Sujet Bagnole de merde land

L'histoire est un éternel recommencement, et, aujourd'hui, j'ai pu encore faire l'expérience de la véractié de ce vieux dicton.

En effet, combiens de fois avons-nous vu un fabricant automobile naître sur une fondation plutôt discrète, puis se surpasser et devenir tout autre chose ? Des exemples peut-être ?

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Force est de constater que, de plus en plus, les constructeurs coréens semblent quitter leur rôle des débuts, et s'éloignent rapidement du statut de "brique de lait motorisée" à celui de "constructeurs de pointe du 21è siècle".

Et c'est dans cet esprit qu'est né la Kia Stinger.

...comme l'expliquent très biens les journalistes spécialisés sur la toile "this is a statement car" = "ceci est une automobile qui annonce quelque-chose" ; et on ne peut point en douter.

En s'approchant de la voiture, on remarque des lignes qui m'ont immédiatement rappelé de très belles automobiles italiennes d'époque, comme la Maserati Quattroporte. C'est cossu mais élégant, juste au moment où ça pourrait devenir chargé, la ligne ira toujours dans le bon sens. Cette voiture est une pure réussite au niveau du design. Le porte-feuille des couleurs comprend les gros classiques, mais la couleur rouge, devenue depuis un moment, le fer de lance de Kia, lui va comme un gant.

Le véhicule est assis sur de grosses jantes de 19 pouces avec encore suffisament de pneu pour filtrer convenablement la route (40 à l'avant, 35 à l'arrière) ; un mélange très populaire qu'on trouve déjà chez Lexus pour sa RC, entre autres. Ces derniers sont très larges, attention à la facture de gomme à la fin de l'année, surtout que Madame n'est pas légère (1909 kilos) et qu'elle possède une adhérence vraiment exemplaire. Ce qui devrait avoir raison des meilleurs pneumatiques assez rapidement. Je note aussi la présence de gros étriers Brembo multi-pistons sur de gros disques à l'avant et à l'arrière, qui eux aussi coûteront 1.5 bras quand il faudra changer les plaquettes/disques. Attention donc à ces petits frais cachés.

A l'intérieur, même rupture avec la voiture brique de lait. Le styling est "très fortement inspiré" de ce qui se pratique chez la concurrence allemande, au point que certains parlent de rip off, et ce n'est pas peu dire.

Les sièges étaient très très confortables, probablement un 8/10 si on est super exigeant et qu'on compare à ce qui se fait de mieux, probablement 9.5/10 dans sa catégorie de prix. Le cuir avait l'air de qualité et on se sent bien lové tout en ayant une assise plutôt souple, ce qui tranche avec la mentalité allemande des sièges fermes.

Un truc qui m'a vite pété le sac, c'est toute cette pléthorre de petits bitonios digitaux qu'il faut régler avant la première prise en main. Cependant, je salue le fait que, sur cette voiture, il est possible de désactiver absolument tout, et que la voiture garde en mémoire le setup de l'utilisateur même après démarrage. Ce point m'avait énormément énervé sur la Mazda 3, où les assistants n'arrêtaient pas de biper et buzzer à tout va, et on n'avait aucun moyen de les faire taire. Ici, c'est possible. Et, finalement, je remarque rapidement que chaque fonction a son bouton, et que chaque bouton a une place plutôt logique en fonction de ce qu'il doit faire.

Sur le plan de l'équipement, on est en face d'une voiture de luxe. Tu as tout, sauf qu'elle ne fait pas le café ; mais les sièges sont chauffants ou ventilés, la climatisation est bizone automatique, tu as des assistants de ligne, le régulateur de vitesse qui tient la distance (on en reparlera encore après), l'avertisseur d'angles morts, la radio digitale,  le projecteur d'information sur le pare-brise est de série, le coffre à ouverture automatique, TOUT TOUT TOUT ! C'est une folie. La voiture débarque avec tout et tu n'as quasiment pas d'options.

L'habitabilité aux places avant est juste suffisante. Je m'explique ici, mais je suis un GEANT, un tytan qui ne peut, quasiment, jamais s'assoir dans un véhicule moderne, outre exceptions. Cette manie  des fabricants de raboter les toits à conduit à limiter très fortement le nombre d'options disponbiles dans l'industrie automobile actuelle pour moi. Et pourtant, ici, je trouve ma place. L'accoudoir de la portière arrive juste assez loin pour que je puisse y déposer le coude. Le plafond est 3 / 5 centimètres plus loins que ma tête. Le volant est réglable suffisament en arrière pour m'éviter une position inconfortable ou juste incongrue... c'est parfait. Je le répète, je suis une référence en matière de proportions foirées par dame nature, et cette voiture m'accepte. Ce qui veut dire que vous y tiendrez probablement aussi.

Je vais vous parler du coffre un instant, en tant que musicien, un coup sport peut, techniquement, sembler un mauvais choix, mais ce dernier s'ouvre totalement depuis sa fixation au toit :

C'est hyper spacieux. Là-dedans, tu mets une batterie Ludwig avec le gros tom de 26 pouces "à l'aise". Pour ma part, le cab Marshall, plus la guitare, plus la tête, plus du matos vont rentrer sans problème. C'est une très bonne surprise.

Roulons un peu :

Au démarrage, la voiture fait un petit peu trop de bruit ; on est, probalement volontairement, en face de ces voitures un peu austhentatoires qui doivent sinaler par un VRAoouuuum conséquent, qu'elles viennent de s'allumer. Elle ne le fait, cependant, qu'à froid. Ensuite plus. Heureusement que l'échappement est très (trop) discret, ce qui permet de compenser.

La largeur de la voiture est conséquente, et on a ce côté "péniche de sport", que je connaissais déjà depuis la Lexus LS. Un peu dommage pour râcler les virages, c'est un point auxquels les constructeurs de voitures sportives devraient penser plus souvent, mais on s'y fait assez vite. Les routes suisses sont plutôt larges, heureusement.

En quittant le garage, j'entends un petit vroooaaar, absolument charmant et plutôt discret, du V6 Bi-turbo de 3.3 litres (seule motorisation disponible en Suisse). C'est une sonorité rauque, noble, absolument magnifique et qui n'est en rien ennuyeuse, on est loin du 4 pattes qui te dégueule dans l'habitacle. Ce moteur là, on aimerait l'entendre plus, mais, en conduite gentillette, il est plutôt effacé et en arrière.

Je laisse au turbos un moment de chauffe conséquent, en navigant à travers la ville. Je constate à cette occasion l'excellent compromis dans le réglage des suspensions. C'est un réglage typé Lexus, ce qui veut dire que la suspension est axée confort, sans rechigner à la sportivité. Le niveau de confort est très haut, encore renforcé par une insonorisation très poussée de l'habitacle. En ce moment je conduis une Seat Ibiza récente, qui, juste après l'essai me paraissait être un horrible tape-cul, tellement on entend plus la route. Mais attention, pour une voiture de sport, il est parfois bénéfique d'entendre ce qui se passe sur la chaussée, pour entendre certaines spécificités dans le revêtement, et ici, cette voiture est totalement insonorisée. Attention donc sur ce point, car il faudra avoir plus de réserve que sur des machines plus organiques.

Puis, on arrive sur la fameuse montée de St-Cergues. Une route aux mulitples virages et réputée chez les motards pour son côté exigeant. Ici, avec une voiture normale, tu n'atteinds pour ainsi-dire jamais 80 km/h (hormis quelques rares endroits où la frénésie des virages s'interrompt), mais là, ça pousse très fort. Le moteur, poussé au dessus de 4000 tours rage d'une belle voix rauque. Les 4 roues motrices (seule transmission disponible en Suisse), mordent dans le terrain et te propulsent en avant avec force et fracas. Ca ne rigole pas. J'ai un petit malin qui s'est accroché à mon train arrière avec son Audi RS3, mais après 5 virages, la Stinger l'avait totalement largué. Autre constat, pour un autre joueur, une audi RS break (non identifiée) qui, elle aussi, n'avait aucune chance en virage. La Singer pouvait sortir beaucoup plus d'adhérence et était juste plus plantée pour cet usage.

Je note une stabilité extrême, et un caractère absolument sain et planté, qui me rappelle un peu la Lexus ISF, avec un bruit de moteur un poil moins sexy (tu m'étonnes, on parle d'une référence là), mais ça avance. Si tu overshoote un peu les virages, les gros freins te permettent d'immédiatement rétablir le bon ordre. A mon grand étonnement, la voiture se montre plutôt légère sur son train roulant, capable d'avaler les gauches/droites de façon très efficace. Le lag du turbo est minime, et seuls les connaisseurs ou fanatiques de grosse bourre à mort noteront, effectivement, le petit pédalage du Turbo en sortie d'épingle serrée.

Le petit projecteur de vitesse sur le pare-brise s'avère extrêmement utile sur cette voiture. On aurait très vite fait de dépasser les 80 km/h avec elle, et d'avoir ce rappel en vue permettra à beaucoup d'éviter de trop financer l'état.

Mais la Kia n'est pas forcément, à proprement parler, une pure sportive. Je la décrirais plutôt comme une vrai "gran turismo", avec cette capacité à se faire totalement oublier et être juste un gros canapé roulant, extrêment confortable et silencieux. Je note un gros plus pour le régulateur de vitesse adaptatif, qui permet de suivre parfaitement la voiture qui vous précède, et qui freine tout seul pour garder l'écart. Sur une petite route de montagne, ce système permet littéralement d'oublier la vitesse et le frein. On est en détente totale, et, à condition que la voiture devant n'oublie pas de freiner, on est aussi en sécurité totale.

Sur l'autoroute, la voiture a démontré ses capacités de grande routière, avec un régime d'environ 1'900 tours/min à 125 km/h, ce qui offre un fond sonore quasiment inexistant et permet de rouler de longues distances sur un filet de gaz. Le système d'assistant de ligne et l'avertisseur d'angle-mort peuvent aussi être utiles pour cet usage, mais ce sont des options que je n'apprécie, personnellement, pas. Je préfère utiliser mes rétroviseurs et rester en alerte que de m'appuyer sur la technologie pour ce point.

Je n'ai pas pu procéder à un test de consommation. Mais personne ne se leurrera en pensant "économiser" beaucoup d'essence avec un moteur 3.3 double turbo.

Mot de la fin :

La Kia Stinger est une pure merveille de voiture grand tourisme. Elle sait se montrer extrêmement confortable, tout en étant capable de très hautes performances quand on la taquine. C'est, jusqu'à présent, le véhicule capable de ce grand-écart Van-Damnesque, le plus aboutit que j'ai essayé. Le prix de 54'000 CHF en fait une vraie affaire dans ce segment de véhicules (là où une Lexus 4 cylindres 244ch avec le même équipement va douiller 64'400 Chf, et une BMW M4 va réclamer 81'400). Je me dois de noter que la Kia est garantie 7 ans, à l'inverse de tous ses concurrents qui proposent entre 2 et 3 ans de garantie, ce qui peut être un vrai argument d'achat pour certains.

En revanche, attention à la décote après achat. Car Kia n'a, pour l'instant, pas le blason pour permettre de garder une stabilité de prix élevée. C'est donc un véhicule qui décotera assez vite sur sa durée de vie.

Citation de : le reverend

En dehors de ça, je te citerai la réponse de mon fils face à la Lexus ISF d'un copain (480cv) :

Citation de reverendson :

"une voiture avec une puissance et une consommation pareilles aujourd'hui, c'est complètement débile. Ils feraient mieux de faires des bagnoles économes."

Ca existe, ils appellent ça : Lexus RC/IS 300h. 4.7l au 100. Ca a la tête d'une Lexus, mais la consommation d'une Prius.

Citation de : youtou

Citation :

Madame n'est pas légère (1909 kilos)

J'ai cru que tu t'étais planté, ménon dans la version que t'as eue c'est bien 1909 kg.
C'est quand même totalement ridicule une voiture de ce poids en 2018. A foutre au feu.

Ouaip, je partage ton avis sur ce point, le poids des bagnoles ne cesse d'augmenter. Dans l'ancien temps, seuls de gros breaks atteignaient vraiment les 1'600kg. Maintenant, 1'600kg, c'est considéré comme léger sur une voiture de classe moyenne. La faute, parait-il, aux capteurs et à toute l'électronique embarquée, aux normes crash-test de plus en plus exigeantes, mais aussi aux dimensions, qui ne cessent d'augmenter.

Quelques poids pour comparer :

Audi A4 S4, 1705 kg
Audi Q7, 2550 kg
Hyundai IX35, 1537 kg
Ford Kuga, 1 533 kg
Peugot 309, 1350 kg