opinion Qu'est ce qui vous navre automatiquement ?
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le reverend
Bon, celui-là il me manquait comme thread.
J'ai mis longtemps à le conceptualiser, mais là, je crois que c'est bon.
C'est parti...
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)
Will Zégal
A titre d'exemple, j'ai vécu dans plusieurs quartiers de Lorient qui sont bien des quartiers, avec leurs commerces, leur vie propre. A chaque fois, j'ai fini par y connaître une partie du voisinage. Et partager un verre au bistrot avec un certain nombre, porter les courses de telle personne âgée, dépanner tel voisin avec mes câbles, garder le chat de tel.le autre ou confier mon chien pour quelques heures ou quelques jours, etc.
Bref, quelque chose de pas si différent des vies de village que j'ai aussi connues.
Je pense que c'est bien plus vivant, à condition d'avoir réellement un quartier, que bien des cités dortoir rurales ou périurbaines qui perdent leurs lieux de socialisation dès que disparaîssent l'école et le bistrot.
iktomi
Tu me diras que beaucoup de ces choses ne sont pas "propres à la ville", et je dirais que la ville est quand même un appareil particulièrement efficace pour en alimenter la quintessence.
Je ne dis pas non plus qu'on est foutus, que tout est déjà "au pire du pire et verrouillé", je suis également le premier à dire que ce jeu de lutte (qui n'y ressemble pas, pour beaucoup), est une compétition de tir à la corde bougeant un peu tous les jours, mais j'ai peur que le tournant politique de plusieurs pays d’Europe en ce moment soit le symptôme que le repli sur soi (même en groupe) tire plus fort en ce moment.
[ Dernière édition du message le 05/01/2023 à 18:53:58 ]
Will Zégal
Je me rappelle du témoignage d'un réalisateur qui avait fait un documentaire pointu et exigeant (et coûteux) qui avait connu un assez fort succès d'audience. Il expliquait que la pauvreté des programmes télé était surtout due aux préjugés des programmateurs qui étaient convaincus que la la qualité ne faisait pas d'audience, quoi qu'en disent les chiffres. Il sous-entendait d'ailleurs un énorme mépris pour les spectateurs derrière ça.
Plutôt que de penser à une malveillance ou un complot, je préfère penser que ces conditions sont le fruit de la mentalité des décideurs, des architectes, etc, qui sont pour la plupart sinon tous des gens qui ne vivent pas dans les ensembles, voire les quartiers qu'ils conçoivent ou administrent.
Je n'ai vu que les maires de petites communes que se battre bec et ongles contre la fermeture de leur école. Sauf que ceux qui en décident, ben ils ne vivent pas là.
Surtout, en matière politique, je me garde désormais de m'occuper des intentions. Je préfère me focaliser sur les faits.
Le problème avec les intentions, c'est qu'on n'en sait la plupart du temps rien. On prête des intentions, d'autres disent non, d'autres en prêtent de meilleures ou de pires et finalement, on perd un temps et une énergie de malade en spéculations au lieu de se focaliser sur les faits, sur les conséquences des décisions, etc.
Des décisions néfastes peuvent être prises avec plein de bonnes intentions dont l'enfer est pavé. Je suis à peu près persuadé que presque tous les maires de petites et moyennes villes qui ont accueilli des supermarchés à bras ouverts l'ont fait face à la promesse de création d'emplois et ne voulaient pas la mort de leurs commerces de centre ville.
Par ailleurs, en mettant les choses sur le terrain des intentions, on permet aux décideurs de s'exonérer de leurs erreurs.
"Comment pouvez-vous me reprocher la création d'une rocade sur une zone humide alors que je ne vise que le bonheur des pauvres automobilistes qui se tapent une demi-heure de bouchon pour aller travailler et le développement économique de ma ville ?"
iktomi
Je n'ai pas dis que personne ne luttait contre, que les maires étaient tous pourris ni que seule la malveillance était source des maux. (rasoir d'Hanlon, jusqu'à un certain point quand même, la lutte des classes ce n'est pas juste une course d'aveugles)
Mais sans l'avoir précisé, quand je parle de décisions politiques volontaires, je parle bien de la grappe bourgeoise tout en haut, pas des collectivités, communes et autres associations et appelés "corps intermédiaires". (tiens dans tout ce que j'ai effacé je parlais aussi de ce choix gouvernemental de laisser aux associations l'application des rustines sur les trous causés par... le premier, et qui légitiment malgré elles qu'il ne fasse rien justement.)
Will Zégal
linn134
En gros, il fallait faire des pâtés de maisons avec la mentalité de Menton : stérile et grabataire, des EHPAD sans accompagnement.
L’accession à la propriété et le locatif devaient clairement ne pas être trop « visible » surtout des propriétaires retraités.
C’est une façon de voir les choses typiquement basée sur un argumentaire de vente pour séduire une population qui a une tendance pathologique à l’égoïsme. Même si cette population n’est pas aussi fermée que les promoteurs le suggéraient, c’est bien elle qui a investi les murs et trouve cela pas si mal.
C’est un des facteurs qui m’a conduit à changer de carrière. Il y en a beaucoup d’autres.
Pour le coup, les torts sont partagés : les promoteurs ont délibérément créé du sécuritaire égoïste et les clients qui y vivent finissent pas ne plus supporter le moindre pet de mouche quand ils en sortent.
On ne va même pas aborder l’histoire de la mixité sociale, ça va encore me rendre malade.
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iktomi
le moindre pet de mouche (...) va encore me rendre malade.
Désolé, trop de phrases tentantes dans ton post.
Mais je parle bien de facteurs résultants, et non de volontés d'en arriver où on est (venant de moins de monde que ce qu'on pourrait croire).
Offres et demandes conjointes, sur des catégories bien particulières quand même. Et la gentrification qui sédimente le tout, et contre laquelle il est difficile de lutter sans y aller franco.
linn134
C’est un peu un concept fourre-tout qui n’aide pas à voir que le phénomène n’est pas issu d’une seule volonté mais une dynamique tout à fait ordinaire conjuguée à un principe économique.
Pour faire simple on prend un quartier populaire avec tout ce que cela comporte en terme de problématiques : vétusté, paupérisation, abandons, infrastructures mal entretenues et insuffisantes.
Là-dessus on fait intervenir un phénomène tout à fait normal : la rénovation une fois que tout est bien pourri. On fait la même chose avec les infrastructures et les services publics en France, ce n’est pas spécifique à l’immobilier, on refuse d’entretenir pour des raisons de coût.
Donc on refait le quartier à neuf. C’est à dire que tout ce qui est infras, services, voirie, etc, est tout propre.
Sauf que ça a coûté des sous et qu’il faut bien régler l’addition. Qui va pouvoir s’y installer ? Les gens qui en ont les moyens.
Sur cela on ajoute une dose de spéculation immobilière et pouf : de la gentrification. Magique.
On pourrait l’empêcher de prendre de telles proportions : il suffirait de faire en sorte que l’addition soit moins salées avec un concept totalement novateur que j’ai décidé d’appeler « entretien ». Mais ça n’est pas dans la mentalité franchouillarde et le dernier rapport sur l’état des infrastructures nationales dit exactement la même chose.
Bref : la gentrification continuera d’exister tant qu’on refusera d’assumer l’entretien permanent (un peu comme l’obligation de ravalement qui est déjà beaucoup trop tardive) ce qui créerait de l’emploi en plus.
Les seuls entretiens qu’on semble apprécier sont ceux avec les vampires de la technocratie nationale.
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iktomi
Tout au plus la volonté de ne rien faire pour l'adoucir...
Si tu évoque une gentrification sous un angle plutôt "territorial", on peut décrire le même majoritairement mû par les gens, les petits commerces, les personnes un peu plus aisées qui viennent s'installer et ouvrir boutique dans un quartier "pittoresque" (on évoque souvent les artistes sans le sous, mais je pense que certaines populations estudiantines y font beaucoup aussi), et qui petit à petit, font venir des intérêts commerciaux et des populations plus argentées, augmentant les tarifs des commerces et des loyers / achats immobiliers, le taux d’impôt du secteur, donc les entretiens comme dit, et ainsi de suite... après, l’œuf ou la poule, tout ça...
C'est un mouvement quasi "naturel".. Mais ce qui est n'est pas nécessairement ce qui devrait être.
Par contre, un gros oubli fréquent dans la description de la gentrification, c'est l'exclusion des classes pauvres toujours plus à l'extérieur des zones en question.
[ Dernière édition du message le 05/01/2023 à 21:01:39 ]
linn134
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