Le cancer, c'est mal. Une mauvaise acoustique, c'est mal aussi. Pour remédier à ces deux problèmes, une seule et unique solution : donner à l'ARC.
— Mademoiselle Hortense ! Venez voir, c’est extraordinaire. Venez voir, je vous dis !
— Qu’y a-t-il professeur Thibaut ?
— Asseyez-vous sur cette chaise, à position équidistante des deux enceintes, là, vous n’entendez rien ?
Le professeur émit à ce moment très précis une flatulence qu’il gardait dans son intestin depuis quelques minutes déjà. « La mouche qui pète ! » dit-il avec les yeux rieurs. Hortense ne put retenir son hilarité, et les deux collègues échangèrent des regards complices malgré les picotements oculaires provoqués par les ballonnements du professeur.
— Trêve de plaisanteries ma petite Hortense, écoutez bien ce bruit rose, vous n’entendez rien d’anormal ?
— Euh… non ?
— Voyons ! Il est pourtant évident que nous sommes en présence de noeuds de pression et d’ondes stationnaires !
— Ah, maintenant que vous le dites, professeur Thibaut…
Le professeur et son assistante étaient bien conscients de l’importance du problème et ils avaient déjà pensé à poser des mousses acoustiques. Cette option fut abandonnée, Hortense refusant de détériorer la décoration intérieure finement étudiée de leur laboratoire. Ils étaient aussi clairvoyants sur le fait que la proximité de mousses inflammables et de becs Bunsen était dangereuse…
— Avez-vous entendu parler de l’ARC, ma chère Hortense ?
— L’arc et les flèches, comme dans les films de cowboys et d’Indiens ?
— Non, l’ARC, l’acronyme.
— Ah oui, la fondation pour la recherche sur le cancer ?
— Noooon, Hortense, vous le faites exprès ? L’ARC est une solution logicielle proposée par IK Multimedia permettant de corriger le signal émanant des enceintes en fonction de l’acoustique de la pièce.
— Vous voulez dire qu’il est possible de résoudre notre problème sans altérer notre décoration intérieure de couleur taupe ?
— Tout à fait ma petite Hortense !
C’est ainsi que le professeur et son assistante achetèrent l’ARC System 2, version améliorée utilisant la technologie Audyssey MultEQ XT32.
L’Audyssey de l’espace
Derrière l’ARC se cache en fait Audyssey, marque bien connue des amateurs de Home Cinema proposant depuis quelques années déjà des solutions intégrées aux amplis (Denon, Onkyo…) afin de corriger le signal sortant en fonction de l’acoustique de la pièce. IK Multimedia a eu la bonne idée, il y a quelques années de cela, de transposer la technologie pour le home studio. En effet quoi de plus important pour un home sudiste qu’une réponse en fréquence plate ? Si la pose de mousse vous est impossible, car vous faites de la MAO dans une pièce commune et que madame n’est pas fan d’une déco à base de mousses grises, l’ARC est peut-être fait pour vous.
Le principe de la technologie d’Audyssey est simple. Vous posez le micro fourni (un statique omnidirectionnel qui pourra aussi servir pour faire des prises) à la position d’écoute, le logiciel émet alors un signal balayant toutes les fréquences du spectre et analyse par la même occasion l’acoustique de la pièce au point d’écoute. Dans une pièce non traitée, les ondes rebondissent sur les murs et il se créée souvent des noeuds de pression et des ondes stationnaires. Certaines fréquences s’annulent et d’autres s’additionnent, avec pour résultante une réponse en fréquence hétérogène, une véritable piste pour ski de bosses qu’Edgar Grospiron ne renierait pas.
Le logiciel, via le micro de mesure, détectera donc les fréquences qui sortent un peu trop du rang et corrigera le tout via un égaliseur ayant une résolution particulièrement élevée (plus de 10 000 points de contrôle pour la dernière version de MultEQ, dénommée XT32).
Installons le logiciel afin de voir en détail son fonctionnement.
Moult EQ
L’installeur, pour Mac ou pour Windows, se charge de placer sur votre disque dur deux fichiers. Le premier est un exécutable qui aura pour fonction de faire les mesures tandis que le deuxième se placera dans votre dossier de plug-ins (VST, RTAS, AU, 32 et 64 bit) et pourra être lancé via votre séquenceur préféré, le plus souvent sur le bus master, afin de corriger ce qui sort de la DAW avant de l’envoyer aux enceintes. Il faudra en revanche penser à désactiver le plug-in lors de l’export, sous peine d’avoir quelques surprises… Les utilisateurs de Cubase pourront insérer le plug-in directement dans la partie « studio » et n’auront ainsi pas à se soucier de la désactivation lors de l’export, encore plus pratique. Une fois l’activation via le soft maison passée, on lance le logiciel pour une première série de mesures…
On vous demandera en premier lieu le modèle de micro dont vous disposez. Apparemment deux micros différents ont été livrés avec ARC, ils se différencient par la couleur de la bague (celui qui nous a été confié a rendu l’âme au bout de quelques mois, heureusement IK nous en a renvoyé un rapidement…). Ensuite, il faudra choisir l’entrée et la sortie de la carte son, envoyer le signal et régler le volume des enceintes et le gain du micro pour atteindre le niveau désiré par le logiciel.
Vient ensuite la mesure en elle-même, avec une première position, la principale, aussi appelée « sweet spot ». Placez le micro sur un pied, la tête vers le plafond et à la même hauteur que vos oreilles et lancez le premier balayage de fréquences. Quelques « touik touiks » plus tard, faites une autre mesure après avoir déplacé le micro à un autre endroit de la pièce. ARC vous demandera un minimum de 7 mesures, à différents endroits, mais en essayant de garder une symétrie par rapport à l’axe partant de votre tête et passant entre les deux enceintes.
Même si l’éditeur nous conseille de faire le plus de mesures possible (si votre home studio a plusieurs points d’écoute, n’hésitez pas !), il est agréable de constater que le minimum requis est passé de 12 à 7 avec la version 2.0. L’éditeur précise bien qu’il est possible pour l’ARC de prendre en compte plusieurs points d’écoute simultanément. Nous n’avons pas eu de précisions techniques de la part d’Audissey, mais si vous avez un canapé placé au fond de la pièce, il peut être intéressant de faire aussi une mesure là-bas. Il ne nous reste plus qu’à sauvegarder le résultat et lancer notre séquenceur !
Plus d’une corde à son…
Appelons donc une instance du plug-in sur le bus master, et chargeons le fichier de la mesure que nous venons d’effectuer. IK nous offre le loisir de voir les courbes de réponse en fréquences avant et après traitement. Le moins qu’on puisse dire, c’est que notre pièce est loin d’être parfaite (il est vrai qu’on l’a choisie un peu pour ça) ! La courbe orange est notre mesure, la verte est la courbe cible idéale et la blanche est la courbe finale après traitement.
On peut apercevoir les bosses et les creux pouvant aller jusqu’à -/+ 6 dB ! On remarque que les mesures ne sont pas les mêmes d’une enceinte à l’autre, celle de droite étant placée non loin d’une vitre. La courbe après traitement est beaucoup plus plate et à l’écoute c’est assez flagrant. Il faudra d’ailleurs un temps d’adaptation afin de s’habituer à ce nouveau son provenant de nos enceintes.
Afin de comparer avec la première version, nous avons gardé une capture d’écran faite avec les mêmes enceintes, dans la même pièce. On peut s’apercevoir que le bas du spectre (sous les 200 Hz) est beaucoup mieux managé par cette nouvelle version et le résultat final est sans appel. IK et Audyssey l’avaient promis, les basses fréquences sont mieux gérées.
Les premiers mix sont forcément déstabilisants, il faut un peu de temps pour s’habituer à la présence du plug-in. Pour cela, nous vous conseillons d’écouter vos disques préférés et vos références personnelles avec l’ARC activé, sinon vous seriez tenté de mixer comme avant ! Après quelques temps, nous apprécions le fait que certaines bosses et creux dans le bas aient disparu. Ces derniers rendaient difficile le mix de nos basses et de nos kicks, sans parler des effets de masques quand une note tombait pile sur une des fréquences incriminées : on n’entendait plus qu’elle et il devenait ardu de prêter attention au reste du spectre. Avec l’ARC activé, ces problèmes se sont beaucoup amoindris et nous avons moins de surprises lorsque nous écoutons nos mix ailleurs. Même si l’ARC ajoute un traitement à notre chaîne d’écoute (pas au mix final, on désactivera le plug-in avant le rendu), et qu’il ne remplace sûrement pas un traitement acoustique coûteux, il reste une bonne solution pour le petit home-studiste n’ayant pas l’envie ou les moyens de traiter sa pièce de travail.
Les petits plus de la V2
Si la V2 travaille mieux que la première version grâce au nouvel algorithme MultEQ XT32 d’Audyssey, elle offre aussi de nouvelles fonctions sympathiques. En plus des courbes cibles classiques, plate, HF Roll-off 1 (hautes fréquences légèrement atténuées), Midrange Compensation, Rolloff 1 MidComp et quatre customs que l’on pourra modifier à volonté via un égaliseur paramétrique 6 bandes, ARC propose désormais des « Virtual Monitoring » permettant, à l’instar de ce que propose VRM de Focusrite pour les casques, de simuler différents systèmes de diffusion. On retrouve donc de fameuses enceintes de studio, des télévisions, des autoradios, des petites enceintes multimédia et même des enceintes d’ordinateur portable ! Cela pourra intéresser tout le monde, et particulièrement les home-studistes faisant du son à l’image : ils pourront s’assurer que leur bande-son passe correctement sur un système de mauvaise qualité. Si l’on travaille pour une pub censée être diffusée sur petit écran, c’est toujours intéressant de savoir comment ça sonne sur une TV !
Conclusion
L’ARC était déjà intéressant pour les home-studistes et cette deuxième version enfonce le clou grâce à l’intégration du nouvel algorithme d’Audyssey, MultEQ XT32, permettant de corriger avec plus de précision les basses fréquences, souvent sources de problèmes. Nous apprécions aussi la venue des « Virtual Monitoring » permettant d’écouter rapidement ses mix sur une télé ou un ghetto blaster : pratique ! Pas grand-chose à reprocher à ce plug-in, son prix étant justifié par la présence du micro statique. Il faudra tout de même admettre que cette solution reste un pis-aller pour le home-studiste qui ne pourra pas traiter acoustiquement sa pièce, car cela ajoute un traitement, et donc une altération, au signal à l’écoute. Mais quand on n’a que cette possibilité en vue, l’ARC est une solution efficace et fortement recommandable.