Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
34 réactions

Test du LUFS Meter de Klangfreund - Klangfreund recadre le volume

8/10

Laissez-moi vous présenter LUFS Meter, un petit plug-in rudement malin qui pourrait bien faciliter la vie à tous ceux qui prennent la "Loudness War" au sérieux. Et j'ose espérer que vous êtes nombreux dans ce cas après tout le mal qu'Audiofanzine se donne pour vous sensibiliser sur le sujet…

Présen­ta­tion

Dispo­nible aux formats AAX, AU, VST, VST 3 en 32 et 64 bits pour Mac et PC, LUFS Meter est le premier plug-in de l’édi­teur suisse Klang­freund. L’ins­tal­la­tion et l’au­to­ri­sa­tion (jusqu’à 3 ordi­na­teurs simul­ta­nés) n’étant qu’une simple forma­lité, rentrons direc­te­ment dans le vif du sujet. Comme son nom le laisse suppo­ser, LUFS Meter permet avant tout de visua­li­ser le niveau sonore de vos enre­gis­tre­ments via l’unité LUFS (Loud­ness Units Full Scale). Cette unité de mesure basée sur le niveau sonore réel­le­ment perçu est deve­nue depuis quelque temps d’une impor­tance capi­tale, non seule­ment pour le Broad­cast, mais égale­ment pour la musique en soi puisque les prin­ci­paux acteurs du strea­ming musi­cal s’y mettent petit à petit. Pour plus d’in­for­ma­tions sur le sujet, je vous renvoie vers ce chapitre de l’ex­cellent dossier sur la « Loud­ness War » réalisé par mon confrère Slee­pless.
Pour en reve­nir au sujet du jour, l’in­ter­face du plug-in affiche les valeurs suivantes via un bargraphe :

  • Inte­gra­ted loud­ness (I) : mesure globale de la sonie depuis le début de la lecture ou depuis la dernière remise à zéro via le bouton Reset ;
  • Loud­ness range (LRA) : plage dyna­mique du signal, toujours depuis le début de la lecture ou depuis la dernière remise à zéro ;
  • Short-term loud­ness (S) : sonie sur les trois dernières secondes ;
  • Momen­tary loud­ness (M) : sonie sur les 400 dernières milli­se­condes.
Klangfreund LUFS Meter

À cela s’ajoute une mesure True Peak du signal en dBFS avec une préci­sion de deux déci­males après la virgule ainsi qu’un graphique affi­chant l’évo­lu­tion de toutes ces valeurs au cours du temps. Notez que de base, cet histo­rique travaille sur les 20 dernières secondes, mais qu’il est possible de person­na­li­ser cette fenêtre tempo­relle dans les préfé­rences du plug-in (de 4 secondes à 4 heures !). L’en­semble est on ne peut plus clair et fonc­tion­nel, d’au­tant que l’in­ter­face est redi­men­sion­nable à loisir et qu’il est possible de person­na­li­ser l’af­fi­chage (couleurs et tailles des diffé­rentes zones) toujours via les préfé­rences du plug-in qui sont acces­sibles d’un clic sur la petite clé à molette située en haut à gauche. Bien entendu, il est possible de sauve­gar­der les préfé­rences en presets de façon à pouvoir passer rapi­de­ment d’un affi­chage à un autre selon les situa­tions.

Un seul regret à signa­ler à ce stade, le plug-in n’est pas livré avec un manuel d’uti­li­sa­tion. J’ai eu beau cher­cher, pas de trace d’un quel­conque PDF… Heureu­se­ment, une aide contex­tuelle débrayable (bouton « Help » en bas à gauche) affiche l’es­sen­tiel de ce qu’il faut savoir pour utili­ser la bête lors du survol des diffé­rentes zones du plug-in.

Tout cela est bien joli, mais il n’y a pour l’ins­tant pas de quoi casser trois pattes à un canard. Ce type de plug-in existe déjà et le LUFS Meter ne semble pas appor­ter de réelle nouveauté le démarquant de la concur­rence. Et pour­tant…

Le petit plus…

Klangfreund LUFS Meter

Dans le cadre d’un mixage, après l’in­évi­table phase de « Gain Staging », certains ingé­nieurs du son aiment réali­ser un prémix rapide en jouant simple­ment sur les niveaux afin de savoir où ils vont. Il y en a même qui poussent le vice jusqu’à appliquer concrè­te­ment les varia­tions de gain ainsi obte­nues direc­te­ment sur les pistes afin d’avoir ce prémix avec tous les faders à zéro et ainsi profi­ter d’une meilleure réso­lu­tion de faders lors du mixage à propre­ment parler. En effet, l’échelle des faders n’est pas linéaire comme vous vous en êtes sans doute déjà aperçu, et la zone autour du gain unitaire est bien entendu celle offrant la meilleure préci­sion, d’où l’in­té­rêt de la manoeuvre.
Pourquoi diable évoquer cette tech­nique dans ce banc d’es­sai ? Tout simple­ment parce que LUFS Meter se propose de réali­ser cette étape auto­ma­tique­ment ! Et la chose est vrai­ment d’une simpli­cité enfan­tine. Il suffit de placer une instance du plug-in sur la piste souhai­tée, de lancer la lecture de bout en bout, de choi­sir un niveau LUFS cible, puis de cliquer sur le bouton « adjust to » et le tour est joué. LUFS Meter réglera alors le gain de la piste en fonc­tion des mesures effec­tuées pour atteindre le niveau cible sans que vous n’ayez à toucher au fader de la piste. La beauté de la chose, c’est qu’il est possible de synchro­ni­ser les fonc­tions « reset » et « adjust to » entre plusieurs instances du plug-in. Il suffit alors d’in­sé­rer LUFS Meter avec le niveau cible souhaité et la fonc­tion « sync » acti­vée sur chacune des pistes de votre mix, de lire le morceau dans son inté­gra­lité, puis de cliquer sur un seul bouton « adjust to » et paf ! voilà votre prémix plié en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Pour mieux comprendre, voici une vidéo en anglais expliquant la chose :

J’ai bien entendu testé la manoeuvre en long, en large et en travers. Il faut bien avouer que le résul­tat est assez bluf­fant, jugez plutôt :

01 Fire­thief dry
00:0001:10
  • 01 Fire­thief dry 01:10
  • 02 Fire­thief wet 01:10

Le premier extrait se résume au titre avec tous les faders au gain unitaire une fois l’étape de « Gain Staging » effec­tuée, et bien sûr sans aucune égali­sa­tion ou compres­sion. Sur le second, une instance du LUFS Meter sur chacune des pistes a servi à établir le prémix avec un niveau cible fixé à –23 LUFS. Notez que les niveaux « Master » des deux extraits ont été fixé à –16 LUFS, toujours grâce au plug-in, afin de pouvoir les compa­rer à volume perçu égal. Plutôt convain­cant, non ? En tout cas, person­nel­le­ment je trouve qu’il s’agit d’une très bonne base pour attaquer le mixage.

Voyons ce que cela donne sur un morceau un peu plus char­gé…

03 What­soe­ver dry
00:0000:49
  • 03 What­soe­ver dry 00:49
  • 04 What­soe­ver wet 00:49
Klangfreund LUFS Meter

De nouveau, le résul­tat semble plus que probant, d’au­tant que l’opé­ra­tion n’a pris qu’une paire de minutes alors qu’il m’en aurait bien fallu une quin­zaine pour faire ça à la main. Quelques remarques cepen­dant. Cette fois-ci, le niveau cible était de –30 LUFS pour toutes les pistes à l’ex­cep­tion de la voix qui est à –23 LUFS car j’aime bien attaquer mes mixages avec le chant au-devant de la scène.
D’autre part, je tiens à préci­ser un petit détail quant à l’uti­li­sa­tion du plug-in. Gardez bien à l’es­prit qu’après coup, lors du mixage, il vous faudra insé­rer les trai­te­ments (EQ, compres­seur, etc. ) avant le LUFS Meter, sinon vous n’at­taque­rez pas ces derniers avec la bonne struc­ture de gain.

Alors, que repro­cher à ce plug-in ? Pas grand-chose en vérité. Toute­fois, l’ac­cès à la fonc­tion de synchro­ni­sa­tion me paraît peu pratique. En effet, il faut farfouiller dans l’un des onglets des préfé­rences pour l’ac­ti­ver. Un bouton dédié direc­te­ment sur l’in­ter­face m’au­rait semblé plus judi­cieux. D’autre part, il manque à mon goût une fonc­tion de bypass global permet­tant de court-circui­ter toutes les instances synchro­ni­sées afin de pouvoir juger rapi­de­ment l’im­pact du plug-in. Heureu­se­ment, mon petit doigt m’a dit que l’édi­teur plan­chait sur la ques­tion.

Klangfreund LUFS Meter

Concer­nant la consom­ma­tion en ressources, le LUFS Meter est assez versa­tile. Sur ma machine (Mac Pro fin 2013 Hexa­coeur Xeon 3,5 GHz), une instance consomme envi­ron 0.12% lorsqu’un signal est présent – même s’il s’agit d’un silence total – mais monte à 0.47% sur les passages « vides »… Il est possible de réduire consi­dé­ra­ble­ment la consom­ma­tion en désac­ti­vant l’af­fi­chage de la valeur True Peak pour tomber à 0.04%. Et vous pouvez même descendre encore plus bas et atteindre 0.01% en mettant l’af­fi­chage en pause via le bouton idoine.

Pour finir, une petite astuce que le déve­lop­peur m’a genti­ment souf­flée à l’oreille. Outre l’uti­lité de la fonc­tion « adjust to » et de la synchro pour le prémix, il se trouve que cela peut égale­ment servir à juger la perti­nence d’un trai­te­ment à volume égal perçu, ce qui est fort pratique. Pour ce faire, il suffit de dupliquer la piste concer­née, d’in­sé­rer sur chacune des deux pistes une instance du plug-in, et de les synchro­ni­ser entre elles avec le même niveau cible. Trai­tez main­te­nant l’une des pistes, mais évidem­ment pas l’autre. Une fois cela fait, lancez la lecture, cliquez sur « adjust to » et vous pouvez alors compa­rer les deux pistes sans être influencé par les éven­tuels chan­ge­ments de volume perçu. Pas mal, non ?

Adden­dum du 09/12/15


Suite à une mise à jour récente du logi­ciel, il y a désor­mais un manuel en ligne ainsi qu’un PDF à télé­char­ger, la fonc­tion de synchro est non seule­ment acces­sible depuis la fenêtre prin­ci­pale, mais il est main­te­nant possible de consti­tuer des groupes de synchro — par exemple tous les éléments ryth­miques dans le groupe 1, les voix dans le groupe 2, etc. — ce qui permet d’ap­pliquer un niveau cible diffé­rent pour chaque groupe. Enfin, il y a un bypass synchro­nisé pour chacun des groupes. Les trois « moins » (« Pas de manuel », « Fonc­tion de synchro cachée dans les préfé­rences » et « Pas de bypass synchro­nisé » ont donc été reti­rés.

Conclu­sion

Pour une première, il faut recon­naître que Klang­freund réus­sit un joli coup avec ce plug-in utili­taire qui m’a défi­ni­ti­ve­ment séduit. Certes, il ne paye pas de mine de prime abord, mais, sur la longueur, il peut faire gagner beau­coup de temps tout en aidant à lutter contre la Loud­ness War. Notez que l’édi­teur propose deux types de licence : la complète à 59$ HT (49$ pour le lance­ment) et la « Discoun­ted » à un prix très abor­dable (24$ HT / 19$ pour le lance­ment) mais avec quelques fonc­tions en moins comme la synchro limi­tée à 6 instances maxi­mum, l’ab­sence du True Peak, etc. Comme d’ha­bi­tude, je vous invite à juger la bestiole par vous-même en télé­char­geant la version d’éva­lua­tion.

Télé­char­gez les extraits sonores (format FLAC)

  • Klangfreund LUFS Meter
  • Klangfreund LUFS Meter
  • Klangfreund LUFS Meter
  • Klangfreund LUFS Meter
  • Klangfreund LUFS Meter

 

Notre avis : 8/10

  • Monitoring LUFS complet
  • Interface personnalisable
  • Fonction "adjust to"
  • Synchronisation entre plusieurs instances
  • Facilité d'utilisation
  • Applications prémix et comparateur
  • Consommation CPU versatile

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre