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Comment traiter acoustiquement son Home Studio ? Guide pour améliorer l'acoustique de son studio

Un home studio isolé phoniquement, c’est bien. Mais il y a encore bien du travail avant d’en faire une pièce idéale pour enregistrer et mixer de la musique. On parle alors de traitement acoustique.

Comment traiter acoustiquement son Home Studio ? : Guide pour améliorer l'acoustique de son studio
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Rappe­lons-le en effet à l’at­ten­tion de ceux qui débarquent : si l’iso­la­tion et le trai­te­ment ont en commun d’agir sur les ondes sonores, ils ne pour­suivent abso­lu­ment pas les mêmes buts et donc les mêmes méthodes. Là où l’iso­la­tion cherche à obte­nir une qualité de silence à l’in­té­rieur et à l’ex­té­rieur du local (s’as­su­rer qu’on n’en­tende pas les bruits du voisi­nage lorsqu’on enre­gistre et que ce dernier n’en­tende pas les bruits que l’on fait), le trai­te­ment vise quant à lui à amélio­rer la « qualité sonore » de la pièce. Son but est d’ob­te­nir une réver­bé­ra­tion qui ne soit pas trop pronon­cée (RT autour de 0,5 seconde dans l’idéal), et un rendu des sons qui soit le plus homo­gène et linéaire possible sur le plan spec­tral. Concrè­te­ment, il s’agit de ne pas sentir que telle ou telle fréquence semble tout à coup très mise en avant ou au contraire inhi­bée quand vous vous dépla­cez dans la pièce.

Et souli­gnons-le de deux traits pour dissi­per un vieux malen­tendu : l’iso­la­tion n’im­plique pas le trai­te­ment tout comme le trai­te­ment n’im­plique pas l’iso­la­tion. La pose de panneaux acous­tiques n’aura ainsi qu’un infime effet sur l’iso­la­tion phonique d’un local tandis que la parfaite isola­tion d’une pièce ne garan­tit en rien qu’elle dispose d’une bonne acous­tique.

Préci­sons-le enfin pour clore ce préam­bule : plus encore que pour l’iso­la­tion, il est impos­sible d’ob­te­nir une acous­tique parfai­te­ment uniforme, même à un niveau profes­sion­nel. Malgré tous vos efforts, vous ne pour­rez pas contrô­ler le mouve­ment de chaque molé­cule d’air et vous aurez toujours un coin de pièce qui ne sonne pas tout à fait comme un autre. Or, dans la mesure où ces diffé­rences demeurent subtiles, elles sont même tout ce qui fait la richesse d’une pièce et son iden­tité. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que, même dans les plus pres­ti­gieux studios, on voit les plus grands ingés son arpen­ter la pièce en tapant dans leurs mains avant de déci­der de l’en­droit où ils place­ront chaque instru­ment et chaque micro, quitte ensuite à procé­der à des ajus­te­ments avec des panneaux amovibles.

Ceci étant précisé, penchons-nous à présent sur notre trai­te­ment.

Chez le trai­teur

cornerauralex

Pour ce faire, l’in­ter­lo­cu­teur idéal, c’est encore une fois l’acous­ti­cien qui, après avoir inspecté le local, pris diffé­rentes mesures et réalisé des calculs, voire une modé­li­sa­tion sur un progi­ciel hors de prix, dispo­sera diffé­rents panneaux et pièges acous­tiques qui, suivant leur forme ou leur maté­riau, auront pour fonc­tion d’ab­sor­ber certaines ondes ou au contraire de les réflé­chir, en les diffrac­tant (chan­ger leur trajec­toire) ou en les diffu­sant. C’est sur ce point précis que le trai­te­ment est plus complexe que l’iso­la­tion : il ne s’agit pas seule­ment d’an­ni­hi­ler les ondes sonores en faisant la chasse aux vibra­tions, mais bien de garan­tir leur équi­libre et contrô­lant leur inten­sité comme leur mouve­ment.

Durant cette phase de trai­te­ment, les prin­ci­paux enne­mis sont connus : l’écho flot­tant (flut­ter echo) se produit lorsqu’une onde rebon­dit en boucle entre deux parois paral­lèles (c’est cet écho rela­ti­ve­ment métal­lique qu’on entend lorsqu’on frappe dans ses mains à l’in­té­rieur d’un garage vide ou d’un parking par exemple). Briser le paral­lé­lisme des deux parois permet bien sûr de dimi­nuer l’ef­fet (il faut donc l’an­ti­ci­per à la construc­tion du local ou profi­ter de la phase d’iso­la­tion pour intro­duire des incli­nai­sons), mais il n’en reste pas moins présent la plupart du temps et devra faire l’objet d’un trai­te­ment.

L’autre ennemi redou­table, ce sont les angles de pièce, et plus parti­cu­liè­re­ment les coins où se rejoignent trois parois et où les ondes station­naires s’ac­cu­mulent, avec tous les déséqui­libres que cela implique ensuite.

Résul­tat : l’acous­tique d’une pièce pose la plupart du temps des problèmes de filtres en peigne, ce qui se traduit lorsqu’on s’y déplace par des effets de phasing plus ou moins pronon­cés. La chose est due au fait que, dans les multiples rebonds du son, certaines ondes vont s’ad­di­tion­ner quand certaines autres vont s’an­nu­ler, ce qui se traduira sur la courbe de réponse en fréquences par des pics (fréquences exacer­bées qu’on désigne aussi sous le nom de pics de réso­nance) et des creux (fréquences inhi­bées) alors que nous cher­chons juste­ment une réponse en fréquences linéaire.

diffuseur

Pour équi­li­brer tout cela, l’acous­ti­cien va donc recou­rir à des panneaux diffu­sants (l’onde qui les percute va se scin­der en plusieurs rebonds renvoyés dans des sens diffé­rents pour briser l’écho flot­tant) ou à des panneaux absor­bants dont le but est d’amor­tir l’éner­gie de l’onde pour affai­blir les rebonds qu’elle génère. Desti­nés égale­ment à l’ab­sorp­tion, les bass traps sont quant à eux des dispo­si­tifs spécia­li­sés dans les basses fréquences qui, comme pour l’iso­la­tion, sont les plus dures à maîtri­ser. Parce qu’ils combinent souvent des maté­riaux absor­bants avec des desi­gns desti­nés à « piéger » les ondes, ces derniers sont géné­ra­le­ment plus impo­sants. Préci­sons aussi que les bass traps sont pour certains accor­dés, c’est-à-dire qu’ils sont conçus pour avoir un pic d’ab­sorp­tion sur une fréquence parti­cu­lière du registre grave (100 Hz, 120 Hz, etc.) alors que les autres panneaux sont quant à eux 'large bande’ et s’adressent aux aigus et médiums.

Évidem­ment, la taille, l’em­pla­ce­ment et le choix même des panneaux sont une vraie science repo­sant sur des mesures (et donc des appa­reils de mesure), des calculs et une solide connais­sance de la méca­nique ondu­la­toire comme des proprié­tés acous­tiques des diffé­rents maté­riaux. Vous compre­nez bien, de ce fait, l’in­té­rêt de faire appel au titu­laire d’un docto­rat en physique acous­tique pour réali­ser votre trai­te­ment.

basstrap

Seule­ment voilà, entre le diag­nos­tic d’un acous­ti­cien et l’ap­pli­ca­tion des solu­tions qu’il préco­nise, vous en aurez au très bas mot pour plusieurs milliers d’eu­ros, voire plus (comp­tez d’ailleurs plutôt 10 000 que 1 000, et même plus suivant les cas)… À défaut d’un vrai trai­te­ment de facture profes­sion­nelle, les moins fortu­nés se rabat­tront donc sur le bon vieux « do it your­self ».

Et comme souvent lorsqu’on veut tirer les prix vers le bas, le premier facteur d’éco­no­mie ne réside pas tant dans le maté­riel, mais dans la compres­sion voire la suppres­sion du coût humain. Donnons donc son congé à notre gentil acous­ti­cien et tâchons de faire sans lui, ses connais­sances et son équi­pe­ment, ce qui implique en premier lieu de nous doter d’ins­tru­ments de mesure.

Le sens de la mesure

Le bien­fait du trai­te­ment acous­tique a beau être audible même aux plus néophytes, il convient pour le réali­ser de s’ai­der d’ou­tils de préci­sion pour savoir de quoi on part, où on arrive et consta­ter tout au long du proces­sus les béné­fices obte­nus sur le RT60 ou la courbe de réponse en fréquences par la pose de tels ou tels panneau à telles ou telles posi­tions. Le hic, c’est que les instru­ments de mesure acous­tiques coûtent cher : comp­tez 400 euros en entrée de gamme chez Phonic pour arri­ver à 1 500 euros chez le fabri­cant de réfé­rence NIT, soit un inves­tis­se­ment qui ne vaut certai­ne­ment pas le coup pour un usage ponc­tuel dans une visée amateur.

measurementmic

À moins de passer par de la loca­tion, deux solu­tions peu onéreuses sont alors à envi­sa­ger. Ceux qui ont un iPhone muni d’un connec­teur minijack pour­ront ainsi s’équi­per du petit micro MicW i436 (une centaine d’eu­ros) à utili­ser en conjonc­tion avec l’ap­pli Audio­Tools d’An­drew Smith et son option ETC (30 euros le tout). Mais pour moins cher encore, pour peu que l’on dispose déjà d’une inter­face audio, on n’hé­si­tera pas à se procu­rer un vrai micro de mesure à utili­ser en conjonc­tion avec le logi­ciel Room EQ Wizard (Dona­tion­ware). Quel micro de mesure ? Le choix vous regarde sachant que de 35 à 200 euros, ce ne sont pas tant les diffé­rences de perfor­mances qui changent, mais le contrôle qualité (pour propo­ser ces prix, les fabri­cants discount ne sont pas regar­dants sur l’ho­mo­gé­néité des compo­sants qu’ils emploient, d’où de grosses varia­tions d’un micro à l’autre) et la soli­dité du micro. Même si vous n’êtes pas à l’abri de trou­ver pour moins de 50 euros un micro Behrin­ger ou T-Bone qui fonc­tionne correc­te­ment et dure plus d’un an, vous aurez sans doute­moins de surprises avec un MM1 chez Beyer. Préci­sons-le égale­ment, quand le fabri­cant de ce type de micro fait bien les choses, il four­nit la courbe de réponse du micro sous forme de fichier que vous pour­rez utili­ser pour cali­brer votre système de mesure. Méfiez-vous toute­fois des courbes fantai­sistes : mieux vaut donc faire mesu­rer son micro de mesure (oui, je sais, c’est ubuesque) chez un spécia­liste qui, le plus souvent, comme c’est commode, vend des micros déjà mesu­rés accom­pa­gnés du précieux fichier… Ou alors lisez cet article jusqu’à la fin, car il y sera à nouveau ques­tion de micros de mesure.

Poooo­sons la mous­se…(Jeane Manson TM)

kit

À présent que nous sommes équi­pés d’ou­tils de mesure, occu­pons-nous des fameux panneaux sachant que des marques comme Akus­tarAura­lexColSound ou Prima­cous­tic, spécia­li­sées dans la construc­tion de panneaux acous­tiques, proposent des kits prêts à la pose pour équi­per soi-même une pièce entière : comp­tez un budget de 500 à 3 000 euros suivant la marque, la surface, vos besoins et vos exigences esthé­tiques, sachant que les panneaux sont égale­ment ache­tables à l’unité, ce qui permet d’éta­ler votre inves­tis­se­ment.

Vu qu’il s’agit de kits géné­riques et non de sur-mesure, vous obtien­drez quelque chose de moins quali­ta­tif qu’avec un acous­ti­cien, mais de suffi­sam­ment effi­cace pour consta­ter une nette amélio­ra­tion après avoir posé vos panneaux. N’hé­si­tez pas à vali­der tout cela avec vos outils de mesure.

 

La laine, je préfère la laine (Hélène Rollès TM)

Évidem­ment, pour faire plus d’éco­no­mies encore, les brico­leurs auront à coeur de conce­voir eux-mêmes leurs panneaux acous­tiques en assem­blant un simple cadre en bois autour d’une bonne épais­seur de laine de roche ou de chanvre bien dense, le tout derrière une épaisse toile de jute agra­fée sur le cadre. Pour quelques dizaines d’eu­ros par panneau, il y a ainsi de quoi signi­fi­ca­ti­ve­ment amélio­rer l’or­di­naire. Vous voulez en savoir plus ? Sachant qu’on trouve bien d’autre conte­nus dans les forums d’Au­dio­fan­zine (ou ailleurs) sur ce genre de brico­lages.

panneaudiy

Cette sympa­thique solu­tion a toute­fois ses limites : même s’il peut s’avé­rer effi­cace, ce genre de panneaux ne fait qu’ab­sor­ber les ondes quand il faudrait parfois les réflé­chir en les diffrac­tant pour atteindre notre Graal acous­tique. Qu’à cela ne tienne : on trouve ça et sur le web maints tutos pour réali­ser soi-même des panneaux diffu­seurs. Il s’agira la plupart du temps d’un assem­blage de cales ou de tasseaux biseau­tés ou de hauteur hété­ro­gènes qu’on placera sur une planche pour réali­ser un diffu­seur de Schroe­der, en prenant bien garde évidem­ment de faire ça dans un bois pas trop lourd si l’on veut que le mur soit capable de le suppor­ter (du bambou par exemple). Un petit lien ? Ça mange pas de pain. Et même un autre, tiens.

Encore faut-il bien placer tout cela…

Quoi qu’on met où ?

paravent workstation

Pour ce qui est du place­ment, à défaut d’acous­ti­cien ou d’une notice d’ins­tal­la­tion adap­tée à votre pièce (chez Col’­Sound, un fichier Excel permet de calcu­ler l’em­pla­ce­ment des panneaux par exemple) et même si l’on se gardera bien de faire une réponse précise dans la mesure où chaque pièce est diffé­rente (dimen­sions, maté­riaux, posi­tion d’écoute, etc.), on se souvien­dra qu’il faut trai­ter le mal à la racine en s’at­taquant d’abord aux premières réflexions du son qui vous arrivent aux oreilles. C’est-à-dire ? À droite, à gauche, derrière et au-dessus de votre tête lorsque vous êtes assis en posi­tion de mixage. N’ou­bliez pas non plus de dispo­ser des panneaux derrières les enceintes parce vous auriez tort de penser que seule leur face avant diffuse du son : si les aigus sont direc­tifs, on ne peut pas en dire autant des basses fréquences notam­ment.

On s’oc­cu­pera ensuite des fameux coins de pièce où il convien­dra d’ins­tal­ler des corners pour éviter que l’éner­gie sonore s’y accu­mule en diffrac­tant les ondes. Enfin, on n’hé­si­tera pas à recou­rir à des Bass Traps pour éviter que ces dernières ne tournent dans la pièce, même si l’usage de ces dispo­si­tifs est proba­ble­ment le plus complexe vu qu’ils ciblent certaines fréquences.

Rien qu’avec cela, vous devriez déjà amélio­rer sensi­ble­ment les choses (toujours à véri­fier avec vos outils de mesures), mais suivant votre pièce, sa forme comme sa surface ou les maté­riaux dont sont consti­tuées ses parois, il faudra encore poser bien des panneaux.

Une petite astuce pour vous faci­li­ter l’ins­tal­la­tion consiste à se souve­nir que le son est une onde… tout comme la lumière ! En vous aidant d’un petit miroir, vous pouvez ainsi comprendre le trajet du son et poser vos mousses en fonc­tion.

Je vous renvoie ainsi à ce repor­tage vidéo que nous avions précé­dem­ment publié et qui, au-delà de là fabri­ca­tion des mousses, s’at­tarde sur la pose de panneaux dans un sympa­thique home studio.

Tout cela est bien joli, me diront certains, mais sans même parler de contraintes budgé­taires liées au recours à un acous­ti­cien ou à la méthode Do it Your­self, il est peu probable que vous puis­siez mettre en oeuvre ces solu­tions dans une pièce à vivre que vous devez parta­ger : « Qu’est-ce que c’est que cette merde ? » s’écrira en effet votre conjoint(e) en dési­gnant le panneau de mousse grise de 60×60 cm que vous avez discrè­te­ment collé au-dessus du canapé pendant qu’il ou elle dormait…

Il va donc falloir chan­ger de stra­té­gie.

Trai­ter sans en avoir l’air

Si vous n’avez aucune possi­bi­lité d’uti­li­ser des panneaux acous­tiques comme indiqué plus haut, le jeu va consis­ter, comme l’au­rait dit Monet, à limi­ter les dégâts.

cabinealarrache

Concer­nant la réver­bé­ra­tion de votre pièce, si cette dernière est abon­dam­ment meublée, tapis­sée, moquet­tée et bordé­li­sée, vous n’avez a priori pas trop à vous en faire, car vous ne pour­rez pas faire grand-chose de plus. Assu­rez-vous surtout de dispo­ser de bons gros rideaux pour éviter que le son aille frap­per vos fenêtres et produise des réflexions bien immondes. Si en revanche vous êtes un adepte de l’in­té­rieur mini­ma­liste, murs de plâtre, sol en béton, meubles en métal avec juste deux trois livres sur l’art contem­po­rain qui traînent négli­gem­ment sur une table basse en verre, le jeu va consiste à mater la pièce autant que néces­saire en usant de toutes les surfaces absor­bantes dont vous puis­siez dispo­ser : tissus lourds pour les rideaux, tenture murale, tapis, lambris, plan­cher, moquette, etc. C’est clair que votre déco va en prendre un coup et il faudra voir si ceux qui partagent votre espace vital consentent à tous ces chan­ge­ments…

Gardez toujours à l’es­prit que plus une surface est dure, plus elle réver­bère le son. Au carre­lage ou au ciment, on préfè­rera le plâtre. Au plâtre, on préfè­rera le bois. Au bois, on préfè­rera le liège, etc. Bref, matez autant que vous pouvez, autant qu’on vous le permet, sachant qu’at­té­nuer la réverbe n’est en géné­ral pas la chose la plus compliquée à faire. Concer­nant la réponse en fréquences de votre pièce, en effet, les choses sont autre­ment plus déli­cates, surtout pour les fréquences basses qui, comme pour l’iso­la­tion, sont toujours les plus dures à maitri­ser.

Agir à la source du son

Nous en avions parlé pour l’iso­la­tion, mais d’un point de vue acous­tique et de la maîtrise de ces fameuses basses, la première chose à faire sera de placer vos enceintes sur pied, ou pour le moins sur des supports dédiés pour éviter que les basses se propagent à votre bureau ou votre étagère qui les ampli­fiera. Notez d’ailleurs que vos enceintes proposent très certai­ne­ment des réglages à l’ar­rière, permet­tant d’at­té­nuer ou boos­ter certaines zones de leur courbe de réponse. Dans bien des cas, la dimi­nu­tion des graves sera de rigueur… Évidem­ment, le cais­son de basse est à pros­crire à moins que vous ne souhai­tiez vrai­ment dégra­der encore un peu plus votre acous­tique…

Au-delà de cela, la tech­no­lo­gie est là pour vous aider. Il existe en effet des systèmes qui permettent de corri­ger partiel­le­ment les défauts d’une pièce et de linéa­ri­ser sa courbe en réponse en agis­sant sur vos enceintes. L’idée se retrouve dans quan­tité de systèmes de Home Cinema et permet ainsi d’adap­ter faci­le­ment un kit à des pièces très hété­ro­gènes. Et c’est une excel­lente idée de l’avoir trans­posé dans le monde du studio. Parlons en premier lieu des logi­ciels avec l’IK Multi­me­dia ARC 2 et le Sonar­works Refe­rence 3.

Sonarworks Room Calibration

La mise en place est rela­ti­ve­ment simple : livré avec un micro de mesure, le logi­ciel réclame que vous fassiez plusieurs mesures à diffé­rents endroits de votre pièce en envoyant diffé­rents bruits dans vos enceintes. Une fois la chose faite, la courbe en réponse de votre home studio pourra être défi­nie et compen­sée par un égali­seur à mettre en sortie de votre STAN et qui appliquera une correc­tion diffé­rente à votre enceinte gauche et votre enceinte droite. Évidem­ment, ce pis-aller ne vous permet­tra jamais d’ob­te­nir la qualité de résul­tats d’un vrai trai­te­ment acous­tique, mais pour une somme rela­ti­ve­ment modeste (moins de 300 euros), il permet d’amé­lio­rer très signi­fi­ca­ti­ve­ment les choses, comblant les gros trous et atté­nuant les grosses bosses dans la courbe de réponse en fréquences de votre pièce. Et notez-le au passage, vous gagne­rez au passage un micro de mesure qui pourra vous servir pour mesure le fameux RT60 en plus de la réponse de votre pièce.

Notez que je parle de logi­ciels rela­ti­ve­ment peu onéreux, mais qu’il existe des solu­tions maté­rielles plus ou moins coûteuses basées sur le même prin­cipe : le JBL MSC1 (400 euros) ou encore le ST2 Pro de Trin­nov Audio (4 500 euros !) notam­ment. N’ayant pas pu les compa­rer aux solu­tions logi­cielles, je me garde­rais bien de vous en dire quoi que ce soit, si ce n’est que vous avez avec ces solu­tions maté­rielles l’avan­tage de vous passer d’un plug-in pour profi­ter de la correc­tion : que ce soit pour faire de la musique ou regar­der un film, vos enceintes sont ainsi toujours corri­gées.

Enfin, souli­gnons que des construc­teurs ont inté­gré le système de correc­tion à l’in­té­rieur même des enceintes, comme JBL avec les LSR4328P par exemple. Ça a un prix (près de 2 000 euros la paire), mais autant que je m’en souvienne, j’avais trouvé ça très convain­cant sur tous les plans.

Vous me direz que je ne vous parle que d’en­ceintes et d’écoutes quand votre home studio vous servira sans doute aussi à enre­gis­trer des choses. Et vous avez bien raison de le souli­gner.

Silver screen for the tambou­rine

Paravent

Côté enre­gis­tre­ment, il y a là encore de quoi amélio­rer l’or­di­naire, notam­ment pour ce qui est des prises de voix.

Chez les fabriquants de maté­riaux acous­tiques, on trouve ainsi des panneaux amovibles et des para­vents acous­tiques qui vont permet­tront de dispo­ser d’une vraie petite cabine de fortune (je vous renvoie à ce test que nous avions consa­cré aux panneaux GIK Acous­tics), mais pour un prix qui ira, selon les cas de quelques centaines à plusieurs milliers d’eu­ros. Gloups !

Au-delà de ça, et si vous ne pouvez pas aména­ger un placard qui vous servira de cabine de prise pour la voix, songez aussi qu’un bête paravent avec quelques mousses collées dessus, ou de grosses couver­tures, peut vous offrir un envi­ron­ne­ment beau­coup plus mat le temps d’une prise, avec la possi­bi­lité de ranger le dispo­si­tif après usage. Deux portants à vête­ments soute­nant une couette peuvent égale­ment dépan­ner. Faites surtout des essais d’en­re­gis­tre­ment et voyez comment vous obte­nez le meilleur compro­mis. Voyez aussi comment stocker ce bazar lorsque vous ne vous en servez pas…

aston microphones halo 1

Dans les solu­tions plus compactes, il existe égale­ment des écrans acous­tiques à fixer sur votre pied de micro au moment de la prise et qui absor­be­ront une bonne partie des ondes prove­nant de votre voix, vous évitant d’en­re­gis­trer la vilaine réverbe de votre pièce. J’avoue ne pas voir été trop convaincu par certains modèles sans doute trop petits pour être effi­caces, mais le récent Halo d’As­ton Micro­phones (moins de 300 euros) m’a paru tout à fait digne d’in­té­rêt, car rela­ti­ve­ment effi­cace.

Enfin, n’ou­bliez pas les réflexes de base : commen­cez donc par fermer les doubles-rideaux bien lourds que vous aurez instal­lés sur votre fenêtre, car le verre est une surface extrê­me­ment réflé­chis­sante sur le plan phonique et qu’elle concourra à réver­bé­rer les sons de manière indé­si­rable la plupart du temps.

Ultime recom­man­da­tion si vous fermez les rideaux : pensez à allu­mer préa­la­ble­ment la lumière, car il serait dommage de vous prendre le coin de votre bureau dans la hanche au nom de votre combat pour une meilleure acous­tique.

Conclu­sion

worstroomeveraudiophile

Comme vous le voyez, l’acous­tique est sans doute, avec l’iso­la­tion, le plus épineux problème à résoudre lorsqu’on veut se lancer dans le home studio. Sans prétendre le moins du monde que les solu­tions de fortune suggé­rées ça ou là par le modeste vulga­ri­sa­teur que je suis rempla­ce­ront l’ex­per­tise d’un véri­table acous­ti­cien, j’es­père pour le moins vous avoir sensi­bi­li­sés à porter la plus grande atten­tion à ces problé­ma­tiques. Et j’’es­père que cela pèsera sur votre compor­te­ment de citoyen (du respect des autres et de leur droit au silence) comme sur votre compor­te­ment d’ache­teur et vos prio­ri­tés : une paire d’en­ceintes à 10 000 euros et un Neumann U87 dans une acous­tique médiocre seront toujours moins inté­res­sants et utili­sables qu’une paire de moni­teurs à 500 euros et un micro d’en­trée de gamme dans une bonne acous­tique.

Pensez-y à l’heure des achats, car c’est le défaut le plus large­ment partagé par les audio­philes comme par les home studistes : ils se persuadent que la qualité audio de leur instal­la­tion repose sur telle paire d’en­ceintes ou tel type de câble, sur tel conver­tis­seur ou tel logi­ciel, dépen­sant des milliers d’eu­ros dans des détails alors qu’ils négligent bien souvent l’es­sen­tiel : leur pièce. Quelques centaines d’eu­ros suffisent pour­tant à obte­nir une nette amélio­ra­tion sur ce terrain. Sachez donc ne pas en faire l’éco­no­mie, quitte à rabo­ter le budget que vous pensiez consa­crer à d’autres éléments de votre home studio.

C’est d’ailleurs à ces derniers que nous commen­ce­rons à nous attaquer lors de notre prochain article, car à présent que nous avons abon­dam­ment parlé des problé­ma­tiques de pièces (et même si nous n’avons fait qu’ef­fleu­rer ce très vaste sujet), il convient de nous inté­res­ser à ce que nous allons mettre dedans : les instru­ments et maté­riels audio, voire infor­ma­tiques, mais aussi le mobi­lier qui va nous permettre d’agen­cer tout cela d’une façon ergo­no­mique.

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