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Sujet Qu'est ce qui vous agace automatiquement?

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Sujet de la discussion Qu'est ce qui vous agace automatiquement?
Hein?
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72671
Bon on en était au Côtes-du-Rhône, je crois.
Mais ce que vous pouvez être agaçants, à la fin!1895087.gif


1897042.gif1895017.gif

et 1894915.gif

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

72672
AGASSOTO: La semaine passée, j'ai accompagné trois groupes de peinture (adultes) au musée de Grenoble, pour une visite commentée (en lien avec les points abordés en cours pendant l'année).

On a fait la visite dans le sens chronologique (je voulais leur montrer, premièrement à quel point on se fait de fausses idées sur la peinture ancienne, à propos d'un soi-disant "fini", en fait c'est dégueu 1895663.gif on voit "tous les coups de pinceau", et deuxièmement, en commençant par les icônes du haut moyen-âge, combien les modernes avaient largement puisé chez les anciens pour échafauder leur soi-disant "révolution picturale").

On a fini par l'art contemporain.

Quel ramassis de merdes verbeuses! Il y avait là des installations, des images 2D réalisées avec divers moyens, et des volumes.
Je ne comprends pas qu'on mette ces trucs dans les mêmes locaux que l'art plastique. On encourage là une confusion regrettable dans l'esprit du public, et cet encouragement ressort évidemment d'un certain populisme.
Il s'agit certes d'une forme d'expression (et en effet les arts plastiques sont aussi, entre autres choses, une forme d'expression), mais c'est quelque chose de tellement différent... ca ne fonctionne pas du tout de la même manière. Autant il y a un lien de sens direct entre Giotto et Robert Ryman, autant existe une césure totale entre ce dernier et Louise Bourgeois par exemple.
Pourquoi?
Il convient de faire une différence essentielle entre ce qu'on appelle les arts plastiques, qui font émerger le sens des rapports de formes et de couleurs, ou de volumes, et tout ce qui ressort de l'art conceptuel, qui produit un discours sur... en utilisant des articulations d'idées illustrées par des images.

Petit point d'histoire des arts: D'où sort l'art abstrait?
Directement des deux guerres mondiales. Elles n'avaient pas été déclenchées par des brutes, mais par des gens cultivés, à la rhétorique habile et raffinée.
Au sortir de la première guerre mondiale, des artistes, effarés par l'ignoble pouvoir justificatoire des discours et des idées, ont essayé, trouvant suspect tout discours amalgamé aux productions artistique, et trouvant suspect par conséquent tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à tout cet art d'histoire, de propagande, d'allégorie etc, ont essayé de radicaliser ce qui finalement fait sens et fait valeur dans toute oeuvre plastique: le pouvoir mystérieux d'envoûtement qu'exercent sur l'esprit humain par le biais d'une sorte de perception directe et immédiate (que l'on assimile un peu vite à l'"émotion"), les rapports de formes, couleurs, textures, volumes. revisitant les primitifs, ils ont tâché de saisir et d'utiliser ce qui donne à l'icône, par exemple, et aux arts "primitifs" en général, cet incroyable pouvoir de fascination.
Rebelote, exactement, après la seconde guerre mondiale: comme les américains y ont plus largement trempé que lors de la première, la sainte horreur inspirée aux artistes par toute forme de discours fait émerger les grandes figures de l'art abstrait américain, dans des formats monumentaux.

il s'agit donc, dans les deux cas, d'une réaction saine et constructive d'évitement plus ou moins concerté de certains écueils mortifères ayant deux fois conduit le monde à la folie meurtrière;
Elan vers la pureté, vers la reconquête nécessaire d'une sorte d'innocence, visant droit au coeur d'une nécessité de vérité intérieure sans concession, sans commentaire, sans justification.
Actes d'amour, finalement, et de confiance en l'avenir.
Art difficile aussi, cherchant à fonctionner sur le contournement d'un conditionnement fort du public occidental: le recours systématique au concept pour appréhender quoi que ce soit.
Vers 1950, la grande peintre Maria Helena Vieira Da Silva répondait ainsi à un interviewer qui lui demandait quel était le sens de sa démarche artistique: "L'atelier de l'artiste, pour moi, doit être compris tout à fait comme un atelier au sens où on l'entend en mécanique: C'est un endroit où quelque chose est en réparation; et c'est le monde, que l'on répare là."

Autant vous le dire tout de suite, il s'agissait là pour moi, à ces deux époques, avec ces moyens non pas nouveaux (puisqu'ils sont aussi inextricablement mêlés à tous les chefs d'oeuvre de l'art de tous les temps) mais résolument sélectionnés et explorés, d'une véritable avancée vers le Beau et le Vrai, d'une entreprise extrêmement méritoire et courageuse, quoique d'une difficulté immense.

J'ai fait les Bx-Arts entre 1982 et 1987. tandis que j'étais dans mes deux dernière années, j'ai vu arriver à l'école une nouvelle population de personnes qui avaient, c'était un fait nouveau, "des choses à dire", et dont l'imaginaire était alimenté par la percée, réalisée dans ces années-là en europe, de ces nouveaux artistes installationnistes.
Ayant beaucoup discuté avec ces gens, j'ai fini par m'apercevoir qu'ils ne percevaient absolument pas le pouvoir expressif direct des formes et des couleurs, pas plus loin que la question du goût en tout cas.
Etrange handicap dans une école d'arts plastiques, que de passer complètement à côté de ce qu'il y a précisément de "plastique" dans une oeuvre de l'esprit... Comme un littérateur qui ignorerait ingénument l'alphabet, l'orthographe, la syntaxe et la conjugaison.

Bien entendu, ces gens-là produisaient à tour de bras. A l'aide de ce qu'ils avaient appris faire sens, en exclusivité, au cours de leur scolarité: Des concepts.

Retour du discours, des pages de commentaires justificatoires au bas des oeuvres sur les murs des salles d'expo.
Un art populiste, puisqu'il suffit de lire pour accéder, de rester dans l'ornière ordinaire, celle, en passant, qui donne pouvoir et puissance à tous les tyrans depuis toujours.
Un art, donc, parfaitement rétrograde et réactionnaire. Le contraire exact de la liberté créatrice (bien que souvent, tout tourne sempiternellement autour de l'idée de provocation... amusant...)

Hé oui c'est désolant: Il y a, en tant que spectateur, un "petit travail" à faire pour être impacté par Giotto, Van Gogh, Pollock ou Basquiat. C'est une forme de pensée différente, non discursive, immédiate, profonde, étrange, qui ne peut parler pertinemment que de domaines qui paraissent diffus, voire confus, au banal travailleur du chapeau.

"Tout n'est pas à peindre, ainsi que beaucoup le pensent." disait magnifiquement Bram Van Velde, vers 1960.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

72673
La j'ai pas le temps de lire, mais je salue la mise en page.
72674
J'aurais tendance a etre d'accord avec oryjen sur son dedain de l'art conceptuel.
72675
trau : :bravo:

Avant j'étais indécis, maintenant je n'en suis plus très sur...

Ken Smith Addict

 

72676
Ory, tes posts existent en version Kindle?
72677
Ou reader's digest ?
72678
Orygen: merci de mettre des mots sur un truc que, faute de la moindre réelle connaissance / compétence dans le domaine des arts dits plastiques, je n'avais pas su formuler tout en ayant l'intuition qu'un truc ne tournait pas rond. :bravo:

I must not fear. Fear is the mind-killer. I will face my fear.

72679
Pour paraphraser un AFien célèbre :
l'art contemporain, c'est de la merde.

.:MonSoundCloud:.

 

Le Seigneur des Marteaux
"Un marteau pour les aplatir tous."

72680
En lisant en diagonale ça donne pourtant d'excellentes citations :bravo:

exemple :

Citation :
Hé oui c'est désolant Van Gogh étrange travailleur du chapeau
Dans le doute, le mieux ça serait quand même une ligne inox.