Un home studio isolé phoniquement, c’est bien. Mais il y a encore bien du travail avant d’en faire une pièce idéale pour enregistrer et mixer de la musique. On parle alors de traitement acoustique.
Rappelons-le en effet à l’attention de ceux qui débarquent : si l’isolation et le traitement ont en commun d’agir sur les ondes sonores, ils ne poursuivent absolument pas les mêmes buts et donc les mêmes méthodes. Là où l’isolation cherche à obtenir une qualité de silence à l’intérieur et à l’extérieur du local (s’assurer qu’on n’entende pas les bruits du voisinage lorsqu’on enregistre et que ce dernier n’entende pas les bruits que l’on fait), le traitement vise quant à lui à améliorer la « qualité sonore » de la pièce. Son but est d’obtenir une réverbération qui ne soit pas trop prononcée (RT autour de 0,5 seconde dans l’idéal), et un rendu des sons qui soit le plus homogène et linéaire possible sur le plan spectral. Concrètement, il s’agit de ne pas sentir que telle ou telle fréquence semble tout à coup très mise en avant ou au contraire inhibée quand vous vous déplacez dans la pièce.
Et soulignons-le de deux traits pour dissiper un vieux malentendu : l’isolation n’implique pas le traitement tout comme le traitement n’implique pas l’isolation. La pose de panneaux acoustiques n’aura ainsi qu’un infime effet sur l’isolation phonique d’un local tandis que la parfaite isolation d’une pièce ne garantit en rien qu’elle dispose d’une bonne acoustique.
Précisons-le enfin pour clore ce préambule : plus encore que pour l’isolation, il est impossible d’obtenir une acoustique parfaitement uniforme, même à un niveau professionnel. Malgré tous vos efforts, vous ne pourrez pas contrôler le mouvement de chaque molécule d’air et vous aurez toujours un coin de pièce qui ne sonne pas tout à fait comme un autre. Or, dans la mesure où ces différences demeurent subtiles, elles sont même tout ce qui fait la richesse d’une pièce et son identité. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que, même dans les plus prestigieux studios, on voit les plus grands ingés son arpenter la pièce en tapant dans leurs mains avant de décider de l’endroit où ils placeront chaque instrument et chaque micro, quitte ensuite à procéder à des ajustements avec des panneaux amovibles.
Ceci étant précisé, penchons-nous à présent sur notre traitement.
Chez le traiteur
Pour ce faire, l’interlocuteur idéal, c’est encore une fois l’acousticien qui, après avoir inspecté le local, pris différentes mesures et réalisé des calculs, voire une modélisation sur un progiciel hors de prix, disposera différents panneaux et pièges acoustiques qui, suivant leur forme ou leur matériau, auront pour fonction d’absorber certaines ondes ou au contraire de les réfléchir, en les diffractant (changer leur trajectoire) ou en les diffusant. C’est sur ce point précis que le traitement est plus complexe que l’isolation : il ne s’agit pas seulement d’annihiler les ondes sonores en faisant la chasse aux vibrations, mais bien de garantir leur équilibre et contrôlant leur intensité comme leur mouvement.
Durant cette phase de traitement, les principaux ennemis sont connus : l’écho flottant (flutter echo) se produit lorsqu’une onde rebondit en boucle entre deux parois parallèles (c’est cet écho relativement métallique qu’on entend lorsqu’on frappe dans ses mains à l’intérieur d’un garage vide ou d’un parking par exemple). Briser le parallélisme des deux parois permet bien sûr de diminuer l’effet (il faut donc l’anticiper à la construction du local ou profiter de la phase d’isolation pour introduire des inclinaisons), mais il n’en reste pas moins présent la plupart du temps et devra faire l’objet d’un traitement.
L’autre ennemi redoutable, ce sont les angles de pièce, et plus particulièrement les coins où se rejoignent trois parois et où les ondes stationnaires s’accumulent, avec tous les déséquilibres que cela implique ensuite.
Résultat : l’acoustique d’une pièce pose la plupart du temps des problèmes de filtres en peigne, ce qui se traduit lorsqu’on s’y déplace par des effets de phasing plus ou moins prononcés. La chose est due au fait que, dans les multiples rebonds du son, certaines ondes vont s’additionner quand certaines autres vont s’annuler, ce qui se traduira sur la courbe de réponse en fréquences par des pics (fréquences exacerbées qu’on désigne aussi sous le nom de pics de résonance) et des creux (fréquences inhibées) alors que nous cherchons justement une réponse en fréquences linéaire.
Pour équilibrer tout cela, l’acousticien va donc recourir à des panneaux diffusants (l’onde qui les percute va se scinder en plusieurs rebonds renvoyés dans des sens différents pour briser l’écho flottant) ou à des panneaux absorbants dont le but est d’amortir l’énergie de l’onde pour affaiblir les rebonds qu’elle génère. Destinés également à l’absorption, les bass traps sont quant à eux des dispositifs spécialisés dans les basses fréquences qui, comme pour l’isolation, sont les plus dures à maîtriser. Parce qu’ils combinent souvent des matériaux absorbants avec des designs destinés à « piéger » les ondes, ces derniers sont généralement plus imposants. Précisons aussi que les bass traps sont pour certains accordés, c’est-à-dire qu’ils sont conçus pour avoir un pic d’absorption sur une fréquence particulière du registre grave (100 Hz, 120 Hz, etc.) alors que les autres panneaux sont quant à eux 'large bande’ et s’adressent aux aigus et médiums.
Évidemment, la taille, l’emplacement et le choix même des panneaux sont une vraie science reposant sur des mesures (et donc des appareils de mesure), des calculs et une solide connaissance de la mécanique ondulatoire comme des propriétés acoustiques des différents matériaux. Vous comprenez bien, de ce fait, l’intérêt de faire appel au titulaire d’un doctorat en physique acoustique pour réaliser votre traitement.
Seulement voilà, entre le diagnostic d’un acousticien et l’application des solutions qu’il préconise, vous en aurez au très bas mot pour plusieurs milliers d’euros, voire plus (comptez d’ailleurs plutôt 10 000 que 1 000, et même plus suivant les cas)… À défaut d’un vrai traitement de facture professionnelle, les moins fortunés se rabattront donc sur le bon vieux « do it yourself ».
Et comme souvent lorsqu’on veut tirer les prix vers le bas, le premier facteur d’économie ne réside pas tant dans le matériel, mais dans la compression voire la suppression du coût humain. Donnons donc son congé à notre gentil acousticien et tâchons de faire sans lui, ses connaissances et son équipement, ce qui implique en premier lieu de nous doter d’instruments de mesure.
Le sens de la mesure
Le bienfait du traitement acoustique a beau être audible même aux plus néophytes, il convient pour le réaliser de s’aider d’outils de précision pour savoir de quoi on part, où on arrive et constater tout au long du processus les bénéfices obtenus sur le RT60 ou la courbe de réponse en fréquences par la pose de tels ou tels panneau à telles ou telles positions. Le hic, c’est que les instruments de mesure acoustiques coûtent cher : comptez 400 euros en entrée de gamme chez Phonic pour arriver à 1 500 euros chez le fabricant de référence NIT, soit un investissement qui ne vaut certainement pas le coup pour un usage ponctuel dans une visée amateur.
À moins de passer par de la location, deux solutions peu onéreuses sont alors à envisager. Ceux qui ont un iPhone muni d’un connecteur minijack pourront ainsi s’équiper du petit micro MicW i436 (une centaine d’euros) à utiliser en conjonction avec l’appli AudioTools d’Andrew Smith et son option ETC (30 euros le tout). Mais pour moins cher encore, pour peu que l’on dispose déjà d’une interface audio, on n’hésitera pas à se procurer un vrai micro de mesure à utiliser en conjonction avec le logiciel Room EQ Wizard (Donationware). Quel micro de mesure ? Le choix vous regarde sachant que de 35 à 200 euros, ce ne sont pas tant les différences de performances qui changent, mais le contrôle qualité (pour proposer ces prix, les fabricants discount ne sont pas regardants sur l’homogénéité des composants qu’ils emploient, d’où de grosses variations d’un micro à l’autre) et la solidité du micro. Même si vous n’êtes pas à l’abri de trouver pour moins de 50 euros un micro Behringer ou T-Bone qui fonctionne correctement et dure plus d’un an, vous aurez sans doutemoins de surprises avec un MM1 chez Beyer. Précisons-le également, quand le fabricant de ce type de micro fait bien les choses, il fournit la courbe de réponse du micro sous forme de fichier que vous pourrez utiliser pour calibrer votre système de mesure. Méfiez-vous toutefois des courbes fantaisistes : mieux vaut donc faire mesurer son micro de mesure (oui, je sais, c’est ubuesque) chez un spécialiste qui, le plus souvent, comme c’est commode, vend des micros déjà mesurés accompagnés du précieux fichier… Ou alors lisez cet article jusqu’à la fin, car il y sera à nouveau question de micros de mesure.
Poooosons la mousse…(Jeane Manson TM)
À présent que nous sommes équipés d’outils de mesure, occupons-nous des fameux panneaux sachant que des marques comme Akustar, Auralex, ColSound ou Primacoustic, spécialisées dans la construction de panneaux acoustiques, proposent des kits prêts à la pose pour équiper soi-même une pièce entière : comptez un budget de 500 à 3 000 euros suivant la marque, la surface, vos besoins et vos exigences esthétiques, sachant que les panneaux sont également achetables à l’unité, ce qui permet d’étaler votre investissement.
Vu qu’il s’agit de kits génériques et non de sur-mesure, vous obtiendrez quelque chose de moins qualitatif qu’avec un acousticien, mais de suffisamment efficace pour constater une nette amélioration après avoir posé vos panneaux. N’hésitez pas à valider tout cela avec vos outils de mesure.
La laine, je préfère la laine (Hélène Rollès TM)
Évidemment, pour faire plus d’économies encore, les bricoleurs auront à coeur de concevoir eux-mêmes leurs panneaux acoustiques en assemblant un simple cadre en bois autour d’une bonne épaisseur de laine de roche ou de chanvre bien dense, le tout derrière une épaisse toile de jute agrafée sur le cadre. Pour quelques dizaines d’euros par panneau, il y a ainsi de quoi significativement améliorer l’ordinaire. Vous voulez en savoir plus ? Sachant qu’on trouve bien d’autre contenus dans les forums d’Audiofanzine (ou ailleurs) sur ce genre de bricolages.
Cette sympathique solution a toutefois ses limites : même s’il peut s’avérer efficace, ce genre de panneaux ne fait qu’absorber les ondes quand il faudrait parfois les réfléchir en les diffractant pour atteindre notre Graal acoustique. Qu’à cela ne tienne : on trouve ça et sur le web maints tutos pour réaliser soi-même des panneaux diffuseurs. Il s’agira la plupart du temps d’un assemblage de cales ou de tasseaux biseautés ou de hauteur hétérogènes qu’on placera sur une planche pour réaliser un diffuseur de Schroeder, en prenant bien garde évidemment de faire ça dans un bois pas trop lourd si l’on veut que le mur soit capable de le supporter (du bambou par exemple). Un petit lien ? Ça mange pas de pain. Et même un autre, tiens.
Encore faut-il bien placer tout cela…
Quoi qu’on met où ?
Pour ce qui est du placement, à défaut d’acousticien ou d’une notice d’installation adaptée à votre pièce (chez Col’Sound, un fichier Excel permet de calculer l’emplacement des panneaux par exemple) et même si l’on se gardera bien de faire une réponse précise dans la mesure où chaque pièce est différente (dimensions, matériaux, position d’écoute, etc.), on se souviendra qu’il faut traiter le mal à la racine en s’attaquant d’abord aux premières réflexions du son qui vous arrivent aux oreilles. C’est-à-dire ? À droite, à gauche, derrière et au-dessus de votre tête lorsque vous êtes assis en position de mixage. N’oubliez pas non plus de disposer des panneaux derrières les enceintes parce vous auriez tort de penser que seule leur face avant diffuse du son : si les aigus sont directifs, on ne peut pas en dire autant des basses fréquences notamment.
On s’occupera ensuite des fameux coins de pièce où il conviendra d’installer des corners pour éviter que l’énergie sonore s’y accumule en diffractant les ondes. Enfin, on n’hésitera pas à recourir à des Bass Traps pour éviter que ces dernières ne tournent dans la pièce, même si l’usage de ces dispositifs est probablement le plus complexe vu qu’ils ciblent certaines fréquences.
Rien qu’avec cela, vous devriez déjà améliorer sensiblement les choses (toujours à vérifier avec vos outils de mesures), mais suivant votre pièce, sa forme comme sa surface ou les matériaux dont sont constituées ses parois, il faudra encore poser bien des panneaux.
Une petite astuce pour vous faciliter l’installation consiste à se souvenir que le son est une onde… tout comme la lumière ! En vous aidant d’un petit miroir, vous pouvez ainsi comprendre le trajet du son et poser vos mousses en fonction.
Je vous renvoie ainsi à ce reportage vidéo que nous avions précédemment publié et qui, au-delà de là fabrication des mousses, s’attarde sur la pose de panneaux dans un sympathique home studio.
Tout cela est bien joli, me diront certains, mais sans même parler de contraintes budgétaires liées au recours à un acousticien ou à la méthode Do it Yourself, il est peu probable que vous puissiez mettre en oeuvre ces solutions dans une pièce à vivre que vous devez partager : « Qu’est-ce que c’est que cette merde ? » s’écrira en effet votre conjoint(e) en désignant le panneau de mousse grise de 60×60 cm que vous avez discrètement collé au-dessus du canapé pendant qu’il ou elle dormait…
Il va donc falloir changer de stratégie.
Traiter sans en avoir l’air
Si vous n’avez aucune possibilité d’utiliser des panneaux acoustiques comme indiqué plus haut, le jeu va consister, comme l’aurait dit Monet, à limiter les dégâts.
Concernant la réverbération de votre pièce, si cette dernière est abondamment meublée, tapissée, moquettée et bordélisée, vous n’avez a priori pas trop à vous en faire, car vous ne pourrez pas faire grand-chose de plus. Assurez-vous surtout de disposer de bons gros rideaux pour éviter que le son aille frapper vos fenêtres et produise des réflexions bien immondes. Si en revanche vous êtes un adepte de l’intérieur minimaliste, murs de plâtre, sol en béton, meubles en métal avec juste deux trois livres sur l’art contemporain qui traînent négligemment sur une table basse en verre, le jeu va consiste à mater la pièce autant que nécessaire en usant de toutes les surfaces absorbantes dont vous puissiez disposer : tissus lourds pour les rideaux, tenture murale, tapis, lambris, plancher, moquette, etc. C’est clair que votre déco va en prendre un coup et il faudra voir si ceux qui partagent votre espace vital consentent à tous ces changements…
Gardez toujours à l’esprit que plus une surface est dure, plus elle réverbère le son. Au carrelage ou au ciment, on préfèrera le plâtre. Au plâtre, on préfèrera le bois. Au bois, on préfèrera le liège, etc. Bref, matez autant que vous pouvez, autant qu’on vous le permet, sachant qu’atténuer la réverbe n’est en général pas la chose la plus compliquée à faire. Concernant la réponse en fréquences de votre pièce, en effet, les choses sont autrement plus délicates, surtout pour les fréquences basses qui, comme pour l’isolation, sont toujours les plus dures à maitriser.
Agir à la source du son
Nous en avions parlé pour l’isolation, mais d’un point de vue acoustique et de la maîtrise de ces fameuses basses, la première chose à faire sera de placer vos enceintes sur pied, ou pour le moins sur des supports dédiés pour éviter que les basses se propagent à votre bureau ou votre étagère qui les amplifiera. Notez d’ailleurs que vos enceintes proposent très certainement des réglages à l’arrière, permettant d’atténuer ou booster certaines zones de leur courbe de réponse. Dans bien des cas, la diminution des graves sera de rigueur… Évidemment, le caisson de basse est à proscrire à moins que vous ne souhaitiez vraiment dégrader encore un peu plus votre acoustique…
Au-delà de cela, la technologie est là pour vous aider. Il existe en effet des systèmes qui permettent de corriger partiellement les défauts d’une pièce et de linéariser sa courbe en réponse en agissant sur vos enceintes. L’idée se retrouve dans quantité de systèmes de Home Cinema et permet ainsi d’adapter facilement un kit à des pièces très hétérogènes. Et c’est une excellente idée de l’avoir transposé dans le monde du studio. Parlons en premier lieu des logiciels avec l’IK Multimedia ARC 2 et le Sonarworks Reference 3.
La mise en place est relativement simple : livré avec un micro de mesure, le logiciel réclame que vous fassiez plusieurs mesures à différents endroits de votre pièce en envoyant différents bruits dans vos enceintes. Une fois la chose faite, la courbe en réponse de votre home studio pourra être définie et compensée par un égaliseur à mettre en sortie de votre STAN et qui appliquera une correction différente à votre enceinte gauche et votre enceinte droite. Évidemment, ce pis-aller ne vous permettra jamais d’obtenir la qualité de résultats d’un vrai traitement acoustique, mais pour une somme relativement modeste (moins de 300 euros), il permet d’améliorer très significativement les choses, comblant les gros trous et atténuant les grosses bosses dans la courbe de réponse en fréquences de votre pièce. Et notez-le au passage, vous gagnerez au passage un micro de mesure qui pourra vous servir pour mesure le fameux RT60 en plus de la réponse de votre pièce.
Notez que je parle de logiciels relativement peu onéreux, mais qu’il existe des solutions matérielles plus ou moins coûteuses basées sur le même principe : le JBL MSC1 (400 euros) ou encore le ST2 Pro de Trinnov Audio (4 500 euros !) notamment. N’ayant pas pu les comparer aux solutions logicielles, je me garderais bien de vous en dire quoi que ce soit, si ce n’est que vous avez avec ces solutions matérielles l’avantage de vous passer d’un plug-in pour profiter de la correction : que ce soit pour faire de la musique ou regarder un film, vos enceintes sont ainsi toujours corrigées.
Enfin, soulignons que des constructeurs ont intégré le système de correction à l’intérieur même des enceintes, comme JBL avec les LSR4328P par exemple. Ça a un prix (près de 2 000 euros la paire), mais autant que je m’en souvienne, j’avais trouvé ça très convaincant sur tous les plans.
Vous me direz que je ne vous parle que d’enceintes et d’écoutes quand votre home studio vous servira sans doute aussi à enregistrer des choses. Et vous avez bien raison de le souligner.
Silver screen for the tambourine
Côté enregistrement, il y a là encore de quoi améliorer l’ordinaire, notamment pour ce qui est des prises de voix.
Chez les fabriquants de matériaux acoustiques, on trouve ainsi des panneaux amovibles et des paravents acoustiques qui vont permettront de disposer d’une vraie petite cabine de fortune (je vous renvoie à ce test que nous avions consacré aux panneaux GIK Acoustics), mais pour un prix qui ira, selon les cas de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros. Gloups !
Au-delà de ça, et si vous ne pouvez pas aménager un placard qui vous servira de cabine de prise pour la voix, songez aussi qu’un bête paravent avec quelques mousses collées dessus, ou de grosses couvertures, peut vous offrir un environnement beaucoup plus mat le temps d’une prise, avec la possibilité de ranger le dispositif après usage. Deux portants à vêtements soutenant une couette peuvent également dépanner. Faites surtout des essais d’enregistrement et voyez comment vous obtenez le meilleur compromis. Voyez aussi comment stocker ce bazar lorsque vous ne vous en servez pas…
Dans les solutions plus compactes, il existe également des écrans acoustiques à fixer sur votre pied de micro au moment de la prise et qui absorberont une bonne partie des ondes provenant de votre voix, vous évitant d’enregistrer la vilaine réverbe de votre pièce. J’avoue ne pas voir été trop convaincu par certains modèles sans doute trop petits pour être efficaces, mais le récent Halo d’Aston Microphones (moins de 300 euros) m’a paru tout à fait digne d’intérêt, car relativement efficace.
Enfin, n’oubliez pas les réflexes de base : commencez donc par fermer les doubles-rideaux bien lourds que vous aurez installés sur votre fenêtre, car le verre est une surface extrêmement réfléchissante sur le plan phonique et qu’elle concourra à réverbérer les sons de manière indésirable la plupart du temps.
Ultime recommandation si vous fermez les rideaux : pensez à allumer préalablement la lumière, car il serait dommage de vous prendre le coin de votre bureau dans la hanche au nom de votre combat pour une meilleure acoustique.
Conclusion
Comme vous le voyez, l’acoustique est sans doute, avec l’isolation, le plus épineux problème à résoudre lorsqu’on veut se lancer dans le home studio. Sans prétendre le moins du monde que les solutions de fortune suggérées ça ou là par le modeste vulgarisateur que je suis remplaceront l’expertise d’un véritable acousticien, j’espère pour le moins vous avoir sensibilisés à porter la plus grande attention à ces problématiques. Et j’’espère que cela pèsera sur votre comportement de citoyen (du respect des autres et de leur droit au silence) comme sur votre comportement d’acheteur et vos priorités : une paire d’enceintes à 10 000 euros et un Neumann U87 dans une acoustique médiocre seront toujours moins intéressants et utilisables qu’une paire de moniteurs à 500 euros et un micro d’entrée de gamme dans une bonne acoustique.
Pensez-y à l’heure des achats, car c’est le défaut le plus largement partagé par les audiophiles comme par les home studistes : ils se persuadent que la qualité audio de leur installation repose sur telle paire d’enceintes ou tel type de câble, sur tel convertisseur ou tel logiciel, dépensant des milliers d’euros dans des détails alors qu’ils négligent bien souvent l’essentiel : leur pièce. Quelques centaines d’euros suffisent pourtant à obtenir une nette amélioration sur ce terrain. Sachez donc ne pas en faire l’économie, quitte à raboter le budget que vous pensiez consacrer à d’autres éléments de votre home studio.
C’est d’ailleurs à ces derniers que nous commencerons à nous attaquer lors de notre prochain article, car à présent que nous avons abondamment parlé des problématiques de pièces (et même si nous n’avons fait qu’effleurer ce très vaste sujet), il convient de nous intéresser à ce que nous allons mettre dedans : les instruments et matériels audio, voire informatiques, mais aussi le mobilier qui va nous permettre d’agencer tout cela d’une façon ergonomique.