il s'interroge longuement sur l'avenir de la recherche fondamentale. Comment définir le mot fondamentale ?
"La recherche, écrit-il, est de plus en plus liées aux applications immédiates. Pourtant, quand vous les interrogez des scientifiques sur leurs motivations profondes, vous découvrez, derrière leurs railleries ou leurs baillements génés, que la plupart sont mûs d'abord par le respect, la stupeur, l'adoration émerveillée du réel. Nous devrions beaucoup nous préoccuper des motivations profondes et des valeurs morales des jeunes gens interessés par les sciences.
Sans le respect et même, pourrait-on dire, l'adoration de l'inconnu, ils peuvent devenir des monstres. Il faut avoir vécu, expérimenté, les forces colossales qui gisent hors de nous et en nous, pour devenir sages.
"Mais notre mental évolue de façon terriblement arbitraire. Les postulats de la science actuelle se sont ordonnés accidentellement au cours de l'histoire. John von Neumann disait que notre arithmétique addition-soustraction-multiplication-division reposait sur des découvertes purement aléatoires. Si nous avions trouvé autre chose de plus fort, comme par exemple la mathématique de notre propre cerveau, nous serions aujourd'hui beaucoup plus avancés".
Comment explorer mathématiquement notre cerveau ? Voilà à quoi pense le nouveau chômeur-célibataire John Lilly. Mais, tandis qu'il erre, d'amis en amis, à travers les Etats-unis, une autre question l'obsède : comment voyager dans ses univers intérieurs sans drogue ?
Notre savant cinglé a une petite idée.
La dernière fois que John et ses assistants ont écouté quelques-uns de leurs interminables enregistrements humano-delphiniens (Margaret Howe répétant inlassablement certains mots, salués en rythme par les cris du dauphin), tout le monde s'est aperçu qu'à force d'écouter le même mot des milliers de fois, l'oreille et le cerveau se mettent brusquement à entendre d'autres mots, des mots "alternatifs", semblant jaillir de nulle part. En quelques heures d'écoutes, John et ses assistants ont entendu plusieurs dizaines d'alternatives à l'expression "you're a good boy" - certaines ne voulant rien dire. Or, fait étrange, chaque fois que quelqu'un signalait, à voix haute, un nouveau mot alternatif qu'il venait d'entendre dans la boucle répétitive, John avait l'impression de changer d'espace intérieur, de modifier son état de conscience.
Les ECM (états de conscience modifiée), induits par des moyens autres que la drogue, vont devenir son nouveau terrain de prédilection.
Avec le département de linguistique de l'université du Wisconsin et le gros ordinateur de Heinz von Foerster, à l'université de l'Illinois, Lilly creuse cette histoire de mots "alternatifs". Soumis à des boucles répétitives, certains étudiants entrent littéralement en transe, "sortent de leur corps", et rapportent de fantastiques voyages intérieurs. Bientôt, notre chercheur se retrouve à l'Université de Stanford, dans le labo d'Ernest Hilgard, spécialiste de l'hypnose.
Quelles que soient les méthodes utilisées pour induire des ECM, les meilleurs sujets sont généralement les plus jeunes, les plus influençables ou ceux qui craignent le moins d'àtre "contrôlés de l'extérieur". A cinquante ans, John est un sujet exceptionnellement peu craintif.
Ces voyages l'amènent au Kansas, chez un couple de vieux chercheurs amis avec qui il va téter d'un nouvel ECM, un véritable sport intérieur : la téléportation. Une fois hypnotisé, John semble entrer en résonnance émotionnelle, depuis le fond du Middle West, avec une autre personne, une femme, qui se trouve à Los Angeles, des milliers de kilomètres plus à l'ouest.
A chaque fois il ressent exactement la même chose qu'elle (à des moments choisis aléatoirement). Lors de certaines séances, tout se passe même comme s'il voyait, de ses "yeux intérieurs", ce que cette personne voit avec ses yeux physiques !
On lui propose alors un nouveau job, comme neuro-psychiatre, au centre de recherche du Spring Grove Hospital de Baltimore (c'est là que le Tchèque Stanislas Grof vient de faire son entrée américaine). Il se trouve qu'on y applique, à titre légal tout à fait exceptionnel, un programme inattendu : LSD pour alcooliques durs... et pour John Lilly! "Car, dit-il, je partage l'éthique expérimentale de mon vieux maître de médecine, H.C.Bazett : pas question d'expérimenter quoi que ce soit sur un cobaye humain, avant de s'àtre infligé le traitement à soi-même."
Sacré John ! Il subit donc le protocole complet, en principe prévu pour désintoxiquer des alcooliques inguérissables. Il suit plusieurs entretiens psychologique poussés, d'où il ressort que notre homme manque cruellement d'amour. Au fond, toutes ces années d'introspection ne l'ont pas fondalement changé : il est toujours aussi sec et froid. Ses nouveaux collègues psychiatres le font donc travailler sur sa vie affective, intensément, pendant plusieurs semaines, avant de lui donner une forte dose de LSD.
Descente directe en enfer.
De sa vie entière, John Lilly ne vivra rien de plus atroce. De l'abominable indescriptible. Son expérience au Spring Grove Hospital le laisse convaincu de l'existence d'une intelligence cosmique. Quant à toutes ses années passées à étudier les dauphins, il les voit maintenant comme une "fuite des hommes".
Pourtant, sa nouvelle voie n'est pas la neuro-psychiatrie. En 1969, lors d'un week-en à Big Sur, au sud de San Francisco, il découvre le mythique Institut Esalen, créé par les parapsychologues Mike Murphy et Dick Price, où enseignent les maîtres les plus réputés de l'anti-psychiatrie et de la contre-culture américaine d'alors, Alan Watts, Gregory Bateson, Fritz Perls, Ida Rolf...
Là, John va connaitre des gens beaucoup plus expérimentés que lui, capables de rester en état de conscience modifiée (méditation, transe, hyupnose...) pendant des mois! C'est donc là, finalement, qu'il s'installe.
Les liens entre corps et esprit ne sont pas évidents. A Esalen, on les malaxe hardiment.
Dans certains ateliers, ll faut se mettre à poil, au sens propre - imaginez un groupe de messieurs et de dames très chics, très intellos, qui doivent soudain se déshabiller, sans qu'on les ait prévenus ! Ca jette un froid... Mais tout le monde y passe. Et la chaleur revient, hilarante. Dans d'autres ateliers, John doit soudain se battre, physiquement. A plus de cinquante ans, une jolie peur lui noue les tripes... A chaque fois, il sent qu'un nouveau "métaprogramme négatif" (remontant généralement à son enfance) se désamorce au fond
de lui.
Finalement il lance son propre atelier : "Je suis un dauphin". Au sec, puis dans l'eau, on y apprend à soutenir les autres, puis à se laisser soutenir (porté comme un enfant, ou reccueilli dans une gerbe de bras, comme un fruit tombant d'un arbre). On s'y livre aussi à toutes sortes d'exercices respiratoires. Les cétacés expirent et inspirent en un seul mouvement de deux ou trois secondes à peine en tout. En respirant ainsi, un individu peut faire la planche pendant des heures. Ces exercices mettent certains sujets en état de méditation profonde - il y en a même qui "sortent de leur corps" !
Et ainsi de suite jusqu'à sa rencontre avec le soufisme. Du moins avec un certain courant soufi, remontant d'Amérique australe vers les Etats-Unis...
Le maître s'appelle Oscar Ichazo, il vit au Chili, où il enseigne des techniques de méditation très particulières - par exemple en plaçant ses différentes "consciences" dans les différentes parties de son corps.
"Dans vos oreilles, mettez l'idée de substance (par exemple l'idée que vous vous faites de votre propre substance, si c'est sur vous-même que vous désirez méditer); dans vos yeux, mettez alors l'idée de votre forme; dans votre nez, placez vos possibilités (de toutes vos alternatives possibles); dans votre bouche, placez vos besoins; dans votre poitrine, vos impulsions (vos énergies automatiques); dans votre estomac, vos processus d'assimilation; dans votre ventre, vos processus d'élimination; dans vos glandes génitales, mettez vos orientations fondamentales; dans vos bras et vos cuisses, vos capacités; dans vos genoux et vos coudes, votre charisme; dans vos avant-bras et vos jambes, votre idée de "ce qui a du sens"; dans vos pieds et vos mains, enfin, placez vos objectifs".
Cela parait compliqué. John découvre qu'il ne s'agit que d'un début; le "bio-ordinateur humain" n'a pas fini de le fasciner. Tout de suite, John utilise la méthode pour arràter de fûmer (la substance, la forme, les possibilités, etc, sont alors strictement appliquées au désir de tabac).
Et ça marche! Du coup, il apprend une seconde technique soufi, bien connue des derviches. Cette fois, il s'agit de méditer en écoutant une musique (le Boléro de Ravel est, parait-il, étudié pour) : on place les notes médianes (la mélodie) dans la poitrine, les notes aigues dans la tàte, les notes graves dans le ventre, et on fait le vide, ouvert au non-connu. Au bout de quelques temps, cet exercice fait naåtre une perception nouvelle du corps. Et le selfmetaprogrammer se pose, plus que jamais, LA question : Qui est "je" ? (avec en corollaire : En quel lieu de mon corps suis-je caché ?).
Un autre gourou de passage à Esalen, le fameux Dick Alpert, ex-psychologue d'Harvard devenu Baba Ram Dass en Inde, rappelle à Lilly l'une des réponses du maître yogi Patanjali (4OO av JC) : "Qui suis-je? Je ne suis pas celui qui voit. Je suis pas celui qui est vu." Ce que John transforme aussitôt en une autre formule, qu'il juge plus riche : "Je ne suis pas mon bio-ordinateur. Je ne suis pas son programmeur. Je ne suis pas son programme. Je ne suis pas ce qui est programmant. Je ne suis pas ce qui est programmé. Qui suis-je ?"
"O Toi qu'on n'aperçoit pas, quoique Tu Te fasse connaitre,
Tout le monde c'est Toi, rien d'autre que Toi n'est manifeste
L'âme est cachée dans le corps,
et Tu es caché dans l'âme.
O Toi qui est caché dans ce qui est caché !"
Ainsi chantait, au XIIeme siècle le mystique persan Aattar. John, nouvellement influencé par les Sud-Américains, se met à lire des mystiques orientaux. Sohrawardi, Ibn Arabi et Hallaj, le martyr soufi du Xème siècle, qui chantait encore alors qu'on lui avait coupé bras et jambes :
"O Toi, qui m'as enivré de Ton amour,
ne me rends pas à moi-même,
après m'avoir ravi à moi-même..."
Mais qui est "moi-même" ?
John croit discerner une issue au paradoxe apparemment insoluble du "sujet qui s'interroge sur le sujet", en proposant la démarche suivante : "Transcendons nos propres limites en programmant un ensemble ouvert de croyances fondamentalement respectueuses du non-connu". Ce qui, concrètement, signifie que notre volonté consciente doit admettre, une fois pour toutes, qu'il y a en nous mêmes, dans le non-connu de notre nature profonde, infiniment plus fort qu'elle-même, à quoi même notre selfmetaprogrammer, notre moi conscient et inconscient, doit se soumettre. Ce qui serait en même temps une façon paradoxale d'échapper à toute croyance - puisqu'il y aurait toujours, par principe, croyance plus vaste !
Finalement, en 1970, John décide de se rendre auprès du maître soufi Oscar Ichazo, au Chili.
Le maître et le disciple sympathisent immédiatement. Le disciple a l'impression de recontrer enfin, pour la première fois, quelqu'un qui sait exactement de quels voyages intérieurs il veut parler. Mais pour John, le démarrage est difficile. Question physique - pendant des mois, le Chilien va les soumettre à un rythme effrayant de courses dans la montagne, de chants, de prière, de méditation, d'exercices de toutes sortes. Question conjugale aussi - quand John va bien, sa compagne va mal, et vice-versa; le malheureux passe des heures à pleurer dans sa chambre d'hotel...
Mais venons-en tout de suite à la fameuse "Echelle du Soi", dont Oscar Ichazo va enseigner l'utilisation à ses élèves yankees. Sans doute la plus efficace des grilles d'interprétation psycho-spirituelle que John a connues, la meilleure cartographie globale des ECM et, du coup, le meilleur guide pour voyager dans ses univers intérieurs.
Pour commencer, il faut imaginer l'état de totale neutralité émotionnelle, celui où vous àtes simplement présent au monde, attentif, la tête claire. L'état où l'on devrait se trouver en société, lorsqu'on communique avec d'autres. lorsqu'on enseigne, lorsqu'on apprend. Selon John Lilly, c'est dans cet état et celui-là seulement, que nous pouvons rationnellement reprogrammer notre biocomputer. A cet état de conscience neutre, Oscar Ichazo fait correspondre un point au centre d'un grand graphique, point auquel il attribue la valeur "48" (pourquoi quarante huit et pas zéro? ne perdons pas de temps de ce coté-là, il s'agit de chiffres attribués à la conscience par le soufi Gurdjeff, en fonction d'une mathématique ontologique qui échappe à la présente enquète).
A partir de ce centre "48", partent les deux branches d'un grand S applati et couché, la branche supérieure montant jusqu'à "plus l'infini", la branche inférieure descendant jusqu'à "moins l'infini". Qui que vous soyez, quels que soient votre degré d'évolution et votre humeur du jour, votre état intérieur se trouve forcément, à tout moment, quelque-part sur ce grand S. Nous nous promènons généralement dans les parages du "48", autour du centre de neutralité, mais presque toujours un peu décalé, soit vers le haut, soit vers le bas. Vers le haut ? Prenez quelqu'un au volant de sa voiture, quelqu'un qui conduit bien et peut se permettre de penser à autre chose, tout en conduisant d'une main sûre. L'état intérieur de cette personne se trouve alors un peu décalé vers le haut du grand S, en "+24", état dit professionnel. En "+24", on peut se mettre
"en pilote automatique" pour accomplir sa téche. Vous savez danser, ça se voit, et vous y prenez du plaisir.
A l'inverse, imaginez-vous maintenant malade, nauséeux. Ou bien durement remis en cause par vos chefs. Ou abandonné par votre amour. Mais contraint de conduire, ou d'aller au travail quand même. Vous vous trouvez en "-24", état dit négatif de base, où l'on peut encore agir, mais mal, où l'on devient un danger pour les autres. Vous savez toujours danser mais, diable, quel labeur !
Passez en "+12". C'est l'extase, l'état de gréce. Vous ne dansez plus, vous àtes dansé! La musique, littéralement, s'empare de votre corps. Vous n'àtes plus tout à fait présent sur terre... et pourtant, que le monde vous parait beau! Tout brille, tout resplendit. La Baraka est avec vous, vous êtes follement amoureux, en état d'amour cosmique, l'une des définition du "+12".
Du coup, vous n'avez guère de mal à imaginer "-12". L'horreur. Plus question d'aller au travail, ni de conduire. Vous n'àtes que souffrance. Le monde vous apparait à travers un brouillard lancinant, épouvantable. Vous doutez d'avoir jamais su danser. D'ailleurs qu'est-ce que ce mot veut dire? Cet état porte simplement le nom d'extrème négativité.
Au delà, les descriptions deviennent plus difficiles, dans la mesure où peu d'entre nous, me semble-t-il, y sont allés. En "+6", vous connaissez l'état du Bouddha. Votre àtre est réduit à un point d'intense conscience, vous voyagez à travers les univers, porté par une inéffable énergie d'amour. C'est le niveau de réalité que connaissent les fameux experiencers
des NDE...
Alors qu'en "-6", ce point de conscience amorce son entrée en enfer, au royaume de la solitude et de l'absurde. Q
uant à "+3" et "-3", les deux derniers barreaux connus de l'Echelle du Soi, ils échappent quasiment aux mots. Le Soi y est intégralement dissout : d'un coté dans l'Essence pure (c'est le Grand Satori, ce que les derviches appellent le Fanaa, l'anéantissement dans l'un); de l'autre coté dans l'Ego absolu, quintessence du négatif.
Revenons au point de neutralité, en "48". Ici, le Soi est totalement présent; plus on monte vers "plus l'infini", plus il cède la place à l'Essence pure; plus on descend vers "moins l'infini", plus il est remplacé par l'Ego. Le jeu consiste à savoir se promener à sa guise tout le long de cette échelle - pour finalement s'apercevoir que le "+" et le "-" se rejoignent, ne sont que les deux faces d'une même vaste farce cosmique.
On ne peut expliquer que le début de la règle du jeu.
Prenez un citoyen lambda, qui vit tranquillement sa vie, quelque-part autour de son centre de neutralité. Tout d'un coup, bim ! sans qu'il ne comprenne pourquoi, il se casse la figure en "-24" (son amour le quitte, la maladie... etc). Comme si une trappe s'ouvrait sous ses pas et qu'il se ratatinait trois mètres plus bas. Il lui faut ensuite une énergie folle pour se rassembler, se réparer, puis remonter au niveau neutre, où l'on vit en société. L'embàtant, c'est que la chose va se renouveler, le piège se rouvrir sous ses pas, deux, trois, dix, cents fois. On retombe à longueur de vie dans les mêmes erreurs.
Jusqu'au jour où, "par miracle", au lieu de tomber inconsciemment, il parvient à rester lucide pendant le très bref instant de la chute. Alors il s'aperçoit, stupéfait, que la dalle de béton "-24", qu'il connait bien, puisqu'il s'y est si souvent cassé le nez, est en fait une planche, souple, un tremplin ! S'il parvient à rebondir dessus, à pieds joints, Whaaaouh! il remonte d'un coup, et directement en "+24" ! Lilly appelle cela "l'effet trampoline".
Ensuite, vous vous apercevez que la chute en "-24", du moins cette façon-là de vous retrouver en état négatif de base, ne vous pose plus de problème. Vous avez définitivement désamorcé un "métaprogramme négatif" de votre biocomputer, dirait John. Pour la vie !
Quand j'ai entendu John Lilly parler de cette échelle, j'ai tout de suite pensé à une petite histoire personnelle.
Je suis né et j'ai grandi au Maroc, dans un état de conscience "légèrement raciste". Pendant des années, la langue arabe, la musique arabe, l'esthétique arabe me donnaient la nausée. Cette négativité avait installé en moi une foule de "programmes" fort pénibles à vivre (par exemple, d'entendre de la musique arabe me coupait toute envie d'agir; une sorte de léthargie infernale s'emparait de moi). Il m'a fallu attendre dix sept ans, avant que ne s'inverse le processus. Par une belle après-midi de printemps, j'ai pris le car de Casa à Marrakech, seul Européen parmi une foule de paysans marocains, pressé entre de gros burnous, dans l'odeur de musc et de hénné, les oreilles emplies de violons larmoyants, des poules et de moutons ligotés remuant sous mes pieds... Et tout d'un coup, le "miracle" s'est produit : ce qui jusque-là m'avait toujours rendu malade s'est métamorphosé en extase.
Ah, cette musique ! Oh, ces odeurs ! Ah, petite mère, ces visages! Juste ciel, cette langu e!
Je voulais que cela dure toujours.
De cet instant, le "-24 anti-arabe" a disparu de ma vie, et avec lui, chose surprenante, tout un tas d'aspects négatifs secondaires de ce que je croyais àtre mon caractère (le fameux "je m'ennuie" de l'enfance, par exemple), qui n'en étaient que de secrets prolongements souterrains. A la place, s'est épanoui un "+24", jamais démenti. L'Arabe en moi avait commencé à vivre - comme plus tard l'Africain, ou, lentement, le Chinois, l'Aborigène australien...
"Combien de vies nous faut-il, se demande le Yankee John Lilly en initiation au Chili, pour
que tous nos manques se métamorphosent en plénitudes et que l'humanité entière naissent en nous ?"
A vrai dire, John, lui, n'en est plus à se traîner en "24". Il a déja connu des "12", des "6"
et même peut-àtre (il se pose la question) des "3". Vers l'infini négatif d'abord. Toujours.
Puis vers le positif. Telle serait la loi. Vertigineux rebondissements sur des trempolines cosmiques que l'on n'ose imaginer. Kalil Gibran dit simplement : "Pour connaåtre la joie, il faut connaître la tristesse".
Avec Oscar Ichazo, John va apprendre les nuances. Votre tàte peut se trouver en état neutre et votre estomac en "-24". Il y a aussi les tricheries, quand nous parvenons à nous faire croire à nous-mêmes que nous baignons dans un état où nous ne sommes jamais allés. Il faut donc savoir se rassembler à un seul niveau, approprié à ce que l'on recherche. Ainsi, pour reconnaitre une piste nouvelle, un skieur doit àtre en état neutre où il peut le mieux se reprogrammer. Par contre, plus tard, en pleine compétition, il doit absolument se trouver en "+24", l'état professionnel. S'il passe en "+12" (amour cosmique) en plein schuss, il risque fort, sauf cas exceptionnel, de se payer un arbre. Et gare à lui s'il remonte vers le point de neutralité : il aurait l'air d'un amateur. Quant aux barrières qui nous empàchent de librement voyager dans nos univers intérieurs, c'est tout simplement ce que l'Inde appelle le karma. Brûler son karma pourrait donc vouloir dire : descendre, en toute lucidité, vers "moins l'infini", pour mieux rebondir, par "effet trampoline", vers "plus l'infini"...
Oscar Ichazo précise à ses élèves : "Sachez en tout cas que l'égo, lui, ne peut vous transporter que vers les états négatifs. Les états positifs lui sont consubstantiellement incompréhensibles, étrangers, inexistants. Voilà pourquoi ceux qui ont énormément souffert peuvent voyager extrèmement vite et loin : ils ont été radicalement nettoyés de tout ego."
Le voyageur Lilly, lui, aimerait surtout savoir comment se déplacer, à volonté, entre tous ces états. Le maître soufi prétend que ce pouvoir est accessible, Et John trouve...
Voilà trois mois qu'il suit l'enseignement d'Oscar. Physiquement, il exulte. Mais avec sa compagne, ça ne va plus du tout. Ils décident de se séparer. Elle part. Et John sombre. Beaucoup plus bas qu'il ne l'aurait cru. C'est une chute effrayante. Incompréhensible. Une irrésistible envie de se suicider monte en lui... Et soudain il comprend : il est en train de glisser vers moins l'infini sur l'échelle du soi. Il faut rester lucide, rester lucide...
"Rester rien du tout!" rit une voix en lui.
Cet état terrible, il l'a déja connu, lucidement, lors de sa descente en enfer au Spring Grove hospital de Baltimore. Son selfmetaprogrammer connait la chanson. Il ne se laisse plus piéger. Vite, à pieds joints sur le trampoline vertigineux du niveau "-3"! Et brusquement, sans transition, John se retrouve en "+3". Où il comprend soudain que c'est bien la première fois. Il n'est plus du tout le pauvre robot prisonnier d'un gigantesque ordinateur. Il est programmateur cosmique! Enfin, façon de parler. Il n'est plus rien de qualifiable. A la hauteur où il plane, même le mot bonheur ne veut plus rien dire. Il pleure de joie.
Il pleurera pendant des jours.
Ensuite, il se retrouvera dans cet état pour un rien. Un oiseau sur une branche. Une femme en train de chantonner. Le bruit d'une branche dans le vent. Et hop! il partira. J'ignore au juste comment. Mais John, lui, comprendra pourquoi les grands sages de l'Orient avaient besoin que l'on protège leurs méditations (qui pouvaient durer des mois). Car en "+3", John n'a vraiment plus aucun rapport avec le niveau consensuel "normal" du monde social. La terre pourrait exploser, il ne s'en rendrait pas compte, souriant béatement, jusqu'au bout, dans l'indifférence infiniment paradoxale de la compassion divine.
Cela dure six mois. A la fin, le diable d'homme connaît même ce que les grands initiés appellent le Nectar, l'Amrit. La Lumière d'amour se fait miel et lui coule lentement sur le crâne
https://en.wikipedia.org/wiki/John_C._Lilly
Gwenaël Landunvez
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Gwenaël Landunvez
(ceci dit ça ça saoule ce genre de posts sur AF qui n'est certe pas le meilleur endroit pour causer enthéo, virez les tous j'en ai rien à foutre, j'ai d'autre forum ou je peut le faire pènard)
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