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Test de Slate Digital Virtual Mix Rack 3.0 - Very Much Realistic

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Slate Digital continue son bonhomme de chemin avec la version 3 du Virtual Mix Rack, sa fameuse émulation de matériel de studio format "Lunchbox" et modules 500, 6 ans après la version 2 et quelques modules plus tard. Nous allons voir si le concept a toujours du sens en 2025.

Test de Slate Digital Virtual Mix Rack 3.0 : Very Much Realistic

Steven Slate est un person­nage du milieu de l’au­dio profes­sion­nel dont vous avez forcé­ment entendu parler à de multiples reprises. Son nom est asso­cié à un certain nombre de marques (Steven Slate Drums, Slate Digi­tal, Steven Slate Audio) et produits (les plug-ins Virtual Mix Rack ou Virtual Tape Machines, la solu­tion casque + logi­ciel à modé­li­sa­tion VSX, la même chose pour les micro­phones Virtual Micro­phone System, les consoles Raven, le plug-in de rempla­ce­ment Trig­ger, etc.). Ses socié­tés sont égale­ment marquées par sa colla­bo­ra­tion avec Fabrice Gabriel, qui a co-signé certaines de ces créa­tions, et travaillé égale­ment sur ses propres produits avec la marque Eiosis (AirEQ), dont certains sont inclus dans les bundles Slate en sous­crip­tion, ou comme modules des plug-ins Slate Digi­tal. 

Toute­fois, en octobre 2022 la société Slate Digi­tal fut rache­tée par Audio­to­nix (Allen & Heath, Calrec, DiGiCo, DiGi­Grid, KLANG:tech­no­lo­gies, Solid State Logic, Harri­son Audio, Sound Devices, etc.). Steven et Fabrice ne font plus partie de l’aven­ture, tandis que John Bastia­nelli, ancien direc­teur en gestion de produits chez Avid et Preso­nus, est devenu le nouveau CEO. Les équipes sont aujour­d’hui répar­ties entre Los Angeles et Grenoble, avec la partie Audio­to­nix loca­li­sée à Londres.

Virtual Mix Rack version 3 (VMR3 pour les intimes), sorti en fin d’an­née 2024, est donc un des produits du Slate Digi­tal nouveau, qui est plutôt proli­fique, puisque rien qu’en 2024 ils ont sorti égale­ment Stel­lar Echo, Infi­nity EQ 2, Submerge, et Meta­Pitch, en plus de modules supplé­men­taires pour VMR ! La V3 fait suite à la version 2 mise en ligne en 2018, et à la V1 de 2014 que Nantho avait testé dans nos colonnes à l’époque. Le produit fait partie d’une vague de plug-ins avec une orien­ta­tion plutôt profes­sion­nelle qui modé­lise des appa­reils analo­giques dédiés au mixage, présen­tés avec un work­flow de rack / lunch­box à modules (pas Euro­rack, le format API 500 plutôt) qui ont tous plus ou moins la même taille et un nombre limité de contrôles en façade. Profi­tons de ce test pour déter­mi­ner si le concept fait toujours sens aujour­d’hui, et voyons ce que Virtual Mix Rack 3 nous propose.

Premiers pas avec le Virtual Mix Rack 3

Slate Digi­tal Virtual Mix Rack 3 est dispo­nible pour Windows et macOS, aux formats VST2, VST3, AudioU­nit et AAX, avec une gestion des licences via iLok. La marque propose l’ac­ti­va­tion avec le dongle, dans le cloud, et depuis peu asso­ciée à une machine, avec deux acti­va­tions possibles par licence. L’ins­tal­la­tion se fait grâce à leur logi­ciel Slate Digi­tal Connect, qui permet de préci­ser notam­ment les formats de plug-ins souhai­tés. Le produit est donc un multi-effets qui présente ses diffé­rents algo­rithmes ou modules sous l’ap­pa­rence de modules 500 virtuels, que l’on assemble de gauche à droite à partir d’une liste de modules dispo­nibles, emprun­tant des codes visuels skeuo­mor­phiques, et disposent d’un nombre limité de contrôles. Contrai­re­ment à d’autres plug-ins du même genre, le contenu est très spécia­lisé mixage et maste­ring, avec un peu d’ému­la­tions de maté­riel exis­tant et un peu de desi­gns origi­naux. On ne trou­vera pas ainsi de simu­la­tions de pédales ou d’am­pli­fi­ca­teurs guitare par exemple, d’ef­fets de modu­la­tion, de délais, de réverbes, et il n’existe pas de possi­bi­lité de faire du routage en paral­lèle ou de modu­ler des para­mètres avec des LFOs ou des enve­loppes. 

VMR3-FreeModulesVMR 3 est d’ailleurs avant tout un lecteur de modules dans un format proprié­taire, dispo­nible gratui­te­ment avec toutes ses fonc­tion­na­li­tés, et trois modules inclus : Revi­val (un mélange de filtrage et de satu­ra­tion qui joue sur le bas et sur les aigus), The Mons­ter (inspiré du British mode du compres­seur 1176), et Trim­mer (qui permet juste de régler le volume et d’in­ver­ser la phase, par exemple avant un autre module). Pour ajou­ter d’autres modules, il faudra ache­ter des bundles ou les modules sépa­rés, avec des tarifs qui commencent à 149 euros, ou bien sous­crire à une de leurs offres d’abon­ne­ment, qui semble être le mode d’achat que la marque recom­mande. Elles sont acces­sibles à partir de 16 euros par mois, avec tout le cata­logue Slate Digi­tal incor­poré dont nous avons parlé en intro­duc­tion, avec égale­ment le service de maste­ring VIRTU, et avec des tarifs plus élevés pour avoir accès aussi à du contenu d’en­tre­prises parte­naires (SSL, Sonic Academy, Over­loud, etc.) ou pour avoir la possi­bi­lité de rési­lier à n’im­porte quel moment.

Une fois ouvert dans votre STAN favo­rite, le plug-in dispose en plus de l’es­pace affi­chant les modules d’un navi­ga­teur de modules sur la gauche, qui permet de choi­sir quel module utili­ser d’un glissé-déposé à la souris, de menus pour les présets, de boutons d’an­nu­la­tion et de retour ou d’états A / B, d’un bouton qui active le mode « haute qualité » / over­sam­pling en échange d’une augmen­ta­tion de la charge CPU et de la latence (0 vs 63 échan­tillons avec 44.1 kHz de fréquence d’échan­tillon­nage), ou d’un autre pour chan­ger le compor­te­ment à la souris des poten­tio­mètres virtuels, et surtout de quelques nouveau­tés impor­tantes qui justi­fient large­ment le passage à la version 3 (qui est d’ailleurs gratuit pour tous les posses­seurs de la version 2 quelque soit le mode d’achat).

Quelles évolu­tions dans la version 3 ?

Première nouveauté large­ment visible d’ailleurs, les contrôles supplé­men­taires acces­sibles sous chaque module. En plus des habi­tuels solo / mute, de l’in­dex du slot qui permet de savoir comment auto­ma­ti­ser le module, et du menu des présets exis­tants pour chaque module, nous avons à présent un contrôle de volume de sortie séparé, qui va s’avé­rer très impor­tant pour gérer son gain staging, et aussi pour une poignée de modules un contrôle de side­chain. Celui-ci va permettre à une piste externe de contrô­ler la compres­sion ou n’im­porte quel compor­te­ment du module, avec son gain d’en­trée dédié, indé­pen­dant de celui plus clas­sique du module qui n’aura ainsi plus d’im­pact sur les seuils de compres­sion par exemple, et qu’il faudra miti­ger si besoin.

VMR3-MacrosAutres nouveau­tés de taille, la possi­bi­lité de redi­men­sion­ner enfin l’in­ter­face du plug-in, et un gestion­naire de macro­com­mandes (jusqu’à 8), qui fait penser à ce que l’on peut trou­ver dans Able­ton Live ou Bitwig Studio. Il permet d’as­si­gner à un poten­tio­mètre virtuel le dépla­ce­ment de plusieurs réglages des modules actuel­le­ment dispo­nibles, via un onglet d’édi­tion dédié qui met en couleur tous les réglages assi­gnables par ce biais. D’un clic, une nouvelle entrée s’ajoute pour la macro en cours d’édi­tion, et on peut régler la courbe de la course, la pola­rité et les coor­don­nées de dépla­ce­ment, voire désac­ti­ver tempo­rai­re­ment l’au­to­ma­ti­sa­tion du para­mètre. Le système fonc­tionne très bien et peut avoir un certain nombre d’usages inté­res­sants, par exemple, pour pouvoir en une seule mani­pu­la­tion agir sur les hautes fréquences, le volume de sortie, creu­ser les médiums, presque comme si on se fabriquait son propre module virtuel à partir de plusieurs exis­tants, en plus d’étendre les possi­bi­li­tés d’au­to­ma­tion du mixage !

Un système de présets à amélio­rer

Virtual Mix Rack dispose de présets à plusieurs niveaux, qui servent la quan­tité de combi­nai­sons de réglages possibles. Au-dessus de chaque module d’abord, un menu dérou­lant donne accès à des présets asso­ciés, avec des noms souvent évoca­teurs de types d’ins­tru­ments ou de genres. Bizar­re­ment, nous remarquons que certains modules ne sont pas livrés avec des présets factory, même si l’op­tion existe, peut-être quelque chose à amélio­rer au moins pour la cohé­rence ? Cela ne manque pas vrai­ment sur des modules à deux poten­tio­mètres, mais pour­rait être inté­res­sant sur les plus complexes…

Ensuite, il existe évidem­ment des présets globaux, qui incluent la combi­nai­son de modules sélec­tion­nés, mais aussi la partie macros. Ceux-ci sont rendus acces­sibles via une zone de texte + menu en haut à gauche de l’écran, qui permet d’un clic de faire appa­raître une quin­zaine de caté­go­ries, puis les présets inclus dans chaque. Bien qu’as­sez nombreux, on repère un peu de redon­dance, et un peu d’or­ga­ni­sa­tion là-dedans aurait été un atout pour rendre le produit plus acces­sible. Le logi­ciel fait quelques efforts sur l’ac­ces­si­bi­lité en géné­ral, avec des info­bulles sur quelques para­mètres et sur les noms des modules, le contenu du manuel (actuel­le­ment en anglais seule­ment). Mais on aurait appré­cié que les choses aillent un peu plus loin, avec ces conte­nus visibles en plus grand et plus étoffé dans le plug-in, à la manière des plug-ins Artu­ria (ou de votre servi­teur) avec la bande de texte du bas ou les tuto­riels inté­grés, d’au­tant que les noms des modules ne sont pas toujours très parlants et qu’il faut connaître un peu l’his­to­rique des machines ou des algo­rithmes origi­naux pour les utili­ser au mieux. On appré­ciera toute­fois de pouvoir en sélec­tion­ner jusqu’à 8 en favo­ris (ils sont appe­lés Dream Strips dans le plug-in), pour qu’ils disposent d’un slot dédié toujours visible au-dessus de l’in­ter­face des modules.

Mais quand même, en 2025, on se dit que ça serait bien d’avoir dans tous les plug-ins récents de jolis navi­ga­teurs de présets, avec des tags, chose que l’on retrouve de manière assez réus­sie en géné­ral dans les plug-ins de synthé­ti­seurs, ou sur les multi-effets spécia­li­sés modu­la­tions à la Cable­guys Shaper­box 3. Slate Digi­tal, enten­dant notre plai­doyer, décida alors de nous faire cadeau d’une fonc­tion­na­lité supplé­men­taire, acces­sible via un bouton violet et blanc du plus bel effet, à savoir le Disco­very Preset Brow­ser !

VMR3-PresetBrowser

Celui-ci ouvre une fenêtre popup à part qui nous permet d’ac­cé­der à une liste de présets, clas­sés par tags, caté­go­ries, instru­ments, packs, auteurs, etc., avec des descrip­tions, une zone de texte de recherche, des images qui indiquent les modules utili­sés et le nombre de macros asso­ciés. Puis d’un clic, le préset se retrouve chargé dans le plug-in, et on peut faire dispa­raître la fenêtre. Toute­fois, en lisant le manuel, je compris pourquoi il me semblait que quelque chose clochait avec ce système : les présets affi­chés ne sont pas les mêmes que ceux acces­sibles précé­dem­ment ! Il s’agit en fait de présets parta­gés en ligne et mis à dispo­si­tion des utili­sa­teurs de VMR 3 quand leur machine est connec­tée par inter­net. Pourquoi ne pas avoir inclus dans cette super inter­face les présets en local ? Nous avons posé la ques­tion aux déve­lop­peurs et il semble­rait que la fonc­tion­na­lité est actuel­le­ment en phase de test, et qu’il est heureu­se­ment prévu prochai­ne­ment, en fonc­tion des retours, d’étendre le champ d’ap­pli­ca­tion aux présets locaux, ouf ! Nous imagi­nons en effet qu’il peut être compliqué pour les équipes de jongler avec l’hé­ri­tage de diffé­rentes orien­ta­tions du plug-in pour propo­ser une ergo­no­mie et des fonc­tion­na­li­tés asso­ciées cohé­rentes, Virtual Mix Rack étant passé par plusieurs phases de ce côté-là au fil des années.

VMR3-BassAmpEmulator

On en profi­tera égale­ment pour indiquer que nous espé­rons que le futur système permette de faire la distinc­tion entre les présets dédiés au mixage, pour magni­fier une prise et une chaine de plug-ins et trai­te­ments donnés appliqués à un instru­ment, et ceux qui parti­cipent à la signa­ture sonore d’une piste de façon plus marquée, tel que le préset qui permet de simu­ler un ampli­fi­ca­teur basse avec une grosse quan­tité de distor­sion, ou les compres­seurs en amont d’un simu­la­teur d’am­pli­fi­ca­teurs guitare de type clean. En effet, il est dommage de mélan­ger les deux, par exemple dans la caté­go­rie « basse », car les deux usages impliquent des diffé­rences de contenu très marquées. Enfin, même si c’est le type de plug-in qui veut cela, nous ne serions pas contre non plus des tags supplé­men­taires par genre, avec du contenu spéci­fique aux musiques élec­tro­niques en plus des atten­dus genres pop / rock / métal.

Modules dispo­nibles et fonc­tion­na­li­tés marquantes

Mais le contenu de Virtual Mix Rack 3, c’est avant toute chose ses modules, la version 3 du plug-in donnant accès là tout de suite (avril 2025) à une tren­taine de modules diffé­rents hors micro­phones (il s’agit en fait des compa­gnons du Slate Digi­tal ML-1 hard­ware pour ces derniers, qui modé­lise diffé­rents types de micro­phones, on n’en parlera donc pas dans ce test). Les caté­go­ries d’ef­fets présents sont d’ailleurs assez expli­cites sur l’orien­ta­tion du plug-in : Dyna­mique, EQ, Harmo­niques, Maste­ring, Préamps. Un onglet dédié permet d’ac­cé­der à tout le contenu et de l’uti­li­ser par glissé-déposé, dont l’ac­cu­mu­la­tion a débuté dès la première version de la série.

Nantho avait d’ailleurs parlé dans 3 tests diffé­rents des modules FG-N et FG-S (émula­tions des EQs de consoles Neve 1073 et SSL4000G), des compres­seurs FG-116 et FG-401 (qui corres­pondent aux fameux Urei 1176 et à un compres­seur de type VCA d’ins­pi­ra­tion SSL 4000E au dbx 160A), du Revi­val, des Virtual Console Collec­tion 2.0 qui modé­lisent plusieurs types de consoles avec la partie somma­tion analo­gique, du Trim­mer qui permet de régler les volumes entre les modules (qui reste toujours utile pour la partie visua­li­sa­tion qui a été corri­gée depuis le test), le FG-Bomber qui est un exci­ter hybride, ou encore du FG-Stress qui modé­lise le Empi­ri­cal Labs EL8 Distres­sor. 

Depuis, Slate Digi­tal nous a publié les égali­seurs Custom Series, les émula­tions de préam­pli­fi­ca­teurs Neve 1073 et Tele­fun­ken V76 FG-73 et FG-76 (on ne s’y retrouve pas avec ces noms !), les sections Earth et Air du AirEQ de Eiosis, deux versions supplé­men­taires de la révi­sion A du 1176 appe­lées FG-116 Blue Vintage et Modern, l’ému­la­tion de compres­seur à tubes Tele­fun­ken U73b réali­sée par Audi­fied, les préam­plis à lampes du Virtual Tube Collec­tion London, Holly­wood et New York d’ins­pi­ra­tion UA et Neve, rien que sur Virtual Mix Rack 1.0 ! Puis après la sortie de la version 2.0 en 2018, nous avons eu égale­ment The Mons­ter (le 1176 avec le British Mode), FG-A (un égali­seur API bien connu), des modules dédiés au gate et au Tran­sient Shaper, deux takes sur le LA-2A inti­tu­lés FG-2A et Custom Opto, le FG-36A pour le Dolby A Trick, le dé-esseur FG-DS 902 émulant le dbx 902, le FG-Dyna­mics inspiré du compres­seur VCA SSL 4000E qu’on n’at­ten­dait plus pour son effet glue carac­té­ris­tique, et enfin le petit dernier en date avant la sortie de VMR 3 (qui n’a pas été mis en ligne avec de nouveau module pour le moment), le SD-PE1, l’ému­la­tion du fameux EQ Pultec EQP-1A.

Que dire de tout ça en plus du fait qu’il y a du monde ? Déjà on peut dire que les équipes de Slate Digi­tal ne chôment pas, car chacun de ces modules pour­rait être un plug-in stan­da­lone niveau complexité de modé­li­sa­tion. On remarque que certains produits comme les VBC (Virtual Buss Compres­sor) ou VTM (Virtual Tape Machines), plus vieillis­sants, ont pu servir d’ins­pi­ra­tion pour l’offre, mais ne sont pas inclus dans VMR. En effet, il manque au plug-in que nous regar­dons des fonc­tion­na­li­tés pour le mid / side, une émula­tion d’ap­pa­reil à bande analo­gique de type studio qui trou­ve­rait faci­le­ment sa place dans le concept, et peut être quelques réfé­rences iconiques ci et là en matière de compres­seurs ou de hard­ware en géné­ral dédié au mixage. Globa­le­ment on a quand même large­ment de quoi faire dans ce posi­tion­ne­ment. Ce qui manque­rait plutôt ça serait des plug-ins dans d’autres registres, sur du créa­tif (modu­la­tions, délais, réverbes) ou dédiés au maste­ring (un vrai limi­teur qu’on peut mettre en fin de chaine, de la visua­li­sa­tion de métriques loud­ness, etc.), mais on peut comprendre que les déve­lop­peurs aient cher­ché à se limi­ter avec un concept donné, d’au­tant qu’il existe d’autres plug-ins actuel­le­ment chez Slate Digi­tal qui peuvent couvrir ces besoins. On appré­cie aussi depuis plusieurs années de pouvoir désac­ti­ver la simu­la­tion de bruit addi­tion­nel sur certains modules un peu trop réalistes.

Tous ces modules nous semblent tenir complè­te­ment la route par rapport à la concur­rence (on va en parler un peu plus en dessous), et nous avons quelques chou­chous dans le lot. Citons par exemple les VCC qu’il fait sens d’uti­li­ser sur toutes nos pistes, avec la bonne surprise de voir qu’ils commu­niquent ensemble sur plusieurs instances au niveau des contrôles grâce à la fonc­tion­na­lité des groupes, le dé-esseur qui peut deve­nir vite indis­pen­sable sur un bus voix, le SD-PE1 pour le Pultec Trick (voir plus bas), le Distres­sor que Nantho avait bien décor­tiqué, le couple LA-2A / 1176 évidem­ment ou encore le préam­pli London que j’ai beau­coup utilisé pendant ma prise en main du produit.

Réalismes des émula­tions analo­giques : que valent-elles ?

Une ques­tion clé qui se pose à l’uti­li­sa­tion de Virtual Mix Rack 3 est celle du réalisme des simu­la­tions. Qu’en est-il de ce côté-là, concer­nant les modules propo­sés qui émulent du maté­riel exis­tant ? Et comment se posi­tionnent-ils par rapport à une liste de concur­rents qui s’al­longe au fur et à mesure que l’on regarde son contenu ? Il existe aujour­d’hui sur le marché une quan­tité assez impor­tante – voire astro­no­mique – de plug-ins émulant des égali­seurs, compres­seurs, préam­pli­fi­ca­teurs ou tranches de consoles analo­giques (voir les offres chez UAD, IK Multi­me­dia, Artu­ria, Waves, Over­loud, Black Roos­ter Audio, DMGAu­dio, Native Instru­ments, Pulsar Audio, Native Instru­ments, Softube, Sonic Acade­my…). L’in­té­rêt prin­ci­pal de ces plug-ins de simu­la­tion, par rapport à d’autres dont le design n’a pas d’ins­pi­ra­tion hard­ware ou n’in­clut pas de modé­li­sa­tion physique de circuits, est de trans­po­ser les usages que l’on fait des origi­naux dans un contexte in the box, et de propo­ser des couleurs fami­lières aux ingé­nieurs du son habi­tués au maté­riel physique ou simple­ment aux sound desi­gners curieux.

teletronix la2a carousel 1 1Pour prendre quelques exemples parlants que l’on va pouvoir regar­der de plus près, sans vous faire tout le cata­logue de VMR3, on peut commen­cer par parler du Univer­sal Audio / Tele­tro­nix LA-2A Leve­ling Ampli­fier qui est un compres­seur à tubes et à photo­ré­sis­tance, avec peu de réglages (un switch qui change le ratio, un contrôle de volume pour la sortie, et un autre pour le niveau d’en­trée du side­chain, avec une valeur de seuil ou thre­shold fixe). L’usage de la photo­ré­sis­tance T4 implique des constantes de temps rela­ti­ve­ment lentes (10 ms sur l’at­taque en moyenne et mini­mum de 60 ms sur le relâ­che­ment), ce qui implique qu’on ne pourra pas s’en servir pour contrô­ler des tran­si­toires, mais plutôt pour harmo­ni­ser le niveau d’un enre­gis­tre­ment, voire pour ses facul­tés de colo­ra­tion qui proviennent de la compres­sion et de la partie préam­pli­fi­ca­teur à lampes (à l’aide d’une demie 12AX7 et d’une 12BH7). Il est très utilisé notam­ment sur les enre­gis­tre­ments de basses, de grosse caisse, et surtout de voix pour leur donner une homo­gé­néité et un côté « produit » très carac­té­ris­tique. On note aussi la possi­bi­lité de régler au tour­ne­vis un contrôle spéci­fique qui agit sur le filtrage du signal utilisé pour la détec­tion et qui est pas mal malmené par la machine en géné­ral.

1176ln classic limiter carousel 1Le Univer­sal Audio / Urei 1176 Peak Limi­ter, qui a eu droit à de nombreuses révi­sions, comme la révi­sion A ou C avec son circuit LN (Low Noise) de 1970, a un compor­te­ment complè­te­ment diffé­rent du LA-2A, basé sur de l’am­pli­fi­ca­tion à FET pour rempla­cer les tubes et un mode de fonc­tion­ne­ment de type « feed­back » (le signal side­chain est ponc­tionné après la compres­sion plutôt qu’avant). Il a des constantes de temps très faibles et donc une forte réac­ti­vité, avec plusieurs réglages d’at­taque et de relâ­che­ment dispo­nibles (de 20 μs à 800 μs et 50 ms à 1100 ms, avec des valeurs effec­tives qui varient avec le signal), deux volumes d’en­trée side­chain et de sortie, et 4 switchs qui permettent de sélec­tion­ner un ratio (4:1, 8:1, 12:1, 20:1) qui agissent égale­ment sur le seuil fixe caché, avec la possi­bi­lité d’en enclen­cher plusieurs en même temps pour obte­nir diffé­rentes carac­té­ris­tiques de compres­sion et de satu­ra­tion (on parle des fameux All Mode ou British Mode quand les 4 sont enclen­chés). On l’uti­lise pour le son des trans­for­ma­teurs même sans compres­sion, pour sa rapi­dité d’ac­tion, pour la couleur satu­rée très spéci­fique du British Mode, pour contrô­ler des crêtes, ou pour jouer avec le sustain et le son des tran­si­toires du signal, ce qui le rend très à l’aise sur des enre­gis­tre­ments de batte­rie, sur des voix en conjonc­tion avec le LA-2A, ou des guitares acous­tiques et élec­triques en son clair. Il existe d’ailleurs des usages pour diffé­rents types de compres­seurs au niveau du mix, du maste­ring, mais aussi en phase de tracking (avec l’ef­fet qui sera appliqué direc­te­ment sur la prise) ou comme effet créa­tif avant un ampli­fi­ca­teur guitare ou basse, avec de nombreux compres­seurs au format pédale inspi­rés des LA-2A et 1176.

PultecEQP-1AjpgEnfin, l’éga­li­seur Pultec EQP-1A mélange égali­sa­tion passive (le filtrage se fait exclu­si­ve­ment avec des résis­tances, conden­sa­teurs et induc­tances, sans utili­ser de tran­sis­tors ou d’am­pli­fi­ca­teurs opéra­tion­nels) et circuits actifs, avec une section push-pull et ampli­fi­ca­tion à tubes (12ax7 et 12au7) qui compense la perte de gain du signal prove­nant des filtres passifs, avec des trans­for­ma­teurs en entrée, en sortie et entre les deux sections pour contrô­ler les impé­dances asso­ciées. Ce gros appa­reil dispose ainsi d’une couleur très parti­cu­lière avant même de toucher aux contrôles, qui permettent en plus de régler de l’at­té­nua­tion et du boost sur les basses fréquences (un choix de fréquence) et les hautes fréquences (deux choix de fréquences et une bande passante en plus pour le boost). Comme tous les EQs analo­giques en version origi­nale ou émulée, on les utilise surtout pour appor­ter de la couleur ou copier un son et un work­flow typé hard­ware, plutôt que pour faire du trai­te­ment chirur­gi­cal et précis, avec des réglages qui modi­fient la réponse en fréquence du signal de façon gros­sière et pas toujours très prévi­sible, avec un mélange de shelf et de cloches.

  • PultecTrick-None
  • PultecTrick-40-Att
  • PultecTrick-40-Boost
  • PultecTrick-40-BoostAtt

L’éga­li­seur est égale­ment emblé­ma­tique pour le fameux Pultec Trick, qui consiste à atté­nuer et boos­ter à la fois dans le bas même si le réglage est censé s’ef­fec­tuer sur une seule fréquence (ici avec le réglage à 40 Hz), ce qui va créer un creux carac­té­ris­tique un peu plus haut dans les fréquences grâce au compor­te­ment en inter­ac­tion des deux potards, et permettre aux instru­ments tels que les basses ou le kick de ressor­tir du mix, ou d’ac­com­pa­gner le travail anti-recou­vre­ment dans le bas, en effec­tuant sur chacun le Pultec Trick à des fréquences diffé­rentes. On peut entendre ici l’ef­fet de l’as­tuce sur la basse, un peu plus audible quand la batte­rie rentre juste­ment, qui est désac­tivé pendant 4 mesures, puis activé 4 mesures, puis désac­tivé 4 mesures, etc.

Midnight Slate
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Il a aussi été cloné par un certain nombre de fabri­cants, qui n’hé­sitent pas à appor­ter leur petite touche au circuit, les plus célèbres exemples étant les Tube Tech PE-1A et PE-1C qui sont censés être des copies euro­péennes plus ou moins strictes, ce dernier ayant été spéci­fique­ment émulé par exemple chez Softube.

Compa­ra­tif de réalisme avec les plug-ins concur­rents

Comment s’en sortent les modules Slate Digi­tal sur ces registres ? Nous avons droit aux émula­tions dédiées chez Slate Digi­tal dans VMR3, avec le SD-PE1 pour le EQP-1A, le FG-2A pour le LA-2A (avec d’ailleurs un module inti­tulé Custom Opto qui est une sorte de LA-2A aux stéroïdes avec plus de contrôles), et même 4 versions du 1176 (appe­lées FG-116, FG-116 Blue Vintage, FG-116 Blue Modern et The Mons­ter). Pour étudier le compor­te­ment des émula­tions, le meilleur ami du cher­cheur de petite bête est l’ap­pli­ca­tion Plugin­doc­tor de DDMF, qui permet de char­ger des plug-ins ou d’en­voyer des signaux dans du hard­ware, et d’ob­ser­ver la réponse en fréquence du plug-in pour des réglages donnés, la produc­tion d’har­mo­niques pour évaluer les compor­te­ments non linéaires et la correc­tion anti­alia­sing, et de jeter un œil aux courbes de réponse dyna­mique pour les compres­seurs.

VMR3-PE1-2A-116Sur le Pultec EQP-1A, le tout dernier module produit étant juste­ment le SD-PE1, qui marque de fait par son nom la rupture avec le travail de Fabrice Gabriel qui mettait ses initiales un peu partout, on pour­rait s’at­tendre à quelque chose qui appuie tout le savoir-faire acquis par l’équipe de déve­lop­peurs depuis les débuts du projet. Sur ces émula­tions en parti­cu­lier, on regarde quelle est l’in­fluence des diffé­rents para­mètres sur la réponse en fréquence, et on s’as­sure du compor­te­ment en non-linéaire de l’ému­la­tion en véri­fiant qu’elle existe. En effet, certains plug-ins ne se contentent d’ému­ler que la partie dite d’éga­li­sa­tion passive, sans inclure la partie ampli­fi­ca­tion et trans­for­ma­teurs. D’autres, comme  l’ému­la­tion gratuite PTEq-X de Ignite Amps, semblent ajou­ter une partie ampli­fi­ca­tion géné­rique, parfois débrayable ou custo­mi­sable, ce qui n’en­lève pas grand-chose à la fonc­tion­na­lité d’éga­li­sa­tion. Dans nos tests avec Plugin­doc­tor, les courbes d’éga­li­sa­tion du SE-PE1 et par exemple de l’ému­la­tion de UAD se super­posent quasi­ment, ce qui démontre l’ins­pi­ra­tion commune. On remarque même que les aigus bougent un peu en jouant avec les para­mètres dans le bas et inver­se­ment chez Slate Digi­tal, ce qui est plutôt un indi­ca­teur fort de l’usage de tech­niques de modé­li­sa­tion physique pour l’al­go­rithme au lieu d’un travail de repro­duc­tion des courbes effec­tué « à la main » en obser­vant le compor­te­ment du circuit.

Sur l’ému­la­tion du Tube Tech PE-1C de Softube, on observe un compor­te­ment simi­laire, mais avec quelques diffé­rences sur la réso­nance dans le haut du spectre et quelques déca­lages légers sur les fréquences de coupure, prove­nant très proba­ble­ment des diffé­rences de nature exis­tantes entre le EQP-1A et le PE-1C que l’on peut obser­ver sur les sché­mas élec­tro­niques. À l’in­verse, nous avons été extrê­me­ment surpris en regar­dant la réponse en fréquence de l’ému­la­tion de IK Multi­me­dia T-Racks 6, au point que nous pouvons la consi­dé­rer comme complè­te­ment ratée ! Non seule­ment les fréquences de coupure sont off, mais en plus les réglages dans les aigus ont un effet sur le gain global et sur l’image stéréo dans les basses fréquences qui nous semblent complè­te­ment hors sujet pour un produit qui est censé être une émula­tion de EQP-1A. Nous avons égale­ment comparé les courbes que nous obser­vons avec celles présen­tées dans le manuel du hard­ware d’ori­gine, ce qui nous permet d’ac­cor­der notre confiance aux émula­tions de Slate Digi­tal et de UAD notam­ment.

  • Comparatif-EQP1A-T6vsSD
  • Comparatif-EQP1A-UADvsSD
  • EQP-1A-Manual

Sur les compres­seurs, faire un test de réalisme est un exer­cice beau­coup plus périlleux, encore plus si on ne possède pas les origi­naux, ce qui malheu­reu­se­ment est notre cas ici, malgré quelques recherches avec des studios locaux. Mais surtout, le compres­seur pose un problème de nature. Dans nos précé­dents tests sur Neural Amp Mode­ler et Synapse Audio The Legend HZ, discri­mi­ner les mauvaises émula­tions ou compa­rer avec des exemples sonores des émula­tions entre elles avec du hard­ware nous a paru plutôt aisé, parce que les critères objec­tifs ne manquaient pas, et qu’au niveau sonore quelques exemples seule­ment suffisent à entendre un certain nombre de choses flagrantes se produire.

Dans le cas d’un compres­seur, l’ac­tion se carac­té­rise par défi­ni­tion par un aspect tempo­raire et furtif, puisqu’il s’agit essen­tiel­le­ment d’une auto­ma­tion de volume et d’un proces­seur non linéaire assez léger, comme un préam­pli­fi­ca­teur qui réchauffe à peine le son, en dehors de ce qui se passe quand le seuil de déclen­che­ment est atteint. Les choses se compliquent de plus dans le cas du 1176 car il existe plusieurs révi­sions, sans parler du fait qu’un seul des modules de Slate Digi­tal propose le British Mode et n’est pas une émula­tion stricte de 1176. Pour évaluer la qualité des émula­tions de Slate Digi­tal de 1176 et de LA-2A, nous avons donc décidé de faire abstrac­tion du mode British sur le premier, et de vous faire écou­ter pour commen­cer des sons qui utilisent diffé­rentes émula­tions à la recherche de simi­la­ri­tés pour des réglages à peu près iden­tiques. D’abord écou­tons les émula­tions de 1176, avec les contrôles sur des valeurs iden­tiques, à peu près autant de gain en entrée, et les volumes de sortie matchés niveau loud­ness (en faisant atten­tion aux plug-ins plai­san­tins qui ont leur mapping à l’en­vers par rapport à l’ori­gi­nal, ou à bien matcher les para­mètres à utili­ser sur le DMG Audio Track­Comp 2).

1176-Drums-No FX
00:0000:19
  • 1176-Drums-No FX00:19
  • 1176-Drums-Artu­ria00:19
  • 1176-Drums-Black Roos­ter00:19
  • 1176-Drums-MixBus00:19
  • 1176-Drums-Native Instru­ments00:19
  • 1176-Drums-Over­loud00:19
  • 1176-Drums-Slate Digi­tal00:19
  • 1176-Drums-TRacks500:19
  • 1176-Drums-UAD00:19
  • 1176-Drums-Track­Comp200:19

Sur le LA-2A, même puni­tion, avec des diffé­rences assez marquées je trouve sur la quan­tité de satu­ra­tion créée par l’ému­la­tion d’un plug-in à l’autre, ce qui m’a obligé à ajus­ter un peu le volume d’en­trée. Diffi­cile d’ailleurs dans ce contexte de sortir un vainqueur marqué, mais il est super inté­res­sant d’écou­ter comment on peut faire sonner aussi diffé­rem­ment une émula­tion de quelque chose qui est censé être constant, et qui dans ce cas ne fait clai­re­ment pas que compres­ser.

LA-2A-Bass-No FX
00:0000:24
  • LA-2A-Bass-No FX00:24
  • LA-2A-Bass-Black Roos­ter00:24
  • LA-2A-Bass-MixBox00:24
  • LA-2A-Bass-Over­loud00:24
  • LA-2A-Bass-Slate Digi­tal00:24
  • LA-2A-Bass-TRacks500:24
  • LA-2A-Bass-UAD00:24
  • LA-2A-Bass-Track­Comp200:24

Nous avons égale­ment observé dans Plugin­doc­tor les mesures des diffé­rents concur­rents sur chaque type de compres­seurs. Bien que le logi­ciel nous donne des données brutes un peu gros­sières, il nous permet d’avoir une idée des fonc­tions de trans­fert de chaque émula­tion et aussi du compor­te­ment des enve­loppes appliquées sur le signal side­chain, d’abord pour les 1176 :

  • Comparatif-1176-UADvsMixBox-Ramp-12
  • Comparatif-1176-UADvsSD-Ramp-12
  • Comparatif-1176-UADvsSD-AttRel-12
  • Comparatif-1176-UADvsMixBox-AttRel-12

Et ensuite sur les émula­tions de LA-2A :

  • Comparatif-LA2A-T5vsSD-Ramp-Limit
  • Comparatif-LA2A-UADvsSD-Ramp-Limit
  • Comparatif-LA2A-T5vsSD-AttRel-Limit
  • Comparatif-LA2A-UADvsSD-AttRel-Limit

Ces données néces­sitent un peu de réflexion pour pouvoir être inter­pré­tées, et il peut être facile d’en tirer des conclu­sions hâtives ou erro­nées, comme vous pour­rez le consta­ter sur les inter­nets. D’abord, préci­sons ce que nous regar­dons : le mode Ramp de Plugin­doc­tor permet d’avoir une visua­li­sa­tion d’une mesure de la courbe de trans­fert fami­lière des compres­seurs, tandis que le mode Att/Rel permet d’en­voyer un signal sinu­soï­dal à une fréquence donnée, puis de varier deux fois son ampli­tude pour faire appa­raître les impli­ca­tions des temps d’at­taque et de relâ­che­ment sur l’en­ve­loppe du signal de sortie.

Il semble plus aisé de repro­duire la fonc­tion de trans­fert du compres­seur 1176 que du LA-2A, et il y a aussi beau­coup d’in­ter­pré­ta­tions logi­cielles possibles bizar­re­ment du compor­te­ment du LA-2A d’après nos obser­va­tions. Nous avons remarqué aussi que l’ému­la­tion de IK Multi­me­dia dans MixBox du 1176, qui est diffé­rente de celle de T-Racks 5 et 6, avait un compor­te­ment très diffé­rent sur la partie attaque des autres, n’ayant pas réussi à faire coller la cour­bure de l’at­taque du signal même en utili­sant diffé­rentes valeurs des para­mètres. Nous avons pu voir aussi que les émula­tions UAD (celles qui sont régu­liè­re­ment propo­sées gratui­te­ment, pas les versions collec­tions) ont un compor­te­ment qui change peu avec la fréquence du signal entrant. Bref je m’at­ten­dais à voir pas mal de simi­li­tudes strictes d’un plug-in à l’autre sur les compres­seurs, et il semble­rait que ça ne soit pas le cas en dehors de quelques traits gros­siers, et d’une cohé­rence géné­rale sur ce qui peut être dit d’une marque donnée. J’ai­me­rais pouvoir faire un clas­se­ment des marques qui émulent correc­te­ment les compres­seurs analo­giques, mais je trouve qu’il y a des choses à redire un peu partout, et qu’on peut surtout se fier à ses oreilles et éven­tuel­le­ment à des indi­ca­teurs du degré de sophis­ti­ca­tion de certains par rapport à d’autres. Pour pouvoir aller plus loin, il faudrait se réfé­rer aux machines exactes (révi­sion et numéro de série près) qui ont servi de réfé­rence à chaque émula­tion, mais vous compren­drez qu’on peut sortir assez rapi­de­ment du cadre de ce test. Tout ce que je peux affir­mer sur les compres­seurs et l’éga­li­seur au moins c’est que Slate Digi­tal a l’air de s’en sortir pas mal en matière de réalisme, et qu’on est plutôt sur des valeurs sûres égale­ment avec les marques qui performent bien quelque soit l’ému­la­tion consi­dé­rée (UAD, Black Roos­ter par exemple) ou qui poussent assez loin les consi­dé­ra­tions sur le maté­riel émulé (DMG Audio notam­ment).

Utili­sa­tion concrète de VMR 3 en session de mix

Dans le contexte de son utili­sa­tion réelle pour faire autre chose que des compa­ra­tifs, Virtual Mix Rack 3 pose incon­di­tion­nel­le­ment la ques­tion du work­flow. À quoi cela sert-il en 2025 d’uti­li­ser un plug-in dans lequel il y a plusieurs effets incor­po­rés, dont on ne peut pas voir la liste d’un simple coup d’œil dans la liste des inserts de sa STAN ? Ce ques­tion­ne­ment fait que l’on peut être tenté de vouloir utili­ser les plug-ins concur­rents et stan­da­lones qui ne manquent pas, voire d’uti­li­ser plusieurs instances du VMR 3 avec à chaque fois un seul module chargé ! On regret­tera le temps de char­ge­ment de la première instance qui peut être un peu long dans cette utili­sa­tion, mais qui ne concerne pas les suivantes, fort heureu­se­ment. Il n’em­pêche que ce n’est pas tant que ça un problème d’adhé­rer à ce work­flow, notam­ment grâce à l’usage des macro­com­mandes ou des possi­bi­li­tés d’au­to­ma­tion, qui assignent chaque module à une lettre donnée.

VMR3-Automation

Pour autant, il y a bien plusieurs avan­tages très concrets à utili­ser ce mode de fonc­tion­ne­ment. Pour commen­cer, il y a la possi­bi­lité d’al­ler plus vite ! En effet, il n’est pas rare chez les ingé­nieurs du son profes­sion­nels de faire un usage inten­sif de templates pour accé­lé­rer le mixage et l’en­re­gis­tre­ment en studio des produc­tions des artistes, et un tel plug-in permet de sauve­gar­der ses combi­nai­sons de modules préfé­rés, avec un ordre, des réglages et des macros spéci­fiques. Un utili­sa­teur aguerri peut alors mixer rapi­de­ment ses pistes en utili­sant ses présets person­nels préfé­rés comme base pour pallier à chaque situa­tion. Autres avan­tages, on peut évidem­ment utili­ser les présets des autres, et explo­rer leurs idées, ce qui donne un certain côté péda­go­gique bien­venu au plug-in égale­ment. Nous pensons en effet que VMR 3 est un plug-in avec une acces­si­bi­lité en dessous de la moyenne, néces­si­tant de se fami­lia­ri­ser avec les appa­reils émulés et leurs usages pour en tirer un profit maxi­mum, et quelque part, les indi­ca­tions four­nies par les présets viennent aussi aider un peu de ce côté-là, notam­ment avec le navi­ga­teur dédié aux présets locaux. 

Dernier avan­tage du work­flow, la possi­bi­lité de récréer son chan­nel strip et des condi­tions d’en­re­gis­tre­ment analo­gique. S’il manque une émula­tion d’en­re­gis­treur à bandes, Virtual Mix Rack 3 propose en effet la version 2.0 du Virtual Console Collec­tion, qui, si elle est vieillis­sante, reste incon­tour­nable et avec peu d’équi­va­lents aujour­d’hui (le système d’Ana­log Summing de UAD n’est dispo­nible que dans Luna par exemple), notam­ment grâce à la commu­ni­ca­tion inter­ins­tances. Si son effet est rela­ti­ve­ment subtil sur une seule piste, l’ac­cu­mu­la­tion de celles-ci permet de produire quelque chose de plus audible, et surtout d’im­por­ter le work­flow de l’ana­lo­gique qui consiste à se lais­ser le droit de mixer « chaud » avec des pistes qui ont des hauts niveaux, pour obte­nir de la chaleur « analo­gique » supplé­men­taire et pas du clip­ping numé­rique brutal. Cette chaleur peut d’ailleurs être parfai­te­ment utili­sée sur des genres musi­caux plutôt élec­tro­niques, avec un usage recon­nais­sable entre mille du side­chain externe sur les compres­seurs.

En parlant de volumes, la problé­ma­tique du gain staging demeure toujours aussi impor­tante, et la présence des volumes de sortie par module dans l’in­ter­face est rapi­de­ment indis­pen­sable, au point qu’on ne se souvient plus comment on faisait sans (mettre des Trim­mers partout s’avé­rait un peu too much). Il arrive pour­tant qu’on soit embêté par les compen­sa­tions de volume auto­ma­tiques (par exemple, le réglage de drive sur les VCC qui est censé ajou­ter jusqu’à 18 dB de gain) ou l’im­pres­sion que certains contrôles de satu­ra­tion n’im­pactent que très peu le signal de sortie. Ainsi, en phase de sound design ou pour des usages créa­tifs, on utili­sera prin­ci­pa­le­ment les émula­tions de préam­pli­fi­ca­teurs à lampes plutôt que les modules de console virtuels. Il nous arrive aussi parfois de regret­ter l’ab­sence de feed­back visuel supplé­men­taire, le plug-in nous inci­tant à mixer avec nos oreilles plutôt qu’avec nos yeux, ce qui peut s’avé­rer un peu puni­tif si on ne connait pas assez le maté­riel émulé et ses usages. Là encore, des ajouts péda­go­giques dans les prochaines versions seraient très appré­ciables. Ici, on peut entendre l’ef­fet du side­chain sur la basse et sur les pads (qui utilise le 1176 avec un side­chain externe), ou encore l’usage des préam­plis pour rajou­ter de la distor­sion sur la deuxième ligne de basse.

Acid Side­chain Whoop
00:0001:36

Sur les usages créa­tifs d’ailleurs, la présence du side­chain et des macros ouvre un certain nombre d’ho­ri­zons, qui m’ont poussé pour termi­ner sur ce test à vous faire une démons­tra­tion du plug-in un peu à contre-courant de ce que je m’at­ten­dais à faire au départ. Plutôt que de vous faire une démons­tra­tion de mixage avec VMR 3 (par exemple en prenant les pistes sépa­rées d’un morceau prove­nant d’un mixing contest), j’ai préféré partir dans une direc­tion dub (à partir de stems et de maté­riaux libres de droits, mais pas que), le prin­cipe du genre musi­cal étant juste­ment de jouer avec la console et le maté­riau sonore après qu’il soit mixé correc­te­ment ! On utili­sera des plug-ins externes pour tout ce qui est modu­la­tions, réver­bé­ra­tion (à ressorts évidem­ment) et délai (par exemple au hasard l’ex­cellent Slate Digi­tal Stel­lar Echo 201 qui modé­lise une Roland Space Echo). Et pour le reste on fera un usage inten­sif des macros et du side­chain, ainsi que de tout ce qui fait la force du plug-in : Pultec Trick pour faire ressor­tir le kick et la basse, bus de compres­sion 1176 / LA-2A et de-esseur sur les voix, VCC sur chaque piste, Revi­val et tranches d’EQ pour donner un peu de couleur à certaines pistes faiblardes, AirEQ pour nettoyer le contenu de certaines pistes, FG-Dyna­mics en master pour l’ef­fet glue, et usage de VIRTU tant qu’à faire sur l’ex­port final. Nous avons d’ailleurs appré­cié de pouvoir multi­plier les instances du plug-in dans notre projet, grâce à une consom­ma­tion du plug-in en charge CPU qui est très raison­nable, y compris avec le mode haute qualité activé.

Virtual Mix Dub
00:0004:25

FAQ

1. Qu’est-ce c’est et qu’est-ce que ça fait ?

Slate Digi­tal Virtual Mix Rack 3 est un plug-in multi-effets qui émule prin­ci­pa­le­ment diffé­rents appa­reils de studio analo­giques, avec un work­flow simi­laire aux « lunch­boxes » de modules 500 avec peu de para­mètres, dédié plutôt au mixage, mais permet­tant aussi de faire du design sonore.

2. Quel est le niveau requis pour l’uti­li­ser ?

VMR 3 s’adresse plutôt à un public averti ou en forma­tion dans le mixage avec des compres­seurs, égali­seurs et autres appa­reils de studios.

3. Abon­ne­ment obli­ga­toire ?

Pour utili­ser VMR 3, il est possible d’uti­li­ser la version gratuite avec 3 modules seule­ment, mais pour le reste du contenu Slate Digi­tal incite à sous­crire à l’offre d’abon­ne­ment à partir de 16 euros par mois, même si il est possible d’ache­ter les modules en licence perpé­tuelle à des tarifs de 149 euros et plus (par bundle ou un seul à la fois).

4. Quels sont les concur­rents prin­ci­paux ?

Prin­ci­pa­le­ment le MixBox ou le T-Racks 6 de IK Multi­me­dia en matière de multi-effets, mais sinon des plug-ins de Over­loud, UAD, Softube, Black Roos­ter Audio, ou Native Instru­ments pour les émula­tions d’ap­pa­reils analo­giques sépa­rés.

5. Quelle est la consom­ma­tion en charge CPU du plug-in ?

Très légère en compa­rai­son des concur­rents, notam­ment grâce au fait qu’il existe un mode haute qualité avec over­sam­pling qui est option­nel, et qui rajoute égale­ment un peu de latence en plus d’une consom­ma­tion CPU accrue si besoin.

Carac­té­ris­tiques tech­niques

  • Formats : VST2, VST3, AU, AAX
  • Compa­ti­bi­lité : Windows et macOS
  • Système de protec­tion : iLok
  • Compres­seurs présents : émula­tions de LA-2A, 1176, SSL 4000E, Distres­sor, U73b et desi­gns origi­naux
  • Égali­seurs présents : émula­tions de EQP-1A, égali­seurs de consoles Neve et SSL, algo­rithmes extraits de Eiosis AirEQ et desi­gns origi­naux
  • Autres modules présents : émula­tions de préam­pli­fi­ca­teurs à tubes, de tranches de consoles, noise-gates, enhan­cers, exci­ters, tran­sient desi­gner, dé-esseur etc.
  • Tarifs : version gratuite avec 3 modules, modules en licence perpé­tuelle à partir de 149 euros, abon­ne­ment à partir de 16 euros par mois avec tous les modules et d’autres produits Slate Digi­tal

Notre avis : 8/10

Award Valeur sûre 2025
2025
Valeur sûre
Award

Slate Digital Virtual Mix Rack 3 est donc un produit singulier, avec un contenu qui le destine de prime abord à des utilisateurs chevronnés, qui travaillent sur le mixage / mastering de leurs productions ou de celles des autres, et qui sont relativement familiers avec le matériel émulé, mais aussi à des gens qui veulent se former à l'art du mixage et qui veulent jouer avec le contenu à des fins créatives.

Nous avons apprécié notamment la qualité des émulations, qui situe le logiciel clairement en haut du panier sur le réalisme de simulation et les caractéristiques soniques des algorithmes présents. Le workflow qui s'impose avec un multi-effets au format lunchbox virtuel nous permet d'utiliser un certain nombre d'astuces et de savoir-faire qui s'appliquent au monde du hardware, ou à un usage intensif de channel strips et émulations de consoles de légende in the box. 

On ne peut que se questionner sur la partie tarification toutefois, qui risque d'être un frein pour la plupart des utilisateurs intéressés par le plug-in, et qui est fortement plus incitative pour aller vers la souscription que d'autres marques concurrentes, au vu des prix pratiqués pour les licences perpétuelles. Sans faire le procès de l'abonnement pour Slate Digital en particulier dans ce test, car ce n'est pas vraiment le sujet ici, nous remarquons que le positionnement tarifaire va de pair avec le contenu. Et il nous semble que les utilisateurs plutôt aguerris ou professionnels qui sont la cible préférentielle du produit ont de toutes façons tendance justement à aller beaucoup plus vers les abonnements, de par leurs besoins et leur pratique de la production musicale plus organisée.

On lui passera facilement ses quelques soucis d'ergonomie mineurs, d'autant que la version 3 du plug-in a apporté des améliorations bienvenues à ce sujet, en complément de la refonte de leur site web, et que la nouvelle équipe après le rachat de la boite semble assez dynamique et réactive. Nous espérons dans les prochaines mises à jour un peu de travail supplémentaire sur les finitions - plus que sur l'ajout de nouveaux modules d'ailleurs, même si on ne dirait pas non à quelques compresseurs de type différent ou à du contenu plus orienté sound design - avec un focus sur la rapidité d'exécution des tâches et sur le contenu pédagogique, que ce soit dans le manuel, dans tout ce qui permet de réduire la barrière d'accessibilité pour les utilisateurs peu familiers avec les usages de tous ces algorithmes, et dans le contenu au niveau présets, avec leur organisation effective.

En tout cas nous avons passé un bon moment à tester ce produit, et nous félicitons l'équipe de Slate Digital pour tout le travail effectué sur VMR 3 et les projets en général depuis le rachat de leur structure par Audiotonix, ce qui vaut au produit et donc également à l'offre d'abonnement de Slate Digital associée un award valeur sûre ! En bonus, j'ai cru entendre que ça bossait déjà fort sur la prochaine update...

PS. Je tiens à remercier Alexandre Vaneph de Slate Digital pour les réponses apportées à toutes mes questions, et à Adrien Perinot pour les discussions sur les compresseurs virtuels, et les formations Projet Home Studio sur le mixage et les compresseurs, qui m'ont permis d'éclairer le contenu de ce test.

  • La qualité des simulations
  • Couverture assez large des besoins en matière d'effets à modélisation analogique pour le mixage
  • Les nouvelles fonctionnalités de la version 3 (sidechain, volumes, macros, redimensionnement etc.)
  • Quelques modules accessibles gratuitement
  • Les modules de console qui interagissent ensemble sur plusieurs instances
  • Consommation CPU raisonnable, avec un mode HQ optionnel
  • Le navigateur de présets
  • C'est très joli
  • La simplicité des contrôles sur chaque module
  • On peut retirer le bruit analogique additionnel sur les modules
  • Hyper intéressant à manipuler en se formant sur les usages des originaux qui sont émulés
  • On peut jouer avec les macros ou les modules harmoniques pour faire du sound design
  • Le sujet de la tarification
  • Les noms des modules qui ne sont pas toujours très clairs
  • Orientation très mixage et moins créative
  • Quelques manques sur les modules
  • Gestion des présets à finaliser
  • Proposition qui manque un peu d'accessibilité et de contenu pédagogique
  • Manque de feedback visuel en général
  • On aurait aimé voir plus souvent des contrôles dry/wet dans les modules
  • On ne peut pas appuyer sur tous les boutons en même temps des 1176 (The Monster est la version unique en British Mode)
  • Pas de fonctionnalités Mid / Side
  • Manuel en anglais
Intêret de la mise à jour :
Pays de fabrication : France

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