Si comme l’a dit Paul Claudel "l’œil écoute", c’est forcément que l’oreille regarde. On ne saurait donc parler de musique Live sans parler lumières, d’où cette nouvelle série d’articles sur le plus silencieux des instruments : l’éclairage…
Si comme l’a dit Paul Claudel « l’œil écoute », c’est forcément que l’oreille regarde. On ne saurait donc parler de musique Live sans parler lumières, d’où cette nouvelle série d’articles sur le plus silencieux des instruments : l’éclairage…
Quelle est la différence entre un album studio et un concert de Pink Floyd ? Voilà bien une question à laquelle il n’est pas facile de répondre. D’aucuns diront que la musique diffère de l’un à l’autre, et c’est vrai que les soirs de folie, David Gilmour peut sans crier gare métamorphoser un de ses solos sur scène : jouer 2 blanches à la place d’une ronde, par exemple, histoire de réveiller le premier rang… Pour le reste, force est de constater que les différences sont rares. Alors, oui, il y a plus de monde au concert que dans votre salon, et le son craché par les murs d’enceintes est autrement plus massif que celui de votre mini-chaîne Hi-Fi, mais globalement, ce n’est pas sur ces détails qu’on peut vraiment distinguer le concert du CD. Côté visuel en revanche, la différence est plus nette car si le disque ne flatte que vos oreilles, le concert vous en met, quant à lui, plein la rétine ! Tapis brumeux traversés de lasers, faisceaux traçant leur chemin au travers de volutes multicolores, éclairs pourpres, flashes orangers, motifs et volumes évoluant au rythme de la musique : un concert de Pink Floyd se regarde autant qu’il s’écoute…
Et à bien y penser, la chose ne vaut pas que pour les concerts de Pink Floyd mais pour n’importe quel événement car, avec la sono et le DJ bien sûr, c’est encore l’éclairage qui va faire la différence entre une pendaison de crémaillère dans un petit 2 pièces et une party géante dans une usine désaffectée. Bref, bien qu’il ne produise aucun son, l’éclairage est un élément capital en Live et il était temps qu’AudioFanzine s’intéresse un peu plus à son cas. Pour ce faire, je laisse d’ailleurs la parole aux vrais éclairagistes, ces hommes de l’ombre qui font la lumière et qui ont pour nom Clowny et Jomolaser…
Los Teignos
Le rôle de l’éclairage
Lors d’un spectacle, dans le cas d’un éclairage de scène, l’éclairage doit mettre en valeur le ou les artistes. C’est son rôle principal. S’il ne le fait pas, l’éclairagiste n’aura pas bien fait son travail.
Ensuite, il doit également créer une ambiance. Un spectacle doit rester un évènement « magique » dans l’esprit du public. Si on ne fait pas la différence entre 6 néons alignés au plafond, et une demi-douzaine de PAR ou de lyres, vous aurez peut être éclairé l’artiste, mais vous n’aurez rien créé de magique. C’est là que se situe tout l’art et la technique de l’éclairagiste, qui doit agir sur ces deux paramètres qui peuvent parfois se montrer assez contradictoires.
L’éclairage de soirée, quant à lui, n’a pas le même but. Son rôle principal est la création de l’ambiance. C’est son unique objectif.
Là encore, il doit créer quelque chose de magique, participer à l’atmosphère, retranscrire l’émotion musicale de l’instant et inviter à la danse. L’éclairagiste, souvent appelé Light Jockey pour ce type de travail, doit là encore trouver sa place et apporter par sa mise en lumière, un dépaysement et un accompagnement du public.
Ceci étant posé, l’éclairage, c’est aussi une terminologie. Avant et de détailler le matériel par les sculpteurs de lumière, il convient donc de passer en revue l’essentiel de leur vocabulaire…
Vocabulaire de l’éclairage
ACL : Abréviation de « AirCraft Lamp », qui signifie lampe pour avion. Les lampes ACL se caractérisent par une tension de 28 volts et un faisceau très serré (entre 7 et 11°). Elles sont utilisées par 8 (2 groupes de 4), cablées en série (8 × 28 = environ 220 volts). Disponible aux formats PAR36 et PAR64, elles consomment 250 ou 600w selon les modèles et on une durée de vie très limitée (de 25 à 100 heures max).
Automatique / Asservi / Robotisé : Projecteur d’éclairage fixe ou mobile dont les fonctions sont motorisées et télécommandables à distance. Ex. : lyre, scanner, projecteur changeur de couleurs, etc…
Bloc de puissance / Gradateur : Appareil chargé de distribuer le courant électrique dans les projecteurs traditionnels via un certain nombre de circuits. Le gradateur permet de faire varier de 0 à 100% le niveau de chaque circuit individuellement. Il est contrôlé à partir de la console lumière qui permet à l’éclairagiste de choisir, programmer, envoyer les circuits souhaités en fonction du spectacle. Concrètement, on peut dire qu’il va transformer le signal DMX en intensité de courant électrique.
Brouillard : Le brouillard est une fumée dont les particules, plus fines que leurs homologues de la fumée classique, permettent une diffusion plus légère et homogène.
Canal (~ DMX) : l’un des 512 canaux de la trame DMX. (nous y reviendrons).
Chaser (anglais) : Une chaser un programme de plusieurs pas qui s’enchaînent (nous y reviendrons).
Colorimétrie : La colorimétrie, en éclairage de spectacle, c’est l’indication de la température de couleur, qui va correspondre à différentes nuances d’une couleur de base selon différents facteurs (dont les propriété des lampes).Cette température est noté en degré Kelvin (°K).). En règle générale, ce terme technique c’est juste le calcul de la longueur d’onde d’une couleur.
Conduite : La conduite est un document papier regroupant l’ensemble des effets lumière d’un spectacle dans l’ordre chronologique. Elle permet au pupitreur de savoir exactement quel effet envoyer et à quel moment.
Contre (à ~) : Ensemble des projecteurs disposés à contre jour du public.. Souvent à l’arrière des artistes, orientés vers la salle.
Cour (a~) : Désigne le côté gauche de la scène lorsque l’on se place sur celle-ci en regardant le public. Pour le public, c’est le côté droit.
CPxx : Désigne l’ouverture des lampes de PAR64. Les plus répandu sont les CP60 (serré), CP61 (medium) et CP62 (large).
Démultiplexeur, démux’ : Appareil permettant de transformer un signal DMX en signal analogique 0/10V.
Dip-Switch : C’est un des moyens de donner une adresse à un appareil DMX qui est en pourvu. Il est en « concurrence » avec l’écran digital déroulant (nous y reviendrons).
DMX : Le DMX 512 est un signal de commande numérique qui permet de faire passer dans un seul câble 512 canaux d’informations. Ces informations comportent chacune 255 niveaux (de 0 à 255 = de 0 à 100%). Chaque projecteur utilise un certain nombre de ces canaux, correspondant chacun à une fonction ou à un paramètre spécifique (nous y reviendrons).
Elingue : Câble en acier équipé d’une boucle a chaque bout ainsi que d’un mousqueton ou d’une manille. Il existe 2 types d’élingues :
- Elingue de sécurité : son rôle est d’empecher la chute d’un appareil en cas de défaillance du système d’accroche principal. L’élingue de sécurité est obligatoire.
- Elingue de levage : utilisé pour le levage de charge, elle est similaire a l’élingue de sécurité mais accepte des charges plus importante graçe a son diamètre plus gros.
Etat lumineux : voir « scène ».
Face (de ~) (à la ~) : Ensemble des projecteurs utilisés pour éclairer les artistes ou la scène et disposés à partir de la salle ou de l’avant scène et orientés droits vers le plateau.
Filtre : Il sert à coloriser le faisceau d’un projecteur en filtrant certaines longueurs d’ondes et en en laissant passer d’autres. Deux types de filtres les plus courants :
- La « gélatine », un film souple et coloré utilisé généralement sur les projecteurs traditionnels par simple positionnement devant ceux-ci.
- Les filtres dichroïques : des filtres de verres teintés par un procédé spécial qui permet d’obtenir des couleurs particulièrement pures et peu altérables.
Frost : flou (filtre (gélatine ou verre traité) permettant de donner un aspect flou sur un faisceau net et focalisé.
Gélatine : voir Filtre.
Gobo : Les gobos sont des pièces de métal perforées qui laissent passer la lumière par endroit, créant ainsi des formes, dessins, logos, etc. Ces pièces, convenablement focalisées par le système optique d’un projecteur approprié, permettent donc la projection de ces images.
L’utilisation d’un gobo permet également de modifier l’aspect volumétrique d’un faisceau de lumière et de lui donner une « forme » découpée dans l’espace, depuis son émission jusqu’à son impact sur une surface. Il existe de nombreux types de gobos pour de nombreux types de projecteurs, en métal, en verre, coloré ou non . Précisons que les gobos ont également différentes tailles normalisées.
Jardin (a ~) : Désigne le côté droit quand vous êtes sur scène et que vous regardez le public. Pour le public, il s’agit du côté gauche.
Lampe / ampoule : La lampe est la source de lumière de tout projecteur. Il existe 2 grandes familles de lampes utilisées dans le spectacle, les lampes halogène, et les lampes à décharge :
- La lampe halogène ne nécessite pas d’amorçage. Elle est économique (à l’achat) et coûteuse (sur le long terme), c’est pourquoi on la retrouve dans de nombreux projecteurs abordables (pas forcément bas de gamme). Ses inconvénients sont sa couleur, légèrement jaune, sa durée de vie plus courte que celle de la lampe à décharge (c’est pourquoi elle est coûteuse, il faut souvent la changer au bout de 50, 100 ou 300 heures d’utilisation suivant les modèles) ainsi que son rendement lumière bien moindre (environ 25 lumens par Watt).
- Par rapport à une lampe halogène, la lampe à décharge produit une couleur plus blanche (lumière du jour) et plus lumineuse, à puissance égale (environ 85 lumens par Watt). Elle nécessite un système d’alimentation avec ballast et amorceur. La lampe à décharge est plus économique que la lampe halogène sur le long terme, grâce a sa durée de vie supérieure et un rapport lumière / prix plus avantageux.. De nombreux types de lampes à décharge sont couramment utilisés en éclairage scénique : HMI, MSR, MSD, HTI, etc…
MàF / MàB : Abréviation de Machine à Fumée et de Machine à Brouillard.
Mergeur DMX : Appareil permettant de mélanger 2 signaux DMX en un. Très utile lorsque 2 consoles sont utilisées.
Multipaire : Câble multiconducteur permettant de regrouper plusieurs ralonges électrique en un seul câble. Un multipaire complet se compose généralement d’un fouet mâle (aussi appelé éclaté ou épanoui), du multipaire, puis d’un boitier de scène (aussi appelé patch) ou d’un fouet femelle. Le multipaire utilise des connectiques spécifique de type Harting ou Socapex. A noter qu’une autre version de multipaire Harting (avec des contacts pus petits) est utilisé en son.
Multiplexeur : Appareil permettant de transformer un signal 0/10V en signal DMX.
Noir : Le terme de noir désigne un état de l’éclairage sur scène, c’est un effet précis. Un peu comme le black-out en discothèque (à la fin d’un morceau, sur un effet, fondu au noir, etc…).
Noir salle : Le terme de noir salle désigne l’état de l’éclairage en salle. Le noir salle est lancé avant le commencement du spectacle. C’est l’extinction des lumière en salle.
Ouverture (angle) : l’ouverture c’est le coefficient d’évasement d’un faisceau de lumière par rapport à sa source. certains projecteurs ont une ouverture fixe et déterminée, d’autres permettent un réglage permettant de la faire varier. Plus l’ouverture est grande, plus le faisceau sera large à une distance égale.
P17 : Type de prise. Les P17 sont utilisées pour des intensités de courant de 16 à 125 ampères, aussi bien en monophasé qu’en triphasé et en tétrapolaire.
PC16 : Abréviation de « Prise Classique 16 ampères ».
Pan : Réglage d’un projecteur sur le plan horizontal. C’est un réglage manuel pour un projecteur traditionnel ou une orientation pour un projecteur asservi (miroir ou lyre). Aussi appelé X ou site.
PAR : Parabolic Aluminized Reflector. Projecteur très simplement constitué d’un cylindre d’aluminium dont le système optique tient uniquement dans la constitution de son ampoule, à laquelle sont intégrés un réflecteur et une lentille qui donne ses propriétés au faisceau. Il en existe dans plusieurs formats avec différents types de lampes (PAR 64, PAR 56, PAR 16, etc…)
Pas : Un pas (ou step, qui signifie étape en anglais), désigne un état lumineux (un certain réglage de l’ensemble des paramètres de chaque projecteur de la scène) faisant partie d’un programme de plusieurs pas (chaser). On rencontre ce terme lors de la programmation lumière d’un chaser (nous y reviendrons).
Plan de feux : Plan désignant la position, l’orientation et le réglage des projecteurs sur une scène. Il est utilisé par les techniciens pour le montage du matériel.
Praticable, pratos : Elément de scène modulable, il en existe de différentes tailles, les plus courant étant les 2m par 1m, ainsi que les 1m par 1m.
Scène : Dans une programmation, une scène est une position et un réglage précis de l’ensemble des projecteurs. On l’appelle également « état lumineux ». Une scène peut simplement être une mémoire unique ou faire partie d’un chaser (elle est à ce moment à considérer comme un « pas »).
Scroller (« Changeur de couleur » ou « changeur ») : A ne pas confondre avec le projecteur changeur de couleur qui est un projecteur asservi, le Scroller est un appareil se fixant à la place du porte filtre d’un projecteur traditionnel. Il permet, par un mode d’asservissement, de contrôler un système d’enrouleur de différentes gélatines dont le positionnement dans le faisceau est mémorisable.
Splitter DMX : Appareil servant à multiplier un signal DMX entrant en plusieurs lignes sortantes. C’est une sorte de multiprise DMX. Il permet de simplifier grandement le câblage d’une installation, notamment dans le cas ou les projecteurs sont dispercés.
Spot : C’est l’impact du rayon d’un projecteur sur une surface (surtout utilisé pour des projecteurs optique type découpe, poursuites ou asservis à effet).
Tape (anglais) : Adhésif. Il y en a 2 types très prisés dans l’évènementiel :
- Le gaffer, gaff’, gaffa : Cet adhésif connu pour sa polyvalence dispose d’un fort pouvoir d’adhérence et ne laisse aucun résidu de colle sur les surfaces. Sa structure toilée permet de le déchirer très facilement sans outils. Il en existe de tous types et de toutes les couleurs, c’est LE scotch du spectacle. Il est utilisé pour la fixation de câbles, d’accessoires, de tissus, pour la réalisation de passage de câbles, pour repérer des positions sur scène…
- Le barnier : Cet adhésif est a un isolant électrique (scotch d’électricien), il est utilisé dans l’évènementiel pour le pliage des câbles ainsi pour les fixer proprement sur une structure (la ou sa petite taille est un atout). Il dispose d’un fort pouvoir d’adhérence, mais a tendance a laisser des résidus de colle (notamment dans le cas d’un contact prolongé), et ne se déchire pas aussi facilement que le gaffer.
Tilt : Réglage d’un projecteur sur le plan vertical. C’est un réglage manuel pour un projecteur traditionnel ou une orientation pour un projecteur asservi (miroir ou lyre). Aussi appelé Y ou Azimut.
Totem : Ensemble composé d’une embase lourde, d’un ou plusieurs éléments de structure, et d’une embase légère permettant l’installation d’une lyre au sommet.
Traditionnel, Trad : Ce terme regroupe l’ensemble des projecteurs fixes et non motorisés dont le fonctionnement est assuré par une simple mise sous tension. Les PAR, les PC…
XLR : Connecteur généralement utilisé en éclairage pour le raccordement du signal DMX. Il en existe différents types, les plus courants étant les 5 points et les 3 points, ainsi que les 4 points pour certains scrollers.